Top500 des supercalculateurs : Fugaku accroit son avance, AMD continue son offensive
Le Japon améliore son Kaijū
Le 17 novembre 2020 à 16h17
5 min
Hardware
Hardware
Dans le domaine des supercalculateurs, le Fugaku de Fujitsu se rapproche des 500 PFLOPS de puissance de calcul et domine. L’Allemagne se place huitième avec JUWELS Booster Module. AMD continue de progresser et 21 machines exploitent ses processeurs dans le dernier classement.
Deux fois par an – en juin et en novembre –, le classement du Top500 des supercalculateurs est mis à jour. La puissance totale continue de grimper : 2,43 EFLOPS, contre 2,22 EFLOPS il y a six mois. Juste avant l’été, Fugaku prenait la tête avec 415,5 PFLOPS, devançant ainsi largement le second au classement général, Summit.
Pas de changement sur le trio de tête, Fugaku creuse l’écart
Le 56e classement vient d’être mis en ligne et ne change rien au niveau du quatuor de tête… si ce n’est que le supercalculateur japonais Fugaku prend un peu plus d’avance, passant de 7 299 072 à 7 630 848 cœurs (A64FX). Sa puissance de calcul augmente de près de 26,5 PFLOPS pour arriver à 442 PFLOPS. Ce n'est pas rien : 26,5 PFLOPS permettraient à un supercalculateur de se placer en neuvième position de ce Top500.
Les supercalculateurs Summit et Sierra sont toujours deuxième et troisième avec 148,6 et 94,6 PFLOPS respectivement, loin donc de Fugaku. La Chine reste en quatrième position avec Sunway TaihuLight (93 PFLOPS). Les premiers changements au classement arrivent ensuite : Selene multiplie par deux son nombre de cœurs et sa puissance de calcul d’un facteur 2,3x pour se hisser à la cinquième place avec 63,460 PFLOPS (au lieu 27,580 PFLOPS).
Deux nouveaux dans le Top10 : un allemand et un saoudien
Deux nouveaux supercalculateurs prennent place dans le Top10 : la machine allemande JUWELS Booster Module (Atos) à la septième place avec 44,12 PFLOPS, puis Dammam-7 de HPE pour l’Arabie Saoudite avec 22,4 PFLOPS.
Sans grande surprise pour le moment, « Intel continue de dominer la part des processeurs TOP500 avec plus de 90 % des systèmes équipés de puces Xeon ou Xeon Phi », expliquent les membres du Lawrence Berkeley National Laboratory en charge de compiler les données pour ce Top500.
Néanmoins, le premier supercalculateur Intel n’est qu’en sixième position (Tianhe-2A).
AMD a le vent en poupe, NVIDIA rappelle son omniprésence
AMD connait pour sa part une belle progression avec deux fois plus de machines dans ce classement qu’il y a six mois seulement. Le Texan se félicite de son côté que ce chiffre ait « été multiplié par 5 entre novembre 2019 et novembre 2020 »… mais cela ne représente « que » 21 machines sur les 500.
C’est dans tous les cas largement plus que la dizaine de supercalculateurs avec un processeur Power d’IBM et les cinq avec des puces ARM (dont Fugaku qui écrase totalement la concurrence). Même si NVIDIA ne propose pas (pour le moment) de CPU pour ce type de machines, la société précise que « près de 70% des systèmes, dont 8 parmi les 10 premiers, sont équipés de la technologie NVIDIA ».
L’entreprise a pour rappel confirmé son intention de racheter ARM pour 40 milliards de dollars, une opération qui prendra encore de nombreux mois avant de pouvoir être finalisée (si les autorités compétentes l’approuvent).
Les États-Unis toujours en tête sur la puissance brute
Au classement des pays, la Chine est toujours en tête avec 212 machines, suivie par les États-Unis (113) et le Japon (34). Les États-Unis dominent par contre largement sur la puissance de calcul disponible avec 668,7 PFLOPS, contre 564 PFLOPS pour la Chine, qui se fait dépasser par le Japon – qui peut remercier Fugaku – avec 593,7 PFLOPS.
L’Europe arrive en septième position avec le nouveau supercalculateur JUWELS Booster Module, suivi par l’Italie en 8e et 11e position avec HPC5 et Marconi-100 respectivement, la Suisse (Piz Daint)… La France est 18e avec PANGEA III de Total (17,86 PFLOPS), puis 24e avec Tera-1000-2 du CEA, 30e avec Taranis, etc.
Joliot-Curie apparait en 38et 73e position pour ses partitions ROME (AMD EPYC) et SKL (Intel Xeon) ; il doit pouvoir grimper jusqu’à 22 PFLOPS pour rappel.
Green500 : l’efficacité grimpe à plus de 26 GFLOPS/watt
Cette mise à jour du classement concerne également le Green500 où les supercalculateurs sont classés en fonction de leur efficacité énergétique.
La machine DGX SuperPOD de NVIDIA (172e au classement TOP500) arrive en tête avec 26,195 GFLOPS/watt. Une première place dont se félicite le constructeur. C’est dans tous les cas une belle progression puisque, en juin, l’efficacité des supercalculateurs du Top500 ne dépassait pas les 22 GFLOPS/watt.
DGX SuperPOD est suivi par MN-3 (332e) avec 26,039 GFLOPS/watt et enfin JUWELS Booster Module (3e) avec 25,008 GFLOPS/watt. Dès la 6e place, on passe en dessous de 20 GFLOPS/watt, puis en dessous de 10 GFLOPS/watt dès la 24e place, et même moins de 1 GFLOPS/watt à partir de la 178e place du classement Green500.
Top500 des supercalculateurs : Fugaku accroit son avance, AMD continue son offensive
-
Pas de changement sur le trio de tête, Fugaku creuse l’écart
-
Deux nouveaux dans le Top10 : un allemand et un saoudien
-
AMD a le vent en poupe, NVIDIA rappelle son omniprésence
-
Les États-Unis toujours en tête sur la puissance brute
-
Green500 : l’efficacité grimpe à plus de 26 GFLOPS/watt
Commentaires (19)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 17/11/2020 à 16h35
C’est con que LUMI vient à peine d’être commandé, l’Europe via la Finalande aurait pu avoir une belle 2e place.
Sinon, comme d’hab’ dès qu’on s’éloigne des 50 premières places, le classement est truffé de machines de “service providers” interconnectées en Ethernet (autour 50% de mémoire) et qui n’ont pour unique but que d’augmenter les parts en nombre de machines au top500 d’une région ou l’autre du monde.
Le 17/11/2020 à 17h14
H.S.:
L’abonnement à nxi et inpact hardware sont devenus séparés ?
On me propose de m’abonner en bas d’actu…je comprend pas.
Le 17/11/2020 à 17h16
Non (au pire déco/reco si tu as un glitch de statut)
Le 17/11/2020 à 17h19
Merci pour l’astuce, ça a fonctionné.
Le 17/11/2020 à 20h09
Le Fugaku il est vraiment classe, ça doit être vraiment fun de programmer ce genre de machine: parfait pour du parallélisme de tache à grande échelle!
Le 18/11/2020 à 04h18
Je suppose que ce classement sera (serait ?) complètement bouleversé lorsque des ordis quantiques réellement utilisables sortiront sur le marché, à moins qu’une autre techno plus réaliste d’un point de vue industriel s’impose entre temps…?
Ce que je trouve inquiétant avec la techno quantique, c’est sa capacité (d’après ce que j’ai pu lire ici ou là, j’ignore si c’est potentiel ou déjà une réalité) à casser du chiffrement à la chaîne, et ce en temps réel !
Ce qui ferait de cette techno une parfaite arme de guerre, capable de déchiffrer et d’intercepter n’importe quel échange sur le net…
Le 18/11/2020 à 06h14
Question noob: c’est quoi les applications pratiques de ces joujoux?
Le 18/11/2020 à 07h27
https://lejournal.cnrs.fr/articles/supercalculateurs-les-enjeux-dune-course-planetaire
Le 18/11/2020 à 08h11
pour le chiffrement cassé par les ordis quantiques, il me semble que c’est “juste” qu’ils peuvent tester largement plus de possibilités en même temps, mais je crois pas qu’il y ait d’ordi avec assez de qbit pour trouver la clef de déchiffrement d’algos sérieux assez rapidement (au pif, on est encore sur des trucs du genre, un ordi “classique” ça prendrait 150 ans, pour tout tester, un supercalculateur 15 ans et un ordi quantique 2 ans)
mais c’est pas dit que dans 1 an ou 2 un quantique avec assez de qbit puisse trouver des clef sha-512 en 5 minutes
par contre je sais pas du tout si on peut parler en “TFLOPS” sur un quantique (j’en doute en fait), vu que ça ne fait pas de calcul à proprement parler, ça teste toutes les combinaisons à la fois, et seule la “vraie” est mesurable à la fin du processus (y’a une histoire de superposition et effondrement, et c’est à l’effondrement qu’on constates quelle superposition à “survécu” et était donc la réponse au calcul initial)
je serai pas surpris qu’on passe plus de temps à préparer le calcul sur des machines standard pour le faire manger à l’ordi quantique, que l’ordi quantique à l’exécuter, ça doit limiter les “TFLOPS” exploitable du coup
ce ne sont que des suppositions / impressions sur ce que j’ai pu lire de-ci de-là, si y’a des erreurs / approximations je serai ravi d’en savoir plus :)
Le 18/11/2020 à 08h21
Cette news me fait prendre conscience qu’il y a 500 Supercalculateurs dans le monde. Prendre une claque au réveil, c’est un peu dur.
Le 18/11/2020 à 08h31
Pour une seconde claque, tu peux te dire que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, il y a plein de supercalculateurs plus modestes un peu partout
Le 18/11/2020 à 08h50
Et ils font quoi sur Fugaku, avec des coeurs ARM en plus ?
Le 18/11/2020 à 11h48
Il sont principalement dédiés aux calculs pour la recherche scientifique.
Le 18/11/2020 à 11h53
Le 18/11/2020 à 21h09
Des applications de calcul scientifique oui mais pas forcement de la recherche, les industriels utilisent très largement les supercalculateurs aussi. L’article cite par exemple le joujou de Total qui doit principalement être utilisé pour les applications nécessaire à la prospection de pétrole (du genre FWI qui sert à modéliser les fonds sous-marin à partir des relevés fait par les bateaux pour identifier les réservoirs, etc) mais c’est aussi utilisé pour la prévision météorologique, l’aéronautique, l’aérospatiale, etc. Et maintenant avec le développement de l’intelligence artificielle, tout le monde a besoin d’un supercalculateur parce que entraîner un réseau neural ça demande rapidement beaucoup de ressource de calcul.
Le 18/11/2020 à 21h13
https://www.r-ccs.riken.jp/en/fugaku/outcome
Le 18/11/2020 à 21h29
Merci pour le lien
Le 20/11/2020 à 12h42
Un grand MERCI à toi pour ton excellent lien, Refuznik !
Une conférence très abordable et pédagogique qui incidemment confirme que les ordis quantiques peuvent être utilisés pour casser des chiffrages, mais que des ingénieurs commencent déjà à prévoir le coup avec de nouveaux algorithmes “post-quantiques”, censés résister à ce genre d’attaque.
C’est super, parce que ça remet en place les choses et démontre que les ordis quantiques c’est bien… mais c’est pas le Père Noêl, leurs domaines d’applications et leur programmation sont très, très différents de ceux des ordi classiques, et que les uns ne pourront jamais remplacer les autres…
…A moins, peut-être, d’inventer une toute nouvelle informatique, ou les notions de “logiciels”, de “script” ou de “système d’exploitation” seraient complètement bouleversés.
On pourrait alors imaginer des “modules d’exploitation”, sortes de “meccanos algorithmiques”, où plutôt qu’un seul programme / script pour exécuter un seul type de tâche, on pourrait assembler et combiner à loisir des “pièces” (combinaisons de portes logiques) en vue d’exécuter des tâches extrêmement (ou pas) complexes, “pièces” qui pourraient se recombiner à l’infini suivant la tâche à accomplir, le tout en temps réel…
Ce n’est qu’une intuition très subjective et basée sur rien, mais je pense qu’avec ce type de technologie on pourrait casser la frontière entre “multitâche” et “monotâche”, puisque cette recombinaison permanente dont je parle pourrait se faire à la vitesse quantique, et donc donner l’impression - de notre point de vue - de faire plein de choses en même temps.
#rêve - #n’importe quoi, au pif - #poésie quantique - #science-fiction - #désolé…
Le 24/11/2020 à 08h38
Le multitâche nous donne déjà l’impression de faire plein de choses en mème temps.