Loi Numérique : les sénateurs grillent la priorité au logiciel libre
Sans clignotant
Le 28 avril 2016 à 08h40
4 min
Droit
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Dans le cadre des débats autour du projet de loi Lemaire, les sénateurs ont finalement refusé d’accorder la priorité au logiciel libre dans la vie des administrations. En lieu et place, ils ont adopté un amendement du groupe socialiste se limitant à encourager ces licences.
Hier soir dans l’hémicycle, il n’y aura pas eu le big bang espéré par les partisans du logiciel libre. Alors que plusieurs amendements militaient pour donner une véritable priorité à cet univers dans les marchés publics, les sénateurs ont préféré se rallier à l’amendement porté par Jean-Pierre Sueur (PS) visant à encourager ces licences.
En sortie de débat, l’article 9 ter adopté indique que les administrations « veillent à préserver la maîtrise, la pérennité et l’indépendance de leurs systèmes d’information ». Dans un second alinéa, il leur est demandé d’encourager « l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts lors du développement, de l’achat ou de l’utilisation, de tout ou partie, de ces systèmes d’information ».
Ne pas faire du logiciel libre un dogme
Dans le fil des débats, le rapporteur pour avis de la Commission des affaires économiques a considéré qu’il ne fallait « pas faire du logiciel libre un dogme », Bruno Sido ajoutant que « la question de la souveraineté est essentielle. De nombreuses affaires d'espionnage, d'écoutes, ont été révélées récemment. La sécurité devrait nous inciter à choisir des logiciels nationaux, afin d'éviter de se mettre entre les mains de ceux qui cherchent sans cesse à savoir ce que nous faisons ».
Pour Jean-Pierre Sueur, la rédaction de son amendement draine avec elle « un enjeu de souveraineté, une garantie de souplesse et d'adaptabilité, de maitrise technologique, de pérennité des données, d'indépendance à l'égard des fournisseurs ». Pas moins.
Veiller à préserver, encourager à... Derrière ce discours technico-marketing, plébiscité par Axelle Lemaire, se cache une simple déclaration de bonnes intentions, pour reprendre en substance l’expression de Joëlle Garriaud-Maylam (LR). Même analyse de l’UDI Philippe Bonnecarrère : « l'amendement de M. Sueur est d'intention et n'a aucun caractère normatif ».
Une déclaration d'intention
En pratique, si la disposition est conservée par les députés, une administration aura la lointaine obligation de veiller à préserver « la maîtrise, la pérennité et l’indépendance de leurs systèmes d’information ». Préserver, c’est porter soin, faire attention. Pas plus.
Cet objectif brumeux est avant tout de la poésie, une inaccessible étoile. Sauf cas très particulier, en effet, aucune administration n’a de maitrise sur la conception même du matériel – généralement asiatique – qui propulse son système d’information. Un acte administratif ne pourra ainsi être annulé au prétexte que l'acteur public n’a aucune idée du code caché dans les tréfonds du BIOS de son rutilant PC. L’encouragement à l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts est du même acabit. Chaque administration pourra, après quelques gesticulations, faire mine d’avoir rempli ce critère dans son quotidien, sans menace particulière.
Le maigre mérite de l’amendement socialiste sera de surligner ce concept flou d’indépendance des systèmes d’information. À tout le moins, il permettra de questionner le gouvernement lorsque celui-ci viendra passer tel marché au profit d’un éditeur américain de logiciel propriétaire (ou privatif, c'est selon). Une pratique soigneusement entretenue par l'actuel exécutif dans le secteur de la défense ou de la santé.
Une occasion manquée, selon l'April
« C’est une occasion manquée pour le parlement, déplore Frédric Couchet, membre de l’April, l’association pour la promotion du libre. Un encouragement n’est ni normatif ni suffisant face aux enjeux en présence. Comme cela a été dit, c’est un amendement de bonnes intentions ». Notre interlocuteur salue néanmoins « cette heure de débats de qualité où plusieurs intervenants ont expliqué les avantages du logiciel libre. On sent donc une progression sur le sujet, même si on regrette qu’ils n’aient pas été au bout de leur logique ».
Autre point positif, « plusieurs amendements voulant accorder la priorité au libre ont été déposés par des groupes de différentes couleurs, notamment chez Les Républicains ». Frédéric Couchet y croit néanmoins : « Un jour ou l’autre cette priorité sera inscrite dans la loi, car c‘est le sens de l’histoire. »
Loi Numérique : les sénateurs grillent la priorité au logiciel libre
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Ne pas faire du logiciel libre un dogme
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Une déclaration d'intention
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Une occasion manquée, selon l'April
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 28/04/2016 à 08h46
on l’a deja dit et repete maintes fois, ce qui est important, ce n’est pas le logiciel en lui-meme, mais le format des donnees, qui doit etre dans un format connu, documenté, ouvert, etc. de facon a ce que l’on puisse etre independant d’un quelconque editeur, et ce en voyant a long terme.
Idem pour les format pseudo-suivis, qu’on ne nous fasse pas le coup des ajouts non supportés par la norme, et qui font que le document ne pourra pas etre ouvert dans un autre soft que celui (proprietaire) qui a servi a le creer.
Le 28/04/2016 à 08h47
Enfin, a force de révélations, la pression finira par retomber et tout ca finira aux oubliettes…
Après, on saura jamais si c’est du lobbying très efficace, ou juste de l’incompétence…
Tenter, sans force et sans armure,
D’atteindre l’inaccessible étoile
Telle est ma quête, Suivre l’étoile
Le 28/04/2016 à 08h52
Il ne faut pas croire non plus qu’un logiciel libre est moins cher et plus sur….
Le 28/04/2016 à 08h52
Le 28/04/2016 à 08h54
Le 28/04/2016 à 08h58
" />
Le 28/04/2016 à 09h00
Le 28/04/2016 à 09h03
Attend, tu veux dire que le Législateur doit comprendre ce qu’il vote, et que les décideurs prennent de bonnes décisions, avec des responsables IT compétents ?
Le père Noël n’existe pas " />
Le 28/04/2016 à 09h04
C’est en effet le sens de l’Histoire, et heureusement plusieurs administrations n’ont pas attendu de loi pour passer des parties importantes de leur informatique à du libre ; la DGI a commencé dans les années 2000, la gendarmerie a été un peu pionnière, et je me rappelle qu’en 2006 à Atos on devait envoyer aux ministères les réponses à appel d’offre en format ODF (OpenOffice).
Le 28/04/2016 à 09h07
Le 28/04/2016 à 09h11
C’est bien gentil de ne retenir que les cas avec des grands logiciels libre robuste mais c’est loin d’être la majorité des cas. Et comme le dit momal en passant sur du logiciel libre il y a beaucoup de coût caché.
Je ne dit pas que le propriétaire est moins cher et plus sûr mais plutôt que ce n’est pas une évidence qui devrait imposer l’utilisation du logiciel libre.
Sur ce coup je pense que la décision des sénateurs n’est pas forcement si mauvaise.
Le 28/04/2016 à 09h14
La sécurité devrait nous inciter à choisir des logiciels nationaux,
afin d’éviter de se mettre entre les mains de ceux qui cherchent sans
cesse à savoir ce que nous faisons
Orange, Thalès, Dassault, Amesys,… Des boites françaises au dessus de tout soupçon " />
Le 28/04/2016 à 09h16
En fait, ces gens (élus), nous font la guerre.
Le 28/04/2016 à 09h23
Le 28/04/2016 à 09h27
Le 28/04/2016 à 09h37
Le 28/04/2016 à 09h57
Et si on demandais un audit des comptes des sénateurs ayant refusé ?
Le 28/04/2016 à 09h57
Le 28/04/2016 à 11h03
“les sénateurs grillent la priorité au logiciel libre”
“Coup Fourré !” (la botte secrète du Sénat)(As du volant sur accident réparation)" />
Le 28/04/2016 à 11h32
Surtout obliger à la mutualisation des moyens des administrations en matière informatique serait bien : moins cher, plus sûr et probablement plus efficace. Mais faut pas rêver.
Le 28/04/2016 à 11h39
“je me rappelle qu’en 2006 à Atos on devait envoyer aux ministères les réponses à appel d’offre en format ODF (OpenOffice).
”
Ils ne se donnent plus ce mal , au mépris du RGI :
http://www.boamp.fr/avis/detail/16-45618⁄0 :
“La prise de connaissance des documents transmis par l’administration
nécessite l’utilisation par l’opérateur économique de logiciels standards ou spécifiques capables de lire les fichiers électroniques aux
extensions suivantes : ” .doc “, ” .xls “, ” .pdf “, ” .zip “ (cette
dernière pour les fichiers compressés)”
Le 28/04/2016 à 12h18
THALES plutôt " />
Le 28/04/2016 à 14h13
“aucune administration n’a de maitrise sur la conception même du matériel – généralement asiatique – qui propulse son système d’information”Je me pose pleins de questions maintenant…Est il possible pour le fabricant de faire un bios/un controlleur réseau qui envoit une copie de toutes les données qui sont difffusées?Un bien un keylogger directement dans le bios?Un OS pourrait il s’en apercevoir? Ou alors seul l’utilisation d’un proxy pourrait prévenir de ca?Y a t’il des controles pour ca sur les fabricants?
Le 28/04/2016 à 15h22
Donc, si j’ai bien suivi, on passe de la circulaire Ayrault, plutôt précise, à un vague « les administrations veillent à préserver la maîtrise, la pérennité et l’indépendance de leurs systèmes d’information… »
Le changement, c’est maintenant, mais le progrès, c’était hier !
Le 28/04/2016 à 17h40
Le 29/04/2016 à 08h44
Le 29/04/2016 à 11h42
Le 29/04/2016 à 11h49
Le 29/04/2016 à 11h58
Le 29/04/2016 à 12h40
Le 29/04/2016 à 12h42
Le 29/04/2016 à 13h23