Enquête en prison : terroristes, écoutes, messageries instantanées et brouillages de smartphones
Le 14 novembre 2019 à 10h24
3 min
Droit
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« Les djihadistes, peu prolixes en audition, se révèlent de vraies pipelettes en prison », écrit Matthieu Suc, de Mediapart, dans une enquête intitulée « Djihad en prison : comment des détenus communiquent avec des terroristes ».
Mehdi Nemmouche, incarcéré dans l’attente de son procès pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles, avait ainsi informé Salah Abdeslam, le kamikaze survivant du 13 novembre (placé à l’isolement), de la mort de deux des terroristes de l’aéroport Zaventem, à Bruxelles, qu'il avait identifiés grâce aux images de vidéosurveillance diffusées à la TV, avant même qu'ils le soient par les autorités.
L’étude de leur téléphonie s'avère par ailleurs fort instructive. Plusieurs d'entre eux avaient ainsi été mis au parfum qu'un attentat suicide était en préparation, par l'un des terroristes du Bataclan, qui s'était gardé de leur expliquer qu'il venait frapper la France. Fait troublant, le 12 novembre 2015, à la veille des attentats, « des détenus ont demandé à avoir la télé pour le lendemain », confient à Mediapart deux membres de la pénitentiaire, sous le sceau de l’anonymat.
Plusieurs détenus avaient ainsi reçu une photo montrant deux des trois terroristes du Bataclan, la conversation afférente allant jusqu'à mentionner le nom du 3e, envoyé par l'un d'entre eux à son frère lorsqu'il lui annonça partir « faire dogma », c'est-à-dire commettre une opération suicide, moins de trois mois avant l'attentat.
De nombreux détenus communiquent aussi entre eux, par téléphone, Skype ou WhatsApp, mais aussi avec des djihadistes en Syrie ou en Irak. De plus, « en prison, il y a des terros partout. Dès qu’il y en a un qui rentre, il donne des nouvelles », explique l'un des détenus, qui a permis à la Justice française d'apprendre la mort d'un djihadiste en Syrie.
Nicole Belloubet avait annoncé une enveloppe de 20M€ pour brouiller les portables en prison. Une mesure qui laisse dubitatif le directeur d'une maison d'arrêt : « Il faut être lucide, ça ne marche pas. Quand on installe un brouilleur, il est rapidement dépassé par les évolutions technologiques. »
La plupart des dispositifs de brouillage n’opèreraient en effet que sur les portables utilisant la 2G, alors que les détenus passent par la 3G ou la 4G. De plus, enchérit-il à Mediapart, les services collaborant à la lutte antiterroriste sont très intéressés par le fait de pouvoir écouter les conversations des détenus, sources inépuisables d’informations.
Le 14 novembre 2019 à 10h24
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 14/11/2019 à 09h58
De nombreux détenus communiquent aussi entre eux, par téléphone, Skype
ou WhatsApp, mais aussi avec des djihadistes en Syrie ou en Irak
Politique demandant l’interdiction du chiffrement/installation de backdoors dans 3… 2… 1…
Le 14/11/2019 à 10h16
… Ciotti !(? Aller, je prends le pari, j’espère qu’ils alternent un peu avec Estrosi pour pas trop se fatiguer.)
Le 14/11/2019 à 10h43
Faudrait fusionner les noms , genre : Estriotti, Ciotrossi, un truc comme ça. " />
Le 14/11/2019 à 12h55
Balkany, Bismuth, Chirac et Pasqua sont aussi sur écoute depuis leur cellule? " />
Le 14/11/2019 à 13h00
« Il faut être lucide, ça ne marche pas. Quand on
installe un brouilleur, il est rapidement dépassé par les évolutions
technologiques. »
La plupart des dispositifs de brouillage n’opèreraient en
effet que sur les portables utilisant la 2G, alors que les détenus
passent par la 3G ou la 4G.
Le problème c’est pas la technologie ! Une recherche Google et tu trouves pléthore de brouilleur qui font à la fois 4G, 3G, 2G, wifi et même GPS. Le problème c’est de déployer correctement ces brouilleurs pour une efficacité maximale sans pour autant emmerder le voisinage, limite ça je peux le comprendre.
Mais l’excuse de la techno démontre un manque de volonté flagrant.
Le 14/11/2019 à 14h06
bon sang mais c’est vrai que tu postes en étant encore en 1992, en fait. C’était pas une vanne la dernière fois " />
Le 14/11/2019 à 15h22
Le 14/11/2019 à 15h31
on est d’accord
Le 14/11/2019 à 15h55
“à la veille des attentats, « des détenus ont demandé à avoir la télé pour le lendemain », confient à Mediapart deux membres de la pénitentiaire, sous le sceau de l’anonymat.”
Vu le nombre d’infos récoltées grâce aux détenus, je m’abstiendrai de réclamer l’isolement pour ces individus si loquaces…