Linux : Manjaro 24 intègre KDE Plasma 6, mais préserve sa philosophie
AUR'n roll
En juillet 2021, dans une série d’articles consacrés à des distributions Linux moins visibles, nous abordions Manjaro. Presque trois ans plus tard, nous revenons sur le système, pour en constater l’évolution. À mi-chemin entre l’aspect rolling release d’Arch Linux – sur laquelle elle est basée – et les distributions plus classiques comme Ubuntu, Manjaro est restée fidèle à elle-même.
Le 30 mai à 13h30
8 min
Logiciel
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Arch Linux est une distribution Linux de type rolling release. Il n’y a pas vraiment de versions du système. À la place, il reçoit des mises à jour servies sur un tapis roulant : quand une nouvelle version d’un paquet est prête, elle est immédiatement servie. Les mises à jour sont donc très régulières, qu’il s’agisse de moutures mineures ou majeures, d’applications, de composants ou même du noyau.
Manjaro en est – en quelque sorte – une version simplifiée. Les grandes orientations en sont préservées, comme l’utilisation, autant que possible, de code ouvert et la rolling release. Du moins partiellement, car le train de mises à jour a beau être constant, Manjaro est aussi disponible à travers des versions majeures. Et justement, Manjaro 24, intitulée « Wynsdey », est disponible depuis la mi-mai.
L’organisation générale n’a pas changé. Tous les paquets issus d’Arch Linux sont repris et divisés en trois catégories : Unstable, Testing, Stable. Et si c’est cette méthode vous rappelle quelque chose, c’est qu’elle est inspirée directement de Debian. Les utilisateurs peuvent choisir le type de paquet qu’ils veulent recevoir, mais c’est la branche Stable qui est active par défaut sur une installation neuve de Manjaro.
L’Arch User Repository (AUR) reste bien sûr de la partie. Ce dépôt, extrêmement vaste dans le choix qu’il propose, permet d’installer à peu près tout et n’importe quoi. Manjaro est compatible avec Flatpak, Snap et Appimage, mais il y a de bonnes chances pour que vous trouviez toujours ce que vous cherchez dans AUR.
Installation, maniement général : peu de changements
Manjaro est toujours fournie via trois versions gérées par l’équipe de développement : GNOME, KDE et XFCE. Cette dernière était mise en avant dans les versions précédentes, mais c’est KDE qui se retrouve à la première place pour Manjaro 24, la première à embarquer Plasma 6. Trois autres variantes sont proposées : Cinnamon, i3 et Sway, gérées par la communauté. C’est toujours la dernière révision de l’environnement qui est proposée. Dans notre cas, il s’agissait de KDE Plasma 6 (voir notre tour des nouveautés), pour une image ISO pesant 3,51 Go.
L’installation reste confiée à l’installeur Calamares, que l’on trouve dans d’autres distributions (EndeavourOS, KaOS, Lubuntu, OpenMandriva…), sous une forme légèrement modifiée et modernisée pour Manjaro. Les étapes s’enchainent logiquement, pratiquement identiques à ce que l’on voit dans toutes les autres distributions. Rien à signaler donc.
L’installation est rapide et propose ensuite de redémarrer. Après quoi, on est accueillis par Manjaro Hello, qui se propose de renvoyer vers toutes des ressources pour bien démarrer. On y trouve notamment le lien Applications pour une liste d’applications populaires que l’on souhaiterait installer tout de suite. Simple et efficace. Dommage cependant que cette liste ne soit pas traduite en français. Un point que nous avions déjà souligné en 2021.
L’installation des paquets est à peu près la même, elle aussi. On peut passer par l’interface graphique « Ajouter/supprimer des logiciels » ou se servir de la ligne de commande. On pourra toujours se servir du Pacman d’Arch Linux, ou du Pamac de Manjaro, chacun avec sa syntaxe.
Tous les derniers composants
Distribution rolling release oblige, Manjaro est toujours livrée avec les dernières révisions disponibles des paquets. Sur le site, le téléchargement des images ISO se fait par exemple pour des versions intégrant le noyau Linux 6.9. Depuis l’annonce officielle cependant, on trouve quatre types de téléchargements : complète, minime, minime avec noyau Linux 6.6 et minime avec noyau Linux 6.1.
Ces moutures 6.1 et 6.6 sont LTS, donc fournies avec un support plus long. Elles peuvent être intéressantes pour la prise en charge de certains matériels plus anciens, dont le support aurait été supprimé dans des versions plus récentes du noyau. À noter qu’aucun des noyaux fournis n’est générique. Pour le reste, les différences entre versions complètes et minimes se situent simplement dans le nombre d’applications fournies.
Comme dans notre test de juillet 2021, la version complète est prête à l’emploi. Seule différence, le choix pendant le processus d’installation d’une suite bureautique. Toutes les applications fournies sont récentes et rangées correctement. Bien que le système prenne en charge AppImage, Flatpak et Snap, tous les paquets fournis sont des binaires classiques.
Firefox est comme (presque) toujours le navigateur par défaut, accompagné par quelques autres applications connues comme VLC. Pour le reste, on trouve surtout la suite KDE. Aucun client email n’est présent.
Principales améliorations de Manjaro 24
Sous l’impulsion de Plasma 6, le bureau de Manjaro 24 est plus clair. À dire vrai, ce n’est pas spécifique à la distribution, car le thème et les options par défaut de l’environnement de bureau ne sont retouchés qu’à la marge, pour mieux se fondre dans l’identité visuelle de Manjaro, dont la teinte verte. Le thème maison de la distribution est nommé Breath et existe en clair, sombre ou un mélange des deux.
L’usage général continue d’être le même, même s’il dépend majoritairement de l’environnement utilisé. Nous n’allons pas refaire la liste des nouveautés pour Plasma 6, GNOME 46 et Xfce 4.18. D’autant que seul Plasma 6 est réellement nouveau sur Manjaro, les autres environnements ayant reçu leurs mises à jour sur la version précédente du système, ou même la précédente pour Xfce.
Toutefois, puisque Manjaro 24 fait le point sur les derniers développements, sa plus grosse nouveauté est l’utilisation de Plasma 6 pour la version KDE. Les améliorations spécifiques à la version 24 sont peu nombreuses. On note quand même que Pamac a été porté sur libalpm 6.1. Il récupère le support des agents natifs de téléchargement. À la clé, une amélioration pour la récupération des scripts de construction depuis AUR et les dépôts binaires de Manjaro.
Impressions générales
Dans l’ensemble, si vous avez apprécié Manjaro il y a quelques années, il n’y a pas de raison que la situation ait changé. D’un autre côté, le constat est le même si vous ne l’avez pas aimée.
La distribution s’est indéniablement modernisée, mais son cœur est resté le même. Par exemple, les performances sont toujours à l’avenant. Même si nous avons l’habitude de créer des machines virtuelles avec plus ou moins de ressources et que les distributions ont presque toutes fait des efforts sur ce point, Manjaro est rapide. Installation, démarrage du système, lancement des applications : tout va vite.
Manjaro reste en partie « rugueuse » en matière d’expérience utilisateur. Elle ne s’adresse pas aux personnes découvrant Linux, qui ont souvent besoin d’être un peu plus prises par la main. Le fonctionnement en rolling release peut également amener son lot de problèmes, notamment quand une mise à jour est poussée trop rapidement.
Mais Manjaro vaut le coup d’œil dès lors que l’on souhaite un système ayant toujours les dernières révisions stables, sans pour autant attendre six mois et l’installation d’une mise à jour majeure – à la manière d’une Fedora ou d’une Ubuntu – ou se diriger vers Arch Linux, plus complexe. C’est encore plus vrai pour une personne qui viendrait du monde Windows, la version Plasma 6 étant particulièrement agréable.
C'est tout ? Oui, en partie. Mais que la distribution n'ait guère changé dans son approche est un signe de continuité. Les raisons qui ont motivé une installation y trouveront globalement la même réponse. Ce n'est pas toujours le cas, comme l'illustrent notamment les choix de Canonical sur Ubuntu (dont la poussée des snap).
Notez que si l'installation neuve depuis l'image ISO ne nous a posés aucun problème, tout le monde ne peut pas en dire autant avec les récentes mises à jour. Le passage à Plasma 6 se fait parfois dans la douleur, comme on peut le voir dans divers commentaires sur le forum officiel de Manjaro (ici et là, par exemple). La situation tend à s'améliorer, en particulier grâce aux mises à jour de Plasma. C'est l'une des conséquences du fonctionnement en rolling release.
Linux : Manjaro 24 intègre KDE Plasma 6, mais préserve sa philosophie
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Installation, maniement général : peu de changements
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Tous les derniers composants
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Principales améliorations de Manjaro 24
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Impressions générales
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 30/05/2024 à 14h24
On peut citer des glitchs graphique, ça lag beaucoup plus qu'avant, j'ai des soucis de focus d'application, le lock screen pète un câble si je me trompe dans mon mot de passe et je suis obligé de passer sur un TTY en CLI pour kill le lock screen et pouvoir retaper mon mot de passe, les sorties de veille sont buggés, j'ai des fenêtres qui deviennent des fantômes, impossible d'interagir à la souris mais ça marche au clavier etc
J'attends avec impatience les bug fix à venir 😬
Le 30/05/2024 à 15h34
Le 03/06/2024 à 08h38
Plasma 6 est sorti un peu trop vite et Wayland est encore bourré de bugs...
Le 05/06/2024 à 19h19
Mais depuis les mises à jour récentes je remarque la correction de pas mal de bugs en effet
Le 30/05/2024 à 17h39
Modifié le 30/05/2024 à 21h14
Ça m'a un peu vacciné contre les rolling releases aussi agressives. Debian et sa maturité me refont de l'œil. Mais je reste fan de AUR, c'est tout le souci. Y'a pas un truc dans le même genre sur Debian ou un dérivé ?
Le 31/05/2024 à 08h57
Le 31/05/2024 à 09h44
De mon côté sur ArchLinux KDE Wayland, aucun soucis avec Plasma 6, je n'utilise pas le lock screen ni la mise en veille.
En chipotant, j'ai bien un petit problème, en lecture vidéo Youtube, si le focus n'est pas sur Firefox, le rendu de la vidéo est saccadé.
J'arrive bientôt à 1 an d'usage quotidien de mon PC sous Arch, quelques accrochage de temps en temps, mais globalement pas de gros problème, et souvent résolus en 1 jour ou 2.
Le 31/05/2024 à 14h09
Le 01/06/2024 à 11h38
Le 03/06/2024 à 08h40
Le 30/05/2024 à 18h07
N'empêche, je suis toujours autant satisfait de cette distrib. Elle a gommé les irritants que j'ai pu construire avec Fedora au fil des années.
Le 30/05/2024 à 22h23
Le 30/05/2024 à 22h44
C'est justement l'un des points que j'aime avec la rolling release de Manjaro : pas de version majeure à installer via un cycle spécifique (même si Fedora se faisait via dnf, ça immobilisait la machine assez longtemps quand même), juste une upgrade classique.
Modifié le 05/06/2024 à 17h13
Comptez-vous faire un dossier complet du passage Windows -> GNU/linux ?
Parce qu'en lisant les commentaires sur plusieurs news, il y a de la demande.
J'ai fait cette transistion
à cause degrâce à vous il y a 4 ans et que du bonheur.