À IT Partners 2019, de plus en plus de machines compactes ou portables pour professionnels
Plus qu'une tendance, un besoin
Le 14 mars 2019 à 13h00
9 min
Hardware
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Le mini PC n'est pas mort, loin de là. Mais il change de forme et de public. Si les constructeurs misent de plus en plus sur des solutions compactes, ce n'est plus tant pour les geeks en recherche de solutions multimédia, mais plutôt pour répondre aux besoins d'une clientèle professionnelle.
Cela fait bientôt 20 ans que les fabricants de PC ont compris qu'une machine n'avait pas besoin d'être imposante pour être performante, modulaire et donc attractive. Depuis les premiers XPC de Shuttle à port AGP, bien du chemin a néanmoins été parcouru.
Dans les formats tout d'abord. On est ainsi passé d'un cube encore assez imposant (300 x 200 x 185 mm) aux NUC (117 x 112 x 35 mm). On a même eu droit à des machines sous la forme de clé HDMI ou même les Compute Cards à insérer dans des appareils tiers. Ces produits ont un point commun : Intel, qui est toujours un grand promoteur de telles solutions, à l'origine de tout un écosystème.
Mais si pendant longtemps, les mini PC ont surtout intéressé ceux qui voulaient placer une petite machine dans leur salon, la donne est en train de changer. Tout d'abord parce que les TV sont de plus en plus connectées, limitant l'intérêt d'y adjoindre un PC complet. Ensuite, parce que ce sont les professionnels qui s'y intéressent désormais.
Certaines marques l'ont bien compris, adaptant leur stratégie, tant pour les machines de bureaux que celles nécessitant plus de puissance de calcul ou même un certain niveau de mobilité.
Intel : « les NUC sont le segment de PC à la plus forte croissance »
Chez Intel, la tendance est claire : « on pensait que les NUC pourraient largement intéresser le grand public, mais ce n'est pas là où l'on en vend le plus » nous glisse un connaisseur. Il serait ainsi difficile de les faire accepter dans certains canaux de distribution comme les grandes surfaces par exemple.
Il faut dire que dans la tête de beaucoup d'utilisateurs, une machine compacte est peu puissante, voire anémique. Cela n'est pourtant pas forcément le cas comme l'a parfaitement démontré Hades Canyon. Surtout, les machines au format NUC, d'Intel ou d'autres constructeurs, répondent à un usage courant : la bureautique.
Il n'y a ainsi pas forcément de sens à voir un PC au format classique en 2019, simplement pour naviguer sur internet ou regarder des vidéos. La modularité du mini PC se veut à mi-chemin entre l'ordinateur complètement configurable et le tout-en-un où l'on ne peut rien changer. Reste la question du prix.
Ces machines sont en général un peu plus chères qu'un PC classique, mais l'on trouve de premiers prix dès les 200 euros. Il y en a ensuite pour toutes les bourses et pour différents besoins, jusqu'à des solutions plus modulaires comme le format Mini STX largement utilisé par ASRock, même sur des machines pour processeur AMD.
Ce sont donc les clients les plus pragmatiques qui ont compris l'intérêt de ces machines : les entreprises. Que ce soit pour l'évolution de leur parc ou des solutions d'affichage nécessitant une certaine compacité, le mini PC se développe à grande vitesse. Le nombre limité de pièces facilite la maintenance et leur potentielle utilisation comme client léger en font des machines attractives.
Selon un responsable d'Intel avec qui nous avons pu discuter à l'occasion d'IT Partners, les NUC représentent le marché le plus en croissance dans le segment PC pour l'entreprise. Certes, il partait sans doute d'assez bas, mais c'est un signe qui ne trompe pas. La société prévoit ainsi de nombreuses évolutions dans les mois à venir et travaille d'arrache-pied sur sa R&D pour renouveler le genre, au-delà des mises à jour classique.
On a bien entendu en tête Ghost Canyon, qui doit permettre l'utilisation d'une base de NUC avec une carte graphique classique, mais aussi les Compute Modules, une évolution des actuelles Compute Cards à la connectique qui pourrait être revue. Pour le moment, l'équipe ne pouvait néanmoins pas nous en dire plus, les différents lancements ne devant pas intervenir avant la fin de l'année dans le meilleur des cas.
Des annonces de PC Pro en pagaille
Cette tendance au mini PC pour entreprises n'a pas attiré que l'attention d'Intel. Au CES de Las Vegas, on a ainsi vu Corsair décliner son One en version « Pro », visant les créateurs avec une machine haut de gamme mais tout de même assez compacte. Une tendance notamment initiée par Apple il y a quelques années avec ses Mac Pro.
Zotac a également fait ce choix, en deux temps. Tout d'abord la société a misé sur l'intégration de Quadro plutôt que des GeForce. Plus récemment, elle a décidé d'adapter ses châssis au monde de l'embarqué pour toucher un autre public et d'autres marchés, où les solutions doivent être adaptées à chaque client. En France, elle s'est associée avec Adimes, filiale de 2CRSI, pour sa distribution.
De son côté, MSI nous a confié travailler également sur un design de machine compacte pour professionnels, basé sur le Gaming Infinite S annoncé au CES de Las Vegas. Il faut dire que c'est un segment où la société cherche de plus en plus à se développer, notamment via ses ordinateurs portables.
Une partie de sa gamme Max-Q afficher ainsi une robe assez sobre, comme le GS75. Le constructeur a aussi développé sa gamme Prestige sans aucune fioriture visuelle, misant plutôt sur une finition assez qualitative. Un vrai changement de paradigme pour une société connue pour son amour des joueurs, de l'OC et des LED.
Bleu Jour multiplie les initiatives
Chez le français Bleu Jour aussi, de nombreuses nouveautés sont en préparation. Les machines exploitant des puces AMD Ryzen V1000 sont presque finalisées, après de nombreux mois de retard. Le design passif va être exploité avec des CPU Coffee Lake mobile (8ème génération), 8 Go de mémoire et 256 Go de SSD (M.2 NVMe). La mise sur le marché est prévue à un tarif débutant à 850 euros TTC.
Nous avons également pu voir le châssis, prévu au départ pour le boîtier pour GPU externe maison, utilisé pour un PC exploitant un processeur Kaby Lake-G. Ici on retrouve la carte mère Hades Canyon modifiée : elle embarque de la flash NAND directement sur le PCB, en complément des deux emplacements M.2. Ils peuvent ainsi être utilisés pour du stockage secondaire, seuls ou en RAID. Tarif de départ : 1 525 euros TTC.
Ici aussi le gros des clients est plutôt des acteurs professionnels. Bleu Jour veut d'ailleurs étendre son catalogue pour leur proposer des solutions plus complètes. Avec par exemple un petit serveur comportant des capacités de stockage, qui pourrait ainsi faire office de NAS, sur lequel la société travaille.
ASUS voit une partie de sa croissance dans les entreprises
Autant d'initiatives qui ne devraient pas effrayer outre mesure les géants du secteur, qui ont fait des entreprises leur cœur de métier depuis des années, leur proposant déjà des solutions compactes, serveurs et autres stations de travail. On pense par exemple à Dell, Fujitsu ou encore Lenovo.
Mais il y a un mouvement qu'ils devraient sans doute surveiller d'un peu plus près : celui d'ASUS. Cela fait quelques années que le taïwanais multiplie les initiatives en direction du marché professionnel, là aussi en misant partiellement sur des mini PC. On l'a encore vu récemment avec l'annonce du PB50.
Mais selon Benjamin Colin, en charge du B2B et du channel chez ASUS France, la tendance va s'accélérer. La marque dit rencontrer quelques beaux succès sur ce marché où elle compte bien gagner en importance dans les années à venir, avec la force de frappe qu'on lui connaît.
Cela se fera essentiellement sur deux marques : ProArt qui vise les créateurs, ainsi qu'ASUSPRO pour les solutions mobiles destinées aux entreprises. Dans le premier cas, on pense bien entendu au PA90 exploitant un processeur Intel et une Quadro dans un design tout en longueur, à l'image du Corsair One.
Mais il est aussi question du StudioBook S (W700G3P) un ordinateur portable de 17" assez fin (382 x 286 x 18,4 mm pour 2,39 kg), qui mise aussi sur le duo Intel/Quadro pour convaincre.
Chez ASUSPRO, on a vu l'annonce du P3 intervenir à l'occasion de l'ITPartners, un choix fort pour un constructeur étranger. Face à nos craintes concernant les configurations, le responsable français s'est montré rassurant, précisant que les déclinaisons avec écran HD ou 4 Go de mémoire ne seront pas proposées en France.
On regrette par contre que la charge Type-C soit toujours perçue comme un élément de segmentation Premium, absent de tels produits. On nous promet néanmoins que va rapidement évoluer.
Préparer l'avenir
On le comprend aisément, pour les constructeurs, l'enjeu est d'importance. Le marché grand public n'est pas forcément le plus dynamique pour le renouvellement de ses PC. Surtout avec des besoins qui évoluent peu et les smartphones qui montent en puissance comme appareil du quotidien.
Il faut donc regarder ailleurs, s'intéresser à d'autres marchés. Celui des entreprises est à la fois proche de leurs gammes actuelles, potentiellement juteux, et pour le moment limité à quelques grands acteurs. Aucune des marques rencontrées ne veut s'attaquer aux « grands comptes » pour le moment, ASUS nous ayant même confié avoir finalement retiré l'emplacement pour cartes de sécurité de ses appareils qui leur était plutôt destiné.
Mais le marché de la TPE/PME est dans toutes les têtes. Ces entreprises n'ont en général pas de grandes équipes en charge des solutions techniques, mais des besoins qui sont ceux d'une entreprise. Ils peuvent ne pas se retrouver dans des gammes grand pulic, mais ont besoin d'un conseil et de machines adaptées.
Tant les mini PC que les solutions mobiles performantes peuvent donc les intéresser. Les constructeurs doivent alors innover, marquer leur différence, puis convaincre. Dès lors, renforcer les équipes commerciales et les initiatives pour aller chercher ces clients paraît assez logique, et ce sera sans doute l'un des gros défis à venir.
Ceux l'ont déjà compris, proposant des gammes de produits et de services adaptées, seront sans doute ceux qui rencontreront un succès certain dans les prochaines années.
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Commentaires (13)
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Abonnez-vousLe 14/03/2019 à 13h17
“Celui des entreprises est à la fois proche de leurs gammes actuelles, potentiellement juteux, et pour le moment limité à quelques grands acteurs”
Venir avec des machines compactes et performantes c’est une chose, mais si les grands acteurs (HP/DELL) sont leaders c’est aussi parce que le SAV est efficace ( intervention J+1/ 24⁄24 7⁄7).
Et c’est ce qui compte le plus pour une entreprise, avoir un SAV rapide et efficace.
les marques standards, c’est : ouvrir un ticket, attendre un RMA, renvoyer le produit, attendre x jours, recevoir le produit. ce n’est pas viable pour une boite, tu peux pas priver pendant des jours un employé de son outil de travail.
Le 14/03/2019 à 13h24
C’est tout à fait vrai mais seulement pour les postes de travail attribués à une personne qui dispose d’une certaine autonomie dans sa façon de travailler et ses outils (genre compta, rh, commerciaux, etc). Le genre de besoin où migrer sur une autre machine n’est pas toujours instantané (quand il faut migrer des fichiers locaux, des boites mails, des paramètres personnalisés, etc)
Mais pour des machines “mono appli” (type caisse, industrie, etc), ce genre de bécane avec un SAV standard peut suffire lorsque la DSI dispose d’un peu de stock préformaté. Le tech fait un remplacement un pour un et c’est réglé en 10 min.
Le 14/03/2019 à 14h18
Les TPE/PME ne font pas de stock “au cas où” , trop cher
Le 14/03/2019 à 15h40
Clairement, ils ont intérêts à avoir un savoir PRO aussi. Parce que l’immobilisation d’un poste ça ne pardonne pas en entreprise et ASUS est loin mais alors très loins d’avoir un SAV irréprochable.
Le 14/03/2019 à 21h30
pfff, n’importe quoi…
C’est sur qu’un maçon va pas s’amuser à doubler son matos. Mais pour peu qu’un patron soit un minimum pas trop con, même dans une boite de 10 popoles, il peut y avoir de bonnes pratiques…
D’ailleurs, la maintenance J+1 sur site chez Dell est pas gratos non plus, hein…
Le 15/03/2019 à 08h38
Je sais pas où tu bosses, mais la majorité des boites de cette taille n’ont pas les fond pour se permettre d’avoir une machine de rab. Mon stock de rechange ce sont les anciens PC que je remets au propre.
Quand tu dois budgétiser de nouveaux serveurs et appareils réseaux, les postes clients sont pas prioritaires du tout.
Le 15/03/2019 à 09h16
Donc il y a du stock, même de vieux matos, pour remplacer le temps de changer
De toute façon avoir une machine en rab coutera déjà surement moins chers que payer la garantie remplacement J+1, et sera de toute façon plus rapide (si tu as une synchro des données automatiques sur un NAS / OneDrive / GoogleDrive), tu changes le postes, relance la synchro, fini en 10mins.
Le 15/03/2019 à 10h12
Ça c’est la version rêvée, la version réaliste c’est une demi journée de réinstallation car on pas un parc homogène donc pas de master Windows, paramétrer les logiciels demande un peu de temps et les fichiers sont sauvegardé en local sur la machine (et pourtant ça fait plus de 10 ans qu’il y a un partage réseau).
Le 15/03/2019 à 10h39
voilà
Le 15/03/2019 à 13h05
sinon le SFF chez HP existent depuis longtemps
http://www8.hp.com/fr/fr/products/desktops/product-detail.html?oid=15234602
Le 15/03/2019 à 13h34
Oui comme chez d’autres constructeurs (notamment en entreprise comme dit dans l’article), le SFF n’a rien de nouveau ;)
Le 15/03/2019 à 16h26
J’adore les machines au format “lecteur dvd 5,25” “, tous les avantages physiques du client léger sans les inconvénient logiciels ^_^ ça en vesa derrière l’écran ou vissé sous un bureau c’est parfait.
Le 16/03/2019 à 09h31
Si c’est trop cher, alors elles ne souscrivent pas non plus à du SAV j+1. On est quand même sur des tarifs sur 3 ans qui peuvent représenter entre 10% (pour une station de travail) et 25% (pour un PC bureautique) du prix d’une machine.