Snowden : le Guardian s’associe au NYT face à la pression gouvernementale
Comme en 2010 durant la crise WikiLeaks
Le 26 août 2013 à 09h10
6 min
Logiciel
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La semaine dernière, nous apprenions que les locaux du journal britannique The Guardian avaient été visités par des agents anglais du renseignement. Plusieurs disques durs et ordinateurs avaient été détruits pour supprimer les données envoyées par le lanceur d’alertes Edward Snowden. Le Guardian, pour faire face à la pression, a décidé de s’associer au New York Times, comme à l’époque de la crise WikiLeaks.
Crédits : mattwi1s0n, licence Creative Commons
Le Guardian face aux pressions gouvernementales
Les documents dérobés par Edward Snowden ont provoqué de nombreuses conséquences, tant au niveau politique que du grand public. Alors que la commissaire européenne Viviane Reding parlait récemment d’une potentielle crise de confiance des entreprises envers le cloud, des journaux tels que le Washington Post et le Guardian continuaient de révéler l’ampleur du renseignement américain. Le Guardian a dû faire face en conséquence au renseignement anglais, le GCHQ (Government Communications Headquarters), dont des agents ont détruit des unités de stockage dans le but de supprimer les documents reçus d’Edward Snowden en personne. Comme l’indiquait alors Alan Rusbridger, rédacteur en chef, cette action prouvait une méconnaissance totale de l’ère numérique.
Un partenariat avec le New York Times
Le Guardian a donc décidé d’établir un partenariat avec le New York Times. L’objectif annoncé est clairement de pouvoir continuer à travailler sans être inquiété par le gouvernement anglais. Dans l’annonce, qui date de vendredi soir, le journal s’explique en quelques mots :
« Dans un climat d’intense pression de la part du gouvernement anglais, le Guardian a décidé de faire entrer un partenaire américain dans la partie pour travailler sur les documents du GCHQ fournis par Edward Snowden. Nous travaillons en partenariat avec le New York Times et d’autres pour continuer à pouvoir écrire sur ces sujets ».
Le journal explique qu’il est devenu délicat de travailler face aux demandes du gouvernement et la volonté de ce dernier de faire arrêter les sujets qui dérangent visiblement. Des pressions subies depuis plus d’un mois à cause de plusieurs articles pointant vers la machinerie mise en place par le GCHQ. C’est notamment le cas de Tempora, qui agit comme une énorme mémoire tampon, mettant de côté les données qui transitent au Royaume-Uni à des fins d’analyse.
Les journaux déjà associés en 2010 durant la crise WikiLeaks
Pour le Guardian, l’association avec le New York Times est doublement logique. D’une part, le journal estime que les médias américains sont protégés par le Premier amendement de la Constitution américaine, qu’il estime suffisamment puissant pour garantir la sécurité. D’autre part, ce partenariat n’est pas le premier de ce type. Lors de la crise Wikileaks en 2010, des pressions équivalentes étaient apparues sur les médias, et le Guardian, le New York Times et Der Spiegel (journal allemand) s’étaient associés de la même manière pour protéger leur travail.
Si le Guardian ne devait plus écrire sur les sujets touchant aux documents d’Edward Snowden, le contenu pourrait être directement publié par le New York Times. Un puissant pied-de-nez au gouvernement anglais qui aurait bien peu de recours. Un gain également pour le New York Times, moins impliqué dans les fuites de la NSA, Prism, du GCHQ et du renseignement en général que le Guardian et le Washington Post. Et pour cause : le Times n’a jamais reçu une copie des documents de Snowden. Cependant, dans le cadre du partenariat, le journal américain en possède maintenant une partie. Selon le Guardian, Edward Snowden a donné son accord.
Le New York Times disposera d'une partie des documents de Snowden
Cela signifie non seulement que certains articles seront co-écrits, mais également que le Times sera un nouvel acteur dans la médiatisation des informations sensibles. Aux États-Unis, il viendra donc concurrencer directement le Washington Post qui, jusqu’à présent, était la source américaine la plus prolifique. On se souvient effectivement que c’était le Post qui avait publié les premières diapositives d’un document PowerPoint montrant le fonctionnement général du programme de surveillance Prism de la NSA.
Cette nouvelle fait suite à d’autres informations publiées par le journal anglais The Independant. Un article avait pointé en particulier vers une station d’écoute Internet au Moyen-Orient, utilisée par le GCHQ pour établir une première ligne de défense contre le terrorisme, mais pas seulement : les « intentions politiques des puissances étrangères », la prolifération des armes, les mercenaires, les armées privées et mêmes les grandes fraudes fiscales étaient autant de sujets qui intéressaient le renseignement britannique.
Journaux anglais : un jeu de dupes ?
L’Independant indiquait avoir reçu ses informations des documents d’Edward Snowden. Problème : vendredi, le journaliste Glenn Greenwald, à l’origine d’un grand nombre d’articles sur Prism et le GCHQ, démentait cette information. Il publiait un message d’Edward Snowden dans lequel le lanceur d’alertes affirmait ne jamais avoir fourni la moindre information à l’Independant : « Je n’ai parlé, travaillé ou fourni le moindre matériel journalistique à l’Independant. Les journalistes avec qui j’ai travaillés ont, à ma demande, été judicieux et ont fait attention à ce que les éléments publiés soient ce que le public devrait savoir mais sans mettre la vie de personne en danger ».
Snowden émet d’ailleurs une hypothèse : « Il semblerait que le gouvernement anglais cherche désormais à montrer que les révélations du Guardian et du Washington Post sont nocives, et qu’il le fasse en fournissant des informations nuisibles à l’Independant tout en l’attribuant à d’autres ». En clair, le gouvernement aurait lui-même fourni les informations dangereuses à l’Independant tout en laissant penser qu’elles provenaient d’Edward Snowden en personne. Il s’agirait donc d’une manipulation.
Or, l’Independant a indiqué dans un tweet, en réaction à l’article de Glenn Greenwald, que le journal n’avait pas été manipulé par le gouvernement. Mais le rédacteur en chef, Oliver Wright, n’a donné aucun détail supplémentaire. Ce qui laisse évidemment la question en suspens : d’où provenaient les informations acquises par l’Independant ? Aucune source n’a été donnée et si l’Independant a réellement une copie partielle ou complète des documents de Snowden, ce n’est pas par le lanceur d’alertes lui-même.
Snowden : le Guardian s’associe au NYT face à la pression gouvernementale
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Le Guardian face aux pressions gouvernementales
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Un partenariat avec le New York Times
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Les journaux déjà associés en 2010 durant la crise WikiLeaks
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Le New York Times disposera d'une partie des documents de Snowden
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Journaux anglais : un jeu de dupes ?
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 26/08/2013 à 09h40
ça tourne vraiment en guerre froide numérique
Le 26/08/2013 à 09h41
Le 26/08/2013 à 09h45
Le 26/08/2013 à 09h54
La publication déraisonnée de WikiLeaks a montré que cela pouvait servir les intérêts des gouvernements concernés qui maintenant semblent vouloir forcer l’Independant à faire de même, mais avec des morceaux choisis… Pas con du tout !
Or, l’Independant a indiqué dans un tweet, en réaction à l’article de Glenn Greenwald, que le journal n’avait pas été manipulé par le gouvernement.
S’ils n’ont pas rencontré Snowden comment peuvent-ils l’affirmer ? " />
Le 26/08/2013 à 09h54
Le 26/08/2013 à 10h03
Le 26/08/2013 à 10h06
"> et le bal des faux culs n’ est pas finit:
D’après la société Yahoo: “la loi fédérale oblige le gouvernement américain à dédommager les fournisseurs dans le cas où ces derniers doivent modifier leurs programmes afin d’exécuter des procédures judiciaires”.
Je plains vraiment le responsable com des sociétés visées:
-On n’ était pas au courant.
-On n’ a jamais participé à ce genre de chose
-On a été obligé.
et maintenant:
-On a été payé et dédommagé pour le faire.
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Le 26/08/2013 à 10h47
Le 26/08/2013 à 10h54
Ca sent le gros cadavre bien puant tout ça, qu’est ce que Snowden nous réserve ? Visiblement, les gouvernements revendiquent clairement leur appartenance à une bande de corrompus capables de tout pour cacher la merde qu’ils ont foutu." />
Le 26/08/2013 à 11h31
Tiens tiens, mais comment ça s’appelle quand un état contrôle ce qui a le droit d’être dit ou non ?
Ah, j’ai un trou de mémoire…
Mais si, vous savez, quand le gouvernement envoie ses sbires musclés pour forcer les gens à se soumettre par la force.
Le totalisme ? Arg je l’ai sur le bout de la langue…
Ah oui, j’ai trouvé ! C’est une démocratie belle et libre où “droits de l’homme” et “liberté d’expression” sont des pierres angulaires !
Le 26/08/2013 à 11h36
Le 26/08/2013 à 12h09
Obama : “Une petite guerre en Syrie et puis le public aura tout oublie! ahah!” " />
Bill Clinton l’avait déjà fait en 1998, pour faire oublier l’affaire Monica Levinsky.
Une petite semaine de bombardement en Syrie et quelques millions de dollars de missiles Tomawak plus tard, average Joe aura tout oublié de Snowden et de l’espionnage americain generalisee.
Wikipedia
Le 26/08/2013 à 12h51
Pourquoi ne pas tout balancer ?
Inonder les réseaux de torrents, DDL et cie, plutôt que de centraliser ça dans des journaux, sur des machines détruites par des barbouzes.
Libre aux médias d’en parler ensuite. Là on dirait qu’ils n’en parlent que lorsqu’ils ont l’exclu d’un truc (voir en se plantant comme le Monde et la DCRI il y a peu.)
Le 26/08/2013 à 12h54
Le 26/08/2013 à 12h58
Le 26/08/2013 à 13h05
Le 26/08/2013 à 13h05
Le 26/08/2013 à 13h09
Le 26/08/2013 à 13h13
Le 26/08/2013 à 13h53
Ha mais non pas RAF des médias, ce sont eux qui sont sollicités pour diffuser les documents, avec les emmerdements qu’ils connaissent. L’approche de Snowden est de travailler avec eux.
Je n’oppose pas l’analyse personnelle et le traitement des médias, les deux sont complémentaires. L’envoi massif, c’est pour la diffusion, le stockage. Que ça soit partout. Un peu comme les docs Bettencourt. Qu’aucune main n’arrive à les faire disparaître. L’envoi massif n’exclue pas l’analyse par les médias. Comme tu le dis, fouiller dans wikileaks n’est pas aisé, loin de là.
Mais on l’a constaté avec les premiers slides, on n’avait pas une vue plus grande, et prism n’est finalement qu’un maillon de la chaîne, une simple pièce du puzzle. Et avec le compte gouttes, on ne le sait pas.
Mais ok, c’est l’assurance vie de Snowden.
Le 26/08/2013 à 14h07
Pour avoir travaillé dans les merdias papier, je peux vous dire que quand une info ne doit pas sortir, et bien elle ne sort pas… je me méfie donc de ce genre d’annonces…
Le 26/08/2013 à 14h10
Le 26/08/2013 à 14h15
Dans l’empire du mensonge, dire la vérité est un crime …
Le 26/08/2013 à 14h25
Le 26/08/2013 à 14h48
Le 26/08/2013 à 14h50
Le 26/08/2013 à 14h57
Le 26/08/2013 à 15h22
Bon autrement, vous pensez que la NSA a compromis la vidéo-conference a l’ONU :
ou
ou
Le 26/08/2013 à 15h33
Le 26/08/2013 à 15h34
Le 26/08/2013 à 15h42
Le 26/08/2013 à 15h55
D’après les documents remis à la presse par Edward Snowden, l’ancien consultant de la NSA, l’agence de renseignement américaine aurait mis en place ce programme de surveillance aux Nations Unies après avoir cassé le chiffrement du système de vidéoconférence à l’été 2012.
Ce qui se fait bien par une attaque “man in the place”
Le 26/08/2013 à 09h28
Snowden émet d’ailleurs une hypothèse : « Il semblerait que le gouvernement anglais cherche désormais à montrer que les révélations du Guardian et du Washington Post sont nocives, et qu’il le fasse en fournissant des informations nuisibles à l’Independant tout en l’attribuant à d’autres ». En clair, le gouvernement aurait lui-même fourni les informations dangereuses à l’Independant tout en laissant penser qu’elles provenaient d’Edward Snowden en personne. Il s’agirait donc d’une manipulation.
Pas du tout étonné, ils veulent faire cesser la fuite d’infos dérangeantes et sont prêts à manipuler le public avec la complicité de certains merdias.
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Le 26/08/2013 à 09h30
Les Feux de l’amour à la sauce Homeland ?
Le 26/08/2013 à 09h32
Snowden émet d’ailleurs une hypothèse : « Il semblerait que le gouvernement anglais cherche désormais à montrer que les révélations du Guardian et du Washington Post sont nocives, et qu’il le fasse en fournissant des informations nuisibles à l’Independant tout en l’attribuant à d’autres ». En clair, le gouvernement aurait lui-même fourni les informations dangereuses à l’Independant tout en laissant penser qu’elles provenaient d’Edward Snowden en personne. Il s’agirait donc d’une manipulation.
Pas surprenant : si tu ne peux pas crever un opposant politique (parce que c’est de la politique, tout ca, au final), décrédibilise le…
C’est d’ailleurs exactement ce qu’ils ont fait avec Wikileaks, et Assange a du transmettre à l’époque une grosse fournée de documents bruts à des journaux triés sur le volet avec consigne de les analyser en profondeur et d’en écarter les informations potentiellement dangereuses pour certains…
Le 26/08/2013 à 16h25
Le 26/08/2013 à 17h04
Le 26/08/2013 à 17h22
Le 17 mai 1997, Mobutu fuit le pays, et Kabila fait son entrée dans Kinshasa, s’autoproclamant Président et remplaçant le nom du pays par République démocratique du Congo.
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