Viadeo quitte la Chine, son PDG démissionne
Viadeo et des bas
Le 19 janvier 2016 à 08h39
4 min
Économie
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Dan Serfaty, le PDG et fondateur de Viadeo, un concurrent français de LinkedIn, a démissionné afin de laisser sa place à Reiner Lemmens, l'ancien numéro un de PayPal Europe. Un changement qui a lieu un peu plus d'un an après une introduction en bourse compliquée et quelques semaines après l'abandon du marché chinois par l'entreprise.
Fondé à Paris en 2004, Viadeo est un réseau social professionnel revendiquant aujourd'hui 65 millions de membres inscrits à travers le monde, dont 10 millions en France. Son objectif était de concurrencer LinkedIn, son équivalent américain, mais dans la pratique, la pépite française n'a jamais inquiété l'autre géant de Mountain View.
Pourquoi s'entêter en Chine ?
L'une des causes de cet échec est à chercher du côté de la Chine. Dan Serfaty, le PDG de Viadeo pensait que le marché chinois serait le plus porteur pour son entreprise et a multiplié les acquisitions allant dans ce sens. Un appétit qui s'est traduit par le rachat de Zaizher, une société chinoise spécialisée dans les applications mobiles pour réseaux sociaux professionnels en mars 2013, mais aussi par celui de Tianji, un réseau social local en 2007.
Les résultats n'étaient par contre pas vraiment au rendez-vous. Sur 2013 et 2014, l'excédent brut des opérations (EBO) chinoises de Viadeo était respectivement de - 5,87 millions d'euros et de - 5,09 millions d'euros, ce qui a lourdement creusé les pertes de l'entreprise. En 2014, elle affichait ainsi plus de 13,4 millions d'euros de pertes nettes, sur un chiffre d'affaires de 28 millions d'euros.
L'hémorragie ne s'est pas tarie en 2015, avec 6,86 millions d'euros de pertes nettes au premier semestre, sur un chiffre d'affaires de 13,6 millions d'euros. Cette fois-ci, les activités chinoises ne sont pas les seules fautives, Viadeo enregistrant un EBO négatif de respectivement 2,1 et 2,8 millions d'euros en France et dans l'empire du milieu. Une situation difficilement tenable, en sachant que la trésorerie disponible de l'entreprise n'était plus que de 16 millions d'euros au 30 juin, contre 24,4 millions d'euros six mois plus tôt.
Une introduction en bourse pas brillante et un traitement de choc tardif
Viadeo est également entrée en bourse en juillet 2014, mais son introduction ne s'est pas exactement passée comme prévu. Le réseau social comptait lever entre 30 et 40 millions d'euros à cette occasion, avec une valorisation de 200 millions d'euros, il n'en a obtenu que 22 millions, avec une valorisation d'environ 150 millions d'euros seulement, pour un cours d'introduction proche des 15 euros. Aujourd'hui, l'action Viadeo se négocie a 1,75 euros, soit une chute de 88 % depuis son arrivée sur les marchés et la société ne vaut plus que 16 millions d'euros.
Il n'en fallait pas davantage pour que son conseil d'administration ne prenne de lourdes décisions. Le 24 décembre dernier, Viadeo a annoncé la cessation des activités de Tianji, son réseau social chinois. Une manœuvre qui selon la société doit la libérer « du poids financier de TIANJI, tant au niveau de la consommation de cash que de l’impact sur le résultat opérationnel » et « devrait permettre à Viadeo d’afficher une croissance rentable et durable à moyen terme ».
Par la même occasion, Viadeo a décidé de fermer son « centre-serveur » californien, géré par l'une de ses filiales, qui fait actuellement l'objet d'un redressement fiscal en France. Un redressement qui « pourrait avoir un impact significatif sur les comptes de la société ».
Le fondateur laisse sa place à un nouveau PDG
Les errements chinois et boursiers de Viadeo auront eu des conséquences au niveau de la direction de l'entreprise. Dan Serfaty, le fondateur de la société a présenté sa démission vendredi dernier au conseil d'administration. Ce dernier n'aura pas tardé à trouver un remplaçant, en poste depuis hier : Reiner Lemmens.
Celui-ci occupait auparavant le fauteuil de PDG de PayPal Europe et a déjà quelques idées en tête pour relancer Viadeo : « Nous allons travailler très fortement sur la différenciation de l’offre de Viadeo en bâtissant sur l’immense réservoir de datas et de liens de nos millions de membres » explique-t-il dans un communiqué. Il reste maintenant à voir comment ce réservoir de données personnelles sera exploité par le réseau social, en espérant que le résultat ne soit pas trop intrusif aux yeux des utilisateurs.
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Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 19/01/2016 à 08h57
Mauvaise ergonomie depuis longtemps, manque de visibilité, français (pas assez anglo-saxon).
Linkedin n’est pas forcément la panacé non plus, mais l’ergonomie est quand même plus sympa et depuis nettement plus longtemps. Un coup de pouce de l’état ? " />
Le 19/01/2016 à 09h00
Encore une réussite du Made in France numérique. Enfin, espérons leur que Linkedin daignera les racheter.
Le 19/01/2016 à 09h04
Mauvaise stratégie depuis le début : au lieu de faire payer les utilisateurs afin de leur donner plus de visibilité, il fallait faire payer les employeurs potentiels.
LinkedIn, qui ne fait pas payer sa base mais leur propose de nombreuses fonctionnalités (gratuitement !), a fait grandir le nombre de ses profils actifs : c’est donc là que les employeurs vont chercher, pas chez Viadéo. CQFD.
Le 19/01/2016 à 09h05
Le pb de Viadeo, c’est que trop souvent ca ne fonctionne pas/plante… Youtube a aussi bien progressé et vers du standard (html5) en plus.
Le 19/01/2016 à 09h07
Y’a déjà eu un investissement de la BPI en 2012, ça compte ? " />
Le 19/01/2016 à 09h07
le problème avec Viadeo c’est le fishing. C’est presque pire que le bon coin … insupportable.
Le 19/01/2016 à 09h20
Alors ce sous titre c’est " />
Le 19/01/2016 à 09h24
“Des fois je vis des hauts, des fois je vis des bas. Mais la plupart du temps, je vis ma vinaigrette”
Le 19/01/2016 à 09h46
Oui ça compte, aux comptes de l’état, nationalisons Viadeo, pour le transformer en portail de la fonction publique …. no wait ! " />
Le 19/01/2016 à 10h49
Peut-être un peu hors sujet mais en ce moment j’ai l’impression de recevoir des messages de viadeo tous les jours… je vais peut-être me désinscrire car c’est pénible.
Le 19/01/2016 à 10h55
Contrepéterie, ou pas contrepéterie…
Je vais re-relire la news. " />
Le 19/01/2016 à 12h34
Le 19/01/2016 à 13h53
Le 19/01/2016 à 17h14
Sinon en remplacement, il y a Amplement.fr ^^
Le 19/01/2016 à 17h33
Pourtant Linkedin c’est vraiment pas la panacée (même si ils améliorent des trucs de temps en temps). Au lieu de se battre à coup de milions pour faire des acquisitions de *, quand est-ce que ces boites vont se rendre compte que, si y a de la concurrence, faut avoir le meilleur produit ? Qu’ils regardent du côté de Slack …
Le 20/01/2016 à 11h09
Linkedin n’est pas la panacée mais ils sont quand même plusieurs niveaux au-dessus de Viadeo dont l’ergonomie est une catastrophe. Le plus grave, c’est que Viadeo est bien plus cher pour l’utilisateur que LinkedIn, le premium est quasi obligatoire pour l’utilisateur lambda et l’abonnement est plus élevé. Ils se sont malheureusement complètement fait bouffer sur tous les tableaux, il n’y a rien où Viadeo serait meilleur que LinkedIn (recherche d’emploi, usage général, éducation, abonnement…)
Et comme d’autres, je suis pourri par les emails, le pire d’entre eux, c’est l’email qui fait croire qu’une personne veut t’ajouter et en réalité il te fait juste une suggestion d’ajout d’une personne totalement inconnue…