Vitis : la Caisse des dépôts finance un « nouvel opérateur » pour réseaux publics en fibre
Du « nouveau » qui date un peu
Le 10 novembre 2016 à 13h31
6 min
Internet
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La Caisse des dépôts a investi dans un fournisseur d'accès dédié aux réseaux publics en fibre, Vitis. Celui-ci s'appuie sur l'offre existante de Videofutur, qui doit apporter un niveau de service équivalent à ceux des FAI nationaux, là où ils sont aujourd'hui absents.
L'événement doit faire date, dans les plans de la Caisse des dépôts. L'organe d'investissement de l'État a annoncé hier (PDF), avec les sociétés Netgem et Océinde, le lancement d'un opérateur télécom spécialisé dans les réseaux publics en fibre, Vitis. Le but : pousser « un nouvel opérateur triple play de référence » (Internet en fibre, téléphonie et télévision) sur les réseaux d'initiative publique, montés par les collectivités dans les zones densément peuplées du territoire.
« Vitis va permettre d’accroître l’attractivité des RIP et d’accélérer le déploiement commercial du très haut débit » affirme Gabrielle Gauthey, directrice des investissements et du développement local de la Caisse des dépôts. Cet investissement de quelques millions d'euros vient donc s'ajouter à celui déjà prévu dans les réseaux publics eux-mêmes... que les collectivités peinent à commercialiser.
Un forfait fibre recyclé et un marché qui existe déjà
Valorisée à 21 millions d'euros, la nouvelle société appartient donc à 55 % au fabricant français de box et décodeurs Netgem, à 33 % à la Caisse des dépôts et à 12 % à Océinde, un opérateur connu pour son offre Zeop à la Réunion. Pourquoi une telle place pour Netgem ? En fait, l'entreprise est celle qui a créée l'offre « Fibre Videofutur », que doit commercialiser Vitis.
Lancée en grandes pompes en septembre 2015 (voir notre analyse), elle propose pour 39,90 euros par mois la fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) jusqu'à 1 Gb/s en débit descendant, la téléphonie illimitée, l'accès à la télévision et un service de vidéo à la demande. Ce dernier, Videofutur, est d'ailleurs la base autour de laquelle l'offre fibre a été construite, via les box de Netgem. Contacté, Netgem nous confirme que l'offre que propose Vitis « reste exactement la même » que celle que Videofutur commercialise sous sa bannière.
En clair, la nouvelle n'est pas l'arrivée d'un nouvel entrant sur le marché, mais de l'investissement de l'État dans un acteur existant, jugé prometteur. Videofutur serait connu d'un tiers des Français, et l'entreprise compte se développer sur l'ensemble des réseaux publics en fibre. Interrogée, elle n'a pas pu nous fournir de liste des réseaux déjà couverts, de ceux en préparation, ni de nombre d'abonnés à son offre, un an après son lancement.
Videofutur est très loin d'être le seul acteur à réserver ses offres aux réseaux publics. Citons par exemple ComCable, K-Net, Ozone, Kiwi ou encore Wibox. Autant d'entreprises connues de l'État, qui semble avoir été attiré par un double argument de Videofutur : sa volonté d'aller sur tous les réseaux publics, et son offre audiovisuelle.
La télévision, point faible des petits fournisseurs d'accès
À l'annonce de l'offre Fibre Videofutur l'an dernier, un point était clair : il faut que les fournisseurs d'accès spécialisés dans les réseaux publics fournissent une offre TV équivalente à celle des grands FAI nationaux (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR, pour les nommer).
L'un des principaux problèmes des réseaux publics, montés par les départements et régions pour amener le très haut débit là où les opérateurs refusent de le déployer à leurs frais, est que les grands fournisseurs d'accès refusent aussi d'y fournir leurs box. Or, ces offres grand public de marques connues sont jugées comme essentielles par bien des réseaux publics pour se rentabiliser.
Au-delà de la marque, c'est la partie télévision qui inquiète les habitants qui opteraient pour un petit fournisseur d'accès, dont ils ne connaissent pas les performances à ce niveau. En centrant son offre sur la télévision et la vidéo à la demande, Videofutur (et désormais Vitis) répond donc à cette inquiétude... Avec l'espoir d'attirer à lui les habitants des régions où les grands FAI ne veulent pas encore mettre les pieds avec leurs box. Dans sa communication, Vitis affirme proposer « 20 000 contenus » en vidéo à la demande.
Obtenir la construction des réseaux pour fournir sa box
Pour la Caisse des dépôts, Vitis doit donc être un remède à l'absence actuelle des fournisseurs d'accès nationaux, surtout présents sur leurs propres réseaux fibre, en zones urbaines. D'ailleurs, pourquoi ceux-ci sont-ils absents des réseaux publics ? Officiellement, il s'agit d'une question de coûts. Avec des dizaines de réseaux publics en construction dans toute la France, pour à peine quelques centaines de milliers de lignes actuellement, il ne serait simplement pas rentable de se connecter à chacun d'eux.
Cela demanderait notamment de rendre compatibles les systèmes d'information et (éventuellement) les réseaux eux-mêmes, pour un gain qui est loin d'être assuré. Il est bien plus simple et rentable de se concentrer sur les zones urbaines, où les grands opérateurs privés déploient ou cofinancent leurs propres réseaux.
Pour répondre au problème, Bercy promet depuis plus d'un an une plateforme technique nationale où réseaux publics et opérateurs pourront s'interconnecter et échanger toutes les informations nécessaires à la commercialisation des box. Un système largement réclamé, qui doit donc encore arriver, sans date précise de mise en fonction.
Mais il y a une autre raison, bien moins positive. La construction des réseaux publics est un marché à 13 milliards d'euros. Chaque projet, d'un département ou d'une région, fait l'objet d'un appel d'offres pour qu'un opérateur vienne le construire et/ou le gérer. Parmi les candidats figurent Orange et SFR, les deux poids lourds français des télécoms, qui sont régulièrement accusés d'uniquement promettre l'arrivée de leurs offres « box » s'ils ont la construction du réseau, voire de trainer à venir en tant que fournisseur d'accès s'ils n'obtiennent pas le contrat de construction.
Dans une enquête menée l'an dernier, plusieurs collectivités nous avaient rapporté ces pratiques. Pour sa part, Orange nous confirmait discuter d'éventuelles difficultés techniques à fournir ses offres « box » s'il ne construit pas lui-même ses réseaux. Une association de collectivités, l'AVICCA, nous affirmait encore avoir des difficultés avec les deux opérateurs aujourd'hui.
Vitis : la Caisse des dépôts finance un « nouvel opérateur » pour réseaux publics en fibre
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Un forfait fibre recyclé et un marché qui existe déjà
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La télévision, point faible des petits fournisseurs d'accès
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Obtenir la construction des réseaux pour fournir sa box
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 10/11/2016 à 13h46
Pour les réseaux éligibles, ce ne serait pas ici : http://lafibrevideofutur.fr/eligibilite_1.8/eligibilite-part-1.php ?
Le 10/11/2016 à 13h57
Mieux vaut tard que jamais. Semblerait que ce soit une bonne initiative.
Le 10/11/2016 à 13h58
“Videofutur serait connu d’un tiers des Français” alors changeons de nom..
“téléphonie illimité”… vers les fixes.
Le jour où l’un de ses concurrents proposera juste Molotov sur sa box on va rire
Le 10/11/2016 à 13h59
Pourquoi la CdC investirai dans une boite qui n’a pas fait ses preuves, associée avec une boite qui a fait maintes preuves de sa médiocrité (netgem), pour aller ratisser sur les marchés déjà occupés par des PME auto-financées (WiBox, K-Net…) sans aucune chance de pouvoir empiéter sur les PdM des 4 gros, qui seraient déjà sur les RIPs s’ils se sentaient menacés ?
En plus de la profonde injustice face aux autres petits, ça ne règle aucun problème et c’est encore du fric foutu en l’air.
Le 10/11/2016 à 13h59
La pub avec TPMP, ça fait envie… " />
Le 10/11/2016 à 14h12
Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond avec ce plan THD.
Quand je vois dans mon ancienne région, t’as une ville qui a utilisé les impôts locaux pour financer la fibre de toute la ville ( avec succès ), une autre fibré à 30% par Orange, une autre fibré à 10 ou 20% par sfr ( en clair ils ont juste tiré un câble le long de la plus grande avenue de la ville) .
à coté de ça SFR à racheté numéricable qui avait un marché cable avec la municipalité et qui te vends du cable en disant que c’est de la fibre. et c’est trois ville on genre 15km² d’étendu à eux trois. j’imagine le bordel si on le multiplie sur le territoire français.
Et la ou j’habite maintenant, ils n’ont toujours pas engager de chef de projet pour commencer les travaux et le fameux projet retenu c’est de tirer un câble le long de la nationale qui traverse la ville …
pour ceux qui ont connu c’est la même magouille que la rénovation des ascenseurs.
il n’y aura rien de fait ou presque et le pognon lui aura bel et bien disparu.
Le 10/11/2016 à 14h13
Les 4 gros ne veulent visiblement pas devenir FAI/diffuseurTV sur un réseau fibre qui ne leur appartient pas (trop cher, trop de contraintes paraît-il). Alors il faut bien que d’autres s’y collent pour les inciter à venir.
Le seul exemple que j’ai pu trouver est celui de Numericable qui est présent sur le réseau d’initiative publique (RIP) du département de l’Ain et sur un autre à la périphérie Dunkerque (source Ariase - 2014). C’est un bon début, mais c’est bien peu.
Le 10/11/2016 à 14h15
Ce qui me fait vomir là dedans, c’est que le point principal voulu dans ces offres est … la télé, la box. Tout tourne autour de ça, alors que ce n’est qu’un service utilisant internet comme support.
Sans télé, pas besoin d’internet haut débit … on marche sur la tête.
Pourquoi vouloir à tout prix “une box” ? Un équipement branché sur la télé, (qu’on ne va pas forcément louer comme une box d’ailleur, on peut l’acheter ) peut remplir ce besoin avec le service associé … si on a envie de cela …
J’ai un décodeur télé avec ma “box”, que je n’ai jamais branché, mais je paye quand même ce service même si je ne l’utilise pas …
Le 10/11/2016 à 14h41
Et c’est pour quand l’accès haut débit pour tous ? Je parle même pas du THD hein, juste du haut débit.
On a pas été foutus en 15 ans de mettre du haut débit partout et les problématiques auxquelles on répond c’est quoi ?
“Mme Michu est inquiète elle veut la télé dans son offre !”
Elle a la TNT pour ça Mme Michu. Voire même la TNT par satellite si en hertzien ça passe pas. Ou toute autre offre Canal, etc …
Maintenant elle aimerait peut être bien avoir tout simplement un putain d’internet pour envoyer des dromacartes à son petit fils !!
Sans compter quand on voit la daube qu’est la télé en ce moment …
Ah le triple-play ça a bien foutu la merde hein ! Entre les offres imbitables sur lesquelles il faut faire deux articles pour décoder toutes les options possibles et imaginables, et les arnaques à la TVA … Mais foutez déjà l’ADSL dans les campagnes, c’est ça qui résorbera la fracture numérique, et pas foutre de la télé/vod partout !
Le 10/11/2016 à 14h45
Le 10/11/2016 à 14h49
Le 10/11/2016 à 14h53
voui d’où mon “même si l’ensemble de la population n’a pas les mêmes attentes que le public NextInpact” " />
Le 10/11/2016 à 15h00
+1 Je n’ai que le net chez moi pas de tel ni TV.
Pour le tel, j’ai mon smartphone avec appels illimités et la TV c’est avec des décodeurs basiques, ou tu peux récupérer ce que as enregistré. Surtout vu le peu d’émissions que j’enregistre, si je ne peux pas les conserver ça sert à rien.
Le 10/11/2016 à 15h10
Revenez sur terre
Le but depuis quelques années est de fusionner l’accès TV à l’accès à internet
Et bim la redevance TV obligatoire pour tous
Le 10/11/2016 à 15h16
Videofutur, c’est le Netflix français ! " />
Le 10/11/2016 à 15h20
Le 10/11/2016 à 15h38
Bof, ce que propose Molotov (bouquet de chaines avec le replay), la box VF le fait déjà.
Le 10/11/2016 à 15h49
Coriolis Fibre propose une offre dualplay (100Mb/s+tél) à 29,99 € par mois.
Mais il me semble que c’est limité au RIP du département du Calvados et à celui de l’Essonne.
Le 10/11/2016 à 16h05
erreur de ma part : 29,90 € par mois + 3 € par mois (location box).
Le 10/11/2016 à 16h18
Le 10/11/2016 à 16h43
Le 10/11/2016 à 16h52
Le 10/11/2016 à 20h42
Le 10/11/2016 à 22h38
Le 12/11/2016 à 22h13
LOL gégé le pdg à demandé à ses copains du ministère des sousous pour sa boite que personne ne connait ….
Une vraie alternative serait l’obligation comme pour la sncf de distinguer exploitation et infrastructure …
Voire de nationaliser les infrastructures et de ne laisser que l’exploitation de privé. Et pas de donner de l’argent à de petit fournisseur mediocre.