Airbnb se prépare à collecter la taxe de séjour
Joe le taxé
Le 11 août 2015 à 15h04
5 min
Droit
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Un décret paru la semaine dernière au Journal officiel permet aux sites tels que Bedycasa ou Sejourning de devenir préposés à la collecte de la taxe de séjour, afin de faciliter la vie de leurs utilisateurs. Airbnb, la célèbre plateforme de mise en relation de particuliers en vue de la location d’hébergements, devrait ainsi sauter le pas prochainement.
Les hôteliers traditionnels face à la « concurrence déloyale » d’Internet
Lors des débats relatifs au projet de loi de finances pour 2015, le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert avait déclaré que l’exécutif souhaitait, dans un « souci d’équité et de transparence », répondre à la « demande légitime des hôteliers qui ont, eux, l’obligation de collecter la taxe de séjour et, partant, de la répercuter sur les tarifs, alors que certaines plateformes proposant des locations avec des services proches des services hôteliers ne le font pas ». De telles pratiques constituaient d’ailleurs selon lui « une concurrence déloyale ».
Les parlementaires avaient ainsi adopté l’amendement gouvernemental en vertu duquel « les professionnels qui, par voie électronique, assurent un service de réservation ou de location ou de mise en relation en vue de la location d'hébergements », peuvent dorénavant devenir « préposés » à la collecte de la taxe de séjour et à l'exécution des formalités déclaratives correspondantes (nombre de personnes logées, nuitées, numéros de transaction afférents). Les sommes prélevées sur les clients sont ensuite censées être versées au comptable de la commune, « une fois par an ».
Le fonctionnement de la taxe de séjour est pour mémoire assez particulier. Seules certaines villes peuvent en imposer une, si elle le souhaitent, à commencer par celles situées dans des zones touristiques précisément délimitées. Ce prélèvement peut être réclamé aussi bien pour un séjour en camping que pour une nuit dans un palace, même si son montant sera de ce fait sensiblement différent – de 20 centimes par nuit et par personne pour un hôtel sans étoile à 4 euros pour les établissements les plus prestigieux. Il existe d’autre part des exonérations, notamment pour les saisonniers résidant dans la commune en question, ou bien encore pour les mineurs.
En principe, les particuliers qui louaient par exemple une simple chambre étaient d’ores et déjà tenus de collecter la taxe de séjour. Sauf que certains ne le faisaient pas forcément... Avec ces nouvelles dispositions, les sites d’intermédiation pourront le faire à leur place, et reverser directement les sommes collectées à chaque ville.
La collecte va pouvoir commencer, mais pourrait prendre encore plusieurs semaines
Jusqu’ici en attente d’un décret d’application, ces dispositions peuvent désormais être mises en œuvre suite à la publication, mercredi 5 août, d’un décret relatif à la taxe de séjour. Celui-ci vient entre autre préciser que les plateformes de mise en relation doivent délivrer « à chaque collectivité bénéficiaire du produit un état des sommes versées lors de l'acquittement de la taxe par les personnes assujetties ». Les sites qui auront accepté de devenir « collecteurs » sont également tenus de verser aux différentes communes le produit de la taxe perçue au cours d’une année « avant le 1er février de l'année suivante ». En cas de manquement, l’intermédiaire s’expose à une contravention de quatrième classe (135 euros).
Mais comment les acteurs potentiellement concernés entendent-ils mettre en œuvre ces dispositions ? Contactés, Bedycasa et Sejourning n’ont pas répondu à nos questions. Seul Airbnb a bien voulu nous en dire un peu plus. « Nous sommes actuellement en train d'analyser les spécificités du décret afin de pouvoir commencer à mettre en place le processus technique pour à terme simplifier grandement les choses pour nos hôtes et assurer une collecte facile et efficace pour les villes », nous a ainsi indiqué le géant américain.
Les choses sont donc encore loin d’être pleinement opérationnelles. « Chaque ville décide des modalités et montants de sa collecte, aussi le dispositif sera mis en place progressivement » explique la plateforme, tout en précisant collaborer activement avec les pouvoirs publics sur ce sujet. Le géant américain se refuse ainsi à donner une date précise de mise en oeuvre de cette collecte (notamment pour la ville de Paris), pourtant anticipé par ses équipes françaises depuis la fin 2014...
Rappelons enfin qu’en vertu du projet de loi de finances pour 2015, le gouvernement doit remettre au Parlement un rapport « examinant les modalités selon lesquelles la taxe de séjour et la taxe de séjour forfaitaire pourraient être recouvrées et contrôlées par l'administration fiscale, pour le compte des collectivités territoriales concernées et à leur demande ». Le sujet promet donc de revenir sur la table au cours des prochains mois.
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La collecte va pouvoir commencer, mais pourrait prendre encore plusieurs semaines
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 12/08/2015 à 12h32
Le 12/08/2015 à 14h04
Je serais curieux de savoir combien de loueurs ont réellement lu ces règles? Et combien les ont réellement appliqués.
Après je fais partie de ces gens qui ne sont pas partisans d’aller tout déclarer. Je suis propriétaires du bien, ce que je fais à l’intérieur de celui ne regarde que moi. J’ai du mal à comprendre l’intérêt de règle interdisant les locations courtes durées ou l’accueil de voyageurs. Ca s’appelle aider son prochain et ça se fait dans le monde entier et on est bien content en road trip à l’étranger de trouver un toit parfois.
Cette manie française de devoir légiférer sur tout et tout réglementé et jamais dans l’intérêt du citoyen.
Le 12/08/2015 à 17h31
En fait cette taxe est le pendant de la taxe d’habitation/foncier pour les gens de passage.
Tu payes pour l’usage des infrastructures de la commune (voirie, etc…).
Et a force que les gens ne déclarent pas tout on se retrouve dans des cas comme la Grèce où c’était devenu un sport nationale.
Le 13/08/2015 à 06h16
Le 13/08/2015 à 08h52
Le 13/08/2015 à 09h02
Le 13/08/2015 à 13h08
La taxe de séjour sert au financement de l’office de tourisme de la commune
Le 13/08/2015 à 18h32
Pour avoir vécu dans un des lieux des plus règlementé de France question urbanisme. (obliger de passer par un architecte des monuments de France pour des travaux extérieur car le nombre de monument inscrit ou classée dans les alentours est un des plus élevé de France.)
C’est pas pour faire chier c’est pour éviter les abus.
Comme peindre des signes satanistes sur tes volets en face d’une cathédrale classée au monument historique… (oui je caricature)
Pour un “cabanon” de jardin c’est pour éviter une extension sans permis de construire de 100m2… (mais c’est une loi pas juste un arrêté municipal)
Transformer une maison en hôtel sans déclaration de revenu ni taxe de séjour, etc…
Le 14/08/2015 à 09h28
Le 14/08/2015 à 09h30
Le 14/08/2015 à 12h34
Le 17/08/2015 à 14h51
Le 11/08/2015 à 15h18
Les sommes prélevées sur les clients sont ensuite censées être versées au comptable de la commune, « une fois par an ».
aïe !!!
(normalement, donc)
Le 11/08/2015 à 15h20
Ce prélèvement peut être réclamé aussi bien pour un séjour en camping que pour une nuit dans un palace
Vive le bivouac. " />
Le 11/08/2015 à 15h21
Le 11/08/2015 à 15h25
“très dissuasif” ! " />
Le 11/08/2015 à 15h26
Je raconte peut-être des bêtises, mais il me semble que la taxe de séjour est toujours dérisoire par rapport au prix du séjour. Alors OK elle devrait sûrement être due par tous ceux qui proposent des services hôteliers, mais de là à la prendre comme argument pour expliquer pourquoi les vrais hôteliers ne peuvent pas lutter contre AirBNB et similaires, j’ai toujours trouvé ça très gros.
En plus ils ont forcément d’autres charges bien plus importantes à payer à l’Etat, alors pourquoi prendre en exemple la plus petite d’entre-elles ?
Le 11/08/2015 à 15h29
Le 11/08/2015 à 15h33
Ce n’est pas tant les hotelliers que les communes qui pignent, pour Paris on parle de 30K nuitées par jour en moyenne, à 1 euros en moyenne de taxe on parle de dizaines de millions d’euros.
Le 11/08/2015 à 15h34
Le 11/08/2015 à 15h49
L’amende s’applique pour “chaque hébergement”… si Airbnb ne s’acquitte pas de la taxe pour 100.000 logements loués effectivement par ses services durant l’exercice ça lui ferait 13.500.000 euros d’amendes : une paille !
Le 11/08/2015 à 15h51
Le 11/08/2015 à 15h55
C’te putain de taxe prévue pour les vacanciers et non les professionnels, que pourtant les hôteliers mettent sans distinction sur mes factures de déplacement professionnel… Et du coup, j’apprends que ce n’est pas reversé automatiquement à la commune !!! C’est auto déclaratif, bah voyons…
Le 11/08/2015 à 16h30
La taxe, cette bonne vieille solution censée nous sortir de tous les problèmes " />
Et sauver nos industries qui voient toujours le nouveau comme un ennemi :prie:
« Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ! »
(Francis Blanche)
Le 11/08/2015 à 17h12
Le 11/08/2015 à 18h07
Le 11/08/2015 à 21h28
Le 11/08/2015 à 22h43
L’hôtelier paie des salaires (accueil, ménage, etc.) alors que le loueur sur airbnb ne compte pas ses heures et voit toute la somme comme le “bénéfice”. L’hôtelier paie des impôts (sur les sociétés) alors que le loueur sur airbnb, qui devrait payer de l’impôt du le revenu sur les sommes perçues, oublie de les déclarer.
Mais ce problème n’est pas du tout spécifique à airbnb. Les chambres d’hôtes et gîtes existent depuis des décennies et sont moins chers que les hôtels pour ces raisons. C’est juste le passage à grande échelle grâce à internet qui fait tiquer. Quand tu as 3 chambres d’hôtes dans une ville, même si elles sont 50% moins chères qu’un hôtel, les hôteliers s’en fichent. Quand tu as plus de lits en chambre d’hôte qu’en hôtel, là ils ont peur. Pourquoi ça a pris de l’ampleur avec airbnb et non avec clevacances ou gîtes de France qui existaient avant ? Juste une question de marketing.
Le 11/08/2015 à 23h20
Attention quand même, l’hôtelier paie des salaires parce qu’il loue plusieurs chambres à la fois, et qu’il ne peut pas tout gérer seul. On pourrait imaginer le cas d’un hôtel assez petit où l’hôtelier se charge de tout sans embaucher personne, mais à partir du moment où il le fait, ça reste son choix d’augmenter le nombre de chambres ou de diminuer sa charge de travail. Que le loueur AirBNB ne compte pas ses heures résulte aussi d’un choix, il juge qu’il est suffisamment payé pour ces heures-là et il arrive à suivre la cadence. Il peut tout autant que l’hôtelier faire appel à une femme de ménage qu’il devra payer à des tarifs similaires, s’il veut diminuer sa charge de travail.
Le 12/08/2015 à 01h33
C’est du contraventionnel… c’est à dire 135€ par infraction relevé.
Par contre c’est pas par hébergement mais par personne et par nuitée.
Donc la “facture” peut-être complètement délirante si on ne respecte pas la loi.
Surtout que c’est une collecte de somme minime sur le coût global d’un séjour : Service Public
Le 12/08/2015 à 06h12
Je viens de regarder le texte de loi et l’exonération professionnelle à disparu sans se faire remarquer en 2002 lors d’une modif de la loi. Il a fallu un question d’un député en 2006 pour confirmer la chose. Depuis, ça dépend des communes de l’avoir supprimé ou non visiblement de leur texte administratif.
Le 12/08/2015 à 06h32
Le 12/08/2015 à 06h52
Le 12/08/2015 à 07h36
Le principal intérêt c’est le listing que devra donner airBnB aux autorités, qui pourra servir ensuite pour savoir quels particuliers ne déclarent pas les revenus collectés.
Pour mémoire, même pour des particuliers, il faut déclarer a partir d’une certaine somme (790E je crois) les revenus aux impots (bénéfice non commercial).
Ici le croisement des données pourra être très utile a l’administration fiscale.
Le 12/08/2015 à 08h30
Le 12/08/2015 à 08h53
Le 12/08/2015 à 09h32