Internet par satellite : le projet Kuiper d’Amazon prendra son envol fin 2022, à bord de RS1
3 000 satellites de plus en orbite
Le 03 novembre 2021 à 14h15
7 min
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À l’instar de Starlink et de OneWeb, Kuiper est un projet d’Amazon visant à proposer un accès « haut débit abordable aux communautés non desservies ou mal desservies à travers le monde ». La société a donné des détails sur son système et prévoit un premier lancement fin 2022, à bord d’une fusée RS1.
Amazon se prépare à passer aux choses sérieuses : « nous avons déposé une demande de licence expérimentale auprès de la Federal Communications Commission (FCC) pour lancer, déployer et exploiter deux prototypes de satellites pour le projet Kuiper » annonce-t-elle. Mais ne s’est pas foulée pour les noms : KuiperSat-1 et KuiperSat-2.
Il s’agit donc de tester les technologies qui seront utilisées par la suite sur les modèles finaux : « Nous avons inventé de nombreuses nouvelles technologies pour atteindre nos objectifs de coûts et de performances pour le projet Kuiper », affirme Rajeev Badyal, vice-président de la technologie en charge de ce projet.
Une fois les tests en laboratoire effectués, il faut passer aux conditions réelles dans l’espace.
Avec Kuiper, des antennes plus petites et abordables
KuiperSat-1 et KuiperSat-2 embarqueront « une grande partie de la technologie et des sous-systèmes qui alimenteront la version finale des satellites, c’est notamment le cas des antennes […], des systèmes d'alimentation, de propulsion et des modems ». Au sol, cette expérimentation sera l’occasion de tester le terminal de réception qui est annoncé comme « abordable »… sans que l’on sache exactement de quoi il en retourne.
En décembre 2020, Amazon affirmait avoir atteint des débits de 400 Mb/s avec un satellite géostationnaire qui se trouve à une altitude 50x plus loin que les futurs Kuiper. L’antenne de réception est en plus relativement compacte puisqu’elle ne mesure que 30 cm de diamètre grâce à une superposition des éléments utilisés pour l’envoi et la réception des données, « ce qui la rend trois fois plus petite et proportionnellement plus légère que les antennes traditionnelles ». Selon Amazon, la réduction des coûts devrait être du même ordre de grandeur.
Plus de 3 000 satellites, sur trois orbites
Le projet Kuiper – en hommage à Gerard Peter Kuiper qui a donné son nom à la ceinture qui se trouve au-delà de l’orbite de Neptune – sera donc constitué de 3 236 satellites répartis sur trois orbites :
- 784 satellites à 590 km
- 1 296 satellites à 610 km
- 1 156 autres à 630 km
Ils se placent donc juste au-dessus de ceux de Starlink qui se trouvent entre 540 et 570 km. Cela n’a pour autant quasiment aucune incidence sur la latence qui devrait être assez proche. Elle sera dans tous les cas bien plus faible qu’avec les satellites géostationnaires à 36 000 km d’altitude où le signal doit parcourir plus de 140 000 km.
Amazon veut « réduire la visibilité » des satellites depuis le sol
Le géant américain affirme avoir pris en compte la fin de vie de ses satellites dans son programme, ce qui est la moindre des choses de nos jours. Les deux prototypes seront donc désorbités et bruleront dans l’atmosphère une fois leur mission terminée. Étant donné leur faible altitude, cela ne devrait pas être compliqué.
La société ajoute avoir pris « des mesures supplémentaires pour éviter et atténuer les risques liés aux débris orbitaux », sans plus de détails. En écho aux doléances des astronomes qui regrettent que SpaceX « pollue » le ciel avec ses (bientôt) milliers de satellites, elle prend les devants : « L'équipe s'est également engagée à travailler avec des astronomes et d'autres acteurs de l'industrie pour réduire la visibilité des satellites du système Kuiper ».
Ainsi, un des prototypes de Kuiper disposera d’un « pare-soleil » qui permettra de vérifier in situ « s'il s'agit d'un moyen efficace de réduire la réflectivité et d'atténuer l’impact sur les télescopes optiques au sol ». Le second prototype servira de base de comparaison et les résultats de cette étude seront partagés avec la communauté.
Amazon est pour rappel la troisième société à vouloir lancer des milliers de satellites en orbite basse, elle soigne donc son image pour essayer de mieux faire passer la pilule auprès des astronomes.
SpaceX dispose pour rappel de près de 1 700 satellites en orbite, contre 358 pour OneWeb.
Fusée RS1 d’ABL Space Systems au rapport…
Pour la mise en orbite de ses deux prototypes, Amazon passera par un nouvel acteur : la fusée RS1 d’ABL Space Systems. Cette société a été fondée en 2017 par d’anciens employés de SpaceX et de Morgan Stanley. Elle mise sur la simplicité et la rapidité de ses opérations pour se démarquer de ses concurrents.
RS1 dispose de deux étages, chacun propulsé par des moteurs E2 : neuf sur le premier étage, un seul pour le second. La fusée peut emporter jusqu’à 1 350 kg en orbite terrestre basse (LEO), 1 000 kg pour de l’héliosynchrone (SSO), 400 kg en transfert géostationnaire (GTO), 250 kg pour une injection translunaire et 125 kg vers Mars.
Elle se destine donc principalement à de petites charges et/ou à des cubesats, un marché en pleine expansion ces derniers temps. À titre de comparaison, le lanceur léger Vega de l’ESA peut emporter jusqu’à 2,3 tonnes en orbite basse, contre plus de 21 tonnes pour Ariane 5 et Falcon 9 qui ne jouent pas du tout dans la même cour.
Pour Amazon, « RS1 offre la bonne capacité et la bonne rentabilité pour soutenir notre profil de mission ». Le coût d’un lancement est de 12 millions de dollars selon ABL Space Systems, soit environ 9 000 dollars par kg pour une orbite basse. Des travaux d’intégration entre Amazon et ABL Space Systems se déroulent déjà depuis des mois et un premier test est prévu pour le début de l’année.
… mais elle n’a pas encore fait ses preuves
Il n’en reste pas moins que la fusée RS1 n’a pas encore volée pour le moment. Le premier essai devrait se dérouler avant la fin de l’année, depuis le Pacific Spaceport Complex Alaska (PSCA), anciennement connu sous le nom de Kodiak Launch Complex (KLC). Cette base se trouve sur l'île Kodiak au sud de l'Alaska.
La société prévoit ensuite d’effectuer également des lancements depuis la base de Vandenberg en Californie. Il faudra dans tous les cas être patient : le lancement des deux prototypes KuiperSat est prévu pour le quatrième trimestre de l’année prochaine… à condition évidemment que RS1 ne rencontre pas de souci en cours de route.
Pour la version finale de ses satellites, Amazon a déjà signé un contrat avec United Launch Alliance (ULA) pour neuf lancements avec des fusées Atlas V. Le nombre de satellites par lancement n’a par contre pas été précisé.
Internet par satellite : le projet Kuiper d’Amazon prendra son envol fin 2022, à bord de RS1
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Avec Kuiper, des antennes plus petites et abordables
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Plus de 3 000 satellites, sur trois orbites
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Amazon veut « réduire la visibilité » des satellites depuis le sol
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Fusée RS1 d’ABL Space Systems au rapport…
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… mais elle n’a pas encore fait ses preuves
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 04/11/2021 à 07h44
Je reste toujours dubitatif sur le marché global de l’internet par sat. La technologie est géniale, l’offre alléchante mais à 100€ par mois (et encore c’est le tarif béta) ce n’est pas l’Afrique désertique qui est le marché visé mais plutôt le néo rural avec sa tiny house en télétravail depuis un peu partout. Les citadins habitants résidentiels des pays développés desservis à terme par la fibre ne sont clairement pas visé par ces offres et les habitants moins favorisés des pays moins développés ne sont pas non plus visés.
Le 04/11/2021 à 07h50
Je pense qu’à terme des accords seront passé pour des réductions drastique de prix pour certains pays en développement. Ce serait du soft power très efficace de la par des États-Unis. Sans oublier les possibilité de surveillance et de contrôle.
Le 04/11/2021 à 07h57
C’est surement les néoruraux dans leur tiny house qui vont payer pour les autres qui auront surement des offres plus avantageuses. Mais sur le principe, je suis d’accord avec toi, je doute que ce soit de la philanthropie…
Ce que je trouve dingue, c’est que tout le monde peu balancer des milliers de sat dans l’espace… et c’est assez marrant aussi de lire “la prise en compte de fin de vie”, les laisser se crasher dans l’atmosphère quoi…
Le 04/11/2021 à 11h17
Tu oublies les bateaux et les explorateurs :)
Le 07/11/2021 à 17h49
le marché global concerne plutôt les EU eux mêmes, ils n’ont pas la couverture fibre facile à déployer
Le 04/11/2021 à 11h26
“à une altitude 50x plus fois que les futurs Kuiper”
Honnêtement, j’ai pas compris.
Le 04/11/2021 à 12h36
L’article dit “Amazon affirmait avoir atteint des débits de 400 Mb/s avec un satellite géostationnaire qui se trouve à une altitude 50x plus fois que les futurs Kuiper”
Ce que je comprends:
Les futurs Kuiper seront à une altitude LEO d’environ 610 km.
Les tests de 400 Mb/s ont été effectuées à une altitude GEO d’environ 36000 km.
donc environ 50 fois plus
Le 04/11/2021 à 12h00
Il y a aussi toutes les îles, régions montagneuses… Rien n’interdit non plus de prendre un abonnement et de le partager entre voisins. 400mbps c’est suffisant pour 4 foyers.
Le 08/11/2021 à 09h44
Et ils ne prévoient pas, même à moyen/long terme, de déployer cette constellation avec Blue Origin ?
Le 10/11/2021 à 00h17
En quoi l’accès Internet c’est du soft power de qui que ce soit ?
Et parler de surveillance, mouais, et alors “contrôle”, alors là je ne vois pas de quoi (et comment).
Personne ne dit que c’est de la philanthropie.
L’article dit : un accès « haut débit abordable aux communautés non desservies ou mal desservies à travers le monde ».
Pas tout le monde, et il y a des autorisations à demander pour tout ce qui est telecom (comme ici), a minima.
Si tu connais une autre méthode que de faire brûler dans l’atmosphère (une méthode éprouvée), et qui soit plus simple ou abordable, n’hésite pas.
J’ai pensé à ça aussi, y compris pour des pays moins riches que l’OCDE. Et 400 Mb/s ça dépend de l’usage mais ça peut suffire aussi pour 30-40 foyers, si on vise des usages raisonnables.
Blue Origin fait soit des lanceurs lourds (New Glenn et autres), soit la fusée New Shepard qui monte à environ 100 km pour du tourisme spatial ; donc ça n’a pas l’air d’être adapté.
Le 10/11/2021 à 13h11
Forfait abordable ne veut pas dire que ce sera rentable. C’est quoi un forfait abordable dans une région du continuant africain non desservie ? Et c’est quoi le coût de construction d’un réseau satellitaires + son fonctionnement ? Sérieusement, le ROI tu as le temps de le voir venir…
Pas tout le monde ? Un peu si, du moment ou tu as le budget pour arroser.
Ca n’enlève rien au coté marrant de la chose.
Le 10/11/2021 à 13h36
Les prix ne vont pas être les mêmes pour (par ex) les USA et un pays pauvre. Effectivement, le terme “abordable” n’est pas précis puisque ça dépend de qui on parle :-) . Concernant la rentabilité de Kuiper, je ne sais pas ce qu’Amazon a prévu, et s’il y a une volonté de faire des prix bas à certains pour favoriser la connectivité dans les pays défavorisés (c’est sans doute un peu indiqué dans des publications de leur part).
Arroser ?
Rien que concernant les autorités de contrôle américaines, c’est pas des rigolos.
Je n’avais pas compris le sens de ta phrase.