Google va payer certains médias pour la reprise de leurs contenus, Pierre Louette évoque une trahison
Le 26 juin 2020 à 10h28
3 min
Économie
Dans les batailles qui opposent Google et les éditeurs de presse de par le monde, la stratégie du géant américain est simple : diviser pour mieux régner, trouvant toujours quelques acteurs ici ou là pour accepter des partenariats spécifiques.
C'est le cas de Der Spiegel, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Schwartz Media (Australie) et Diários Associados (Brésil). Ils seront ainsi payés pour la reprise de leurs contenus, notamment ceux placés derrière un paywall. Le programme sera lancé d'ici quelques mois.
De quoi provoquer la colère de Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos/Le Parisien et grand défenseur du droit voisin, qui n'hésite pas à parler de trahison de la part de ses confrères, évoquant un front uni sur le sujet en France.
L'Alliance de la presse d'information générale (Apig), où il est en charge de ces questions, défend en effet l'application stricte du droit voisin telle que voté en France. Google a de son côté décidé de l'appliquer lui aussi assez strictement : les éditeurs sont référencés s'ils ne demandent pas de rétribution pour la reprise de leurs titres (mais pas des articles) tels que diffusés dans leurs flux RSS, métadonnées et autres sitemaps.
Depuis, la guerre est déclarée et les négociations ont cours en coulisse, l'Autorité de la concurrence ayant été mandatée pour faire office d'épée de Damoclès.
La crainte de l'Apig est sans doute de voir certains de ses membres aller chercher leur propre intérêt plutôt que d'attendre la conclusion d'un accord global. D'autant que les éditeurs français, s'ils sont toujours prompts à dénoncer Google, multiplient régulièrement les initiatives en partenariat avec l'entreprise américaine, qui finance déjà une partie de leurs projets à travers son fond européen DNI.
Google nous précise néanmoins que « pour la France, ces discussions se font dans le cadre de la décision de l'Autorité de la concurrence ».
Mais le secteur commence à comprendre quel sera le problème d'une presse fournissant son contenu aux éditeurs, en étant plus ou moins rémunérée. Ce qui était l'un des enjeux de fond derrière le droit voisin, qui crée un lien direct entre le financement de la presse et les plateformes plutôt que de les en détacher.
Nos confrères des Echos écrivent ainsi que « Google, en rendant sa propre offre d'informations plus attrayante, pourrait devenir un concurrent encore plus puissant pour les éditeurs et accroître leur dépendance vis-à-vis de lui…».
Le 26 juin 2020 à 10h28
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 26/06/2020 à 09h37
#1
L’Alliance de la presse d’information générale (Apig) : Apig . J’ai ris.
Le 26/06/2020 à 09h50
#2
Il y a ceux qui bougent et il y a ceux qui s’arcboutent sur leurs anciens mondes :)
Le 26/06/2020 à 09h52
#3
@le journaliste de l’article :
“Mais le secteur commence à comprendre quel sera le problème d’une presse fournissant son contenu aux éditeurs, en étant plus ou moins rémunérée. “Pouvez vous expliquer un peu plus ce point ? Merci
Le 26/06/2020 à 10h32
#4
La crainte de l’Apig est sans doute de voir certains de ses membres aller chercher leur propre intérêt plutôt que d’attendre la conclusion d’un accord global.
Parce que c’était pas le but de cette loi, défendre exclusivement les intérêts des membres de l’Apig ?
Par contre, je trouve le coup de Google assez bas, sans compter que ça va orienter les visiteurs vers tel ou tel type d’article, lui-même orienté selon l’auteur.
Donc, en gros des articles orienté pro-Intel, anti-PS, pro-nucléaire, anti-écolo en l’offrant à la masse sans permettre d’accéder à un titre équivalent pour contrebalancer.
C’était un peu l’avantage de la méthode actuelle, peu d’infos via le titre, tu lis un peu et si ça te convient pas, tu regardes ailleurs. Mais en offrant la totalité de l’article …
Le 26/06/2020 à 11h12
#5
Alors ? Qui va craquer le premier ?
Le 26/06/2020 à 11h42
#6
Techniquement c’est Presstalis qui a craqué le premier.
Les journaux cherchent à toucher des sous sur leur activité web parce que leur activité papier est…compromise.
Le 26/06/2020 à 11h55
#7
Dans les batailles qui opposent Google et les éditeurs de presse de par le monde, la stratégie du géant américain est simple : diviser pour mieux régner
Assez moyenne comme intro. Ils ne divisent pas, ils veulent pas payer pour afficher vos articles, ce que je trouve finalement normal.
Google a prouvé plus d’une fois que ce service ne rapportait rien, il n’intègre d’ailleurs pas de publicités. Et je ne parle que de cette partie de Google, le reste on s’en fout, c’est pas le sujet.
De mon point de vue, pendant des années les journées ont souhaités récupérer le trafic via Gnews, le tout tranquillement et gratuitement, sans contre-partie de leur part. Pour eux, c’est Google qui retient captif les utilisateurs… Bah non en fait, on sait tous comment venir sur vos sites, c’est même plus simple que de paramétrer un flux RSS.
Aujourd’hui, le droit voisin voulu par la presse est en place et Google ne souhaite pas payer pour vos articles, normal. Vous voulez pas aussi qu’il vous serve le thé.
J’entends que la presse va mal, que le numérique la tue à petit feu etc. Mais vous prenez pas le problème dans le bon sens. Pensez que Google vous doit quelque chose est bête, son service peut être fermé demain que ça ne changera rien pour lui, vous par contre…
Le 26/06/2020 à 12h18
#8
Le 26/06/2020 à 13h13
#9
Le 26/06/2020 à 14h10
#10
Oui en effet, j’ai repris bêtement le terme de la brève (même s’il m’a fait tiquer, mais sur le coup j’ai pas trouvé mieux). Merci " />.
Le 26/06/2020 à 15h29
#11
Effectivement, c’est une nuance qui a son importance.
Le 28/06/2020 à 18h37
#12
En l’occurence ici ce qui est important (et qui est passé très rapidement sous silence comme si ça ne l’était pas) c’est que l’accord de Google c’est de payer des journaux pour reprendre TOUS leurs articles, y compris ceux mis derrière un paywall…
En gros ça permet juste à Google de reprendre les articles en entier mais surtout les articles payants, en versant du pognon au journaux (qui eux ne verront pas l’argent du dit article qu’ils font payer directement), et que ça un coût.
Je suppose que même avec un coût à 1/10e du prix normal de l’article ils considèrent s’y retrouveront sur les volumes.
Si en France on avait pas des “Journaux” qui considèrent qu’on doit obliger une boîte à reprendre leurs copies de dépêches Afp modifiées avec des erreurs parce qu’ils ne comprennent pas le français articles, pour leur apporter de l’audience, et les obliger à payer pour ça, on aurait quelquechose de moins stupides.
Ils ont fait le choix, contre ceux qui leur disaient que c’était une connerie et les rendaient dépendants, de faire du “tout Google” qu’ils viennent pas pleurer maintenant.
Surtout quand c’est “boouuuhh les vilains ils nous volent en mettant nos articles sur Gnews, il faut les faire payer” - mais quand Google leur dit “ok on arrête de les reprendre, sachant que vous avez toujours pu l’empêcher d’un simple Robots.txt sur vos sites”, ils crient au viol et expliquent que c’est inadmissible c’est du chantage degueue et ça les condamne à mort parce qu’ils vont perdre plus de 50% de leur audience…
Donc c’est quand même des gens qui veulent qu’on oblige une entité de droit privé à leur apporter de l’audience sur un plateau ET les faire payer pour ça.
C’est risible.
Maintenant à force de jouer aux cons ils vont gagner et tout perdre, et avoir la fermeture de Gnews France comme ils l’ont fait ailleurs, ça ne les dérange pas plus que ça chez Google.
Le 29/06/2020 à 10h03
#13
Ah c’est pas de chance Louette hein ?
C’est pas comme si c’était un des gros effets pervers (tant décrié) de cette loi qui était en train de se concrétiser " />
Comment diable aurait-on pu prévoir ça… Non vraiment la trahison, je ne vois que ça ^^’
Le 29/06/2020 à 12h37
#14
On comprend mieux l’abandon par Chrome du support RSS (et RSS like) ainsi que la disparition de Google Reader… " />