Brevets : victoire partielle de Samsung contre Apple devant la Cour suprême américaine
Un smartphone n'est pas une assiette
Le 07 décembre 2016 à 15h45
4 min
Droit
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Après presque cinq ans de lutte, Samsung vient de remporter une victoire contre Apple devant la Cour suprême, la plus haute juridiction américaine. Le succès n’est cependant que partiel, Samsung restant coupable de violation de brevets. Un nouveau montant devra être calculé pour les dommages.
Aux sources du conflit, on trouve plusieurs brevets portant sur des dessins industriels, réunis aux États-Unis sous la simple appellation de « design ». Apple possède en effet les droits sur plusieurs d’entre eux, notamment la forme rectangulaire aux coins arrondis pour les smartphones, devenue si courante. Elle possède également le brevet décrivant l’interface principale du système d’exploitation sous forme d’une grille d’applications.
En 2012, Apple avait déposé plainte contre Samsung pour violation de ces brevets. La première décision de justice était particulièrement défavorable à Samsung, qui écopait alors de dommages considérables : un milliard de dollars. La procédure s’était poursuivie en appel et Samsung était parvenu à réduire significativement la somme, d’abord à 548 millions de dollars, puis à 399 millions.
Samsung reste coupable, mais...
L’affaire avait cependant été portée devant la Cour suprême, qui n’avait jamais eu à traiter de cas semblable. La décision rendue à l’unanimité par les huit magistrats casse le jugement rendu par la cour d’appel : Samsung n’a pas à payer pour le design général de ses smartphones. Le constructeur sud-coréen reste cependant coupable de copie, mais la définition même du mot « design » a fait l’objet d’un vif débat.
Comme le signale USA Today, la Cour suprême indique que la loi de protection sur les brevets parle de « produit manufacturé ». Les juges ont cependant considéré que la définition de l’expression était floue et ne permettait pas nécessairement de résoudre l’affaire d’un coup de cuillère à pot. Si la définition d’objet « produit par la main ou une machine » semble valable, elle ne permet pas de viser précisément le produit dans sa globalité ou en tant qu’assemblage de composants.
L’une des juges, Sonia Sotomayor, explique ainsi : « Dans le cas d’un design pour un produit constitué d’une seule pièce, comme une assiette, le produit est l’article manufacturé sur lequel le design s’applique. Dans le cas d’un design pour un produit aux composants multiples, comme un four de cuisine, identifier l’article manufacturé sur lequel a été appliqué le design est une tâche plus difficile ».
Choisir les composants qui participent au design
Plus simplement, la haute juridiction considère que si Samsung a bien enfreint les brevets, la faute ne rejaillit pas sur tous les composants dont sont constitués les brevets. Elle a donc cassé le jugement rendu par la cour d’appel, qui établissait les dommages sur l’ensemble du produit. Cour d’appel à qui le dossier est renvoyé pour un nouveau calcul du montant.
La mission s’annonce complexe, car si la Cour suprême demande un chiffre uniquement basé sur les seuls composants intervenant « réellement » dans la copie, elle ne donne aucune piste sur la manière de procéder. Et si la procédure dure déjà depuis presque cinq ans, il est probable qu’elle soit loin d’être terminée, Samsung et Apple devant se préparer pour de nouveaux rounds de calculs délicats.
Il est toutefois évident désormais que la somme risque d’être nettement moindre. Le temps où Apple s’était vu octroyer un milliard de dollars en dommage semble lointain, la Cour suprême ayant jugé les 399 millions de dollars disproportionnés.
Victoire au goût de défaite
Par ailleurs, bien que la Cour suprême ait statué en faveur de Samsung, l’entreprise reste coupable de violation de brevet. Une défaite qui semble cette fois définitive pour le clan qui s’était rangé derrière le constructeur sud-coréen, notamment Facebook, Google, HP, Dell ou encore eBay. Apple, de son côté, avait surtout reçu le soutien de designers.
La firme de Cupertino, même si le nouveau jugement risque de revoir encore une fois sérieusement à la baisse les dommages, considère qu’il s’agit toujours d’une victoire dans son ensemble. Elle espère désormais que la cour d’appel « enverra à nouveau le puissant signal que voler n’est pas bien ».
Brevets : victoire partielle de Samsung contre Apple devant la Cour suprême américaine
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Samsung reste coupable, mais...
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Choisir les composants qui participent au design
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Victoire au goût de défaite
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 07/12/2016 à 15h57
>Elle espère désormais que la cour d’appel « enverra à nouveau le puissant signal que voler n’est pas bien ».C’est une traduction littérale ? J’ai juste l’impression de lire un enfant " />
Le 07/12/2016 à 15h58
Copier n’est pas voler !
Attention maintenant, quel fabricant d’assiettes va breveter la forme ronde pour l’assiette et poursuivre les autres ? " />
Le 07/12/2016 à 15h59
Attention, il s’agit de US patent designs, et la traduction “brevets” est un peu juste.
Nos amis ricains aiment bien les “patents”, mais ça reste un “dessin et modèle” en français.
Le 07/12/2016 à 16h00
“Elle possède également le brevet décrivant l’interface principale du système d’exploitation sous forme d’une grille d’applications.”
Mon vieux Nokia N70 me présente les applications sous forme de grille de 3x3…. Mon bureau Windows aussi et depuis plus de 20 ans.
Le 07/12/2016 à 16h02
hs : Bizarre que PCI ne parle pas des nombreux plantages et bugs des nouveau macbook.
Le 07/12/2016 à 16h13
Le 07/12/2016 à 16h15
Ce qui est expliqué dans l’actu. Mais si on veut rester dans la compréhension de l’affaire, il faut utiliser les termes valables là-bas. Le système européen étant complètement différent, il n’y a pas réellement d’équivalent, et la news n’aurait eu que peu de sens.
Le 07/12/2016 à 16h21
Nouveau non,pire oui.
Le 07/12/2016 à 16h23
La forme ronde a déjà été déposée par Apple pour ces montres.
Le 07/12/2016 à 16h58
Le 07/12/2016 à 18h11
Le 07/12/2016 à 18h33
Ca fait combien de temps ce procès ? 8-9ans ?
Le 07/12/2016 à 19h12
faut lire l’article, c’est marqué dedans " />
Le 07/12/2016 à 19h42
Le 07/12/2016 à 19h51
Good artists copy, great artists steal
Le 07/12/2016 à 20h56
Le 07/12/2016 à 21h24
Je me sers que de 9 applications xD
Le 07/12/2016 à 22h31
Le 08/12/2016 à 07h09
Le 08/12/2016 à 09h15
Ils sont fous, c’est ‘Ricain " />
Le 08/12/2016 à 09h20
Je plussoie avec “linkin623”, “design patent” aux US, c’est l’équivalent de “dessins et modèles” en France, donc il ne faut pas utiliser le terme “brevet”, c’est un faux ami.
“Brevet” en France, c’est l’équivalent de “Utility patent” aux US.
A mon sens, cette erreur ne facilite pas la compréhension de l’histoire, au contraire. Et les systèmes US/FR ne sont pas si différents que ça (et de moins en moins).
https://www.uspto.gov/web/offices/ac/ido/oeip/taf/patdesc.htm
Wikipedia
Le 08/12/2016 à 11h19
Si le coût de l’amende est calculé seulement sur le bout de feraille/plastoc qui constitue le boitier rectangulaire aux coins ronds en excluant tout ce qui se trouve dedans, ça ne va plus faire très cher de l’amende. :-)
Le 08/12/2016 à 14h38