Comme chaque début d'année, le CES de Las Vegas ouvre ses portes et le défilé des constructeurs peut commencer. NVIDIA a décidé d'évoquer ses projets en cours de développement qui se focalisent principalement sur la prochaine puce de la famille Tegra. Après une quatrième génération qui ne restera pas dans l'histoire, il sera donc question de Tegra K1 qui intègre un GPU basé sur l'architecture Kepler et pourra proposer un CPU 64 bits via l'aboutissement du fameux projet Denver.

NVIDIA est le premier constructeur à ouvrir le bal des conférences de ce CES 2014. Et cette année, son PDG Jen-Hsun Huang n'est pas venu nous parler de nouvelles GeForce, il faudra certainement attendre encore un peu pour cela. Pour autant, il a tenu à rappeler que le monde PC était toujours aussi important pour sa société. Il a ainsi évoqué deux de ses projets qui ont déjà été largement traités : G-Sync et GameStream.

Les écrans G-Sync arrivent au second trimestre en 24" et 27"

Pour rappel, la première prend la forme d'un module à intégrer dans les écrans afin de permettre une communication spécifique avec la carte graphique. Le but est ici de changer la façon dont les images sont affichées : lorsqu'elles sont prêtes. Plus question de se fixer une fréquence précise et de chercher à compenser les soucis que cela entraîne, ce qui apporte de nombreux avantages dans la pratique.

Pour le moment, un seul écran propose une telle fonctionnalité sur le marché français : une version modifiée du VG248QE d'ASUS. Malheureusement, c'est assez cher pour le moment : près de 500 € environ contre 200 € de moins pour la version non modifiée. Pour faire baisser la note, NVIDIA compte sur ses partenaires qui proposeront des écrans G-Sync nativement cette année. Si l'on savait que ce serait avant l'été, les choses étaient assez peu précises pour le moment. On apprend désormais qu'il est question du second trimestre.

Comme annoncé au départ, plusieurs constructeurs sont sur les rangs : ASUS, Acer, AOC, BenQ, Philips et ViewSonic. Ceux-ci devraient profiter du CES pour exposer des modèles de 24 pouces (1080p) à 27 pouces (1080p ou 1440p). Reste maintenant à voir s'ils seront réellement abordables ou pas. Dans le second cas, cela pourrait être un problème puisque G-Sync ne serait alors pas la révolution annoncée, mais surtout une démonstration technologique inabordable pour la plupart des joueurs, qui subira le même sort que 3D Vision qui aura finalement plus été utile à l'équipe marketing de NVIDIA qu'aux utilisateurs.

GameStream multiplie les certifications, quid de l'arrivée sur tablette ?

Il a ensuite été question de GameStream, la technologie permettant de jouer à un jeu PC sur PC à travers une console portable Shield sous Android. Ici non plus pas de réelle surprise, si ce n'est l'apparition d'une tablette sur une capture détaillant les possibilités : est-ce une confirmation de plus pour son arrivée sur la Tegra Note 7 ? Il n'en sera pas question. 

On peut d'ailleurs noter la présence d'un logo Twitch. Le service a été évoqué pour ce qui est de partager vos instants de jeux directement depuis la console portable. On peut donc aussi bien penser que la tablette est ici présentée comme le moyen de visionner la partie en cours d'un autre joueur.

NVIDIA s'est en fait surtout concentré sur le fait que des PC et des routeurs certifiés « NVIDIA GameStream-ready » arrivaient sur le marché. Cela concerne pour le moment principalement quelques intégrateurs américains dans le premier cas, ce qui semble logique puisque la Shield n'est pas encore disponible chez nous.

Pour ce qui est des routeurs, la liste comporte désormais douze modèles : 

• Asus RT-AC66U
• Asus RT-AC68U
• Asus RT-N56U
• Asus RT-N66U
• Buffalo AirStation Extreme AC 1750
• Buffalo AirStation Extreme AC 1200
• D-Link DIR-860L AC1200
• D-Link DGL-5500 AC1300
• Netgear Nighthawk R700
• Netgear R6300
• Netgear R6250
• Netgear WNDR4500

Au final, il n'y aura donc eu aucune annonce d'une nouvelle version de la console de jeu portable, ni de son éventuelle arrivée dans nos contrées. Si vous attendiez du nouveau et de l'excitant, passez votre chemin.

Tegra K1 : un Tegra 4 avec 192 CUDA Cores Kepler, à 5 watts (et non 2)

C'est en fait le troisième point de la conférence qui concentrait toutes les annonces les plus intéressantes, puisqu'il a été question de la nouvelle génération de puce mobile du constructeur : Tegra K1. Autant le dire tout de suite, aucune date de disponibilité ni aucun produit fini n'ont été évoqués. Mais après un Tegra 4 qui n'a pas emporté les foules, et à quelques semaines du MWC de Barcelone, il fallait au moins communiquer.

Ce nouveau SoC est l'aboutissement de plusieurs années de travail chez NVIDIA, et de deux projets qui lui tiennent à cœur. Le premier concerne le fait que les architectures mobiles exploiteront désormais la même architecture graphique que ses GPU plutôt que d'avoir plusieurs générations de retard. 

Cela permet l'intégration des dernières technologies maison et des derniers standards (DX11, OpenGL 4.4, etC.) et surtout de profiter du savoir-faire premier des ingénieurs de la société afin de se démarquer réellement de la concurrence. Pour son K1, c'est donc la génération Kepler qui sera utilisée. 192 CUDA Cores sont intégrés au sein de cette puce qui reste gravée en 28 nm. À titre de comparaison, Tegra 4 disposait de 72 unités de traitement, et l'on arrive au double d'une GeForce GT 620 (96 CUDA Cores) ou deux fois moins que la GT 630 (version Kepler) qui  en dispose de 384.

Mais cela se fait dans une enveloppe de seulement 5 watts alors que cette dernière annonce un TDP de pas moins de 25 watts, ce qui était là tout le défi de NVIDIA. On est néanmoins à deux fois plus que prévu, puisqu'en juillet dernier il n'était question de que deux watts pour cette même puce. 

La société préfère d'ailleurs depuis quelques semaines une autre comparaison, qui a en plus l'intérêt de favoriser les titres impressionnants : sa puce mobile serait bien plus véloce que les plateformes des XBox 360 et autres PS3. On nous promet au passage un gain de 150 % au niveau des performances graphiques par rapport à la puce A7 d'Apple. Dans un cas, comme dans l'autre, on ne demande qu'à voir.

Les 4 + 1 cœurs A15 pourront être remplacés par de l'ARM v8 64 bits (Denver)

Son architecture CPU aura aussi un goût de déjà-vu puisqu'il s'agit de celle de Tegra 4 avec ses 4 + 1 cœurs A15. Mais cela va évoluer avec le temps. En effet, le second projet qui va aboutir avec cette génération est Denver, dont on a officiellement entendu parler pour la première fois au CES de 2011. Il s'agit ici d'une architecture 64 bits (7-way Superscalar) qui se base sur ARM v8.

Deux puces seront ainsi proposées. Elles sont compatibles broche à broche et pourront donc être remplacées l'une par l'autre sans modification du PCB. On note néanmoins des différences importantes puisque la seconde ne disposera que de deux cœurs, mais d'un cache plus élevé et d'une fréquence maximale de 2,5 GHz contre 2,3 GHz pour sa petite sœur en 32 bits :

Une puce, deux versions

NVIDIA a bien entendu fait une démonstration sur scène afin de montrer que le tout était d'ores et déjà fonctionnel, et qu'Android était déjà prêt pour le 64 bits. Cela n'a d'ailleurs rien de nouveau puisqu'Intel avait déjà annoncé travailler de son côté sur une telle possibilité lors de l'IDF de septembre. 

Notez au passage que si la mémoire gérée par cette nouvelle génération pourra être doublée, avec un maximum de 8 Go de DDR3 / LPDDR3, il ne semble pour le moment pas question de viser le marché des ordinateurs portables ou de bureau de manière directe. NVIDIA montre en effet assez clairement qu'il ne vise pour le moment que les tablettes (et donc certains hybrides) ainsi que l'automobile. Le reste viendra sans doute plus tard.

Côté produit final, aucune annonce n'aura donc été faite alors que l'on aurait pu s'attendre à une nouvelle génération de console Shield, disponible bien plus largement dans le monde. Il faudra sans doute attendre le MWC de Barcelone ou le CeBit pour cela.

Unreal Engine 4 arrive sur Tegra K1, quelques vidéos de présentation à l'appui

Afin de mettre en pratique cette annonce, la société en a néanmoins profité pour évoquer le fait que l'Unreal Engine 4 fonctionnera parfaitement avec le Tegra K1 démonstration à l'appui. Pour rappel, ce moteur graphique a été présenté lors de l'E3 en 2012. Pour NVIDIA c'est un point important puisqu'il aurait fallu attendre pas moins de huit ans pour que les terminaux mobiles prennent en charge Unreal Engine 3, contre seulement deux ans dans le cas de la nouvelle mouture :

Nous avons ensuite droit à une démonstration des performances du Tegra K1 dans une tablette lors d'un rendu OpenGL 3.1 sur un visage humain qui prend différentes expressions. Les résultats semblent prometteurs, reste à voir ce que cela donnera dans la pratique. Bien entendu, le PDG d'Epic Games Tim Sweeney s'est dit ravi de cette nouvelle puce. Celui qui sert désormais de manière récurrente d'homme sandwich à NVIDIA nous promet donc des jeux superbes et des possibilités aussi importantes que sur PC.

Le caméléon n'hésite pas pour sa part à promettre un niveau graphique du niveau des XBox One et PS4. Autant dire que le marketing s'emballe sans doute un peu. Plusieurs démonstrations sont bien entendu venues illustrer tout cela à coup de Global illumination, de High Dynamic range, de Shaders, de gestion de la physique, etc. 

Avec Tegra K1 VCM, NVIDIA continue de viser le marché de l'automobile

Une conférence qui parle de SoC et de Tegra ne serait rien sans une annonce autour du marché automobile, surtout cette année puisque le CES 2014 semble assez largement axé sur celui-ci. On apprend donc qu'il existera aussi une version dédiée aux voitures connectée : Tegra K1 VCM (Vehicle Communication Module). 

Ici on a eu droit à la démonstration du projet Mercury, un tableau de bord entièrement réalisé en 3D qui dispose de nombreux effets et sera entièrement personnalisable. La société en profite pour préciser qu'elle est déjà présente dans pas moins de 4,5 millions de voitures à travers une centaine de modèles. Un chiffre que Jen-Hsun Huang espère sans doute voir exploser dans les années à venir.

Selon lui et ses équipes, la puissance de Tegra K1 permettra d'aller plus loin au niveau de l'assistance apportée au conducteur. Il faudra bien car ce marché est d'une importance capitale pour tous les constructeurs qui vont se livrer une véritable bataille pour être intégrés aux prochaines voitures de luxe, mais aussi à l'avenir, dans des modèles bien plus abordables et vendus à une échelle bien plus importante. Google ne s'y est d'ailleurs pas trompé et à clairement affiché sa volonté de faire entrer Android dans les voitures.