Le préfet des Alpes Maritimes ne peut interdire des manifestations en raison d’un seul tweet
Le 03 février 2022 à 08h59
2 min
Droit
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Dans un arrêté du 22 mars 2019, le préfet des Alpes-Maritimes avait interdit les manifestations dans plusieurs villes les 24 et 25 mars 2019. Ces deux jours correspondaient au déplacement local des présidents de la République populaire de Chine et de la République française.
La cour administrative d’appel de Marseille vient de donner raison à un justiciable qui contestait cette restriction à la liberté de manifester.
Le préfet évoquait un risque de débordements violents liés au mouvement des « gilets jaunes », mais la juridiction lui a rappelé que les manifestations à Nice depuis novembre 2018 sont toujours restées pacifiques.
Comme seul élément produit en appel pour témoigner de la réalité de ces risques, le préfet s’est appuyé sur un tweet.
Bien trop maigre : « le visuel d’un message anonyme », sur Twitter, ne peut constituer « à lui seul suffisamment probant pour établir la réalité et l'ampleur de risques de troubles à l'ordre public que l'interdiction visait à prévenir », lui a encore opposé la cour d’appel de Marseille.
Par ailleurs, le préfet et le ministre de l’Intérieur n’ont pu démontrer aucun risque de trouble dans les autres communes « où aucune manifestation de "gilets jaunes" n'était prévue ».
Dans une décision signalée par Me Alexandre Archambault, ce 24 janvier 2022, la cour d’appel de Marseille a annulé le jugement du tribunal administratif de Nice et le fameux arrêté. Une décision intervenant donc trois ans après l’interdiction de manifester.
C’est pour faire respecter l'arrêté d'interdiction de la manifestation qu’une charge avait été décidée ce 23 mars 2019, charge durant laquelle la militante d’Attac Geneviève Legay, fut grièvement blessée.
Le 03 février 2022 à 08h59
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 03/02/2022 à 09h29
Justice super rapide !
Le 03/02/2022 à 12h02
Là, c’est la cour d’appel qui a jugé. Il y eu un premier jugement qui allait dans l’autre sens.
J’espère qu’il avait aussi lancé une procédure d’urgence, vu que l’arrêté préfectoral a été publié le 22 mars pour une application le 23 mars à 4h00.
Le 03/02/2022 à 09h40
Donc les manifestations des 24 et 25 mars 2019 pourront se tenir, bonne nouvelle
Le 03/02/2022 à 10h15
C’est surtout que le proc perds tout ce qui restait de base légale à l’intervention totalement disproportionnée des FDO qui a très mal fini… Et Macron se faire rappeler sa sortie aussi stupide que peu glorieuse, en pleine campagne?
Le 03/02/2022 à 10h20
Legay je crois bien que c’est la dame âgée qui d’après Macron n’avait rien à faire en manifestation. Il y a eu embrouille aussi dans l’enquête, c’était la femme du type qui a mis la vieille au sol…
J’avais oublié cette histoire.
En peu glorieux et mal médiatisé, il y a les enquêtes au sénat sur le rôle de McKinsey depuis quelques années.
Veran vient d’être auditionné, c’est vraiment à regarder.
Ça lui fait tout drôle de pas être devant un Pujadas ou une Salamé
Le 03/02/2022 à 23h46
Sur le fond de l’affaire, je trouve que ce genre de chose contribue à diviser les élites et leurs chiens de garde en uniforme des citoyens:
Manifestation pacifique , interdiction préemptive visant surtout à montrer une façade lisse du pays à un dictateur étranger, une vieille opposante poussée violemment à l’initiative d’un “gardien de la paix” , conflit d’intérêt évident dans l’enquête …. et au final ?
Non seulement la personne mise en cause n’en subit aucune conséquence, mais en plus elle est félicitée. Même chose pour le procureur qui a sciemment menti (lui qui est censé représenter la société, pas sa petite personne ou ses chefs), même chose pour le préfet.
Par contre, les journalistes eux se font tomber dessus, et aussi le seul policier un peu éthique dans cette affaire.
Au final, qu’est-ce que cette histoire donne à penser à un citoyen, à un policier ? Que plus tu est servile, plus tu es récompensé et que tes agressions seront pardonnées surtout si elles sont faites envers un opposant… Mais que si tu as le malheur de te dresser contre l’arbitraire tu seras suspendu et traîné devant la justice administrative après des années sans solde ni défense ?
C’est cette féodalité-là qu’on veux ?