Selon une étude, près de 10 % des ingénieurs logiciels « ne font pratiquement rien »
Le 27 novembre 2024 à 15h30
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Économie
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Sur son profil LinkedIn, Yegor Denisov-Blanch explique avoir abandonné l'école à l'âge de 14 ans, avant d'apprendre, en autodidacte, à coder en PHP, ce qui lui aurait permis de gagner 500 000 dollars à l'âge de 18 ans. Il aurait ensuite dépensé 250 000 dollars pour retourner à l'université, en sautant cinq classes, avant de devenir chef de cabinet du PDG de la région EMEA et transformation numérique/stratégique de DHL en 2017 puis, depuis 2022, chercheur à Stanford, où il étudie la productivité de l'ingénierie logicielle.
Dans un thread sur X.com, il explique disposer de données sur les performances de plus de 50 000 ingénieurs dans des centaines d'entreprises ayant accepté de partager leurs dépôts Git privés avec son équipe, et avance que « ~ 9,5 % des ingénieurs logiciels ne font pratiquement rien ». Ses conclusions (qui restent à confirmer) vont certainement faire parler et soulèvent en tout cas des questions, y compris sur la méthodologie.
Quoi qu’il en soit, son équipe travaille sur un modèle qui quantifie la productivité en analysant le code source de dépôts Git, et en simulant un panel de 10 experts évaluant chaque livraison à travers de multiples dimensions. Or, ils ont constaté que 14 % des ingénieurs logiciels travaillant à distance ne font presque pas de travail (et qu'ils qualifient dès lors d' « ingénieurs fantômes »), contre 9 % dans des rôles hybrides et 6 % au bureau.
« Bien qu'il s'agisse d'une méthode imparfaite pour mesurer la productivité », précise-t-il, ils ont aussi découvert que « ~58% des personnes interrogées effectuent moins de 3 commits/mois ».
Ils ont ensuite cherché à mesurer ce que cette absence de productivité coûterait à leurs employeurs respectifs, et estimé que les 17 100 « ingénieurs fantômes » d'IBM (soit 9,5 % de ses 180 000 ingénieurs) lui coûterait 2,5 milliards de dollars (sur la base d'un coût annuel de 150 000 dollars par ingénieur), les 10 450 de Microsoft 1,5 milliard, les 9 500 d'Oracle et Google 1,4 milliard.
« En supposant de manière prudente que seulement 6,5 % des ingénieurs dans le monde sont improductifs (au lieu de 9,5 %), cela représente 90 milliards de dollars effectivement gaspillés » par 1,8 million d'ingénieurs fantômes dans le monde entier, que Yegor Denisov-Blanch voudrait voir licenciés.
Ils proposent aux entreprises et organisations employant « idéalement » plus de 50 ingénieurs de participer à leur enquête en partageant avec eux leurs dépôts Git, ce qui permettrait aux employeurs d' « obtenir une visibilité granulaire sur les résultats de vos processus d'ingénierie », et de « réduire potentiellement les coûts », en identifiant leurs propres « ingénieurs fantômes ».
En réponse à des commentaires ironisant sur les « managers fantômes », le chercheur rétorque que « Quelque chose me dit que le chiffre est peut-être supérieur à 9,5 % ! », tout en précisant qu'ils ont aussi exclu les ingénieurs, par ailleurs managers, de leur base de données, ainsi que toute persone n'écrivant pas de code.
Il précise aussi que les commits ne leur servent pas de mesure de la productivité, et renvoie à un article de recherche publié en septembre dernier détaillant leur méthodologie, en vue de « Prédire les évaluations des experts dans les revues de code logiciel ».
Le 27 novembre 2024 à 15h30
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