Police : l’utilisation massive de la reconnaissance faciale se confirme
La police aux faces
Le 19 octobre 2020 à 12h35
4 min
Droit
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Le débat sur la reconnaissance faciale est limité par l’absence de données. Un rapport présenté aujourd’hui par le député LREM Stéphane Mazars en commission des lois donne quelques éléments. Next INpact a pu le consulter.
Dans son avis sur le budget 2021 de la mission Sécurités, le député Stéphane Mazars s’est penché sur l’usage des nouvelles technologies dans la police et la gendarmerie. Pour la reconnaissance faciale, le fichier de base est le TAJ (traitement des antécédents judiciaires) utilisé par les policiers et des gendarmes.
Dans ce fichier, les forces de l’ordre recensent toutes les procédures et chaque personne ayant été suspecte est fichée. Le TAJ contient déjà plus de 8 millions de photos.
Le rapport nous indique que la reconnaissance faciale est déjà massivement utilisée : « 375 747 demandes ont été faites par les services de police en 2019 et 207 584 jusqu’au 17 juin 2020 ». Le TAJ a deux utilités : confondre les identités multiples données par certains suspects et être un outil d’aide à l’enquête en « orientant les investigations vers une personne déjà connue de TAJ et présentant une forte ressemblance ».
Comparaison sans photo anthropométrique
Le TAJ ne permet pas de reconnaissance faciale automatique. Il faut que le policier ou le gendarme lance une recherche. Puis, une liste de « candidats » lui est alors proposée, à partir des concordances les plus vraisemblables, charge aux enquêteurs de faire des vérifications complémentaires.
La nouveauté est que, depuis fin 2019, la comparaison peut être effectuée même sans photo anthropométrique. Une simple image de vidéo-surveillance ou piochée sur Facebook peut être utilisée. La dernière version du logiciel Cognitec permet aussi une recherche plus rapide.
Les services peuvent également faire appel au traitement SIRF d’Interpol mis en service fin 2016. Cette base contient 77 567 images fournies par 160 des 194 pays membres de l’organisation. Les images sont conservées pour cinq ans et sont accessibles aux seuls experts autorisés par Interpol. Le but est « d’identifier les fugitifs, les mis en cause, les personnes disparues, les corps non identifiés ». En cas de concordance potentielle, Interpol informe le pays qui a fourni l’image et celui dont l’individu est ressortissant.
À noter, à l’avenir les drones pourraient être l’une des sources d’image. Le rapport Mazars nous indique que la gendarmerie possède déjà 300 drones et la police 262. Le budget 2021 prévoit de nouveaux achats, alors que la proposition de loi Thourot-Fauvergue, qui doit créer un cadre juridique, n’est pas encore votée.
Le déploiement des kiosques Parafe
Stéphane Mazars mentionne un second traitement basé sur la reconnaissance faciale : Parafe (passage rapide aux frontières) installé dans nos ports et aéroports. Quand un passager passe sous un kiosque Parafe, son image et ses empreintes digitales sont comparées avec celles contenues dans son passeport. Des analyses d’impact sont actuellement en cours pour le TAJ et Parafe. Elles seront remises par le ministère de l’Intérieur à la CNIL d’ici fin mai 2021.
Le ministère de l’Intérieur avait lancé cet été un marché public, financé par le fond Sécurité intérieur de l’Union européenne, pour acheter un grand nombre de kiosques biométriques. Les documents du marché public indiquent que « le déploiement de 250 kiosques sur une douzaine de sites » d’ici 2023 constituait un objectif minimal. Des kiosques qui, selon le ministère, doivent participer « à l’amélioration de l’expérience voyageur ».
Police : l’utilisation massive de la reconnaissance faciale se confirme
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Comparaison sans photo anthropométrique
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Le déploiement des kiosques Parafe
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 19/10/2020 à 12h44
C’est bien de voir qu’on est de plus en plus fliqués absolument partout, sous le couvert de “sécurité nationale” :|
Le 19/10/2020 à 13h06
À quand la puce ? Ça sera plus simple/rapide/fiable pour suivre tout ça …
Le 19/10/2020 à 15h02
Déjà pas le cas avec les smartphone.
Le 19/10/2020 à 13h29
Mais paraphe et le Taj ne sont pas connectés pour le moment non ? Il y a une étude pour les lier ?
Le 19/10/2020 à 13h30
Malheureusement, cela existe depuis longtemps et l’idée nous vient des puces éléctroniques utilisées sur les animaux, des entreprises l’ont expérimentées sur des employés (volontaires ou non) sous le couvert de faciliter leurs tâches (comme allumer l’imprimante sans appuyer sur un bouton), c’est une technologie a boycotter pour ne pas qu’elle se démocratise, pire que la reconnaissance faciale qui elle, a besoin de lois pour en restreindre l’utilisation, et que toutes tentatives pour identifier une personne spécifique autre qu’une personne soumise à une ordonnance judiciaire, soit une exception limitée.
Le 19/10/2020 à 13h51
Ca s’appelle un téléphone portable….
Le 19/10/2020 à 13h55
Et ça empêchera un taré de t’éclater la tête à coup de marteau au nom d’un homme ou d’une religion ?
Le 19/10/2020 à 14h15
Au non de rien du tout. C’était juste une cave sans projet qui tente de faire paraitre son geste pour plus qu’il n’est : le meurtre d’une personne désarmée et prise par surprise et sûrement dans le dos.
C’est vrai qu’avec les smartphones pas besoins de puce. Ceux ci renseignent de façon tellement plus précise sur nos déplacements, humeurs, affinitées, et ce, avec notre consentement. La puce serait une régression.
Le 19/10/2020 à 18h20
Effectivement. Il faudrait mettre en avant plus souvent la supercherie langagière basée sur le présupposé de ces moyens de surveillance d’une bulle magique de protection créée par l’objet même. Vidéo protection ? Vidéo surveillance. Intelligence artificielle ? Apprentissage machine. Appelons un chat un chat.
Le 19/10/2020 à 14h08
L’utilisation semble orientée vers la reconnaissance ciblée et non la surveillance automatique de masse… même s’il faut rester vigilant. Une fois que la technologie est en place, il ne reste plus qu’à faire sauter les rares et fragiles verrous politiques (dans l’indifférence générale).
Concernant Parafe, la politique d’utilisation/conservation des données par Parafe est claire. Mais celle de la solution Cognitec l’est moins.
A-t-on plus d’informations là-dessus ? Je serais curieux de savoir si ce genre de soft s’exécute sur des machines contrôlées par l’État, ou si les données sont envoyées à cette compagnie (l’un n’empêchant pas l’autre).
Le 19/10/2020 à 14h12
Je vais tenter de résumer le principe de la vidéo protection :
En théorie quand tu est surveillé en permanence tu peut te sentir limité dans tes actions. En pratique ça permet surtout de retracer l’auteur d’un crime. Du coup une personne “borderline” qui voudrais agir mais à peur de la case prison devrait rester tranquille. Ensuite c’est juste une question de couverture au niveau des caméras. Plus la couverture est grande et plus tu est censé être protégé.
En ce qui concerne l’aspect “minority report” je dirais que c’est possible mais pour ça il va falloir lâcher du lest du côté de la vie privée tout en sachant que les crime d’impulsions sont les plus dur à prévoir.
Le 19/10/2020 à 14h17
Nan parce que ça ne concerne que les citoyens français, pas les personnes titulaires uniquement d’un permis de séjour
On limitera aux mâles cis-hétéro blancs privilégiés pour ne froisser aucune communauté minoritaire souffrant de la suprémation blanche patriarcale
Le 19/10/2020 à 15h25
Juste au moment où tout le monde commence à porter un masque …
Le 19/10/2020 à 19h28
Hello !
C’est déjà porte ouverte au grand n’importe quoi, à ce rythme là, il en aura bien un qui proposera une appli de contrôle social, et pendant ce temp Kim Jong II fait son méa culpa (avec une larme !) aux siens.
En tous cas, ça fonctionne bien diviser pour mieux régner chez nous.
La supercherie langagière, c’est du François ;-p
Obscurantisme numérique, ah bon ? ;-)
Difficile le juste milieu apparemment en ce moment, si t’es pas avec, t’es contre ….
C’est pas comme si on avait pas essayés de prévenir les gens ….. et entendu trop souvent “pour ce que j’ai à cacher” & consors du même acabit ….
Sinon en principe quand on achète le matos , quand on l’a, on l’utilise non ?
Los Angeles et San Fransisco, eux, en reviennent de l’IA pour détecter les lieux “d’agissements” possibles ….
Enfin ayant observé mes recherches avec les moteurs courants (Google, DuckDuckGo,IxQuick) depuis une decade, les résultats sont de plus en plus restreints, comme le nombre de leurs alternatives, bref on a déjà trop laissé faire dans tous les domaines à mon humble avis.
Petits liens
https://www.thinkerview.com/
https://peertube.datagueule.tv/
A + les copains !
Le 20/10/2020 à 08h45
La vidéo protection c’est de la novlangue, une caméra n’a jamais rien protégé. Les études montrent que la vidéo surveillance a un impact marginale sur la délinquance, elle ne fait que déplacer le problème généralement ou alors les caméra se font rapidement détruire car elles gênent réellement.
Nice a tout filmé la préparation de l’attentat avec de multiples violations de la loi en amont, cela n’a rien empêché du tout, mais on a de jolie image de l’attentat. C’est ca la “VideoProtection”, t’es toujours mort à la fin mais en 4K.
Le 20/10/2020 à 09h41
Et bien oui : ça existe déjà. Et Facebook (mon ennemi préféré) fait déjà de la reconnaissance faciale (ça n’est pas le seul), à plus grande échelle, et sans aucun contrôle véritablement efficace. Je ne veux pas dire “carte blanche à la police”, mais tant qu’à faire, je préfère la reconnaissance faciale côté police, avec une régulation et un contrôle, plutôt que côté Facebook. Enfin, je préfèrerai aucune utilisation de masse de la reconnaissance faciale, mais je redoute qu’un retour arrière soit impossible et qu’on passe maintenant dans une course en avant…
Le 20/10/2020 à 16h36
Mais c’est pas le but !
Le but de la surveillance (quelque soit la méthode technique) c’est plutôt d’éviter & d’anticiper des actions telles que les ZAD, les gilets jaunes, …. bref, les comportements qui s’approchent de l’insurrection pour garder à tout prix “l’ordre public” (quelque soit ce qu’on recouvre derrière ce terme).
Car c’est vraiment ça qui pourrait (du moins dans l’esprit des dirigeants) mettre à mal leur mode de vie et leur suprématie.
Un décapité, un mec qui fonce dans la foule en camion, c’est bien triste mais pour un gouvernement c’est plutôt une bénédiction : Ca regroupe la population (pour un temps, jusqu’à la prochaine réforme ou à la prochaine OPA monopolistique) autour de valeurs communes, et ça permet de faire passer plein de lois de surveillance sous couvert de “sécurité” sans que ça ne hurle trop fort.
La stratégie du choc , bien connue désormais mais toujours efficace.
Le 20/10/2020 à 16h46
“77 567 images fournies par …Interpol. Le but est “d’identifier les fugitifs…”
Dont combien de photos des patrons du CAC40 (Renault…)?
Le 21/10/2020 à 17h31
Ce sont d’honnêtes gens qui ont sacrifié leur vie pour le bien commun.
Nul besoin de les surveiller !