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En 2016, le marché des noms de domaine a continué de muter vers les nouvelles extensions

.xyz is the new .com

En 2016, le marché des noms de domaine a continué de muter vers les nouvelles extensions

Le 22 juin 2017 à 13h45

Dans une étude, l'Afnic détaille les nouveaux rapports de force entre noms de domaine et continents, à la faveur de l'arrivée de plus d'un millier d'extensions depuis 2014. Un mouvement qui accompagne un chamboulement du marché, jugé de plus en plus imprévisible.

Comment va le marché mondial des noms de domaine ? Après 18 ans d'existence, il continue sa croissance mais semble vivre sa crise d'adolescence, à force de financiarisation du secteur et de spéculation sur les « nouvelles » extensions lancées depuis 2014. C'est ce qu'on peut tirer du dernier rapport de l'Afnic, l'association en charge notamment du « .fr », pour la fin 2016.

Elle s'appuie sur des chiffres de l'ICANN, l'organisme mondial gérant les ressources du Net, et sur d'autres venus des bureaux d'enregistrement de noms de domaine (registrars). L'an dernier, le monde comptait 338 millions de noms de domaine ; une progression de 7,1 % sur l'année, moins forte que les 11,7 % de 2015.

Ce volume impressionnant cache de larges disparités, entre les domaines de premier niveau (ou extensions) historiques comme le « .com », ceux liés à des pays (ccTLD) et les « nouveaux » (nTLD). Ces derniers arrivés affichent une croissance de 7 points en volume, quand les deux autres catégories ont perdu un ou deux points.

Le « .com » domine encore le Net

 

Les extensions historiques (legacy TLD comme les appelle l'Afnic) sont au nombre de 18, les plus utilisées étant les « .biz », « .com », « .info », « .mobi », « .net » et « .org ». En fait, sur les 169 millions de noms de domaine liés, il y a le « .com » et les autres. L'extension iconique compte pour 131 millions de sites, soit 39 % du total des domaines mondiaux. Le stock a progressé de 3,7 % sur 2016, même s'il aurait commencé à baisser début 2017 suite à une vague de non-renouvellements.

Sur l'ensemble des extensions historiques, il y a encore assez de renouvellements pour compenser la baisse de créations nettes (- 7,8 %), même si les extensions « .biz », « .mobi » et « .net » sont en recul. L'Afnic constate notamment que le « .mobi » est en déclin depuis quelques années, comptant pour 674 000 sites fin 2016 (- 5 %).

Dans le même temps, on constate une grimpée fulgurante des créations de noms avec des extensions autres que les six principales (+ 28,4 % sur leur total et 176,8 % de progression face à 2015). Une statistique « dopée en 2016 par un phénomène ponctuel : la « réouverture » du .pro », dans une catégorie qui reste malgré tout foncièrement dominée par le « .com ».

Afnic noms de domaine

L'Europe peu à peu rattrapée par le reste du monde

Du côté des extensions liées à des pays (ccTLD), liées à 141 millions de noms de domaine, l'Afnic s'est intéressée à la répartition par zones géographiques. Globalement, cette catégorie est stable, à cause de la concurrence des jeunes nTLD, notamment dans le « low cost » (coucou le « .xyz », qui agaçait Verisign, maître du « .com »).

L'Europe compte encore pour 49,2 % du stock de ccTLD dans le monde, malgré une chute de 4,5 points en un an (à 69,5 millions de noms). La croissance vient d'Afrique (45 % de progression, pour 3,3 millions de noms) et d'Amérique du nord (+ 15,7 % sur 2016, pour 4,8 millions de sites), porté par la relance du « .us » selon l'association française.

Elle remarque d'ailleurs de fortes variations en région Asie-Pacifique. « C’est elle qui, aujourd’hui, détermine le plus l’évolution du marché » estime l'Afnic. Une croissance de 3,4 % du volume local, sur 55,8 millions de noms de domaine, peut effectivement chambouler les équilibres si cela venait à perdurer.

Le casse-tête des « nouvelles » extensions

Depuis 2014, le marché s'est grandement diversifié avec l'arrivée des nTLD, choisis sur 28 millions de sites (8 % du total, contre 4 % en 2015). Les neuf principales extensions (parmi plus de 1 200) ne sont pas forcément très connues dans nos contrées : derrière le « .xyz » se cachent les « .top », « .win », « .wang », « .club », « .loan », « .site », « .bid » et « .online ». Le « .xyz » domine cette catégorie, avec 6,7 millions de domaines (+ 275 % en 2016), contre 4,7 millions pour le « .top » (+ 397 %).

Ces neuf premières extensions représentent 70 % des créations mais 43 % des maintiens (renouvellements), quand d'autres plus petits reposeraient sur des bases plus stables.  « En ce début d’année 2017, la confusion qui règne autour des statuts prétendus et réels des nTLD reflète bien l’état encore très « pionnier » de ce segment de marché » affirme l'Afnic.

L'an dernier, un observateur de l'industrie nous expliquait que ce marché est porté par les « domaineurs » qui enregistrent à tours de bras les noms de domaine, sans forcément les utiliser. Une tendance résumée en « spéculation » par l'Afnic cette année. 

Les dépôts de noms de domaine en Chine ont porté la croissance fin 2015... et plombent le marché en 2016, du fait de nombreuses suppressions. « Le taux d’utilisation a globalement doublé entre la fin 2015 et le début 2016, passant de 10 % à 20 % avec des variations parfois sensibles (pic à 40 % en septembre 2016) » se rassure l'Afnic, qui cherche des signes de stabilité dans les nTLD, à partir de septembre espère-t-elle. Les renouvellements resteraient bien plus bas que sur les extensions historiques, entre 65 % et 75 % des noms enregistrés.

Afnic manne chinoise 2016
La « manne chinoise » en forme de cloche verte, avec enregistrements puis abandons rapides de domaines -Crédits : Afnic

nTLD : le jeu des quatre familles

Les nTLD, avec 1 200 extensions, comprennent une immense variété de situations. Pour y voir plus clair, l'association les classe en quatre familles arbitraires : les communautaires (réservés à une communauté), les géographiques (liés à une ville ou une région), les génériques et les « corp » (liés à des structures privées).

Ces derniers comptent pour la plupart à peine quelques centaines de noms enregistrés, quand certains génériques affichet des commandes de masse (même s'ils souffrent d'un taux de renouvellement bas). « Ainsi [va] du .XYZ qui triple son stock et ses créations, tout en ne conservant qu’un nom sur deux », par exemple.

L'Afnic peine aussi à comprendre certains phénomènes, comme celui du « .site » : « que les créations aient été multipliées par 5 en un an tient déjà du prodige, mais que le taux de maintenance se soit en même temps élevé à 96% relève du miracle »... même si elle suspecte une spéculation de quelques acteurs, derrière la plupart des enregistrements.

nTLD Afnic 2016nTLD Afnic 2016

Crédits : Afnic

La deuxième catégorie la plus utilisée est celle des extensions « géo », comme le « .bzh », qui connaît un déclin des créations en 2016, avec un renouvellement supérieur à la plupart des extensions historiques. En clair, la stabilité est rapide. Les « corp » comptent très peu de noms de domaine et de clients, sauf quand un registrar choisit d'ouvrir l'un d'entre eux, pour quelques milliers de clients concrets. Enfin, les communautaires ont passé une mauvaise année, avec un nombre de créations divisé par deux (8 000 créations au lieu de 19 000), avec un total difficile à connaître, le « .pyc » ayant annoncé 75 000 créations fantômes seon l'Afnic.

Il reste que l'essentiel des nTLD est dans la catégorie générique. « Avec 480 TLD (42 % du total) les « génériques » pèsent 96 % des noms déposés ; avec 602 TLD (52 % du total) les .CORP ne représentent que 1 % des noms déposés » explique l'association. Sur les 1 200 extensions, 76 % comptent moins de 5 000 noms de domaine enregistrés, contre 19 % utilisées sur 5 000 à 50 000 et à peine 5 % sur plus de 50 000.

Un marché en pleine mutation

Si l'étude se concentre sur les volumes de noms de domaine, elle ne pouvait pas passer à côté des mutations du marché, qu'elle décrit par d'importants mouvements chez les acteurs privés et une financiarisation du secteur... À un moment où les clients semblent avoir terminé le nettoyage dans leurs portefeuilles de domaines à extensions génériques, après l'arrivée des nTLD il y a deux ans.

Pour l'organisation française, depuis 2014, le marché est de moins en moins prédictible, avec une diversification des sources de revenus des acteurs et d'importants rachats. Selon l'ICANN elle-même, fin 2015, 21 % à peine des registrars étaient indépendants entre eux, contre 40 % un an plus tôt (voir notre analyse). Chaque groupe comptait 4,7 registrars en moyenne en son sein, contre 2,5 fin 2014. Le tout s'accompagne de la montée de financiers au capital de ces entreprises.

Ces bouleversements et la concurrence exacerbée entre groupes et nouveaux venus vont « contraindre à repenser leurs modèles et leurs positionnements plus qu’ils ne l’ont jamais fait depuis les débuts de ce marché il y a une vingtaine d’années ». « Les nouveaux venus sont plus fragiles, mais aussi plus agiles, et l’un de leurs plus grands défis est de réussir à séduire des investisseurs tout en préservant leur capacité d’innover sans viser la rentabilité immédiate » prévient l'Afnic, qui surveille de près ces mouvements.

Commentaires (26)

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abcdefghijklmnopqrstuvw.xyz n’existe pas apparemment…

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Tu vas te prendre un procès de la maison mère de Google…

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Cacao a écrit :



Partisant des domaines courts (pourquoi, je ne sais pas, probablement une maladie rare), j’aimerai bien qu’ils sortent des nTLD à une lettre mais je ne crois pas que ça existe.





Trafique ton fichier hosts


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ni bougeton.q

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Oui ou troudu.q, danston.q… On peut en faire 10 000 comme ça.



Ryo Saeba a plein de boulot avec tous ces xyz… Comprenne qui pourra :)

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Le plus gros problème actuellement dans l’enregistrement des noms de domaines que je constate, c’est celui des noms de domaines loués : en fait vous n’achetez pas un nom de domaine comme vous le supposez, mais en fait vous le louez à un propriétaire si vous ne lisez pas les “petits caractères” du contrat. Ou alors vous multipliez le prix par 100.

Tout ça parce que certains investisseurs (chinois, pour un fort %) achètent toutes les possibilités de noms (jusqu’à 5 caractères, en ce moment en .com) pour les revendre ensuite.

Un exemple ? 6lx.com Ce site est à vendre depuis 5 ans (je le voulais). Il ne représente rien, il est juste tenu tel quel depuis. Le prix demandé : 9000$ US.



Cette rétention inutile devrait être interdite.

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Sympa le .xyz à 0.99 euros, mais c’est quand même super moche…

Je préfère payer un peu plus et avoir un beau .com, .fr, .net, etc; un vrai TLD quoi, pas un truc au rabais pour jeunes qui ouvrent leur forum sur [insérer le nom de la&nbsp; pop-star du moment] <img data-src=" />

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J’imagine bien l’organisme qui contrôle les domaines en rétention, les mecs ils auraient du taf sur 20 générations <img data-src=" />

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tu as oublié d.tc :)

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Je ne sais pas si c’est toujours le cas mais le .xyz a un malus sur les envois d’emails, ce tld étant massivement utilisé pour le spam, les antispam nous déclarent coupable avant le jugement.

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Vanilys a écrit :



Ha ! nextinpact.xyz, nextinpact.org et nextinpact.info ne sont pas enregistrés, vite !!! <img data-src=" />

Et y’a aussi lastinpact.com à acheter !! <img data-src=" />



Sérieux, après l’avoir dit, je suis sûr que qqn va le faire.. ça m’étonnerait même pas <img data-src=" />





J’ai tout acheté. Merci.


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apparemment ils n’ont réservé que abc.xyz ?

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Ah !

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neointhematrix a écrit :



Ryo Saeba a plein de boulot avec tous ces xyz… Comprenne qui pourra :)







C’est LA raison qui m’a fait hésiter à en prendre un, mais finalement je préfère une extension plus classique :)


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J’avoue avoir hésité aussi mais finalement j’ai opté également pour un plus classique.

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Partisant des domaines courts (pourquoi, je ne sais pas, probablement une maladie rare), j’aimerai bien qu’ils sortent des nTLD à une lettre mais je ne crois pas que ça existe.

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Ha ! nextinpact.xyz, nextinpact.org et nextinpact.info ne sont pas enregistrés, vite !!! <img data-src=" />

Et y’a aussi lastinpact.com à acheter !! <img data-src=" />



Sérieux, après l’avoir dit, je suis sûr que qqn va le faire.. ça m’étonnerait même pas <img data-src=" />

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Cacao a écrit :



Partisant des domaines courts (pourquoi, je ne sais pas, probablement une maladie rare), j’aimerai bien qu’ils sortent des nTLD à une lettre mais je ne crois pas que ça existe.





Dans ce cas-là, faudra pas que tu rates a.a, a.b, ou a.z <img data-src=" />


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Et a.b.b.a <img data-src=" />

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ni googl.e&nbsp; :)

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0,99€ HT/an pour un .xyz je suis pas étonné du succès.

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Déjà que les noms de domaine ont perdu de leur intérêt pour les internautes (pour trouver un site, tout le monde utilise Google ou un Bookmark)… Mais alors les TLD c’est carrément anecdotique. A part pour le sites de warez qui jouent au chat et a la souris avec les autorités, bien sur. <img data-src=" />

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… derrière le « .xyz » se cachent les « .top », « .win », « .wang », « .club », « .loan », « .site », « .bid » et « .online ».



Tiens, je viens de vérifier à l’instant, le nom de domaine “zz.top” est déjà réservé <img data-src=" />

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Va vite réserver “ma-blague-a-fait-un.bid”


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127.0.0.1 a écrit :



Va vite réserver “ma-blague-a-fait-un.bid”





vraiment.raf <img data-src=" />


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Et an.efe ? <img data-src=" />

En 2016, le marché des noms de domaine a continué de muter vers les nouvelles extensions

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