DART : déviation accomplie !
Petite poussette astrale
Le 12 octobre 2022 à 11h58
4 min
Sciences et espace
Sciences
Après avoir atteint sa cible à plusieurs millions de kilomètres, première partie de sa mission, DART devait confirmer le succès de la déviation de l'orbite de Dimorphos. C'est aujourd'hui chose faite ! Et comment !
Au petit matin du 27 septembre, l’impacteur DART (Double Asteroid Redirect Test) frappait l'astéroïde Dimorphos pour essayer de le faire dévier de son orbite. Cette mission test de la NASA, effectuée à 11 millions de kilomètres sur un astéroïde de 160 mètres de diamètre – sans conséquence possible sur notre planète –, a pour principal objectif de s'assurer que nous sommes capables de dévier un astéroïde menaçant de venir s'écraser sur la Terre.
- La mission DART atteint sa cible, succès du « premier test de défense planétaire »
- DART, la mission qui veut « modifier une petite partie du Système solaire pour toujours »
Mais des questions restaient en suspens : si la mission DART avait bien touché et fait des dégats sur Dimorphos, générant une « queue » de plus de 10 000 km, l'avait-il fait dévier de son orbite ? Et quelle est l'importance de cette déviation ?
Hier soir, la NASA a annoncé que DART avait bel et bien réussi à faire dévier l'orbite de Dimorphos autour de Didimos, un autre astéroïde. Ce système forme un système double. L'administrateur de la NASA Bill Nelson a déclaré : « c'est un moment décisif pour la défense planétaire et toute l'humanité », en droite ligne de la tradition grandiloquante de l'agence spatiale américaine.
32 minutes !
Lors de sa première conférence de presse sur la réussite de la mission, la NASA annonçait s'attendre à une déviation de 10 minutes de l'orbite de Dimorphos. Surprise : Dimorphos fait maintenant le tour de Didimos en 11 heures et 23 minutes au lieu de 11 heures et 55 minutes avant l'impact, soit 32 minutes de moins (plus ou moins deux minutes) !
Dans son communiqué, la NASA présente cet écart comme une réussite supplémentaire. La déviation minimum espérée par l'agence étant de 73 secondes. La NASA présente tout de même cette déviation 25 fois supérieure comme un succès.
Débris et autres conséquences
Éric Lagadec, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur, confirme à Next INpact que « les 10 minutes étaient une borne inférieure et que, visiblement, il y a eu plus de masse éjectée. On l'avait bien vu sur les images mais il était difficile de prévoir la déviation avant la mission car on ne connaissait pas la densité de Dimorphos ».
Prenant un exemple du quotidien, le chercheur explique : « si on lance une balle sur un mur ou du polystyrène, ça ne va pas réagir pareil. Là, ce que ça nous apprend, c'est qu'on a arraché pas mal de matière. Les chercheurs vont pouvoir mieux comprendre la composition de la structure de l'astéroïde ».
HERA observera les conséquences
En 2024, l'Agence spatiale européenne (ESA) enverra sur place la sonde spatiale HERA pour observer de plus près les conséquences de cette colision sur l'astéroïde. « On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre », jubile Éric Lagadec, « On va voir à quoi ressemble l'astéroïde maintenant ! Comment la matière s'est comportée ? Est-ce que ça va créer quelque chose en orbite autour ? Ça va être rigolo ».
La NASA espérait que les deux missions partent en même temps, c'était d'ailleurs le plan initial avant que l'ESA annule la mission Asteroid Impact Mission (AIM) pour des raisons financières en 2016 puis revienne dans le projet avec HERA, pour avoir des réponses le plus rapidement possible. Les scientifiques vont devoir attendre cinq ans, en comptant le temps d'arrivée de HERA sur les lieux, pour connaître un peu mieux les conséquences de ses actes sur Dimoprhos. Les scientifiques ont déjà expliqué que cette attente n'aura pas de conséquences sur les mesures in situ.
« Hera recueillera des informations clés telles que la taille du cratère de DART, la masse de Dimorphos et sa composition et sa structure interne. Ces données supplémentaires aideront à transformer l’expérience de déviation DART en une technique bien comprise et reproductible qui pourrait un jour être réalisée pour de vrai », expliquait Ian Carnelli, responsable de la mission Hera.
DART : déviation accomplie !
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32 minutes !
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Débris et autres conséquences
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HERA observera les conséquences
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 12/10/2022 à 12h18
Rhôôôôô C’est énorme ! :)
Le 12/10/2022 à 13h15
Ne pas répondre …
Ne pas répondre …
😇
Le 12/10/2022 à 13h27
Ça a dévié beaucoup plus que prévu. Ce n’est donc pas complètement un succès, puisque ça marche trop bien, et on ne sait pas pourquoi. On ne maîtrise pas vraiment le truc.
Le 12/10/2022 à 14h05
Vue que la composition de l’astéroïde a pas mal d’inconnu il est difficile de prévoir exactement le résultat de l’impact. C’est pas pareil d’envoyer un projectile sur un surface dur ou élastique. Il me semble que au pire le DART pouvait traverser l’astéroïde si ce dernier avait une consistance trop faible, voir quasi-gazeux.
Mais je partage avec toi le fait de jouer au sorcier sans vraiment savoir ce qu’ils faisaient.
Bon après c’est pas la première fois que les amerloc ont des résultats bien supérieur a ce qu’ils pensaient … les premiers teste de la bombe A était dans ce goût là il me semble.
Le 12/10/2022 à 21h11
Non c’était avec la bombe H, c’était tellement puissant que ça n’a pas pu resté discret. Les russes l’ont vu et ça à même contaminé des pécheurs japonais qui était très loin et certains bateaux américains qui était en observations ont du être coulé (je crois) tellement ils étaient irrécupérable de contamination.
Pour la déviation j’attends avec impatience les résultats sur la trajectoire du couple et/ou astéroïde principale. Je crois que c’est aussi un des sujet d’étude, les conséquences d’une modification de masse/trajectoire d’un satellite sur l’ensemble.
Le 12/10/2022 à 13h45
Pour ce pourquoi cet essai a été fait, il est on ne peut plus préférable que ça l’ait trop dévié que pas assez.
Maintenant, j’ose pas imaginer la taille du cratère laissé par l’impact… /o\
Le 12/10/2022 à 13h55
Vivement 2024!
Le 12/10/2022 à 14h51
Non mais il faut arrêter… C’est un tir balistique sur un aggrega de cailloux perdu au milieu de l’espace. Vous auriez aussi dit que les Américains font n’importe quoi s’ils avaient fait la même expérience au milieu du désert?
La science c’est aussi tester pour voir la réaction de l’objet étudié pour en deviner ses propriétés. A moins d’être sur place il n’y a pas vraiment moyens de connaître en profondeur la composition de cet astéroïde
Le 12/10/2022 à 15h07
2029 ;)
Lancement en 2024 + 5 ans de trajet
Le 12/10/2022 à 15h27
Il manque des points de comparaison avec ce qu’il faudrait faire pour éviter une catastrophe à la Terre.
Par exemple, Wikipedia66 millions d’années a été créé par un astéroïde de diamètre entre 10,6 et 80,9 km, donc entre 66 et 505 fois plus gros que celui-ci. Il serait à l’origine de l’extinction massive du Crétacé Tertiaire qui a entraîné la disparition d’une grande partie des espèces animales dont les dinosaures.
Sommes-nous capables d’envoyer un objet entre 66 et 500 fois plus gros pour éviter une telle catastrophe ?
Dans les même ordres de grandeurs que l’expérience : l’événement de la Toungouska en 1908, a généré une énergie, équivalente à environ mille fois celle de la bombe nucléaire d’Hiroshima 37 ans plus tard, qui a détruit la forêt sur un rayon de 20 kilomètres et fait des dégâts jusqu’à une centaine de kilomètres.
On est donc probablement capable de se protéger de dégâts locaux (100 km">le cratère de Chicxulub, mais est-ce le cas pour les majeurs comme Chicxulub ?
Le 12/10/2022 à 15h34
Il faut voir si on peut mettre une charge utile plus importante que sur DART
Et je suppose que si on a une menace totale immédiate (moins de 10 ans), beaucoup de monde seront d’accord pour mettre plein d’énergie pour envoyer plein de fusées.
Je pense également que si on arrive face à ce genre de choses, des charges nucléaires seront envisageables (au pire … on meurt donc bon autant tout balancer et payer la note après)
Le 12/10/2022 à 17h01
Je trouve toujours aussi impressionnant la capacité qu’on peut avoir à se mettre d’accord pour jouer à Bruce Willis sauvant le monde, face à notre incapacité à se mettre d’accord quand on parle de la menace depuis 30 ans.
Toutes proportions gardées bien entendu, un évènement qui met la moitié de la population mondiale à la porte c’est clairement moins sexy qu’un astéroïde sur New-York
Le 12/10/2022 à 18h14
C’est pour ça que je mentionne bien menace totale et moins de 10 ans, et que je dis “beaucoup de monde”, j’ai un peu perdu confiance.
Je sais que si ça devait arriver il va y en avoir qui vont dire qu’il n’y a pas de véritable menace et que c’est du pognon dépensé pour rien, c’est désespérant.
Le 12/10/2022 à 18h16
Le but n’est pas de détruire l’objet mais de le dévié. Si on s’en aperçoit à l’avance une petite pichenette peut avoir de grande conséquence. Si tu modifies la trajectoire d’un objet de 1cm par kilomètre de voyage mais qu’il reste 1 millions de km ça peu permettre d’éviter la terre.
Le 17/10/2022 à 08h47
ce qui compte surtout est de détecter et agir tôt : une pichenette plusieurs orbites avant la collision peut faire une énorme déviation.
Le 13/10/2022 à 05h20
Je ris. On n’est même pas foutu de détecter les menaces dans notre propre système solaire et ses quelques heures lumières, mais on s’imagine déjà dévier des gros géocroiseurs à la hollywood, à des vitesses proches de c…
Tout le ridicule de l’être humain pour épater ses semblables, avec une belle explosion pour le spectacle. De toute façon au train ou vont les choses, l’homme finira dans l’apocalypse nucléaire bien plus tôt qu’il ne le croît.
L’OTAN a commencé à nous tuer, et tout ça pour que l’état profond US rapproche toujours plus ses bases de l’ours russe, reniant sa parole passée après la chute du Mur, forçant l’ours à sortir de sa tanière où il dormait plutôt paisiblement, pour finalement défendre sa peau face à l’agresseur…
Bref - il est heureux que le sort de l’univers ne dépende pas de la connerie et de la débilité profonde d’homo sapiens et de ses guerres toujours plus débiles. Il est des fléchettes plus dangereuses que d’autres. Mais elles ne sont pas extra-terrestres. Elles sont bel et bien humaines…
Le 13/10/2022 à 07h05
Sur tous les sujets, il faut que tu dises n’importe quoi donc.
Les menaces sont connues et répertoriées. Et par définition, un astéroïde c’est un corps qui se situe dans notre système solaire.
Le 13/10/2022 à 10h30
Ou 8 à 22 fois plus rapidement (l’énergie étant proportionnelle au carré de la vitesse).
Il n’y avait pas de charge explosive sur DART. C’est uniquement sa masse et sa vitesse qui sont utilisés.
Pas toutes. Seulement environ 81% des géocroiseurs de 1000 km de diamètre capables de détruire la civilisation humaine…
(Mais je suis d’accord qu’hansi dit bien toujours n’importe quoi )
Le 13/10/2022 à 11h38
1000 mètres, pas 1000 km. L’article de Wikipedia que tu cites, indique que les géocroiseurs de plus de 6,5 km de diamètre sont tous connus.
Le 13/10/2022 à 14h11
Oui (oups), 1 000 km ça serait énorme, pas très loin de la taille de la Lune (~1 700 km) .
Les très très gros (plus de 6,5 km) sont à priori tous connus, mais ceux de 1000 km restent très dangereux et il en manque une bonne partie.
Le 13/10/2022 à 14h05
Hou-là. Je ne sait pas dans quel univers tu vis, mais c’est pas le notre. Le plus rapide qu’on trouve, c’est la matière qui tombe autour d’un trou noir, et on dépasse rarement 1⁄10 de c.
Le géocroiseur, ça va plutôt tapper dans les 1⁄10000 de c.
Petit rappel de physique : Pour atteindre la vitesse de la lumière, si on a une masse, il faut une quantité d’énergie quasiment infinie. Alors non, le “proche de c”, ça cours pas les rues.
Le 13/10/2022 à 14h34
Edit (j’ai barré le k, pais ça se voit peu)
Le 13/10/2022 à 14h38
Quand ça veut pas, ça veut pas…
Le 13/10/2022 à 18h14
C’est l’inflation ma bonne dame !