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L’architecte d’Hadopi se penche sur l’exception handicap pour le CSPLA

Préparation des échanges avec l'OMPI

L'architecte d'Hadopi se penche sur l’exception handicap pour le CSPLA

Le 02 janvier 2013 à 16h24

Information PC INpact : Olivier Henrard, l’un des architectes de la loi Hadopi, vient de se voir confier une mission sur « l’exception handicap » par le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique. L’objectif ? Préparer d’ici le mois de mai la position de la France pour une conférence diplomatique de l'OMPI à ce sujet.

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En matière d’exceptions aux droits exclusifs de l’auteur (reproduction, exploitation...), on cite traditionnellement l’exception de copie privée - qui permet au détenteur d’une œuvre d’en faire une sauvegarde dès lors que celle-ci est réservée à une utilisation personnelle - ou bien encore l’exception de parodie. Mais depuis 2006, une nouvelle dérogation a été inscrite dans le marbre via la loi DADVSI : l’exception en faveur des personnes handicapées. Désormais, en vertu de l’article 122 - 5 du Code de la propriété intellectuelle, un auteur dont l’œuvre a été divulguée ne peut plus s’opposer à « la reproduction et la représentation par des personnes morales et par les établissements ouverts au public, tels que bibliothèques, archives, centres de documentation et espaces culturels multimédia, en vue d'une consultation strictement personnelle de l'oeuvre par des personnes atteintes d'une ou de plusieurs déficiences des fonctions motrices, physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques ».

 

En clair, cette exception vise à assurer à des personnes souffrant d’un certain handicap (visuel, auditif...) l’accès à des versions adaptées d’œuvres, sans qu’il soit besoin de demander une autorisation à leurs ayants droit. « L’exception handicap » est toutefois soumise à certaines conditions, puisqu’elle doit notamment être réalisée « à des fins non lucratives et dans la mesure requise par le handicap ». D’autre part, ces adaptations doivent être effectuées sous la houlette de structures intermédiaires, habilitées par le pouvoir règlementaire via l’obtention d’un agrément. La Bibliothèque nationale de France fait ainsi partie des organisations autorisées à proposer différentes adaptations d’ouvrages (par exemple de livres traduits en braille). Ces entités peuvent également demander aux éditeurs qu’ils leur transmettent des fichiers numériques relatifs à des oeuvres, si celles-ci ont été déposées au dépôt légal depuis moins de dix ans, et ce après le 4 août 2006.

Problèmes de territorialité

Sauf que cette exception, telle que consacrée par le droit français, n’existe pas forcément de manière identique au-delà de nos frontières. Autrement dit, une œuvre adaptée pour le public handicapé ne peut pas forcément s’exporter hors de France, lorsque cette dérogation aux droits d’auteur n’existe pas dans l’État en question. Toutefois, plusieurs organisations internationales ont commencé à se pencher sur cette exception. Un protocole d’accord sur l'amélioration de l'accès aux livres pour les personnes malvoyantes a par exemple été adopté en septembre 2010 sous l’égide de la Commission européenne.

 

L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) se penche également sur le sujet depuis plus de deux ans, et devrait d’ailleurs organiser cette année une conférence diplomatique à cet égard. C’est dans ce contexte que le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) vient de se saisir de cette question, en ce que l’OMPI aurait ainsi pour but « d’adopter un traité international imposant aux États parties de mettre en place une exception facilitant le partage, au niveau mondial, des ressources nécessaires à la production de formats accessibles aux personnes handicapées ». Dans une lettre datant de mi-décembre, l’instance consultative chargée d’épauler le ministère de la Culture confie même à Olivier Henrard une mission : préparer des propositions en vue de cette rencontre internationale.

Olivier Henrard, des arcanes de l’Hadopi à l’exception handicap

Olivier Henrard (à gauche) et Eric Walter (à droite)- Photo Marc Rees.

 

Olivier Henrard, actuellement maître des requêtes au sein du Conseil d’État - mais surtout connu pour avoir été l’un des architectes des lois Hadopi, se voit ainsi sollicité pour mener des travaux dans l’objectif de « proposer des réponses pragmatiques et rapidement opérationnelles aux questions que soulève l’application territoriale de l’exception au profit des personnes handicapées ».

 

Sa mission est articulée en deux temps. D’un, il s’agit d’identifier et d’analyser « les obstacles pratiques et juridiques à la circulation internationale des œuvres dans un format accessible », et ce afin de faire émerger une solution (accords de licence, gestion collective obligatoire,...) « susceptible de permettre rapidement la diffusion, à l’étranger, d’œuvres adaptées en France ». De deux, Olivier Henrard doit d’une manière plus large dégager et « éclairer les enjeux de cette problématique, dans la perspective d’enrichir la définition de la position française dans les discussions multilatérales ».

 

Le missionné est censé faire un bilan d’étape de ces travaux lors de la prochaine séance plénière du CSPLA, le 12 février, en vue de la remise de conclusions finales d’ici le mois de mai.

 

Rappelons enfin qu’après avoir été conseiller juridique de Christine Albanel durant la loi Hadopi, Olivier Henrard fut ensuite le directeur adjoint du ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy, Frédéric Mitterrand. Peu après, il avait été promu conseiller culture du chef de l’État et avait notamment pris en main les préparations de la loi sur la Copie privée, aujourd’hui cible de plusieurs QPC et recours devant le Conseil d'État. L’intéressé a toutefois réintégré depuis cet été le Conseil d’État.  

Commentaires (15)

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j’suis myope.. j’peux tout copier ? ouéééééé



Ah on me souffle que non, kedal, zobi

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En voila une mission utile <img data-src=" />



Par contre, il va être attendu au tournant <img data-src=" />

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Donc, est-ce qu’une personne tétraplégique qui télécharge des œuvres qui sont déjà accessible illégalement par les façons actuelles seraient légalisées ?<img data-src=" />

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goodwhitegod a écrit :



Donc, est-ce qu’une personne tétraplégique qui télécharge des œuvres qui sont déjà accessible illégalement par les façons actuelles seraient légalisées ?<img data-src=" />





Probablement pas. C’est plus l’accès aux données brutes de l’oeuvre dans le but d’en faciliter l’adaptation pour les personnes déficientes qui est visé. Comme indiqué dans l’article, cette adaptation est faite par des personnes morales agrémentées. Le grand public n’est pas directement concerné.


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Quiproquo a écrit :









Merci, je voulais confirmation de ce que j’avais compris.<img data-src=" />



Donc : <img data-src=" />


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non faut pas rêver … le handicap n’est que pour les membres du gouvernement .. <img data-src=" />

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  • Si, monsieur le juge, je t’assure. Je suis malentendant. C’est pour ca que je suis obligé de télécharger du VOSTFR. Sur la vie d’ma mère.

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D’un, il s’agit d’identifier et d’analyser « les obstacles pratiques et juridiques à la circulation internationale des œuvres dans un format accessible »



J’en vois deja un: un droit d’auteur de plus en plus rigide, qui force quiconque veut profiter d’une exception (meme en tout bonne foi) a avancer des frais de justice considerables.





  • Le “fair use” a l’americaine est interessant pour sa souplesse, mais ce systeme presuppose que les cas sont tranches en justice au cas par cas si l’ayant-droit tient a nier l’exception. Et vu l’alea que cela implique (et les moyens investis par les detenteurs de copyright), payer meme une licence indue est souvent preferable.



  • Le systeme francais est un peu rigide en ce qu’il liste des exceptions tres specifiques, excluant l’ajout simple de nouvelles pratiques se rapprochant des exceptions existantes sans en faire strictement partie. Et vu que les lobbies d’ayants-droits defendent bec et ongles contre l’ajout ou l’extension d’exceptions, notre systeme courant accuse un retard important sur les pratiques reelles, en particulier quand on parle de numerique.



    Apres, je ne connais pas trop les autres legislations, mais je crois qu’elles rentrent a peu pres dans l’un de ces deux modeles.



    Dans ce cadre, les handicapes sont donc “plombes” par une legislation complexe qui rend difficile, ou au moins soumise au bon vouloir de quelques editeurs, la diffusion d’oeuvre a leur intention.

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127.0.0.1 a écrit :





  • Si, monsieur le juge, je t’assure. Je suis malentendant. C’est pour ca que je suis obligé de télécharger du VOSTFR. Sur la vie d’ma mère. capable de supporter le passage en boucle des dernières bouses téléchargées illégalement. Pardon aux voisins toussa…





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    Je ne faisais que passer<img data-src=" />

    =========&gt;[]


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Je me demandais ce que devenait ce monsieur, je craignais qu’il n’aille pointer aux restos du coeur, me voilà rassuré.

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C’est eux les gros <img data-src=" /> d’hadopi.

En fait, je m’en fous un peu d’eux, ceux qui m’intéresse sont les techniciens/ingénieurs qui bossent sur cette abomination, qu’ils assument un peu leurs actes devant leurs paires…

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J’adore ce type de mission…



Avec un mec aussi pragmatique, on va volontairement occulter des fait bien plus importants : moins de 10% des aveugles comprennent le braille, le coût prohibitif des solutions informatiques (logiciel et matériel) proposé aux aveugles, ou que la communauté sourde voit son taux d’inalphabète tourné autours des 60% selon les pays…









goodwhitegod a écrit :



Donc, est-ce qu’une personne tétraplégique qui télécharge des œuvres qui sont déjà accessible illégalement par les façons actuelles seraient légalisées ?<img data-src=" />







Ce n’est pas le propos ici.



Dans le droit d’auteur français, on a ce qu’on appelle le droit moral, qui couvre tous les problèmes non-liés au pognon dans la protection d’une oeuvre (la “vraie” définition est un peu plus complexe, mais c’est pour te donner une idée du truc). Ce pan du droit donne comme garantit à un auteur que son oeuvre ne peut être modifiée sans son accord.



Une traduction est une modification d’une oeuvre, on change la langue de l’oeuvre, donc il faut demander l’autorisation de l’auteur.



L’exception handicap permet depuis 2006 à des bibliothèques (ou autre comme décrit dans l’article), de modifier une oeuvre en vu de la rendre accessible sans le consentement de l’auteur. La loi dis clairement que les auteurs n’ont pas le droit d’être connard et de refuser cela, du bon sens quoi…



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jun a écrit :



…., ou que la communauté sourde voit son taux d’inalphabète tourné autours des 60% selon les pays…







C’est sure que le baladeur (Iphone ou autre) a fond dans les tympans pendant les cours de français ça aide pas … <img data-src=" />



C’est triste de voir que dans notre pays que la différence fait souvent sombrer l’individu (et parfois sa famille) dans l’indifférence.


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L’architecte Numérobis d’Hadopi se penche sur l’exception handicap pour le CSPLA





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jun a écrit :



Dans le droit d’auteur français, on a ce qu’on appelle le droit moral, qui couvre tous les problèmes non-liés au pognon dans la protection d’une oeuvre (la “vraie” définition est un peu plus complexe, mais c’est pour te donner une idée du truc). Ce pan du droit donne comme garantit à un auteur que son oeuvre ne peut être modifiée sans son accord.



Une traduction est une modification d’une oeuvre, on change la langue de l’oeuvre, donc il faut demander l’autorisation de l’auteur.



L’exception handicap permet depuis 2006 à des bibliothèques (ou autre comme décrit dans l’article), de modifier une oeuvre en vu de la rendre accessible sans le consentement de l’auteur. La loi dis clairement que les auteurs n’ont pas le droit d’être connard et de refuser cela, du bon sens quoi…





Compris !<img data-src=" />



Merci !!!<img data-src=" />


L’architecte d’Hadopi se penche sur l’exception handicap pour le CSPLA

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