Guerre satellite espace

Œil pour œil, missile pour missile ?

Dans l’espace, la France doit « pouvoir répliquer »

Guerre satellite espace

Abonnez-vous pour tout dévorer et ne rien manquer.

Déjà abonné ? Se connecter

Abonnez-vous

Depuis maintenant bien longtemps, les forces armées ont bien compris l’intérêt de l’espace pour surveiller tout et tout le monde. Alors que les jeux d’espion sont monnaie courante dans l’espace, nous ne pouvons « pas être inactifs », affirme le chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace. Notre « capacité de défense active consiste notamment à pouvoir répliquer aux actions des uns et des autres », ajoute-t-il.

Il y a maintenant près de trois ans, nous expliquions que l’espace n’était pas une zone aussi calme que l’on pouvait le penser. « Il se passe beaucoup de choses dans l’espace », affirmait un général. Il était question de manœuvres « inamicales » et de « tentatives d’espionnage », entre autres choses. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. La surveillance y prend de l’importance et sa militarisation est une réalité.

Des opérations militaires « au vu et au su des centaines de satellites »

Cette guerre (froide) spatiale a évidemment des conséquences directes sur les opérations au sol. Les exercices des forces aériennes stratégiques (FAS) se font ainsi « au vu et au su des centaines de satellites de grandes puissances compétitrices qui survolent notre territoire ces nuits-là et des bâtiments de leur marine qui déploient leurs oreilles ». C’est ce qu’explique le général Jérôme Bellanger, commandant des forces aériennes stratégiques, lors d’une audition à l’Assemblée nationale. La France et l’Europe font bien sûr de même avec leurs partenaires et ennemis.

Le général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace, confirme les jeux d’espions dans l’espace. Il parle « de très nombreux rapprochements d’objets, sur tous types d’orbites, en géostationnaire, mais aussi à toutes les altitudes ». Face à ces menaces, la France doit « être avertie quand des objets se rapprochent » de ses satellites, mais aussi être en capacité de les défendre.

Pour se défendre, il faut pouvoir répliquer

Comme souvent dans le domaine militaire, la défense passe aussi par la (contre) attaque : « Il s’agit pour nous de ne pas être inactifs dans le domaine spatial. La capacité de défense active consiste notamment à pouvoir répliquer aux actions des uns et des autres ». Le discours est sans ambiguïté : « si nous ne sommes pas acteurs, nos mesures passives seront insuffisantes, dans la durée ».

Dans un avis de l’Assemblée nationale de fin octobre 2023, le rapporteur Frank Giletti abonde : « le renforcement de nos capacités d’actions dans l’espace constitue également une priorité pour l’avenir ». Il parle lui aussi de protéger nos satellites, mais aussi de se constituer des « capacités d’action sur l’ensemble des orbites ». C’est « un enjeu majeur pour préserver la souveraineté de notre pays ».

Attaques vs débris, un dilemme

Au début de l’année, François Piquemal soulevait une question intéressante, sur la position ambiguë de la France dans « l’attaque » spatiale. Le député citait l’adoption d’une résolution des Nations Unies – coparrainée par la France – demandant aux États de « s’engager à ne pas procéder à des tirs de missiles antisatellites destructifs à ascension directe, c’est-à-dire tirés depuis la surface ou les airs ».

Le but est de ne pas provoquer une explosion du nombre de débris, avec le risque d’enclencher une réaction en chaine (syndrome de Kessler) et ainsi rendre certaines orbites totalement inexploitables. Pour Stéphane Mille, « chacun doit donc s’efforcer d’adopter une bonne conduite, considérant que nous sommes tous bénéficiaires des apports permis par l’espace. Chacun se doit donc d’être irréprochable dans l’application des règles que nous allons essayer d’instaurer ».

« Notre logique est de refuser les tirs destructifs »

Problème pour François Piquemal, l’arsenal français est conséquent. Il était notamment question du « système Yoda (yeux en orbite pour un démonstrateur agile), un engin patrouilleur surveillant l’espace depuis l’espace et devant démontrer notre capacité à nous approcher d’un satellite ». Il était prévu pour 2023, mais n’arrivera pas avant 2024 ou 2025, avait expliqué le général Philippe Adam.

« De plus, le programme capacité de renseignement électromagnétique spatiale (Ceres [Capacité d'écoute et de renseignement électromagnétique spatiale, ndlr]), déployé depuis 2021, prévoit la présence, d’ici à 2030, de satellites patrouilleurs guetteurs, équipés de caméras et de puissants lasers, pour tenir à distance des satellites ou des engins spatiaux étrangers, en les rendant inopérants », ajoute le député.

Le général lui rétorquait alors que, « dans l’espace, notre logique est de refuser les tirs destructifs, compte tenu de leurs potentielles conséquences. Il faut absolument éviter la présence de débris dans l’espace. En effet, nous utilisons en permanence ce qui vient de l’espace dans notre vie courante et, si des débris menaçaient les satellites qui tournent autour de la planète, toute notre vie en serait bouleversée ».

Commentaires (8)


des tirs de missiles antisatellites destructifs à ascension directe, c’est-à-dire tirés depuis la surface ou les airs

Donc, si un missile est lancé depuis un autre satellite déjà en orbite, on peut? :D
Ou un laser? ^^
Détruire un satellite au laser faut y aller quand même on n'y est pas encore haha

auberjine

Détruire un satellite au laser faut y aller quand même on n'y est pas encore haha
Si : https://fr.wikipedia.org/wiki/Laser_Miracl

Jonathan Livingston

Si : https://fr.wikipedia.org/wiki/Laser_Miracl
Bah non

"Air Force Lt. Col. Robert Potter told CNN that the test was considered to be a success.

"It achieved the goal of the experiment, which was to determine the vulnerability of U.S. satellites," Potter said. As planned, "there was no permanent damage to the satellite or the (on-board) sensor," he said."

https://web.archive.org/web/20071230052044/http://www.cnn.com/US/9710/20/pentagon.laser/

auberjine

Bah non

"Air Force Lt. Col. Robert Potter told CNN that the test was considered to be a success.

"It achieved the goal of the experiment, which was to determine the vulnerability of U.S. satellites," Potter said. As planned, "there was no permanent damage to the satellite or the (on-board) sensor," he said."

https://web.archive.org/web/20071230052044/http://www.cnn.com/US/9710/20/pentagon.laser/
Oui, mais lis en entier l'article que tu cites : "An extended beam of light from the laser would be capable of burning up a target. [...] The MIRACL laser never went above 50 percent power during the course of the test [...] test result data is still being collected."
Donc, si un missile est lancé depuis un autre satellite déjà en orbite, on peut?


Pas de missile non, il y a le traité sur l'espace extra-atmosphérique qui a été signé en 1967 et qui interdit le placement d'armes de destruction en dehors de notre atmosphère
Modifié le 21/12/2023 à 14h18

dragonis41

Donc, si un missile est lancé depuis un autre satellite déjà en orbite, on peut?


Pas de missile non, il y a le traité sur l'espace extra-atmosphérique qui a été signé en 1967 et qui interdit le placement d'armes de destruction en dehors de notre atmosphère
un traité ça se quitte ou ça ne se respecte pas.. c'est comme les conventions ... Celle de Genève c'est un peut un guide d'inspiration, c'est pas vraiment une convention, alors un traité ... dont personne ne se souvient ... :phibee:
Merci pour cet article!

Pour les plus de 50 ans (je ne pense pas que les autres connaissent); dans l'espace, il y a des machines :
https://www.youtube.com/watch?v=amrDS3CvrNI

Non non, ne me remerciez pas de vous avoir rappelé que cette musique avait existé, je suis déjà loin :)
Modifié le 21/12/2023 à 10h08
Fermer