Depuis le premier message envoyé en 1992, le SMS est monté en puissance jusqu’à son apogée en 2016 en France. Il est depuis sur le « déclin » face aux messageries instantanées. Il conserve par contre certains avantages et reste largement utilisé, avec une moyenne de 120 SMS par mois et par abonné au début de cette année. 

Le premier SMS provenant d’un téléphone mobile a été émis en 1992 via l’opérateur Vodafone. On parle d’une époque où les pagers (Tam-Tam, Tatoo et Kobby) étaient dans les poches et pendant laquelle il fallait chercher une borne pour son Bi-Bop (l’ancêtre du téléphone portable).

• Des « pagers » aux premiers smartphones

Il se fait ensuite discret pendant plusieurs années, avant de décoller à la fin des années 90 : « Le SMS (Short Message Service ou mini-message) a connu un très fort développement en France métropolitaine depuis la signature des accords d’interopérabilité en décembre 1999 entre les trois opérateurs mobiles Orange France, SFR et Bouygues Telecom », expliquait l’Arcep en 2005. Free Mobile est pour rappel arrivé bien après puisqu’il a obtenu la quatrième licence 3G fin 2009 avant de lancer ses offres début 2012. 

Dans une note d’analyse de 2004, l’Arcep détaille les trois principales raisons du succès du SMS : « utilisation possible par tous les possesseurs de terminaux mobiles », « diffusion en corrélation avec les fournisseurs de contenu » et « grande adaptabilité à de nouveaux services ».

Des arguments que l’on pourrait sans aucun problème mettre en face des messageries instantanées de nos jours. Seule différence : les réseaux de téléphonie mobile (2G) ont laissé la place à une connexion Internet pour échanger des messages.

2000 - 2021 : bilan des SMS émis en France sur deux décennies 

Depuis 2016, le régulateur des télécoms parle d’un repli des usages des SMS en France, mais de quel ordre de grandeur parle-t-on ? Nous nous sommes replongés dans les observatoires de l’Arcep pour établir la chronologie du nombre de SMS émis par les abonnés des opérateurs français entre 2000 et 2021 :

Crédits : Next INpact

La courbe fléchit en 2013 et s’inverse en 2016 

Comme on peut le voir, un changement a eu lieu pour la première fois en 2016 : le nombre de SMS émis était en baisse : « - 0,6 % sur un an soit 1,2 milliard de messages de moins en un an (contre une croissance de 6,8 milliards de messages en 2015) », expliquait alors le gendarme des télécoms. La tendance s’est confirmée et accélérée les années suivantes. 

Rien de très étonnant pour autant puisque le rythme de la croissance s’était bien ralenti à partir de 2013 : 2 à 6 %, seulement, contre 25 à 80 % auparavant (si on laisse de côté 2001 au tout début des SMS en France). 2008 à 2010 étaient des années fastes où l’on est passé de 34,6 à plus de 100 milliards de SMS, avec des hausses de 63 à 82 %.

Ces dernières années, le repli des usages SMS, « engagé depuis 2016 au profit des services de messagerie instantanée, et accentué par la crise sanitaire, se prolonge en 2021 :- 13 % en un an, après - 15 % en 2020 », indique l’Arcep. On peut également ajouter le déploiement des réseaux 4G et 5G et le roaming sans surcoût en Europe ; autant de facteurs qui facilitent l’usage de son téléphone mobile.

En 2021, 119,5 milliards de SMS ont ainsi été émis via les différents opérateurs, soit un peu plus qu’en 2010 et presque deux fois moins qu’en 2015/2016 où la barre des 200 milliards avait été dépassée. Il faudra encore attendre plusieurs mois afin d’avoir les chiffres sur l’année 2022 au complet. 

Si l’on additionne tous les chiffres de l’Arcep, on arrive à près de 2 200 milliards de SMS émis depuis ses débuts. 

Les abonnés consomment 120 SMS par mois en moyenne

Bref, le SMS fête ses 30 ans et ses années de gloire sont derrière lui. Il ne disparait pas pour autant, loin de là.

Dans son dernier observatoire du marché des communications électroniques en France (deuxième trimestre 2022), l’Arcep indique que « le nombre de SMS, dont le recul avait été multiplié par près de quatre pendant la crise sanitaire, diminue à un rythme plus modéré depuis le début de l’année 2022 :- 7 % ce trimestre contre - 22 % un an auparavant. La consommation moyenne de SMS par abonné s’élève à 120 SMS par mois ce trimestre, soit - 12 SMS en un an », avec 9 MMS en moyenne par abonné.

Pendant ce temps, les messageries instantanées progressent avec un taux de pénétration important en France, selon Médiamétrie : « En juillet 2022, les messageries instantanées ont réuni 46,2 millions de visiteurs uniques, soit 1,3 million de plus qu’en juillet 2021, ce qui représente 73% de la population française ».

Si les plus jeunes sont à l’aise avec les réseaux sociaux, les moins jeunes y passent aussi (ne serait-ce justement pour garder le contact avec les générations suivantes) : « l’usage des messageries instantanées durant l’été se généralise : 61% des Français âgés de plus de 65 ans ont utilisé au moins une messagerie sur le mois de juillet (en hausse de 4 points par rapport à juillet 2021) ».

Google continue de croire au RCS et tacle (encore) Apple

Google profite de ce 30e anniversaire pour remettre en avant RCS (Rich Communication Services/Suites) disponible via son application Message. Pour rappel, cette technologie veut remplacer les SMS et MMS traditionnels en y ajoutant des fonctionnalités supplémentaires : conversations de groupe, envoi de photos et de vidéos, réactions aux messages, statut (distribué, lu...), etc. RCS permet donc d’aligner le SMS sur ce que proposent déjà les messageries instantanées, mais de manière native et entre tous les utilisateurs cette fois-ci.

Google en profite pour tacler une nouvelle fois Apple, sans le citer directement : « La majeure partie des acteurs de la téléphonie mobile dans le monde utilise RCS, mais il y a une entreprise qui traîne les pieds ». Apple mise pour rappel sur ses iMessages, qui ne sont pas compatibles avec RCS.

Même s’il n’est plus à son niveau d’avant, le SMS est loin d’avoir dit son dernier mot. Il peut être utilisé sans avoir besoin d’une connexion à Internet ni d’une application. De plus, vous pouvez envoyer un SMS depuis la France sans surcoût à des personnes qui se trouvent à l’étranger. Le SMS est seulement décompté de votre abonnement (ils sont souvent illimités).

Attention, ce n’est pas valable dans l’autre sens : envoyer un SMS depuis l’étranger (quelle que soit la destination) peut être payant. Et ce n’est pas la même chose pour les appels : si vous appelez de France une personne à l’étranger, cette dernière peut avoir à payer des frais supplémentaires lorsqu’elle vous répond. 

Enfin, terminons avec un mot sur les SMS abusifs et les appels frauduleux (voir notre guide), qui sont également très nombreux : n’hésitez pas à les signaler au 33 700. Vous pouvez également vous inscrire sur Bloctel, aussi bien pour votre mobile que votre fixe.