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Le CSPLA rejette le domaine commun informationnel voulu par Axelle Lemaire

#Ambiance

Le CSPLA rejette le domaine commun informationnel voulu par Axelle Lemaire

Le 04 novembre 2015 à 15h01

Faut-il une définition positive du domaine commun informationnel ? L'avant-projet de loi Lemaire pense que oui, mais pas les ayants droit, qui ont repoussé massivement un tel scénario entre les murs du ministère de la Culture. Le point sera tranché demain à Matignon.

Le 12 octobre dernier, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) a lancé une mission sur le domaine commun informationnel. Cette mission s’inscrit en réaction à un article de l’avant-projet de loi pour une République numérique, qui fut ouvert à consultation publique fin septembre par Axelle Lemaire.

L’objectif de cet article ? « Protéger les ressources communes à tous appartenant au domaine public contre les pratiques d’appropriation qui conduisent à en interdire l’accès », écrit le gouvernement dans son exposé des motifs. L'exécutif regrette qu’ « aujourd’hui, des pratiques abusives consistent à revendiquer des droits sur des choses qui appartiennent au domaine public ».

L’idée serait ainsi de permettre à des associations agréées « d’intenter une action en justice pour défendre le périmètre de ce domaine commun et faire cesser tout tentative de réappropriation exclusive ». Par exemple, elles « pourront agir contre certains sites qui interdisent la reproduction numérique d’œuvres appartenant au domaine public et faire supprimer les clauses des conditions générales d’utilisation illicites ».

Au ministère de la Culture, l’article a ému, comme en témoigne la lettre de mission signée de la vice-présidente du CSPLA, Anne-Elisabeth Crédeville. Celle-ci a en effet confié à l’avocat Jean Martin le soin de rédiger rapidement un rapport eu égard à « l’importance des enjeux que soulève une telle innovation juridique au regard de l’impératif de protection des droits des auteurs et des titulaires de droits voisins ».

CSPLA mission biens communs

Gorgée d’ayant droits, cette instance aurait pu, comme tout le monde, intervenir directement sur la plateforme ouverte à consultation, à l’instar du Conseil national du numérique. Mais non, elle a préféré opérer dans son coin, afin « d’éclairer les travaux du gouvernement (...) en esquissant les principaux enjeux juridiques de cet article ». La méthode n'a pas plu à la Quadrature du net qui vient d'épingler « une tentative de dernière minute de court-circuiter le débat public, [laquelle] démontre une fois de plus le mépris des lobbies culturels pour les processus démocratiques ».

La SACD et d’autres craignent une remise en cause de l’équilibre économique

Mais que disent les conclusions de cette mission ? Dans le document que nous nous sommes procuré, « plusieurs acteurs de la propriété littéraire et artistique » font état de leurs « inquiétudes ». Par exemple, des organisations (SACD, SEPM, SNEP, FNPS, SNE...) ont demandé en chœur le retrait de cet article 8, craignant « une remise en cause du fragile équilibre économique de leur secteur ».

Spécialement, les critiques se focalisent sur la définition même du domaine public apportée par la future loi Lemaire. Il y a la crainte qu’avec une telle définition positive, « ce nouveau texte n’inverse la règle et l’exception et ne facilite les attaques judiciaires contre le droit d’auteur : aujourd’hui, le domaine public n’existe que par exception, lorsque cessent le droit d’auteur et les droits voisins – à l’exception du droit moral. Cette crainte est en partie confirmée par les partisans du domaine commun informationnel, pour qui la reconnaissance positive de ce concept permettrait un recours au juge plus aisé afin de faire cesser les appropriations abusives au nom d’un droit d’auteur en réalité inexistant » synthétise le rapport.

Des problèmes d’interférence avec le droit positif ou à venir

Le document, également sorti par Contexte.com, épingle aussi le fond même de l’article 8, qui égrainerait des éléments qui seraient par nature insusceptibles d’appropriation, et donc inutiles. Ses adversaires considèrent encore qu’une telle réforme serait doublement prématurée : purement franco-française, elle risque de s’entrechoquer avec la possible réforme de la directive de 2001 sur le droit d'auteur.

De même, cet article pourrait par exemple imposer « une nécessaire gratuité de l’accès et de l’utilisation du domaine commun informationnel » puisqu’il interdit les restrictions d’accès. Or, l’actuel projet de loi relatif à la gratuité des informations du secteur public autorisera les musées, bibliothèques et archives à percevoir une redevance pour numérisation de leur fonds, soit une seconde interférence avec l’article 8.

Cette prohibition des restrictions pourrait aussi frapper l’accès physique aux œuvres élevées dans le domaine public : « Le propriétaire privé d’un tableau du XVIIe siècle se rendrait-il coupable d’une restriction à l’usage commun en n’autorisant pas les amateurs qui le souhaitent à accéder à l’oeuvre chez lui, ou tout du moins en n’en fournissant pas, à la demande, une photographie numérique ? La Bibliothèque nationale de France, qui restreint la consultation des manuscrits précieux à un nombre limité de chercheurs, ou le Musée du Louvre, qui n’ouvre pas l’accès aux oeuvres conservées dans ses réserves, enfreindraient-ils la loi ainsi rédigée ? »

Il faut dire encore qu'une telle interdiction des restrictions viendraient pourrir les voeux des sociétés de gestion collectives qui rêvent d'imposer une redevance sur le domaine public pour la numérisation des oeuvres audiovisuelles. Auditionné devant la mission Lescure en 2012, Pascal Rogard nous avait à l'époque précisé sa pensée : « Une œuvre audiovisuelle dans le domaine public n’est pas comme un livre ou une pièce de théâtre. Si on veut la conserver pour les générations futures quelqu’un doit intervenir pour conserver, protéger et même restaurer. Et quand un éditeur veut diffuser ces œuvres, il devrait payer une redevance pour financer tous ces travaux. »

Enfin, le texte d’Axelle Lemaire ouvre un droit au recours pour les associations agréées « ayant pour objet la diffusion des savoirs ou la défense des choses communes ». Elles pourraient ainsi contester en justice les atteintes au domaine commun informationnel. Jean Martin suggère de mettre en place un mécanisme précontentieux pour espérer une conciliation avant l’examen en justice.

Malgré ses effets limités, l’article 8 a été trucidé au CSPLA

Dans ses conclusions, Jean Martin considère toutefois que l’article 8 n’est susceptible d’avoir que des effets limités. Alors certes, il y a des problèmes d’ajustements liés à des questions d’interprétation, mais une certitude : cette définition positive du domaine commun informationnel préserve selon lui « les principes fondamentaux du droit d’auteur ».

Hier, au CSPLA, l’analyse n’a pas convaincu les farouches adversaires d'une telle définition positive. Lors d’un vote, 22 membres ont demandé le retrait du fameux article 8, écrasant les trois voix prononcées pour son maintien (dont celles des bibliothèques et de l’UFC-Que Choisir). Les partisans du retrait craignant que des amendements aillent plus loin encore ou que le dispositif profite aux géants américains. Demain, comme l'a pointé également Electron Libre, une réunion sera organisée spécialement à Matignon pour trancher le sort de cette disposition. On verra d’ici là quel sera le pouvoir d’influence des uns et des autres.

Commentaires (19)

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On verra demain donc pour savoir ce qu’il en est.

Merci encore Marc pour le boulot. <img data-src=" />

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« Le propriétaire privé d’un tableau du XVIIe siècle se rendrait-il

coupable d’une restriction à l’usage commun en n’autorisant pas les

amateurs qui le souhaitent à accéder à l’oeuvre chez lui, ou tout du

moins en n’en fournissant pas, à la demande, une photographie numérique ?

La Bibliothèque nationale de France, qui restreint la consultation des

manuscrits précieux à un nombre limité de chercheurs, ou le Musée du

Louvre, qui n’ouvre pas l’accès aux oeuvres conservées dans ses

réserves, enfreindraient-ils la loi ainsi rédigée ? »



Ils sont complètement con ou bien ? On parle bien de droit d’auteur, de licence d’usage et de d’utilisation. Quel rapport entre le droit d’auteur, et l’accès physique à un objet ?



C’est bien connu que quelques soit la licence d’un plan ou d’une code, cela ne peut avoir d’influence sur l’usage de l’objet. C’est tout le problème des licences libres hardwares : la vaccination ne peut aller que sur les produits intellectuels dérivés des plans, et non sur les objets fabriqués avec.

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gg pour le sous-titre qui évite la moindre utilisation de ce mot dans l’actu.

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Perso, y’a un truc qui me choque pour les objets dans le domaine public : le fait que des collectionneurs puissent acheter les œuvres. Pour moi tout ce qui est dans le domaine public devrait être confié exclusivement aux musées et bibliothèques.

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Cette prohibition des restrictions pourrait aussi frapper l’accès physique aux œuvres élevées dans le domaine public : « Le propriétaire privé d’un tableau du XVIIe siècle se rendrait-il coupable d’une restriction à l’usage commun en n’autorisant pas les amateurs qui le souhaitent à accéder à l’oeuvre chez lui, ou tout du moins en n’en fournissant pas, à la demande, une photographie numérique ? La Bibliothèque nationale de France, qui restreint la consultation des manuscrits précieux à un nombre limité de chercheurs, ou le Musée du Louvre, qui n’ouvre pas l’accès aux oeuvres conservées dans ses réserves, enfreindraient-ils la loi ainsi rédigée ? »





On leur a expliqué la différence entre l’oeuvre et le support de l’oeuvre ? Le client achète le support, mais l’oeuvre non.

Un musée ne bloque pas l’accès à l’oeuvre, mais uniquement au support de l’oeuvre…

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renaud07 a écrit :



Perso, y’a un truc qui me choque pour les objets dans le domaine public : le fait que des collectionneurs puissent acheter les œuvres. Pour moi tout ce qui est dans le domaine public devrait être confié exclusivement aux musées et bibliothèques.







Le collectionneur achète uniquement le support.


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renaud07 a écrit :



Perso, y’a un truc qui me choque pour les objets dans le domaine public : le fait que des collectionneurs puissent acheter les œuvres, pour moi tout ce qui est dans le domaine public devrait être confié exclusivement aux musées et bibliothèques.







Ce qui, d’après l’article, serait quand même un problème car dans la cave et pas disponible.



Je suis totalement outré qu’ils s’offusque de ça :



« Le propriétaire privé d’un tableau du XVIIe siècle se rendrait-il

coupable d’une restriction à l’usage commun en n’autorisant pas les

amateurs qui le souhaitent à accéder à l’oeuvre chez lui, ou tout du

moins en n’en fournissant pas, à la demande, une photographie numérique ?

La Bibliothèque nationale de France, qui restreint la consultation des

manuscrits précieux à un nombre limité de chercheurs, ou le Musée du

Louvre, qui n’ouvre pas l’accès aux oeuvres conservées dans ses

réserves, enfreindraient-ils la loi ainsi rédigée ? »



Mais carrement oui il devrait fournir une photo numérique.

Pour le proprio ça lui prend 2 minutes a prendre et il la garde a dispo pour d’autres demandes. Pour le musée, c’est encore plus impensable de se voir refuser l’accès au fichier numérique de ce qu’ils ont à la cave.



Ils sont sérieux quand ils sortent ça comme excuse ?





« plusieurs acteurs de la propriété littéraire et artistique » ont demandé en chœur le retrait de cet article 8, craignant « une remise en cause du fragile équilibre économique de leur secteur ».





Priceless …

“Si on peut plus vendre un truc censé être dans le domaine public, on va détruire notre secteur …”


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Une réunion sera organisée spécialement à Matignon pour trancher le sort de cette disposition. On verra d’ici là quel sera le pouvoir d’influence des uns et des autres.



c’est tout vu bien sûr.

Le pouvoir d’influence des AD est largement supérieur à celui des acteurs du numérique.

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Picos a écrit :



Ce qui, d’après l’article, serait quand même un problème car dans la cave et pas disponible.



Je suis totalement outré qu’ils s’offusque de ça :



Mais carrement oui il devrait fournir une photo numérique.

Pour le proprio ça lui prend 2 minutes a prendre et il la garde a dispo pour d’autres demandes. Pour le musée, c’est encore plus impensable de se voir refuser l’accès au fichier numérique de ce qu’ils ont à la cave.



Ils sont sérieux quand ils sortent ça comme excuse ?







Priceless …

“Si on peut plus vendre un truc censé être dans le domaine public, on va détruire notre secteur …”







Ils font volontairement l’amalgame.

Quand un musée bloque l’accès à un vieux livre, c’est pake le support est fragile et abimé. Mais en aucun cas le musée bloque l’accès à l’oeuvre elle même.


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Picos a écrit :



Priceless …

“Si on peut plus vendre un truc censé être dans le domaine public, on va détruire notre secteur …”







C’est clair, ces mecs n’ont honte de RIEN !!!

J’ai du mal à croire qu’on puisse encore les recevoir dans les ministères…


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D’accord, donc si un collectionneur proposait de racheter la joconde, ce serait accepté ? J’ai comme un doute <img data-src=" />

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+1 pour eux tout leur appartient Ad vitam aeternam <img data-src=" /> Ça serait un beau bordel si c’était pareil pour les brevets logiciels, industriels, etc…

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renaud07 a écrit :



Perso, y’a un truc qui me choque pour les objets dans le domaine public : le fait que des collectionneurs puissent acheter les œuvres. Pour moi tout ce qui est dans le domaine public devrait être confié exclusivement aux musées et bibliothèques.





et que ferais-tu si tu achète une oeuvre privée, qui devient par la suite publique ? Tu rends ce que tu as acheté ? à qui ?

et comme dit plusieurs fois dans les comms, les collectionneurs n’achètent que des objets, pas les oeuvres.


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renaud07 a écrit :



D’accord, donc si un collectionneur proposait de racheter la joconde, ce serait accepté ? J’ai comme un doute <img data-src=" />







Non évidement ^^ Mais les AD nous explique depuis pas mal d’année qu’il ne faut pas confondre l’oeuvre et son support. Faisons nous donc un grand plaisir de le leur rappeler!


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De ce fait, il est logique et normal que le propriétaire du support soit tenu de fournir un accès à l’oeuvre.



Le pire c’est que on a rien fait sur cette question qui semble logique avant d’avoir le support numérique qui permet la duplication sans cout sur un support disponible pour tous sans dégradation.



On aurait déjà dût, y’a plusieurs siècles, demander aux possesseurs d’oeuvre d’art du domaine publique de donner l’accès a ces œuvres.

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En faisant une analogie avec les livres :

L’Art de la Guerre de Sun Tzu est dans le domaine public, je peux en avoir une copie gratuitement =&gt; OK

Mais si je souhaite me procurer ce livre, je paie le coût de revient du livre (+ bénéfice), pas le fait qu’il a été écrit par Sun Tzu. =&gt; je ne paie que le support, pas le droit d’accès.

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“Le document, éaglement sorti par Contexte.com …”

&nbsp;-&gt; Je ne trouve plus le bouton signalement.. (pour indiquer une faute dans un article de NXI) :(

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il y a un truc très simple à faire pour le gouvernement : punir le copyfraud au moins aussi sévèrement que la contrefaçon.

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C’est dans le bandeau fixe en haut de page, le logo triangulaire avec un point d’exclamation.

Le CSPLA rejette le domaine commun informationnel voulu par Axelle Lemaire

  • La SACD et d’autres craignent une remise en cause de l’équilibre économique

  • Des problèmes d’interférence avec le droit positif ou à venir

  • Malgré ses effets limités, l’article 8 a été trucidé au CSPLA

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