Liens entre médecins et labos : ouverture d’un site à la portée limitée
Transparence.sante.gouv.fr
Le 26 juin 2014 à 08h08
5 min
Droit
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Le ministère de la Santé vient d’ouvrir sa base de données issue du Sunshine Act. Elle permet en théorie de découvrir les liens d’intérêts existant entre les labos et le monde médical. Seulement, le degré de transparence est beaucoup plus contrasté que ce qu'on pouvait espérer.
« La base de données publique Transparence - Santé rend accessible l’ensemble des informations déclarées par les entreprises sur les liens d’intérêts qu’elles entretiennent avec les acteurs du secteur de la santé » tambourine le ministère. Sur ce site attendu depuis le 1er avril dernier, il est désormais possible de taper le nom de son médecin et découvrir ses généreuses relations avec tel ou tel laboratoire. Ce dispositif est le fruit de la loi du 20 décembre 2011 et d’un lot de textes d’application, un ensemble dénommé Sunshine Act, à l’image d’une législation équivalente outre-Atlantique.
Liens d'intérêts ou conflits d'intérêts ?
« Lien d’intérêts ne signifie pas conflit d’intérêts. Pour développer leurs produits, les entreprises sont amenées à nouer des relations avec des experts, des journalistes et des acteurs publics. Il faut bien entendu conserver et développer cette complémentarité, qui fait avancer la science et permet le progrès thérapeutique » arrondit encore le ministère. « En révélant l’existence de ces liens, la base de données publique « Transparence - Santé » permet à chaque internaute, à chaque citoyen, d’apprécier en toute objectivité la nature des relations qui lient les industries de santé aux autres parties prenantes du secteur ».
D'apparence, le mécanisme est très accessible : on entre le nom de son médecin puis on découvre les cadeaux reçus. Attention, cependant, par cette recherche simple, les résultats affichés par nom oublient de purger les doublons. Le ministère ne propose pas ici d’option pour unifier les liens d’intérêts. Il faut pour cela rebasculer sur la recherche approfondie, armé du numéro d’identification du bénéficiaire.
Quelles sont les entreprises concernées par ce site ? Il s’agit, précise le ministère, « des entreprises produisant ou commercialisant des produits à finalité sanitaire ou cosmétique doivent rendre publics les avantages accordés aux différents acteurs intervenant dans le champ de la santé, notamment aux professionnels de santé, ainsi que l’existence des conventions conclues avec ces acteurs ».
Du côté des bénéficiaires, sont visés les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, préparateurs en pharmacie et en pharmacie hospitalière, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers, aides-soignants, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures podologues, etc.), les associations de professionnels de santé, les étudiants suivant ces cursus, mais également « des entreprises éditrices de presse, de services de radio ou de télévision et de services de communication au public en ligne » ou « éditeurs de logiciels d'aide à la prescription et à la délivrance. »
Enfin, concernant les produits, la gamme est large puisqu’il s’agit des médicaments, des produits contraceptifs, du secteur des lentilles de contact, des logiciels utilisés par les laboratoires de biologie médicale, des produits cosmétiques et même des produits de tatouage.
Un transparence limitée
Cependant, comme souligné à maintes reprises dans nos colonnes et sur le plateau d'Arrêt sur Images, ce mécanisme initié suite notamment au scandale du Médiator possède plusieurs restrictions qui empêchent une totale transparence :
- Les informations de cette base, mises à jour deux fois par an, reposent sur une démarche déclarative. « Les entreprises sont responsables de l’exactitude des contenus publiés » prévient le ministère.
- Les avantages en nature ou en espèce seront listés s’ils sont supérieurs à 10 euros.
- Lorsque le professionnel de la santé noue une convention, c’est-à-dire un accord des obligations croisées (un médecin est payé pour un discours lors d’un congrès organisé par un labo), seule l’existence de la convention sera précisée, non ses juteuses contreparties. Cela concerne par exemple les activités de recherche, les essais cliniques sur un produit de santé, une action de formation.
- L’obligation de mentionner l’existence des conventions ne s'applique pas à celles qui font l’objet d’une facturation pour l'achat de biens ou de services. Ces conventions resteront donc secrètes. Voilà pourquoi, par exemple, on ne retrouve aucune des publicités payées par les labos sur les chaînes de TV.
- Les données ne sont pas véritablement en Open Data. On ne peut par exemple les exporter pour faire un traitement d’ensemble ou approfondi. Cependant, il est possible de faire une recherche avancée pour cibler une période ou un bénéficiaire par exemple.
- Enfin, les moteurs ne peuvent référencer les données nominatives de ce site, suite à un avis de la CNIL, qui a préféré protéger la vie privée des professionnels de santé.
Le Formindep, association de médecins, favorable à l'ouverture des données, a plusieurs fois condamné l'interdiction d'indexation dans les moteurs. Elle exposait sur Next INpact que « le prétexte de cette non-indexation est fallacieux. C’est soi-disant pour protéger la vie privée, mais on ne va pas raconter la vie sexuelle ou donner l’adresse personnelle de ces gens, uniquement l’état de leur situation professionnelle ! Ces informations concernent la santé publique et la qualité des soins. Empêcher l’indexation, c’est rendre inexploitable l’accès à ces données. Ce qui compte pour les citoyens, c’est bien d’avoir des informations sur la façon dont ces professionnels se forment ou reçoivent des cadeaux. »
Liens entre médecins et labos : ouverture d’un site à la portée limitée
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Liens d'intérêts ou conflits d'intérêts ?
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Un transparence limitée
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 26/06/2014 à 11h21
Le 26/06/2014 à 11h33
En effet les doublons… en tapant le nom d’un prof qui bosse avec pas mal de labos y’a 3 pages de résultats de recherche ^^
Le 26/06/2014 à 12h39
Mouais
Je suis interne en médecine, j’avais un repas payé par un labo (Pfizer) que j’avais retrouvé sur le site de ce laboratoire. En revanche quand je cherche a me retrouver sur celui-ci, bah je ne suis plus là…
Sinon quelques remarques:
Les labos ont l’obligation de noter les participants a un congrès/repas/colloque si ils financent. Le terme “déclaratif” suggère que c’est facultatif ce qui est faux. Evidemment les labos peuvent frauder mais comme il est facile de contrôler les infos, ce n’est pas dans leurs intérêts (car ils font très attention a l’image qu’ils renvoient).
De plus, comme déjà souligné ici, un repas par un labo est déclaré (en général vingt a trente euros) mais l’existence d’un contrat signé entre un labo et un médecin sur des prestations plus importantes ne mentionne pas la somme. Par exemple le promoteur d’une étude (ce qui n’est pas donné a tous les médecins) peut être payé, selon le travail fourni, de l’ordre de 100 000 euros. Je vous laisse juge sur l’endroit ou le conflit d’intérêt se situe en priorité.
(Ceci dit un repas au restau avec la présentation d’un produit est AUSSI un potentiel lien d’intérêt).
Le 26/06/2014 à 13h50
Le 26/06/2014 à 14h05
sachant que la plus part des médecins sont des commerciaux au service des laboratoires pharmaceutiques je ne vois pas le problème. Ils placent des produit à leurs clients et sont rémunérés pour ça ^^
Le 26/06/2014 à 15h14
Le 26/06/2014 à 19h35
Le 26/06/2014 à 19h48
Je confirme, c’est pas exhaustif. Par exemple, Novartis ne publie que le deuxième Semestre 2013, le reste est sur son site.
Le 27/06/2014 à 12h10
Le 26/06/2014 à 08h13
Mon médecin de famille à eu le droit à un repas a 57€. Une honte " />
Le 26/06/2014 à 08h16
Intéressant !
Le 26/06/2014 à 08h18
Le 26/06/2014 à 08h18
Plein de vide mais c’est un bon début!
En espérant que ça s’améliore et ne vire pas en abandonware…." />
Le 26/06/2014 à 08h24
Le 26/06/2014 à 08h24
ça bug encore un peu
par exemple il ont oublié de faire un trim sur le champs nom
résultat il y a parfois plusieurs occurrence pour un même nom :
“UnNom” et “UnNom ” sont pour moi identique
(j’ai failli le signaler mais aucun moyen de les contacter par mail)
contact c’est
Ministère des Affaires sociales et de la Santé
14, avenue Duquesne
75350 PARIS 07 SP
Tél : 01.40.56.60.00
quelqu’un a cherché Jérôme Cahuzac ou Michèle Delaunay ?(je crois c’est les deux seuls médecins des gouvernements Hollande) ?
Le 26/06/2014 à 08h26
Le mien n’aurait rien recu " />
Le 26/06/2014 à 08h28
Le 26/06/2014 à 08h32
Le 26/06/2014 à 08h33
Les informations de cette base, mises à jour deux fois par an, reposent sur une démarche déclarative. « Les entreprises sont responsables de l’exactitude des contenus publiés » prévient le ministère.
J’imagine que les moyens de contrôle seront sûrement à la hauteur " />
Lorsque le professionnel de la santé noue une convention, c’est-à-dire un accord des obligations croisées (un médecin est payé pour un discours lors d’un congrès organisé par un labo), seule l’existence de la convention sera précisée, non ses juteuses contreparties.
Donc, suffira de tout faire passer par convention…
L’obligation de mentionner l’existence des conventions ne s’applique pas à celles qui font l’objet d’une facturation pour l’achat de biens ou de services. Ces conventions resteront donc secrètes. Voilà pourquoi, par exemple, on ne retrouve aucune des publicités payées par les labos sur les chaînes de TV.
La participation rémunérée d’un médecin à un évènement organisé par un industriel, par exemple pour un discours ou autre ne rentre pas dans ce cadre ?
Enfin, les moteurs ne peuvent référencer les données nominatives de ce site, suite à un avis de la CNIL, qui a préféré protéger la vie privée des professionnels de santé.
Le site peut donc être dimensionné pour un trafic de 100 personnes/mois… ça fera des économies…
Le 26/06/2014 à 08h33
Enfin, les moteurs ne peuvent référencer les données nominatives de ce site, suite à un avis de la CNIL, qui a préféré protéger la vie privée des professionnels de santé.
Je vois pas le rapport et la suite de l’article montre que je suis pas le seul.
Le 26/06/2014 à 08h34
Le 26/06/2014 à 08h37
j’ai cherché un médecin que je connais bien, le site me trouve 4 occurences du même médecin…
mais bon j’ai tout coché et trouvé quelques trucs déclarés " />
Le 26/06/2014 à 08h38
Le 26/06/2014 à 08h45
Le 26/06/2014 à 08h51
Mouai encore un truc pour calmer les ardeurs de ceux qui râlent (à juste titre) pour dénoncer les conflits d’intérêt lors des autorisations de mise sur le marché d’un médoc.
En fait rien ne change, et c’est même pire avec un tel site tellement c’est hypocrite.
Le 26/06/2014 à 08h53
Le 26/06/2014 à 08h55
Je suis un peu déçu…
Je n’apparais même pas sur ce site alors que j’apparais dans les listings pdf des labos… " />
Le 26/06/2014 à 09h05
Le 26/06/2014 à 09h06
Le 26/06/2014 à 09h11
Le 26/06/2014 à 09h33
Mon médecin représente 1⁄3 à lui tout seul des déclarations sur mon département " />
Le site est bien mais les informations que l’on peut en tirer sont trop limitées.
Enfin c’est déjà une bonne initiative et cela encouragera peut être à plus de transparence par la suite.
Le 26/06/2014 à 09h38
Certif ssl non valide, ça commence bien.
Le 26/06/2014 à 09h54
J’aime bien leur captcha qu’on peut résoudre à tous les coups avec moins de 10 lignes de code. " />
Le 26/06/2014 à 09h54
Mon médecin à une grosse Audi mais le site ne veut pas me l’indiquer, ni le modèle.
C’est nul !
Le 26/06/2014 à 10h17
C’est un bon début.
Esperons qu’à la prochaine MAJ le texte (et donc le site) iront plus loin.
Le 26/06/2014 à 11h01
Le 26/06/2014 à 11h20
Ce qui est intéressant, c’est de faire un parallèle entre ce “site”, la liste des professionnels de la santé de l’assemblée nationale et cet article de l’express.
Surprise ! Tout le monde est propre ! #GreenWashing " />
Bien sûr, aucun rapport avec le fait que le scandale du Médiator ait éclaté en 2010 et le fait que des cabinets de conseils font la passerelle entre les groupes pharmaceutiques et certains (beaucoup ?) professionnels de la santé maintenant.. " />