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La Commission Copie Privée, le retour

Avant le reretour

La Commission Copie Privée, le retour

Le 20 octobre 2015 à 10h00

Le 14 octobre dernier, les ayants droit, industriels et consommateurs se sont réunis à nouveau autour de la table. Une réunion étrange puisque tous les convives attendent le renouvellement des rangs, programmé début novembre. Plusieurs points ont cependant été abordés à l'occasion de cette rentrée organisée après trois années de vacances.

Cette pause forcée a été consécutive à la démission en 2012 de la quasi-totalité des industriels, ceux-là pestant contre les conditions de vote et de représentativité au sein de cette instance chargée d’établir assiette et taux de la redevance.

Cet après-midi d’octobre, le parfum restait toutefois celui d'une fin de règne. Et pour cause, le mandat des actuels membres prendra fin le 31 octobre, sans que personne ne sache exactement qui sera désigné pour y siéger à nouveau. « C’était donc une commission plutôt calme, car elle se réunissait avant de disparaître » nous résume en ce sens un des participants. « Et sachant que c’était la dernière réunion, cela ne servait donc à rien de se jeter des agrafeuses au visage. »

La désignation des nouveaux membres est attendue pour début novembre. Le ministère de la Culture devrait à cette occasion prendre soin de s'occuper du siège de l’Asseco-CFDT, un des « consommateurs » qui ne peut plus siéger en CCP depuis décembre 2013, faute d’agrément.

Vers un dépôt obligatoire des déclarations d’intérêt ?

Quoi qu’il en soit, plusieurs sujets ont été évoqués lors de ce retour au ministère de la Culture. L’un des points importants touche au dépôt des déclarations d’intérêt des membres de la CCP.

Pour mémoire, dans son rapport sur la copie privée remis cet été à Fleur Pellerin, Christine Maugüe, conseillère d’État, avait suggéré que ces membres soient astreints à remettre pareil document « pour veiller à prévenir l’existence de conflit d’intérêts tenant par exemple à ce que des membres du collège des consommateurs ou des industriels se trouveraient par ailleurs eux-mêmes en situation de percevoir de la copie privée en qualité d’ayant droit. »

Évidemment, un tel méli-mélo peut dès lors faire très mauvais genre dans la mesure où une seule voie du collège des six industriels ou consommateurs suffit à faire basculer le vote en faveur des douze ayants droit.

Inspiré par cette proposition, le député Lionel Tardy avait porté un amendement en ce sens à l’occasion des débats autour du projet de loi Création. Une idée jugée non absurde par le parlementaire « étant donné que [les membres de la CCP] sont amenés à fixer les taux d’une redevance. Ce n’est pas rien et on pourrait même faire un parallèle avec les parlementaires et les ministres. L’objectif est bien sûr de prévenir tout conflit d’intérêts ». Et le député de Haute-Savoie de demander à ce que dans un délai d’un mois à compter de leur prise de fonction, « les membres de la commission transmettent à son président et aux ministres chargés de la culture, de l’industrie et de la consommation une déclaration d’intérêts et d’activités, selon des modalités fixées par décret. »

Son amendement avait fait toutefois chou blanc dans l’hémicycle, Patrick Bloche, rapporteur du texte, préférant déporter cette disposition de la loi au règlement intérieur. Le député PS ponctuait en tout cas ce renvoi par ce commentaire clair et net : à tout le moins, « nous aurons annoncé ici que le législateur souhaite que [la Commission] le fasse ». Analyse partagée par Fleur Pellerin, celle-ci jugeant « très intéressante » l’instauration d’une telle obligation.

En Commission Copie Privée, ce point « très intéressant » a perdu de son plumage, spécialement côté ayants droit où il a suscité des questionnements, plutôt qu'une approbation bruyante et nette. Finalement, le tout a été renvoyé à un groupe de travail, sans que l’on sache très bien si l’obligation sera ou non actée dans le règlement intérieur.

D’autres questions en souffrance, dont celle des tablettes

Des non-ayants droit ont aussi fait état des autres propositions du rapport Maugüe, lequel fut censé trouver des pistes pour réactiver la CCP. On pense à celle visant à faire adopter des barèmes en puisant au moins une voix dans chacun des deux collèges autres que celui des ayants droit. L’idée a cette fois été très mal accueillie par ces derniers.

Au contraire, ces bénéficiaires de la ponction ont réclamé que soit traitée d’urgence une série de questions relatives notamment à l’interprétation des 1 To (1 000 Go ou 1024 Go ?) et surtout à la situation des tablettes.

Le nœud central ? Savoir si Windows est ou non un système d’exploitation propre à ces appareils, afin de protéger leur assujettissement contre d’éventuelles actions en justice. Pour comprendre pourquoi, il faut remonter à une précédente décision de la Commission, publiée au Journal officiel de février 2012 : seules sont éligibles à la redevance « les tablettes tactiles multimédias avec fonction baladeur munies d’un système d’exploitation pour terminaux mobiles ou d’un système d’exploitation propre » (32 Go, 10,50 euros HT, 64 Go, 12,60 euros HT, etc.). Par ce biais, les tablettes sous le système généraliste Made In Redmond étaient exclues du spectre, non celles sur Android, considéré comme système d’exploitation propre.

Peu avant Noël 2014, Copie France, organisme collecteur des ayants droit, a publié son interprétation de cette disposition afin de l’imposer au secteur : toutes les tablettes sont désormais frappées par la redevance copie privée, même si certains OS « fonctionnent également sur d’autres terminaux ». Mieux, cette décision est rétroactive à février 2012.

Toujours cet été, dans un autre rapport sur la Copie Privée, le député Marcel Rogemont a en tout cas jugé incohérente et caduque ces distinctions réglementaires entre tablettes Windows et celles sous Android, d’autant que « Android est devenu un système d’exploitation généraliste, au même titre que Microsoft Windows. »

Il relève d’ailleurs qu’Archos « refuse de payer la RCP depuis près de deux ans car elle estime que la définition de l’assiette fait d’elle un fournisseur d’ordinateurs pour tous les appareils qu’elle vend, au regard du système d’exploitation qu’elle utilise (Android). »

Bref, selon lui, il faut désormais aller plus loin et « engager un travail de redéfinition de l’assiette de la copie privée », sachant qu’ « il est en particulier difficilement compréhensible que les ordinateurs échappent encore aujourd’hui à la RCP, alors que les tablettes sont assujetties. »

Commentaires (17)

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On vit encore à l’époque de la Gabelle, sauf que ce n’est plus le sel…

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« Quoi qu’il en soit, plusieurs sujets ont été évoqués lors de ce retour au ministère de la Culture. L’un des points importants touche au dépôt des déclarations d’intérêt des membres de la CCP.



Pour mémoire, dans son rapport sur la copie privée remis cet été à Fleur Pellerin, Christine Maugüe, conseillère d’État, avait suggéré que ces membres soient astreints à remettre pareil document « pour veiller à prévenir l’existence de conflit d’intérêts tenant par exemple à ce que des membres du collège des consommateurs ou des industriels se trouveraient par ailleurs eux-mêmes en situation de percevoir de la copie privée en qualité d’ayant droit. »



Évidemment, un tel méli-mélo peut dès lors faire très mauvais genre dans la mesure où une seule voie du collège des six industriels ou consommateurs suffit à faire basculer le vote en faveur des douze ayants droit. »





L’Etat français (héritier de la Royauté Capétienne et de la Monarchie absolue) commence doucement à apprendre à décider en collégialité et en concertation marathonienne.



C’est pas facile en France, le pays de la décision unifiée et centralisée (il ne faut pas croire que la France est le seul Etat unifié en Europe, mais ce sont des exceptions).

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“Finalement, le tout a été renvoyé à un groupe de travail” … dont les locaux se situent sur une voie de garage.

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Ou comment se la faire mettre profond …

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Bref, selon lui, il faut désormais aller plus loin et « engager un travail de redéfinition de l’assiette de la copie privée », sachant qu’ « il est en particulier difficilement compréhensible que les ordinateurs échappent encore aujourd’hui à la RCP, alors que les tablettes sont assujetties. »





Je pense aussi qu’il faudrait taxer le cerveau humain, en effet, il permet de retenir une chanson, un film et de le restituer à autrui (manque à gagner certain) : une môman qui chante une chanson à son bambin pour l’endormir est un manque à gagner certain (elle aurait dû acheter un CD pour le jouer à son bambin alors que là elle vole manifestement les ayants droit en sortant la chanson de son cerveau et ses cordes vocales).



En plus ce serait la taxe parfaite, les ayants droit n’auraient pas à la payer, n’ayant pas de cerveau <img data-src=" />

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Pour faire un lobbying à la limite de la dictature (si vous appréciez pas le terme, trouvez un terme proche correspondant au fonctionnement de la CCP), ils en ont malheureusement pas mal dans le crane. Suffisamment pour faire des trucs dans ce genre. Pourquoi se casser la tête à s’adapter quand on a un gouvernement qui leur &lt;activité buccale&gt; littéralement et se plie en quatre pour eux

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Oui et plus on leurs vole de l’argent et plus ils sont nombreux.

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Sans compter tous ces anniversaires que nous fêtons en bafouant sans vergogne le droit d’auteur <img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />

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“il est en particulier difficilement compréhensible que les ordinateurs échappent encore aujourd’hui à la RCP, alors que les tablettes sont assujetties.”





ou inversement: “il est difficilement compréhensible que les tablettes soient encore aujourd’hui assujetties à la RCP, alors que les ordinateurs y échappent.”



Mais bon, faut pas rêver.

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«&nbsp;il est en particulier difficilement compréhensible que les ordinateurs échappent encore aujourd’hui à la RCP, alors que lestablettes&nbsp;sont assujetties.&nbsp;»



BAWI, bien sur!



Je me surprend encore a être surpris de ce qu’ils sont capables de dire…



La prochaine fois, j’achète un ordinateur sans disque dur <img data-src=" />

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Bref, selon lui, il faut désormais aller plus loin et « engager un travail de redéfinition de l’assiette de la copie privée », sachant qu’ « il est en particulier difficilement compréhensible que les ordinateurs échappent encore aujourd’hui à la RCP, alors que les tablettes sont assujetties. »





Oui il faut revoir la légitimité de la RCP. Quoi ? C’est pas ce qu’il voulait dire ? <img data-src=" />

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eliumnick a écrit :



Oui il faut revoir la légitimité de la RCP.



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Dites moi que ça va baisser ? Non ? Vraiment ? Même pas l’assiette ? <img data-src=" />



Ca doit être un peu décourageant de faire des articles sur la RCP, au final c’est toujours le même refrain : “c’est complètement pété comme taxe, mais dans le doute faut l’élargir et l’augmenter, on verra ensuite”.

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en gros s’ils pouvaient voter seuls les nouveaux barèmes et en profiter pour décider que les PC sont aussi assujetis, ça serait super.

les consommateurs n’ont rien à foutre dans cette commission et les industriels sont tous à la solde des méchants ricains GAFAM qui planquent leurs sioux à l’étranger.



je suis toujours admiratif de la droiture affichée par les ayants droit, c’est un véritable modèle d’ouverture et de transparence.



tiens, en parlant de transparence, quid de la décision de numériser et opendataiser&nbsp;les listings des fameux&nbsp;bénéficiaires des 25% de RCP reversés à discrétion par les AD?

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Ben non, c’est pourtant évident, plus on consomme de matériel informatique, plus on vole d’argent aux auteurs.&nbsp;

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jinge a écrit :



Ben non, c’est pourtant évident, plus on consomme de matériel informatique, plus on vole d’argent aux auteurs français.







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C’est repartie pour le foutage de gueule. Tant que cette commission sera réparti en mode 12 + 6 + 6 et qu’il suffit d’avoir une majorité pour voter un texte, ça produira de la merde qui ira toujours et uniquement dans le sens des ayants droits.

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  • D’autres questions en souffrance, dont celle des tablettes

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