Géolocalisation : l’ASIC s’inquiète d’un projet de loi portant sur « tout objet »
Bientôt de la géolocalisation de brosses à dents connectées ?
Le 10 janvier 2014 à 09h10
6 min
Droit
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Même si son examen par les parlementaires n’a pas encore débuté, le projet de loi sur la géolocalisation inquiète déjà l’Association des services internet communautaires (ASIC). Les grands acteurs du Net considèrent en effet que la rédaction du texte est trop imprécise sur certains points, et demande aux sénateurs de rectifier le tir sans tarder. Explications.
Critiquée pour être intervenue tardivement au sujet de la loi de programmation militaire, l’ASIC, l’association des entreprises du Web 2.0 (Google, Facebook, Microsoft, Deezer,...), semble avoir retenu sa leçon. L’organisation a en effet publié hier un communiqué dans lequel elle s’inquiète de la formulation de différentes dispositions du projet de loi sur la géolocalisation, déposé en urgence par Christiane Taubira le mois dernier devant le Sénat, et qui n’a pas encore été débattu par les parlementaires.
Un projet de loi destiné à colmater la brèche ouverte par la Cour de cassation
Comme nous l’avons expliqué dans notre précédent article concernant ce texte qui sera discuté au pas de charge, la Cour de cassation a contraint le gouvernement d’intervenir en jugeant, le 22 octobre dernier, que la géolocalisation constituait « une ingérence dans la vie privée dont la gravité nécessite qu'elle soit exécutée sous le contrôle d'un juge ». Cette nouvelle jurisprudence a fait l’effet d’un coup de tonnerre, rendant de fait illicites toutes les mesures de géolocalisation en temps réel réalisées dans le cadre des enquêtes placées sous l'autorité du Parquet, quel que soit le cadre procédural.
Mais que contient le projet de loi Taubira ? Il offre surtout une base légale aux opérations de géolocalisation ordonnées par le ministère public, dès lors que celles-ci s’inscrivent dans le cadre d'une enquête ou d’une instruction « relative à un crime ou un délit puni d'une peine d'emprisonnement d'une durée égale ou supérieure à trois ans ou à des procédures prévues par les articles 74 à 74 - 2 et 80 - 4 [c’est-à-dire pour enquête en recherche des causes de la mort, de disparition ou des personnes en fuite, ndlr] ».
La géolocalisation pourra alors s’effectuer pendant une durée maximum de quinze jours. Au-delà, le Parquet sera obligé de demander au juge des libertés et de la détention d’autoriser la poursuite des opérations - pour une durée d’un mois renouvelable cette fois.
L’ASIC estime que certaines dispositions sont trop vagues
Si l’ASIC dit reconnaître « le légitime besoin de sécuriser le cadre applicable à la lutte contre la criminalité », l’organisation considère dans le même temps que « le texte actuel dépasse fortement le périmètre décrit dans l’exposé des motifs ». Elle ajoute qu'il soulève « de nombreuses questions », notamment en raison de ses imprécisions.
Tout d’abord, les acteurs du Web 2.0 regrettent que le recours au juge ne soit pas systématique dans le cadre des enquêtes préliminaires. « Alors que la Cour de cassation exigeait ce contrôle [du juge] dès le début, la loi semble prévoir un régime moins protecteur et ceci pour l’ensemble des opérations » observe ainsi l’association. A ses yeux, « si des mécanismes spécifiques peuvent être prévus en matière de flagrance ou d’urgence, une absence de contrôle préalable par un juge ne se justifie pas en cas d’ouverture d’une enquête ordinaire ».
Un texte qui pourrait s'appliquer à tous les objets, même connectés
Surtout, l’ASIC s’inquiète du fait que la géolocalisation puisse être ainsi permise pour tout « objet », et non pas uniquement d'un véhicule (via une balise) ou d’un numéro de téléphone portable, voire d’un container en ce qui concerne les transports de marchandises. Si l’on retourne mettre son nez dans le projet de loi, il est en effet prévu que les nouvelles dispositions du Code pénal permettent la géolocalisation « d'un véhicule ou de tout autre objet sans le consentement de son propriétaire ou de son possesseur ».
Problème : une telle notion s’avère non seulement très vaste, mais tend en outre à s’appliquer à de plus en plus de biens. « Grâce à la technologie IPv6, l’ensemble des objets sont en voie de devenir des objets connectés, explique l’ASIC. Au travers d’une connexion Wi-Fi ou de données GPS, ces objets peuvent interagir avec un réseau de communication permettant ainsi leur localisation ». L’association estime ainsi que si ce texte était voté en l’état, les autorités pourraient envisager de procéder à la géolocalisation d’une montre connectée ou même d'une brosse à dents connectée.
« Alors que l’année 2014 s’annonce comme celle des objets connectés, que la France a décidé de faire du secteur des objets connectés une des priorités de son redressement productif, la création d’un mécanisme de géolocalisation de tous ces objets est sans doute prématuré » conclut l’ASIC.
Des craintes d'intrusion de logiciels espions
D’autre part, l’organisation des sociétés du Web 2.0 considère que la rédaction du texte est également trop vague lorsqu’il est question des moyens que peuvent utiliser les forces de l’ordre pour procéder à des opérations de géolocalisation. À nouveau, revenons-en au projet de loi. Ce dernier fait expressément référence à « tout moyen technique destiné à la localisation en temps réel, sur l'ensemble du territoire national, d'une personne à l'insu de celle-ci ». Au travers de cette rédaction qu’elle juge « imprécise », l’ASIC craint que l’on permette ainsi aux autorités d’« imposer la création d’une “back door” ou l’intrusion d’un logiciel espion dans tout objet connecté avec pour finalité de procéder à son traçage à distance ».
Alors que le projet de loi de Christiane Taubira doit être examiné par les sénateurs à partir du 20 janvier selon l’ASIC, l’association demande aux élus du Palais du Luxembourg de rectifier le tir en clarifiant les choses. Il faudra cependant que les parlementaires soient particulièrement réactifs, puisque le texte sera débattu en procédure accélérée - c’est-à-dire avec une seule lecture pour chaque assemblée. Le gouvernement a d’ailleurs clairement indiqué qu’il espérait que le projet de loi soit adopté avant la pause parlementaire liée aux élections municipales, soit d'ici au 28 février. Parfaitement consciente que l’épisode de la « LPM » a laissé des traces, l’organisation n’a pas manqué de faire valoir qu’au regard « des inquiétudes soulevées par la société civile et les acteurs économiques lors de la loi de programmation militaire, il est important d’élaborer un texte suffisamment précis et garant des libertés ».
Géolocalisation : l’ASIC s’inquiète d’un projet de loi portant sur « tout objet »
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Un projet de loi destiné à colmater la brèche ouverte par la Cour de cassation
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L’ASIC estime que certaines dispositions sont trop vagues
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Un texte qui pourrait s'appliquer à tous les objets, même connectés
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Des craintes d'intrusion de logiciels espions
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 10/01/2014 à 10h26
Le 10/01/2014 à 10h37
Le 10/01/2014 à 10h39
Le 10/01/2014 à 10h44
Le 10/01/2014 à 10h45
Le 10/01/2014 à 11h01
L’ASIC se fout quand même grave la gueule du monde sur ce coup-là. Elle refuse à l’état ce qu’elle se permet sans la moindre autorisation. Parce que la géolocailsation des objets connectés, ce sont les premiers à la pratiquer, hein, et pas pour des affaires criminelles, non, pour de la pub ciblée…
Le 10/01/2014 à 11h06
Le 10/01/2014 à 11h23
Le 10/01/2014 à 11h30
Le 10/01/2014 à 11h37
Le 10/01/2014 à 11h40
Le 10/01/2014 à 12h12
Le 10/01/2014 à 12h13
Le 10/01/2014 à 12h43
Le 10/01/2014 à 12h52
Le 10/01/2014 à 12h59
Le 10/01/2014 à 09h11
En conclusion ? ne pas trop avoir ces objets là … vu les temps actuels, ca va se retourner contre nous un jour ….
Ma kinect est débranchée, et branchée uniquement quand je m’en sers ( xbox hein, pas la … de one )
Webcams débranchées et branchées uniquement quand besoin
téléphones, tablettes, … rangées dans un tirroir et éteints la nuit
Et la domotique et les objets connectés pour moi ca sera oui, mais uniquement en réseau local … tout ce qui sera relié au net sera banni
Non à la dictature connectée !
Le 10/01/2014 à 09h14
et allez c’est parti…." />
Le 10/01/2014 à 09h31
“vous n’avez pas à vous inquiéter si vous n’avez rien à cacher”, etc. " />
Le 10/01/2014 à 09h47
En même temps, quel intérêt de connecter tous les objets?
Le 10/01/2014 à 09h54
A la fois quand on voit les autorisations que demande certaines applis sur smartphone … exemple android
recherche lampe torche 3eme résultat “brillante des lampes torche” :
connaitre état et id du tel , acces internet , position …
et ce n’est qu’un exemple
ça va être “cool” les premiers procès qui utiliserons comme pièce à conviction bracelet jawbone (ou autre) vous l’avez tué a tel heure cf votre rythme cardiaque de la victime et vous l’avez assassiné froidement cf votre rythme cardiaque
Le 10/01/2014 à 09h56
Un texte qui pourrait s’appliquer à tous les objets, même connectés
Et oui. Difficile de géolocaliser un objet non-connecté, hein." />
Le 10/01/2014 à 09h58
Le 10/01/2014 à 10h00
Le 10/01/2014 à 10h05
Le 10/01/2014 à 10h09
Shodan a encore quelques années devant lui " />
Le 10/01/2014 à 10h10
Le 10/01/2014 à 15h36
Titres de 2025 :
“ il a tué sa femme d’un coup de couteau de cuisine : et c’est le couteau qui l’a dénoncé” Y a du champ pour des scénarii hollywoodien.
“bête accident : son noeud de cravate non connecté n’a pas permis de lui sauver la vie quand la cravate s’est prise dans le mixeur”
“ renvoyé parce que son stylo connecté, à transmis le dessin à caractère séditieux qu’il griffouillait sur une serviette en papier dans son restaurant préféré.”
Bon ben, plus ça va , plus je sens que je vais devenir décroissant…." />
Le 10/01/2014 à 16h04
“L’ASIC estime que certaines dispositions sont trop vagues”
N’est-ce pas là le but ? Créer des lois vagues, que l’on peut modifier tout azimut à bon escient ? Brouiller les pistes et embrouiller tout le monde ?
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Le 10/01/2014 à 16h14
Le problème viendra de la géolocalisation de “Sextoys” connectés… Seront-ils assez puissant pour être détectes à l’intérieur de cavités profondes ?
Je pense que cela mérite une consultation à l’Assemblée Nationale.
" />
Le 10/01/2014 à 16h15
chouette ils pourront géolocaliser les ampoules wifi alors !! " />
Le 11/01/2014 à 06h40
Le 11/01/2014 à 09h35
Le 11/01/2014 à 10h34
Soyons clairs! On peut être un robot décérébré totalement connecté en permanence, et prêt à “consommer” tout ce que le net va lui ingurgiter, ou un individu responsable, qui “gère”… Il existe une troisième catégorie: Les criminels de profession, et là, l’adaptation de cette catégorie aux nouvelles lois étant nettement plus rapide que celles-ci sont votées, ils n’ont guère de soucis à se faire!
Le 11/01/2014 à 22h29
Et la seconde poule au Président-poils-aux-dents ? On pourra lui localiser sa petite culotte connectée à la zigounette de Pénis Normal 1er ?
BANDE DE SALES CONS DE POLITICIENS CORROMPUS.
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Le 12/01/2014 à 12h00
Je retapicule:
Google et Facebook font du lobbying pour que la police française ne puisse pas faire de la géoloc en temps réel ?
Le traitement de cette info et la façon dont c’est fait par PC inpact me donne la gerbe et me remplit de pitié. Faudra y repenser au moment de renouveler l’abonnement.
Le 12/01/2014 à 18h28