Cloud et copie privée : la colère des acteurs des télécoms
Vent de révolte dans le nuage
Le 02 octobre 2012 à 14h37
5 min
Droit
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Exclusif PC INpact. Les discussions au CSPLA autour de l’assujettissement du cloud à la copie privée n'inquiètent pas seulement Bercy. Elles provoquent aussi la colère des acteurs des télécoms.
La tension monte dans les couloirs de la Rue de Valois. Le Conseil juridique du ministère de la Culture termine actuellement ses travaux autour l’assujettissement du cloud à la copie privée. Cependant, tout n’est pas aussi simple, même dans les cieux. La Fédération Française des Télécoms a adressé une longue liste de reproches au projet d’avis que le CSPLA s’apprête à finaliser.
Dans cette lettre, la Fédération s’alarme que le CSPLA reste « flou » sur la notion de copiste. Et pour cause : le stockage dans les nuages conduit à une dissociation mécanique entre copiste et bénéficiaire de la copie. Du coup, les ayants droit sont divisés. Certains sont attachés à la conception jurisprudentielle qui refuse cette dissociation et considère que ce n’est plus de la copie privée. D’autres, aguichés par la rémunération copie privée, acceptent cette dissociation. Mais d’autres encore refusent d’étendre trop globalement l’exception légale qui va dans le même temps grignoter leur droit exclusif d’interdire ou d’autoriser et donc de monnayer.
Dissocier copiste et bénéficiaire de la copie
La FTT regrette aussi que le CSPLA ne parvienne même pas à remplir sa mission pour se prononcer « sur le statut de la copie hébergée sur l’espace de stockage personnelle mis à disposition par un hébergeur à son client » alors que cette pratique va se généraliser. De son côté, la Fédération se dit favorable à une vision modernisée estimant qu’« aucune disposition dans la loi n’interdit en effet de considérer que la copie puisse être effectuée par un tiers pour le compte du copiste ».
Mais le plus grave n’est pas là. Comme déjà exposé dans nos colonnes, plusieurs ayants droit veulent profiter de ces discussions pour remettre en cause le statut des intermédiaires techniques. L’explication tient à une lecture franco-française des textes. L’article article 6.1.2 de la LCEN définit l’hébergeur comme celui qui assure « même à titre gratuit, pour mise à disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des destinataires de ces services. »
Remise en cause du statut de l'hébergeur sur l'autel de la copie privée
Les ayants droit veulent amplifier un bout de phrase dans cette définition : la « mise à disposition du public ». Puisque les services de casiers en ligne offrent du stockage par défaut sans partage, il n’y a pas de mise à disposition du public. Donc il faut retirer le statut d’hébergeur à bon nombre de solutions en ligne que ce soit chez OVH, DropBox, etc.
Logique, évident, mécanique ! Sauf que les ayants droit minorent un microscopique petit détail : le critère de « mise à disposition » a été rajouté par la France lors de la transposition de la directive européenne… Mais le CSPLA n’en a cure. Il estime benoitement que « si les ayants droit s’accordent sur le fait qu’il n’est pas souhaitable d’aller vers un élargissement de la définition de l’hébergeur (qui présente un risque de déresponsabilisation des prestataires), la question de savoir si un loueur de pur espace de stockage peut ou non être qualifié d’hébergeur reste, à droit constant, posée. »
Pour la FTT, l’analyse est tout sauf bonne. Elle est même contraire à la lettre et à l’esprit de la directive fondatrice : « la notion même d’hébergement depuis la mise en œuvre de cette activité, est indépendante de la destination des contenus hébergés (accès privatif ou partagé). Il n’est techniquement ni juridiquement justifié qu’un hébergeur d’espace privé soit plus exposé en termes de responsabilité qu’un hébergeur d’espace partagé en public. En outre, responsabiliser les hébergeurs d‘espaces privés supposerait qu’ils aient connaissance des contenus qui y sont hébergés, ce qui pourrait être incompatible avec la notion même d’espace privé ». Pour être responsable, il faut savoir et assumer. Et pour savoir, il faudrait casser la notion de secret professionnel ou de domicile numérique inhérentes aux stockages non mis à disposition du public.
Mission ratée
La FTT du coup ne décolère pas : pour son président Yves Le Mouël, « il serait extraordinaire que les travaux de la Commission, laquelle a été confrontée à des difficultés ayant opposé tenants du droit exclusifs et tenants de la copie privée, et n’a pu dégager un consensus sur les questions qui lui étaient posées, aient pour seul effet utile de remettre en cause de manière même partielle ou implicite, le statut d’hébergeur ».
Pour la FTT, clairement, la mission du CSPLA n’a pas atteint les objectifs qui lui étaient fixés, pire, elle « outrepasse ses prérogatives en prenant position en faveur d’une remise en cause implicite des principes de la LCEN. » Les acteurs des télécoms demandent donc aux ayants droit et à cette commission de recentrer ses travaux « sur ses travaux initiaux et eux seuls ». Et pour faire bonne mesure, la FTT demande en outre que des « initiatives complémentaires soient prises afin de sécuriser le statut juridique de l’ensemble des services de cloud en accord avec la LCEN ».
Cloud et copie privée : la colère des acteurs des télécoms
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Dissocier copiste et bénéficiaire de la copie
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 02/10/2012 à 21h04
doublon
Le 02/10/2012 à 21h04
triplon
Le 02/10/2012 à 21h04
et le dernier …. il a du mal le site ce soir il lag à fond …
Le 02/10/2012 à 23h05
Le 02/10/2012 à 23h18
Le 02/10/2012 à 23h19
Le 02/10/2012 à 23h27
Ah oui, au fait, Amazon va augmenter ses effectifs jusqu’à 450 salariés ici … qui a dis EC2????
Comme quoi, y’a pas que l’optimisation fiscale. Ca craint d’un certain côté de la frontière? Ok bon alors créons de l’emploi lié au cloud dans un pays qui n’a pas tout à fait les mêmes problèmes sociaux " /> (enfin " /> pour le Lux, mais " /> pour la France)
Le 02/10/2012 à 23h36
Et si certains ne comprennent pas la logique, voici l’explication:
-Les serveurs Amazon sont aux US;
-Toutes données hébergées aux US s’y voient appliquer le patriot act (hmmmm le patriot act);
-certains marchés en Europe devront être accordé si les données ne sortent pas d’Europe (ou plutôt ne vont pas aux US);
-En France y’a un boulgi boulga monstre entre SFR, Orange, Thales, Bouygues (on ne sait plus où termine le contre-sens économique et où commence le copinage);
-En France y’a un boulgi boulga monstre au niveau incertitude économique (hmmm la bonne taxe);
-Par le jeu de la reconnaissance mutuelle des cadres legislatifs européen, une donnée traité en France a les mêmes droits et mêmes valeurs qu’au Luxembourg;
-Au Luxembourg, il y a reconversion (ou plutôt) extension du secret bancaire au secret de la données (coffres fort numérique, archivage légal, protection de la confidentialité -personne ne connait et ne peux décrypter la donnée hors du propriétaire-, pas besoin d’avoir un statut particulier -ex PSF, Profesionnel Secteur Financier- car la données n’est pas connu de l’hébergeur)
-Même moyen technique et IT/NTIC, voir en progression (y compris les backbones).
Donc … voilà le pourquoi
Le 03/10/2012 à 09h29
Le 03/10/2012 à 12h12
Le 03/10/2012 à 12h42
Le 03/10/2012 à 12h46
Et pour cause : le stockage dans les nuages conduit à une dissociation mécanique entre copiste et bénéficiaire de la copie. Du coup, les ayants droit sont divisés.
Il n’y a qu’à déclarer le Cloud illégal et ça résout le problème.
Ca fait plus de 10 ans qu’on fait du PeerToPeer, du VPN, maintenant du NAS, … que va donc pouvoir apporter le Cloud ?
J’ai l’impression que ça ressemble à une obligation de stockage immatériel pour l’utilisateur de logiciel et/ou matériel (non, non, je ne citerai pas Apple), et qu’ainsi le consommateur étant piégé on peut le faire payer, le taxer, le spolier, le vilipender et au final l’hadopier ?
Bref, le Cloud est mort-né, ceux qui l’utiliseront seront les grands perdants, les autres auront une vie normale de tipiak convaincu.
" />
Le 03/10/2012 à 13h02
Le 03/10/2012 à 13h11
Je répond par un demi-exemple, mais même chose, je chercherais les sources plus tard, mais en l’occurence, certains marché de cloud pour les institutions européens requièrent une indépendance total vis-à-vis du PA. Or Amazon étant un acteur majeur du Cloud, il leur faut se conformer à cela s’il veulent décrocher des contrats UE. Et par conséquent, l’ouverture d’une spin-off avec par ex. EBRC pour le stockage physique au Lux, serait un bon compromis permettant de se conformer à l’UE et à se dédouaner du PA (car la spin-off serait de droit Luxo).
Le 03/10/2012 à 13h59
Le 03/10/2012 à 14h40
Le 02/10/2012 à 14h57
Le 02/10/2012 à 15h00
Il n’en ratent pas une ces charognards… Taxer le cloud la belle blague, et ils font comment? Un case à cocher sur la déclaration d’impôts? Quelle bandes de guignols… " />
Sinon, HS, mais la francisation des noms, ça donne quelques perles, dans la lettre de la FFT:
(…) les copies, réalisées par un prestataire infonuagique, (…)
" />
A ce rythme, le Larousse papier édition 2020 fera la taille d’un photocopieur…
Le 02/10/2012 à 15h03
Le 02/10/2012 à 15h04
Pour écouter de la musique, il faut qu’il y ait de l’air.
=> Ils pourraient taxer le metre cube d’air ! volume d’air de la maison, au boulot, volume d’air de la rue !
Pour écouter de la musique, il faut de l’électricité.
=> Ils pourraient taxer les éoliennes, les panneaux photoélectriques, et meme le nucléaire ! les les cables en cuivre aussi. et l’or dans certains cas ! réunissons nous pour savoir quand taxer (ou pas) l’or pour diffusion de musique !!
Le 02/10/2012 à 15h06
Le 02/10/2012 à 15h07
Le 02/10/2012 à 15h07
deja qu’il n’y a pas beaucoup de datacenters en france, il ne risque pas d’y avoir d’investissements étrangers (encore un fois)
Le 02/10/2012 à 15h07
Le 02/10/2012 à 15h14
Le toner dans les nuages c’est pour ça qu’ils sont gris à gris foncés " />
" />
Le 02/10/2012 à 15h20
Vont-ils se pencher aussi sur les solutions cloud personnelles, commehttp://owncloud.org/ ? " />
Le 02/10/2012 à 15h23
Le 02/10/2012 à 15h25
MAIS je n’ai toujours pas le droit de disposer comme je veux du média que j’ai acheté …
Mrs les majors, devinez pourquoi on pirate ? Parce qu’on en a marre de payer plusieurs fois un même produit pour pouvoir en faire ce qu’on veut !
Vous voulez vendre plus ? Baissez le prix des CD ! Il n’a fait qu’augmenter depuis 30 ans (youpi, le CD a 30 ans …)
Le 02/10/2012 à 15h27
Le 02/10/2012 à 17h22
le cloud , il est chez moi " />
Le 02/10/2012 à 18h35
Les ayants droit veulent amplifier un bout de phrase dans cette définition : la « mise à disposition du public ». … Donc il faut retirer le statut d’hébergeur à bon nombre de solutions en ligne que ce soit chez OVH, DropBox, etc.
C’est contournable, il suffit que les fichiers soient automatiquement chiffrés, et mis à disposition du public : tout le monde a accès au fichiers, mais seul l’abonné au service a accès à sa clé.
Le 02/10/2012 à 21h04
Et le cloud il les stock sur quoi les données??? Sur des disque dur déjà taxés pour la copie privée.
Tant qu’on serait à payer deux fois pourquoi pas trois tant qu’on y est?
Le 02/10/2012 à 14h47
afin de sécuriser le statut juridique de l’ensemble des services de cloud en accord avec la LCEN ».
" /> Ca va être dur vu comment s’est parti!
Le 02/10/2012 à 14h52
Encore une preuve de l’illégitimité et de l’incompétence du CSPLA qui a une vision complètement obsolète, partiale, dépendante, rétrograde et technophobe de la propriété intellectuelle.
Avec eux, tous les acteurs des télécoms et du Cloud français seraient morts, au profit des géants étrangers, Google Drive, Dropbox et co.
Le 02/10/2012 à 14h52
Et beaucoup de boulot pour TMG pour rien, non ? " />
Le 02/10/2012 à 14h53
C’est tellement dingue que ça en devient incroyable.
Ca va totalement scléroser la filière en France, ils ont oublié que le cloud ne connait pas de frontières ?
Le 02/10/2012 à 14h56