Le Chinois Lenovo, n°1 ou n°2 mondial du marché du PC selon les périodes, propose aussi des smartphones dans certains pays, en Chine principalement. Mais si le contructeur asiatique vise dans un premier temps les pays émergents, il compte bien s'attaquer à l'Europe de l'Ouest rapidement.

Fabriquer des TV et des PC en Chine bientôt trop coûteux ?

Interrogé par Les Échos hier, Yang Yuanqing, le patron de Lenovo a dans un premier temps abordé l'économie générale de la Chine, que ce soit l'évolution du PIB, l'urbanisation, la bulle immobilière, etc. La hausse des salaires et donc les coûts de production en Chine ont aussi été abordés, au point que d'après Lenovo, si la fabrication de smartphones et de tablettes a encore un sens en Chine, celle des produits plus volumineux tels que les PC et les télévisions est déjà remise en question. Il faut dire que des pays voisins sont plus compétitifs, les salaires ayant bien moins augmenté dans ces contrées.

Yang Yuanqing a aussi critiqué les trop faibles dépenses des entreprises chinoises en Recherche et Développement, ce qui crée inévitablement un problème d'innovation, et par conséquent de croissance. Qui plus est, le patron de Lenovo s'est plaint du manque de groupes mondialement connus en Chine. Certes, Lenovo lui-même en devient un, tout comme Haier (TV et électroménager) ou encore Huawei (smartphones et réseaux), mais ce nombre reste encore ridicule par rapport aux géants américains, européens ou même asiatiques (Japon et Corée du Sud en tête). 

Des smartphones Lenovo en France d'ici un an ou deux

Du côté du marché des téléphones, si les marques chinoises dans le monde sont principalement représentées par Huawei et ZTE, Lenovo compte bien se tailler une belle part de marché. N°2 en Chine grâce à ses appareils à bas prix et un réseau de distribution performant, Lenovo a ainsi déjà commencé à proposer ses smartphones Android en Russie, ou encore au Vietnam et en Indonésie.

« Nous devrions bientôt partir à la conquête des pays développés. D'ici un à deux ans, vous pourrez trouver des smartphones Lenovo en France ! » s'est ainsi exclamé Yuanqing. Mais pourquoi ne pas proposer immédiatement en France ses produits actuels ? « Le catalogue de produits ne peut pas être le même entre la Chine et l'Europe de l'Ouest » a tenu à expliquer le patron de Lenovo.

Racheter BlackBerry ?

Mais outre sa croissance interne, la tentation de racheter une société dans le secteur des smartphones est forte pour Lenovo. En effet, si le constructeur a atteint des sommets dans le monde des PC, c'est bien grâce à ses diverses acquisitions ces dernières années, en commençant par la branche PC d'IBM en 2005, puis Medion (Allemagne) en 2011, sans compter son alliance avec le Japonais NEC cette même année et le rachat du Brésilien CCE l'an dernier.

Parmi les grands constructeurs de téléphones en difficulté, BlackBerry (ex-RIM) est en pôle position. Aujourd'hui, la société vaut moins de 8 milliards de dollars en bourse. C'est dix fois moins qu'en 2008, alors que l'iPhone et les Androphones n'avaient pas encore les parts de marché qu'ils ont aujourd'hui.

Pour le PDG de Lenovo, « la croissance externe reste avant tout une question d'opportunités. (...) Quant à BlackBerry, le dossier pourrait éventuellement avoir du sens. Mais je dois d'abord bien analyser le marché et comprendre quel est le poids exact de cette entreprise. » Mais à lire Yuanqing, Lenovo devrait s'appuyer sur un développement interne plutôt qu'une croissance externe souvent onéreuse.