Salma al-Shehab, une Saoudienne de 34 ans, mère de deux jeunes enfants, doctorante à l'Université de Leeds, au Royaume-Uni, vient d'être condamnée à 34 années de prison en Arabie Saoudite, raconte The Guardian, « pour avoir suivi et retweeté des dissidents et des militants » saoudiens vivant en exil qui appelaient sur Twitter à la libération des prisonniers politiques dans le royaume.
Détenue à l'isolement 285 jours durant, précise le Washington Post, elle plaida pour sa défense avoir utilisé son vrai nom, qu'elle avait peu de followers (2 000), et qu'elle ne comprenait pas, dès lors, en quoi elle pourrait poser un risque pour la sécurité.
Elle n'en avait pas moins initialement été condamnée à 3 ans de prison pour avoir « provoqué des troubles publics et déstabilisé la sécurité civile et nationale », peine passée à 34 ans de prison suivis d'une interdiction de voyager de 34 ans en appel.
Selon la Freedom Initiative, une ONG basée à Washington, il s'agirait de la plus longue peine connue pour une militante des droits des femmes en Arabie saoudite.
Elle était rentrée en Arabie saoudite en décembre 2020 pour des vacances dans sa famille, avant d'y être convoquée pour un interrogatoire et finalement arrêtée et jugée pour ses tweets.
« Twitter a refusé de commenter l'affaire et n'a pas répondu aux questions spécifiques sur l'influence – le cas échéant – de l'Arabie saoudite sur l'entreprise », précise The Guardian, soulevant la possibilité d'un conflit d'intérêt : « L'un des plus gros investisseurs de Twitter est le milliardaire saoudien Prince Alwaleed bin Talal, qui détient plus de 5 % de Twitter via sa société d'investissement, Kingdom Holdings. »
Dans un second article, The Guardian révèle que la Saoudienne aurait été dénoncée aux autorités « via une application de signalement de crimes que les utilisateurs du royaume peuvent télécharger sur les téléphones Apple et Android ».
Kollona Amn, ou We Are All Security, se présente comme « un utilitaire qui permet à tous les citoyens et résidents d'Arabie saoudite de jouer le rôle d'un policier ». Le délateur avait constitué un dossier à son sujet après l'avoir insultée pour l'avoir vu tweeter « enfin ! » en réponse à un tweet évoquant le lancement d'un nouveau réseau de bus.
Apple et Google n'ont pas répondu aux questions du Guardian sur l'opportunité d'autoriser le téléchargement de Kollona Amn à la lumière de la condamnation de Shehab.
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