Surveillance des salariés : la CNIL épingle un hypermarché E. Leclerc
Avertissement Leclerc et net
Le 04 février 2014 à 13h31
5 min
Droit
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La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) vient d’adresser une mise en demeure à un supermarché E. Leclerc ayant mis en place des dispositifs de surveillance des salariés particulièrement intrusifs. La société se servait de lecteurs d’empreintes digitales et de caméras de vidéosurveillance pour contrôler les horaires de ses salariés, de façon disproportionnée aux yeux de la gardienne des données personnelles. Explications.
Capture via Google Street View.
C’est un avertissement très sérieux qui vient d’être adressé à la société exploitant le centre commercial E. Leclerc de Saint-Médard-en-Jalles (Gironde). Dans une délibération en date du 15 janvier dernier (PDF), et rendue publique hier par l’institution, la CNIL a en effet laissé un délai de deux mois à cette entreprise pour se mettre en règle suite à la constatation de nombreux manquements à la loi « Informatique et Libertés ». Dans le collimateur de la gardienne des données personnelles : deux dispositifs installés depuis plusieurs années, l’un reposant sur de la biométrie, l’autre sur de la vidéosurveillance.
Tout d’abord, la CNIL s’est penchée - suite à une plainte - sur des appareils de lecture d’empreintes digitales installés en 2004, et dont l’objectif était de contrôler l’accès à certaines pièces (zones sensibles où est entreposé le matériel électronique, les parfums...) et les horaires de travail des salariés. Différents problèmes ont finalement été mis à l’index par l’autorité administrative. Premièrement, l’employeur n’avait pas effectué les formalités administratives adéquates auprès de la gardienne des données personnelles. Il devra donc se mettre en règle sur ce point.
Des dispositifs biométriques pour contrôler le temps de travail des salariés
Deuxièmement, c’est la finalité de ce dispositif qui a fait tiquer la CNIL. Cette dernière explique en effet que « les dispositifs biométriques ne peuvent être mis en place afin de gérer les horaires et le temps de présence des employés ». Seule dérogation à la règle : si des « circonstances exceptionnelles liées à des impératifs de sécurité » le justifient. Sauf qu’ici, ce n’était pas le cas. Ceci a donc conduit l’institution à demander à ce que les lecteurs d’empreintes digitales ne soient plus utilisés pour contrôler les horaires et le temps de présence des salariés.
Troisièmement, la CNIL s’est aperçue que l’employeur conservait les empreintes digitales de ses anciens salariés pendant un peu trop longtemps... L’autorité administrative a ainsi retrouvé des données personnelles d’une employée partie en juin 2009. Sur ce point, le responsable du centre commercial a ainsi été invité à « ne pas conserver les empreintes digitales des salariés au-delà du temps strictement nécessaire à la finalité du dispositif, notamment en supprimant les données des salariés dès qu’ils ne sont plus habilités à pénétrer dans les zones dont le dispositif contrôle l’accès ».
De la vidéosurveillance des postes de travail et de l'accès aux salles de pause
Le deuxième dispositif litigieux avait trait à la vidéosurveillance, puisque 139 caméras étaient installées dans l’enceinte du centre commercial, pour la plupart au sein d’espaces ouverts au public (rayons de l’hypermarché, parking réservé à la clientèle,...). Ici, les problèmes étaient similaires. Premièrement, il s’est avéré « qu’aucune formalité déclarative » n’avait été effectuée. L’entreprise devra donc se mettre en règle sur ce point.
Deuxièmement, la CNIL a constaté qu’une partie des caméras servait à filmer « des postes de travail ainsi que l’accès aux salles de pause des salariés ». Ainsi, les temps de pause des employés pouvaient être surveillés et potentiellement contrôlés. D'autre part, les boulangers du magasin étaient par exemple surveillés « de manière constante » dans leur travail. Mais l’autorité administrative a demandé à ce que des aménagements soient effectués... Et pour cause : la Commission explique « qu’un dispositif permettant de filmer en continu les postes de travail de certains salariés ne peut être mis en œuvre qu’en présence de circonstances particulières liées à la prévention des atteintes aux biens et aux personnes ». Or ici, ce n’était pas le cas. Le dispositif relatif à la salle de pause est même décrit comme « excessif et non pertinent ». L’entreprise devra donc réorienter les caméras litigieuses ou masquer les zones concernées.
Enfin, il y avait un souci avec une caméra installée au sein d’un local dédié aux interpellations, puisque « aucune information [n’était] fournie aux personnes quant à l’existence de cet enregistrement visuel et sonore ». Sur ce point, l’entreprise a été sommée d’informer les personnes de l’existence de ce dispositif - tout du moins si elle ne veut pas s’exposer à de véritables sanctions. La CNIL a en effet laissé un délai de deux mois au responsable de cet hypermarché pour qu’il corrige tous les différents manquements constatés. Passé ce délai, l’autorité administrative pourrait engager une procédure de sanction.
Il n’en demeure pas moins que l’autorité administrative insiste au cours de sa délibération sur les différentes sanctions encourues au niveau pénal par l’entreprise. S’appuyant sur les problèmes de conservation des empreintes digitales de certains salariés par exemple, la CNIL rappelle « qu’en application des articles 121 - 2, 131 - 37, 131 - 38 et 226 - 20 du Code pénal combinés, le fait pour une personne morale, de conserver des données à caractère personnel au-delà de la durée prévue par la loi (...) est puni de 1 500 000 € d’amende ».
Surveillance des salariés : la CNIL épingle un hypermarché E. Leclerc
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Des dispositifs biométriques pour contrôler le temps de travail des salariés
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De la vidéosurveillance des postes de travail et de l'accès aux salles de pause
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 04/02/2014 à 13h45
" /> ça m’étonne pas,ils ont pas encore trouver la black liste…
Le 04/02/2014 à 13h46
souriez vous êtes filmé …. Il n’y avait pas de caméra dans les toilettes non plus pendant qu’on y est ?
Le 04/02/2014 à 13h56
Sans forcément être en rapport avec la new, la présence de système de vidéosurveillance sur des “postes de travail” tels que les caisses est-elle justifiée (de par sa prévention aux atteintes aux biens/personnes)?
Le 04/02/2014 à 13h56
Le 04/02/2014 à 13h57
Le 04/02/2014 à 13h58
Le 04/02/2014 à 13h59
EXCLUSIF
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif sera prochainement présent à la fédération nationale des supermarchés pour reformer la CNIL une institution jugée désuète “qui à fais son temps” qui n’aurait désormais plus qu’un droit de consultation et ce dans tout son domaine d’action.
Le 04/02/2014 à 14h05
Cool, ça veut dire qu’on peut faire tout et n’importe quoi avec les données à caractère personnel et avec pour seul sanction une mise en demeure de la CNIL ? " />
Le 04/02/2014 à 14h07
Le 04/02/2014 à 20h06
Le 04/02/2014 à 20h09
Le 04/02/2014 à 20h20
Le 04/02/2014 à 20h31
Le 04/02/2014 à 22h54
Le 05/02/2014 à 01h48
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Je me demande ou est la bonne foi du CNIL mettre leclerc en demeure depuis 2004 de qui se moque-t-on ? 10 ans pour une mise en garde!!!!!! à d’autres." />
Le 05/02/2014 à 07h19
Pour les caisse ça permet d’éviter de nombreuses arnaques, et finalement de protéger les employés.
Le 05/02/2014 à 09h41
Le 04/02/2014 à 14h08
Le 04/02/2014 à 14h19
Le 04/02/2014 à 14h26
Le 04/02/2014 à 14h31
En caisse , la présence des caméras peut être justifié dans un supermarché.
1- Les clients violents et mécontent , souvent car ils viennent de voler peuvent prendre tout ce qui leur passe sous la main pour t’agresser
2- Les vols. Désolé mais la démarque dans un magasin fait augmenter les prix et aussi fait une perte du chiffre d’affaire dans le magasin qui au final se répercute sur les employés.
3- Les employés malhonnêtes. ( Je n’aimerais pas être accusé a tord d’un méfait ou d’un vol que je n’ai pas commis )
Le 04/02/2014 à 14h34
C’est bien que la CNIL ait les moyens d’agir.
Mais tout de même:
10 ans ! 10 années pour faire respecter la loi…et pas dans un obscur entrepôt au fin fond de la campagne…Nonon, dans Leclerc dans lequel des centaines d’employés sont présents et pas seulement des caissières et des “metteurs en rayon”/magasinier/saisonnier, mais aussi toutes sortes de “chefs” (de rayon, de secteur, etc)…
Et il a fallu 10 ans, pour faire quoi ? Ah oui pour demander à ce que Leclerc se mette en conformité avec la loi et pour leur donner, je cite, un “sérieux avertissement” qui est du type: “attention les gars, si quelqu’un a le temps, les moyens, le courage, l’intelligence et le dévouement nécéssaires, et que ce quelqu’un lance une procédure pénale contre vous, alors y’a un risque que la peine maximale de 1.5M d’€, soit à peu prés 2% de votre chiffre d’affaire trimestrielle”
Bien joué les gars ! (cf Le grand détournement)
Le 04/02/2014 à 14h52
Il y en avaient dans les toilettes ?
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Le 04/02/2014 à 15h00
Le 04/02/2014 à 15h09
des appareils de lecture d’empreintes digitales installés en 2004
Différents problèmes ont finalement été mis à l’index
Tu m’étonnes ^^
Le 04/02/2014 à 15h11
C’est une impression ou bien la CNIL épingle de plus en plus ?
Le 04/02/2014 à 15h13
Le 04/02/2014 à 16h01
Le 04/02/2014 à 16h14
Le 04/02/2014 à 16h50
Le 04/02/2014 à 18h09
Les hypermarches veillent beaucoup plus a ce que leurs cameras exterieures ne puissent pas filmer des habitations proches….concernant la surveillance dans l’enceinte de l’hyper tout est permis et d’ailleurs il est note que la cnil est intervenu suite a une denonciation en 33 ans d’hyper je n’ai jamais vu la cnil verifier si les cameras etaient installées ou non dans les regles…
rien que des cameras dans des reserves devraient etre interdites car sous couvert d’eviter des vols elles permettent de verifier le travail du personnel et en tant que directeur de magasin il faudrait etre idiot pour ne pas les utiliser…
dans notre hyper la camera donnait dans la salle de pause et pour etre tranquille toutes les vitres concernées etaient recouvertes d’affiches…
Le 04/02/2014 à 18h15
Quiestleplusbigbrother.com " />
Le 04/02/2014 à 19h25
Je trouve un peu gênant de systématiquement accorder un délai pour se mettre en règle avant les poursuites. Quand on commet une infraction, on doit être sanctionné immédiatement, car sinon ça veut dire qu’on peut violer la loi une fois (et potentiellement pendant des années) sans risque. Le simple citoyen ne bénéficie jamais des mêmes largesses.