Un prestataire de géolocalisation des polices américaines cible les visites médicales et juridiques
Jusque dans les cabinets médicaux
Une entreprise américaine qui vend des données de géolocalisation notamment à la police américaine, nommée Fog Data Science, cible explicitement les visites des « personnes d'intérêt » chez leurs médecins et avocats.
Le 11 décembre à 12h03
4 min
Société numérique
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Le média 404 a obtenu un document d'une entreprise de géolocalisation, Fog Data Science, qui montre qu'elle cherche activement à cibler les visites des suspects chez leurs médecins et avocats.
L'entreprise explique sur son site que sa mission est « d'exploiter la puissance des données pour préserver la sécurité nationale et fournir aux forces de l'ordre des renseignements et des informations exploitables afin de protéger les intérêts et les citoyens de notre pays ». Elle s'y vante aussi de fournir « des solutions de données inégalées, adaptées aux besoins uniques de [ses] clients ».
Des détails pour distinguer les cibles
Le document obtenu par 404, un formulaire adressé aux différents services de police américains qui ont souscrit à l'offre de l'entreprise, montre que Fog Data Science a la volonté d'aller très loin dans le service de géolocalisation de suspects. Celui-ci demande des détails sur les « personnes d'intérêt » (Person of Interest en anglais, POI) à propos desquels la police voudrait récupérer des données de géolocalisation.
« Les détails à propos de la POI nous aide à éliminer les appareils plus efficacement », précise le formulaire. En effet, comme l'avait révélé l'Electronic Frontier Foundation en 2022, cette entreprise revend à des dizaines de forces de l'ordre américaines l'accès à des milliards de données géolocalisées. Elles émaneraient de plus de 250 millions de téléphones portables et seraient issues de plus de 700 applications, à l'insu de ces dernières et des utilisateurs.
Mais Fog Data Science doit trier dans cet amas de données pour retrouver celles qui correspondent à la « personne d'intérêt » ciblée par la police. Elle demande donc, selon ce document, aux agents des détails sur cette POI comme ses noms ou pseudonymes connus, ses liens avec d'éventuelles activités criminelles, ses « caractéristiques distinctives » telles que son « sexe, son appartenance ethnique, sa religion ».
Pour distinguer le smartphone de cette POI de celui des différentes personnes qu'elle doit cibler, Fog Data Science demande aux policiers de lui fournir les lieux qu'elle fréquente régulièrement, car elle explique ne posséder des données « que pour les trois dernières années à partir de la date d'aujourd'hui ». « Tout lien entre la POI et un lieu à une date et/ou une heure donnée nous aide », explique donc l'entreprise, et de donner des exemples comme les salles de sports, lieux de culte, de déjeuner, etc.
Des données très sensibles
Mais elle va encore plus loin en expliquant que « les endroits où une POI peut se rendre sont précieux, même sans les dates/heures ». Et c'est là que l'entreprise énumère des lieux comme les maisons des proches de cette personne, mais aussi les cabinets médicaux et d'avocats où cette personne est susceptible d'aller.
Le document a été envoyé à un enquêteur qui travaille sur la traite des êtres humains au Bureau du procureur général de l'État de Géorgie. Interrogé par 404 Media, celui-ci n'a pas répondu. Fog Data Science n'a pas non plus voulu répondre aux questions de nos confrères.
Des tarifs peu élevés
L'entreprise a été créée par deux anciens hauts fonctionnaires du Département de la sécurité intérieure sous l'ancien président George W. Bush. En 2022, l'Electronic Frontier Foundation expliquait que son logiciel était utilisé « depuis au moins 2018 dans des enquêtes criminelles allant du meurtre d'une infirmière dans l'Arkansas au suivi des mouvements d'un participant potentiel à l'insurrection du 6 janvier au Capitole ».
Fog Data Science n'est pas la seule entreprise à vendre des données de localisation. Mais elle aurait attiré les autorités américaines, notamment par le faible coût de ses solutions. L'Electronic Frontier Foundation révélait que l'abonnement au service coûte entre 6 500 et 7 500 dollars par utilisateur. Or, explique 404, ses concurrents comme Venntel signent plutôt des contrats aux alentours des 100 000 dollars par an avec des clients comme l'Agence américaine pour la protection de l'environnement.
Un prestataire de géolocalisation des polices américaines cible les visites médicales et juridiques
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Des détails pour distinguer les cibles
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Des données très sensibles
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Des tarifs peu élevés
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- Pour être en sécurité devant un contrôle de flics, faut mettre son AR-15 dans le pick-up bien en vue mais cacher les pilules contraceptives et les capotes dans le chargeur ? (parce que ce sont des instruments du diable bien entendu)
- Eteindre son smartphone avant de partir voir sa gynéco ? (avoir son smartphone éteint est déjà suspect, y compris en manif chez nous) ou même ne pas le prendre pour qu'il continue à borner prêt de chez soi. (sera aussi considéré comme suspect).
La Stasi en rêvait, le technosystème l'a fait.
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