Le CNNum préconise de « temporiser les négociations » du traité TAFTA
TAFTAoutai ?
Le 09 mai 2014 à 06h50
7 min
Droit
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Dans un avis rendu mercredi à Fleur Pellerin, Secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur, le Conseil national du numérique recommande à l’Union européenne d’être particulièrement vigilante dans le cadre des négociations qui ont actuellement cours avec les États-Unis, à propos d’un accord de libre-échange qui impacterait de très nombreux secteur de l’économie, à commencer par le numérique.
Plus de six mois après avoir été saisi par Nicole Bricq, alors ministre du Commerce extérieur, le Conseil national du numérique (CNNum) a officiellement remis à Fleur Pellerin, désormais Secrétaire d’État en charge de ce portefeuille, son avis (PDF) sur le volet numérique du projet d’accord de libre échange. Un accord en discussion depuis plus d’un an entre l’Europe et les États-Unis, et connu sous le nom de traité TAFTA, pour « Trans-Atlantic Free Trade Agreement », ou de TTIP, pour « Transatlantic Trade and Investment Partnership ».
D’emblée, le CNNum fait valoir que « le numérique est l’un des piliers de la relance », sous-entendu qu’il s’agit d’une véritable opportunité pour les Vingt-Huit. L’institution laisse ensuite percer son inquiétude quant à « l’asymétrie entre les États-Unis et l’Union européenne » dans ce secteur, soulignant que les Américains « disposent d'une avance commerciale et intellectuelle fondée sur une vision à long terme ». Pour autant, alors que l’exécutif lui avait demandé d’émettre des propositions « visant à permettre à nos entreprises de tirer parti d’un marché transatlantique mieux intégré », l’organe consultatif prend plutôt ses distances avec le fameux traité.
Le CNNum craint que le TTIP devienne « un frein » au développement du numérique
Le CNNum préconise en effet « de temporiser les négociations » pour au contraire « accélérer la construction de la stratégie numérique européenne », et même avoir une visée davantage internationale, plus large en tout cas que la seule relation avec les États-Unis. « Sans la mise à disposition des moyens nécessaires, il est à craindre que le TTIP devienne une entrave à l’épanouissement d’un marché global transformé par le numérique, et un frein au développement d’une société et d’une économie numériques durables » concluent de manière assez cinglante les membres de l’institution.
Pour éviter d'en arriver là, le Conseil plaide pour un « renforce[ment] [d]es capacités de négociation de l’Union européenne ». Il en appelle ainsi les Vingt-Huit à mieux faire entendre leur voix sur plusieurs points-clés des discussions relatives au numérique. C’est par exemple le cas à propos de l’accès des entreprises européennes aux marchés publics américains, pour lesquels l’UE devrait « adopter une position offensive » et « exiger une réciprocité maximale entre les deux parties » selon le CNNum. Une telle réciprocité devrait également avoir lieu s’agissant des visas, etc.
Finalement, ce sont principalement des mises en garde que l'institution adresse à l'exécutif, par exemple au sujet de l’instauration d’un mécanisme spécifique d’arbitrage, qui trancherait d’éventuels litiges entre investisseurs et États au lieu des juridictions nationales. Pour le CNNum, cette mesure « pose problème et constitue un risque pour la souveraineté » des Vingt-Huit. Il est donc explicitement proposé de l’exclure - au moins à ce stade des négociations. La cybersécurité est également un sujet dont le Conseil réclame la mise à l’écart.
Données personnelles, propriété intellectuelle : ne pas brader les acquis européens
Le Conseil poursuit en affirmant « qu’il est essentiel que l’Union européenne conserve sa capacité à réglementer et structurer le marché numérique dans le futur ». En clair, les Vingt-Huit sont invités à ne pas brader les acquis européens, par exemple en matière de propriété intellectuelle. « L’approche américaine sur la brevetabilité du logiciel n’est pas cohérente vis-à-vis du modèle européen, qui promeut le droit d’auteur et le logiciel libre, défend l’importance du domaine public, et reste attentif aux questions de brevetabilité de l’information » fait ainsi valoir le CNNum. Ce dernier estime que « le respect des modèles juridiques et la préservation de la chaîne de valeur » de l’UE sont « des prérequis » aux négociations sur cette partie du traité.
L’organe consultatif recommande ainsi aux Vingt-Huit de « ne pas renoncer à la capacité européenne à réglementer en matière de propriété intellectuelle dans le futur et, a minima, préserver la réglementation européenne de protection du logiciel par le droit d’auteur », de « veiller à ce que tout renforcement des droits de propriété intellectuelle ne se réalise pas au détriment de la protection du domaine public », ou bien encore de « préserver le principe de non-brevetabilité des découvertes scientifiques fondamentales ». Rappelons à cet égard que des organisations telles que La Quadrature du Net (qui a d’ailleurs été auditionnée par le CNNum), craignent que le TTIP consacre un retour des dispositions contenues dans le traité ACTA, rejeté par le Parlement européen en juillet 2012.
Une mise en garde similaire est d’autre part adressée en matière de protection des données personnelles. « La libération des flux de données est une demande régulière des États-Unis dans leurs projets d’accords commerciaux. L’adoption d’une stratégie industrielle cohérente et la signature d’un accord sur la réglementation des données personnelles sont un préalable à une négociation réussie » prévient le CNNum. À ses yeux, il existe effectivement « un risque à la libéralisation sans conditions des flux de données dans les secteurs sensibles comme la sécurité, la santé, les services financiers ou l’énergie ».
Le CNNum veut davantage de transparence et de consultation de la société civile
Alors que les négociations entourant le TTIP sont très régulièrement critiquées pour leur opacité, le Conseil demande justement à l’Union européenne de « renforcer ses actions de concertation et de transparence ». Comment ? Tout d’abord en « officialisant le rôle d’un négociateur européen spécifiquement chargé de traiter des enjeux numériques », ou bien encore en « systématisant la consultation de la société civile et acteurs économiques sur les positions à prendre en matière de numérique ». Au niveau français, l’exécutif est également invité à faire des efforts s’agissant du comité chargé de suivre les négociations sur le TTIP, et de « le doter d’une organisation plus opérationnelle (experts, juristes, associations, etc.) en interaction directe avec l’écosystème, y compris les industries traditionnelles ».
Fait intéressant à cet égard : l’institution explique que faute de transparence sur le processus de négociation, elle a dû travailler « grâce à la divulgation par des acteurs de la société civile de documents à l’origine confidentiels ».
L’on notera enfin qu’alors que fraîchement mise en garde par le CNNum à propos des risques relatifs au TTIP, Fleur Pellerin a déclaré hier depuis Bruxelles qu'il fallait « dédramatiser » les enjeux du futur traité et « rectifier un peu la perception de certains sujets, qui sont présentés de manière inutilement anxiogène » alors que la campagne pour les élections européennes commence à battre son plein. S’agissant du mécanisme d’arbitrage des litiges, l’ex-ministre déléguée à l’Économie numérique a insisté sur le fait que « la France n'était pas demandeuse » d’un tel dispositif, comme le rapporte l’AFP.
Le CNNum préconise de « temporiser les négociations » du traité TAFTA
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Le CNNum craint que le TTIP devienne « un frein » au développement du numérique
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Données personnelles, propriété intellectuelle : ne pas brader les acquis européens
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Le CNNum veut davantage de transparence et de consultation de la société civile
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 09/05/2014 à 07h16
TAFTA commence à sortir du bois.
Entre ce rapport et les écologistes qui font campagne sur le sujet:
http://www.lepoint.fr/europeennes-2014/eelv-presente-son-programme-pour-l-europe…
http://ouest.europe-ecologie.eu/accord-de-libre-echange-ue-canada-un-avant-gout-…
le sujet sort du groupe des geeks (pour son versant numérique). Espérons que le débat s’étende à d’autre partis politique et permettent d’informer toute la société.
Le 09/05/2014 à 07h30
TAFTAoutai ?
Ça sent la taftaline.. " />
Le 09/05/2014 à 08h11
Il n’y a pas à tergiverser. Les discussions à propos de ce traité doivent être stoppés. L’Europe mène ces négociations comme un véritable amateur vis-à-vis des états-unis dont l’intérêt est évident : ils veulent museler l’Europe qui leur fait de l’ombre pour le dollar. Les européens me semblent extrêmement naïfs dans ce domaine et Fleur Pellerin a déjà montré son incompétence sur le numérique dans son poste précédent. Cette femme est une vraie plaie et elle devrait s’expatrier aux états-unis, ce ne serait pas une grosse perte.
Le 09/05/2014 à 08h12
Ca ne seras pas le premier rapport qui dit d’envoyer balader les USA et que nous “cher” dirigeants “dédramatise” et baisse leur froc " />
Le 09/05/2014 à 08h31
Ce matin je scannais avec mon autoradio et je tombe sur bourdin qui annonce qu’il consacrera ses émissions de la semaine prochaine à ce traité dont la mise en place est antidémocratique (selon ses propos).
Je trouve sympa que ce sujet commence à sortir du bois mais bien malheureux que seule le FN et le FdG en parlent…
Le 09/05/2014 à 08h47
les Américains « disposent d’une avance commerciale et intellectuelle fondée sur une vision à long terme »
Et une bonne bonne avance technologique dans l’espionnage industriel…
Au delà des mesures que contient le traité, le fait qu’il soit négocié dans l’ombre est déjà un argument pour l’arrêt des négociations.
Ce traité est anti-démocratique. Au vu des implications, un débat public est plus qu’indispensable.
Le 09/05/2014 à 09h26
salut
je sens qu’on* va, encore, se faire avoir : dans cette histoire !
les USA sont + malins que nous !
ils avancent à pas de loup, ET QUAND ON RÉALISE..il est, souvent, TROP TARD
l’accord est, déjà, signé !!! " />
* Europe
Le 09/05/2014 à 09h41
Sachant que les gusses européens qui négocient le traité sont de la même trempe que ceux qui ont voté pour Hadopi, je ne comprend pas pourquoi je devrais “rectifier un peu la perception de certains sujets, qui sont présentés de manière inutilement anxiogène”. En face, se sont les USA, il vont juste piller nos 28 séniles comme un vendeur de porte à porte dans une maison de retraire. C’est pourtant pas faute d’avoir des signes évidents que ce ne sont pas des enfants de coeurs avec qui ils essaient de “négocier” (se faire arnaquer aurait peut être été plus juste).
Le 09/05/2014 à 09h42
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Pourquoi seulement temporiser les négociations ? Pourquoi ne pas faire pression pour qu’il ne voit jamais le jour ?
De ce que j’ai pu lire ce matin dans Libé (seul journal gratos que je peux avoir), ce traité risque de mettre à mal tout le système européens et les acquis, et de donner un super pouvoir aux entreprises.
Outre le numérique, ce traité touchera aussi bien les domaines de l’alimanetation, que de la recherche ou de la manufacture. " />" />
Qui veut un boeuf aux hormones pour son déjeuner ? " />
Le 09/05/2014 à 09h57
Le 09/05/2014 à 11h33
D’emblée, le CNNum fait valoir que « le numérique est l’un des piliers de la relance », sous-entendu qu’il s’agit d’une véritable opportunité pour les Vingt-Huit. L’institution laisse ensuite percer son inquiétude quant à « l’asymétrie entre les États-Unis et l’Union européenne » dans ce secteur, soulignant que les Américains « disposent d’une avance commerciale et intellectuelle fondée sur une vision à long terme ». Pour autant, alors que l’exécutif lui avait demandé d’émettre des propositions « visant à permettre à nos entreprises de tirer parti d’un marché transatlantique mieux intégré », l’organe consultatif prend plutôt ses distances avec le fameux traité.
Enfin un peu d’éclaircie dans ce monde d’ombres obscures (que la force soit avec vous)
Le 09/05/2014 à 11h39
Fait intéressant à cet égard : l’institution explique que faute de transparence sur le processus de négociation, elle a dû travailler « grâce à la divulgation par des acteurs de la société civile de documents à l’origine confidentiels ».
A l’insu de notre plein gré Il s’en est fallu de peu pour être les dindons de la Farce (une interprétation personnelle, mise en lumière) " />
Le 09/05/2014 à 11h43
Fleur Pellerin a déclaré hier depuis Bruxelles qu’il fallait « dédramatiser »
Toujours à côté de la plaque (elle n’a rien pris en considération sur les méfaits induits de la NSA, c’est lamentable)
Le 09/05/2014 à 11h46
Données personnelles, propriété intellectuelle : ne pas brader les acquis européens
Toujours aussi flou sur le sujet " />
Le 09/05/2014 à 11h52
…soulignant que les Américains « disposent d’une avance commerciale et intellectuelle fondée sur une vision à long terme »
If then (les Européens) else (les Américains, les européens n’y pensent même pas) " /> (on voit d’où vient le Basic)
(L’européen est encore au Basic 1.0) " />
Le 09/05/2014 à 14h56
salut
par pitié, Mrs. de Bruxelles ne SIGNER pas cet accord !!!
“Copie à refaire” !!!" />
Le 09/05/2014 à 16h01
Le 10/05/2014 à 08h54
”…signez…”
Le 10/05/2014 à 09h29
Fleur Pellerin a déclaré hier depuis Bruxelles qu’il fallait « dédramatiser » les enjeux du futur traité et « rectifier un peu la perception de certains sujets, qui sont présentés de manière inutilement anxiogène »
Traduction: Pas la peine de râler comme des veaux, on a déjà vendu offert votre cul aux USA.