Décret sur le blocage : Lionel Tardy demande des explications à Bernard Cazeneuve
Lumière et zones grises
Le 13 février 2015 à 11h15
5 min
Droit
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Voilà une semaine, le gouvernement a publié au Journal officiel le décret sur le blocage administratif des sites, sans juge donc (notre actualité détaillée). La mesure, qui cible les contenus pédopornographiques, l’incitation ou l’apologie du terrorisme, laisse dubitatif le député Lionel Tardy.
Une architecture de la LCEN qui ne serait pas clairement confirmée
Celui-ci vient en effet d’adresser trois questions sur ce mécanisme, qui seront publiées mardi sur le site de l’Assemblée nationale. D’abord, il s’étonne que le principe de subsidiarité de la loi sur la confiance dans l’économie numérique semble ne pas avoir été respecté à la lettre. La logique de la LCEN est qu’il convient d’abord de s’adresser aux éditeurs, puis aux hébergeurs et faute de mieux aux fournisseurs d’accès pour obtenir la cessation d’un fait illicite.
Qu’en est-il en pratique ? Dans la loi, il est spécifié que la liste noire des sites à bloquer « peut » être adressée aux éditeurs ou aux hébergeurs. Parallèlement, si cette diffusion est effectivement activée, elle est adressée dans le même temps aux FAI aux fins d’information. En l’absence de retrait dans les 24 h, le FAI « peut » se voir « notifier » la liste des sites à bloquer afin de procéder alors au blocage. De même, si l’éditeur a oublié de mentionner le nom de son hébergeur, cette notification peut être faite directement dans les mains des FAI.
Dans le décret, il y a des petites nuances. Une fois que l’OCLCTIC a défini la liste des sites à bloquer, il est dit qu’elle est adressée dans un mode sécurisé aux fournisseurs d’accès, mais également « sans délai » à la personnalité qualifiée désignée par la CNIL. Faute de mieux, dans un délai de vingt-quatre heures suivant la notification prévue par la loi, les FAI procèdent alors au blocage.
Problème : cette présentation, pour le moins alambiquée (pourquoi les FAI sont d’abord informés avant d’être notifiés ? Informés de quoi exactement ? etc.) ne se retrouve en effet pas exactement dans l’avant-projet de décret. Dans ce texte, que nous avons pu consulter auprès d’une autre source, les étapes étaient alors plus clairement établies dans une logique plus proche de la loi sur la confiance dans l'économie numérique.
Lionel Tardy s’étonne lui aussi que « l’architecture de la procédure (LCEN, ndlr) n’y soit pas complètement reproduite, dans le sens où il n’est pas clairement fait état que l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux techniques de l’information et de la communication (OCLCTIC) demande d’abord le retrait des contenus à l’éditeur du site ou à son hébergeur dans les vingt-quatre heures. C’est ensuite en l’absence de retrait des contenus ou de renseignement concernant ces acteurs que les dispositions des articles 2 et 3 du décret s’appliquent ». Le député demande donc des explications sur cet empilement contrarié.
Les promesses de l’hémicycle oubliées dans le décret
Le même parlementaire se souvient encore que lors des débats sur la loi contre le terrorisme, il lui avait été promis des garanties afin que ce blocage se fasse sans atteinte « à l’exploitation normale des réseaux » tout en « garantissant l’absence d’analyse du contenu des informations consultées par les utilisateurs finals ». Il avait déposé en ce sens l’amendement 79 pour inscrire dans la loi ces règles d’hygiène de base et interdire notamment le deep packet inspection
Le 18 septembre, dans l’hémicycle, on lui avait opposé cependant que « les conditions techniques de la procédure relèvent d’un décret ». Bref, ce niveau de détails n’avait rien à faire dans la loi, son amendement était donc mis à la poubelle.
Problème, on a beau le lire et le relire, ces dispositions ne se retrouvent pas dans le décret effectivement publié au Journal officiel ! Le député souhaite donc savoir pourquoi et surtout « la façon dont [l’Intérieur] compte s’assurer du respect de ces exigences ». On rappellera ici l’attention de l’Arcep sur ces dispositifs. Dans son avis sur le décret, l’autorité a clairement fait savoir qu’elle entendrait mettre son nez dans le déploiement du blocage afin d'éviter les risques d’abus...
Statistiques et recueils des tentatives d’accès ?
Enfin, dans une troisième question, il faut se souvenir que les visiteurs des sites bloqués seront redirigés vers une page du ministère de l’Intérieur qui leur expliquera les raisons et donnera des recommandations pour les recours devant les tribunaux.
Le député Tardy compte justement savoir si l’OCLCTIC sera « destinataire de données statistiques relatives aux tentatives de connexions aux sites bloqués, et le cas échéant, les modalités de ce recueil ». Par ce biais, les autorités de police ont en effet la possibilité de dresser une jolie liste d’adresses IP des abonnés qui, accidentellement ou non, auront tenté de prendre connaissance des contenus désormais interdits...
On précisera pour finir que la personnalité désignée par la CNIL devra rendre public chaque année un rapport d'activité sur les conditions d'exercice et les résultats de son activité. Ce rapport précisera notamment le nombre de demandes de retrait, le nombre de contenus qui ont été retirés, les motifs de retrait et le nombre de recommandations faites à l'autorité administrative.
Nous mettrons à jour cette actualité une fois que le ministère aura pris le temps de répondre à ces trois questions.
Décret sur le blocage : Lionel Tardy demande des explications à Bernard Cazeneuve
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Une architecture de la LCEN qui ne serait pas clairement confirmée
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Les promesses de l’hémicycle oubliées dans le décret
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Statistiques et recueils des tentatives d’accès ?
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 13/02/2015 à 17h47
J’ai précisé que je faisait une exagération volontaire :)
Mais l’avertissement sur le contenu, il existe déjà, sauf que c’est aux visiteurs de le faire.
Si on bloque un site c’est qu’il a vocation à accueillir le contenu illégal , donc que le contenu ne s’y trouve pas “à l’insu du plein gré” des proprios comme tu l’évoques, philanthropos.
Donc bon, si l’on me dit “les forces de l’ordre on trouvé sur mon site du contenu et il me préviennent ” comme n’importe qui d’autre”, ok
La on parle d’avertissement avant le blocage.
Sur le fait de prévenir avant, je suis pour sur le principe mais si cela entrave l’enquête….
Je sais pas, tu prévient les gens avant de faire une perquisition chez eux?
Quand tu es convoqué au commissariat, on ne te donne jamais le motif (parfois en tirant un peu les vers du nez du fonctionnaire au téléphone, oui mais faut un stagiaire)
Là étant donné que le blocage intervient en amont, ca veut dire que le site est encore debout et que à priori on a pas encore la main sur les serveurs pour faire le travail d’investigation. C’est donner un signe “vous êtes repérés” aux mécréants je trouve.
Le 13/02/2015 à 19h59
Il devient urgent de généraliser le HTTPS pour tous les sites, c’est la seule façon de se prémunir du DPI et de la surveillance de masse. J’invite NextInpact à s’y mettre …
Le 14/02/2015 à 08h34
Le 14/02/2015 à 16h03
Le 15/02/2015 à 14h37
À nous de suivre les parlementaires qui font leur taf de contrôler l’exécutif et de ne pas voter pour les autres. Au bout d’un moment le gouvernement y ferons attention.
Le 15/02/2015 à 14h45
Sauf que le hhtps sécurise e flux mais mais il est rarement utilisé pour authentifier l’émetteur. Si le gouvernement fait qu’en Tunisie où tous les certificat avaient changé pour faire faire une attaque de l’homme du milieu
Donc Facebook envoyait leur flux sécurisés vers un serveur tunisien qui déchiffraient et re-chiffraient, vers l’utilisateur final, avec leur propres clés signés avec leur propres certificats.
Bref pas d’alerte dans le navigateur et cela n’empêche pas le DPI.
Le 13/02/2015 à 12h17
Il fait son travail de parlementaire: contrôler le travail de l’exécutif.
Le 13/02/2015 à 12h19
Mouai encore un député de l’opposition qui s’oppose…
" /> " /> " /> :jesaisquicestTardycalmezvous: :dredi:
Je trouve toujours étrange le coup des “cela sera réglé par décret” puisque du coup les parlementaires n’ont pas la main sur les décrets…
Le 13/02/2015 à 12h25
C’est pourant simple, les FAI sont informé qu’il vont être notifiés qu’ils devront bloquer un méchant site sous 48H sous peine de ? Et que risque un FAI si il refuse de faire le blocage ? Le site bloqué est-il averti ?
Le 13/02/2015 à 12h25
C’est pourant simple, les FAI sont informé qu’il vont être notifiés qu’ils devront bloquer un méchant site sous 48H sous peine de ? Et que risque un FAI si il refuse de faire le blocage ? Le site bloqué est-il averti ?
Le 13/02/2015 à 12h31
Reste a savoir si les demandes de Mr Tardy seront bloquer sans juge.
Le 13/02/2015 à 12h34
Le 13/02/2015 à 12h36
Le 13/02/2015 à 12h41
Le 13/02/2015 à 12h51
Le 13/02/2015 à 12h53
Le 13/02/2015 à 12h53
voila la lecture et compréhension du décret pour la majorité ici : blocage administratif des sites point final
Le 13/02/2015 à 12h59
Hors de question que l’argent de mon abonnement serve a financer les collabos.
Le 13/02/2015 à 13h01
Le 13/02/2015 à 13h04
Le 13/02/2015 à 13h19
Le blocage d’un site ou deux, c’est petit joueur par rapport à la chine :http://www.numerama.com/magazine/32213-un-hymne-a-la-censure-d-internet-et-ce-n-… " />
Le 13/02/2015 à 13h20
La logique de la LCEN est qu’il convient d’abord de s’adresser aux
éditeurs, puis aux hébergeurs et faute de mieux aux fournisseurs d’accès
pour obtenir la cessation d’un fait illicite.
(c’est fou ça)
-ils NE respectent pas les lois, qu’ils ont EUX MÊMES crées !
“on marche sur la tête…là” !!! " />
Le 13/02/2015 à 13h36
" />
Le 13/02/2015 à 14h00
c’est pour ça qu’il NE faut (faudrait) pas en abuser !
tout comme ;
mais “certains” Gouv. NE s’en privent pas …hein” ?
c’est pas “très démocratique”, mais bon ..c’est une “façon” de gouverner (autre) !!! " />
Le 13/02/2015 à 14h21
Le 13/02/2015 à 15h28
Le 13/02/2015 à 16h15
" />c’est beau de voir un pouvoir parlementaire démocratique et compétent en action…
ou pas " />
enfin bon tout ca c’est pour rassurer le bon peuple qui se dit que “ils pourraient faire quand même qqchose pour les terroristes sur internet!” entendu en vrai au boulot" />. les gens sont cons, regardent encore ces incompétents malhonnêtes de la télévision et nos politiques font de la com destiné a cela sans se soucier de savoir si c’est utile et efficace en vrai.
bref rien de bien neuf.
Lionel Tardy etant un des seuls a savoir de qui l’on parle " />
Le 13/02/2015 à 16h17
Le 13/02/2015 à 16h53
Le 13/02/2015 à 17h17
Le 13/02/2015 à 17h33
C’est un peu la base du droit que de dire à la personne inculpée pourquoi elle est dans le collimateur de la justice !
Comment se défendre si on est pas informé de ce qui nous est reproché ?
Le 13/02/2015 à 17h34