SFR : le président de l'AMF regrette le manque de détails des offres d'Altice

SFR : le président de l’AMF regrette le manque de détails des offres d’Altice

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Nil Sanyas

Publié dans

Économie

31/03/2014 5 minutes
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SFR : le président de l'AMF regrette le manque de détails des offres d'Altice

Alors que le feuilleton Vivendi-SFR-Altice-Numericable-Bouygues dure désormais depuis près d'un mois, Gérard Rameix, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) a pour la première fois abordé publiquement le sujet. Il a notamment regretté le manque de transparence de la part de Vivendi et d'Altice.

Bouygues SFR Vivendi fusion

La toute première offre de Bouygues pour racheter SFR. Elle a depuis fortement évolué.

« La prise de parole du régulateur est en soi une anomalie, le signe d’un malaise »

L'Autorité des marchés financiers, à l'instar de l'Autorité de la concurrence et de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), regarde de près tout ce qui touche la future acquisition de SFR. Un droit de réserve est toutefois de mise pour toutes ces autorités tant que le choix de Vivendi n'est pas à 100 % tranché, ce qui ne devrait pas être le cas avant le 4 avril au plus tôt. « Je comprends que pour les acteurs, l’information ou l’absence d’information est un élément de stratégie » a ainsi indiqué Gérard Rameix lors d'une entrevue accordée au Figaro.

 

Mais le président de l'AMF n'a pas caché qu'il y avait un réel problème vis-à-vis de cette acquisition. « La prise de parole du régulateur est en soi une anomalie, le signe d’un malaise » a-t-il ainsi confié à nos confrères. Un malaise ? Si le patron de l'autorité comprend très bien que tous les détails ne soient pas dévoilés publiquement, ceci dès lors que SFR n'est pas cotée en bourse et donc que rien n'oblige Vivendi à être totalement transparent, il note toutefois que des efforts importants pourraient être réalisés, notamment du côté d'Altice, l'actionnaire principal de Numericable, et de Vivendi, la maison-mère de SFR.

 

« Ici, nous évoluons dans le cadre général du droit boursier, celui de l’information permanente qui impose une information précise, exacte et sincère, notamment au sujet des opérations financières en préparation. Ce sont des règles exigeantes dans leur principe, mais générales dans leur expression » remarque Gérard Rameix. Concrètement, alors que Bouygues a dévoilé de très nombreux détails de son offre initiale (notre article), Altice et Vivendi, eux, se sont contentés de simples phrases lapidaires via communiqué.

« Nous voulons que le marché ait une information complète et précise »

Pour le président de l'AMF, ces deux sociétés devraient aller bien plus loin. « Nous voulons que le marché ait une information complète et précise. » L'Autorité aimerait notamment en savoir plus sur les possibles indemnités prévues en cas d’échec de l’opération, sachant que des rumeurs avancent la somme de 500 millions à 1 milliard d'euros proposée par Bouygues si son offre était rejetée par l'Autorité de la concurrence. L'AMF souhaiterait aussi avoir de plus amples détails sur les conditions de sortie de Vivendi du capital du nouvel ensemble. En effet, aux dernières nouvelles, Altice laissera 32 % des actions de sa fusion avec SFR à Vivendi, tandis que Bouygues ne cèdera que 21,5 % du nouvel ensemble. Or le but de Vivendi est bien de se débarrasser le plus rapidement possible de ces parts afin de faire entrer du cash, ce qui devrait être possible dès lors que le fruit de la fusion sera entré en bourse.

 

Certes, rien n'obligeait Bouygues à détailler ses offres tout comme rien ne pousse Altice et Vivendi à sortir du mystère. Néanmoins, Gérard Rameix fait remarquer que les offres proposées sont particulièrement sensibles et ont des conséquences en bourse importantes même sur la concurrence (Orange et Iliad en savent quelque chose). Les rendre publiques est donc plutôt souhaité, notamment lorsque l'opérateur « n’est pas en mesure d’en préserver le secret ». Une façon d'indiquer que les rumeurs publiées ces derniers jours sur Bouygues et Altice ne sont pas constructives et ont tout intérêt à être balayées par la publication d'informations officielles.

Une communication « qui nous a (...) paru insuffisante lors du choix d’Altice »

Mais si Bouygues pourrait faire encore quelques efforts supplémentaires en matière de transparence, le président de l'AMF vise tout de même bien plus Altice et son accord exclusif. Il demande ainsi à Vivendi de dévoiler quelques détails majeurs sur son accord de négociations exclusives. « Le vendeur a lui aussi le devoir d’être rigoureux dans sa communication, qui nous a notamment paru insuffisante lors du choix d’Altice-Numericable, en particulier sur les conditions de liquidité future de sa participation. »

 

Rappelons que depuis l'annonce officielle de Bouygues d'augmenter pour une deuxième fois son offre, aucune nouvelle officielle n'a été publiée. Ces derniers jours, les rumeurs se sont donc accumulées. Outre les 500 millions-1 milliard d'euros proposés par Bouygues en cas d'échec de son offre, nous avons aussi appris que l'opérateur cherchait à trouver de nouveaux alliés afin d'acheter l'intégralité de SFR, ce qui résoudrait la problématique de la vente des parts de Vivendi du nouvel ensemble. Outre divers fonds d'investissement, le Qatar et le groupe Dassault auraient été approchés d'après le Journal du Dimanche, ceci dans le but de croquer près de 20 % de la future fusion.

 

Quant à Altice, les rumeurs sont bien moins importantes. Outre la question d'une nouvelle augmentation de son offre, certains imaginent que la société fera tout pour sceller un accord définitif avec Vivendi afin de calmer les ardeurs de Bouygues. Mais l'offre relevée de ce dernier ne devrait pas laisser indifférent la maison-mère de Canal+ et d'Universal Music.

Écrit par Nil Sanyas

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Sommaire de l'article

Introduction

« La prise de parole du régulateur est en soi une anomalie, le signe d’un malaise »

« Nous voulons que le marché ait une information complète et précise »

Une communication « qui nous a (...) paru insuffisante lors du choix d’Altice »

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Commentaires (12)


C’est tout à fait logique; l’actionnaire doit être informé, minoritaire ou non.



Ceci dit, et par rapport à l’article, L’AMF a des pouvoirs bien plus étendus que les autorités consultatives.


Ce n’etait pas sur PCINpact qu’etait expliqué que l’acquisition de SFR par Altice n’etait au final qu’un arrangement entre amis du conseils d’administration ?



Un échange de bons procédés…. Et de quelques sommes rondelettes pour les membres ………








Alain EtCo a écrit :



Et de quelques sommes rondelettes pour les membres ………





Si c’est couché sur papier et déclarer sa reste dans le légale.









amikuns a écrit :



Si c’est couché sur papier et déclarer sa reste dans le légale.





hey mes yeux t’ont rien demandé!! <img data-src=" /><img data-src=" />



en tout cas la situation est un beau bordel…



Entre BT qui surenchéri tous les 4 matins, un sinistre du redressement improductif déclarant que les opérateurs peuvent renvoyer l’action en justice et l’autorité des marchés financier d’y mettre son grain de sel….



c’est l’histoire de la montage qui va accoucher d’une souris…. <img data-src=" />


Altice, Numericable, Bouygues, et Vivendi, en tant que sociétés cotées, ont l?obligation de fournir au marché une information exacte, précise et “sincère » ..



salut




  • l’AMF a-t-elle un pouvoir de sanction ?



    SINON, c’est pas la peine –&gt; “ce brassage d’air” !

    la SEULE chose efficace : c’est QUAND on tape au portefeuille

    le reste ils s’en foutent..on le voit..l’AMF est OBLIGÉE de faire un

    rappel à l’ordre !!! <img data-src=" /><img data-src=" />


salut

il est prêt à aller TRES loin…s’il le faut : “le Martin” !

http://past.is/iEO4


« Le vendeur a lui aussi le devoir d’être rigoureux dans sa communication, qui nous a notamment paru insuffisante lors du choix d’Altice-Numericable, en particulier sur les conditions de liquidité future de sa participation. »



Oui, j’ai trouvé que c’était aller bien vite en besogne quand j’ai appris le choix de négociations exclusives avec Altice ! Qu’il y aurait eu copinage or something n’etonnerait guère… <img data-src=" />








tomcat a écrit :



« Le vendeur a lui aussi le devoir d’être rigoureux dans sa communication, qui nous a notamment paru insuffisante lors du choix d’Altice-Numericable, en particulier sur les conditions de liquidité future de sa participation. »



Oui, j’ai trouvé que c’était aller bien vite en besogne quand j’ai appris le choix de négociations exclusives avec Altice ! Qu’il y aurait eu copinage or something n’etonnerait guère… <img data-src=" />







Comme il y en a avec Bouygues. S’pareil.



Sinon je suis étonné que l’AMF ne prenne la parole que maintenant.

Ça date pas d’aujourd’hui que les négociations sont exclusives et le verdict le 4 au plus tard.

S’ils voulaient de la transparence, il auraient agis plus tôt.

Ça sent l’intervention de Montebourg et co.










A-snowboard a écrit :



Comme il y en a avec Bouygues. S’pareil.



Sinon je suis étonné que l’AMF ne prenne la parole que maintenant.

Ça date pas d’aujourd’hui que les négociations sont exclusives et le verdict le 4 au plus tard.

S’ils voulaient de la transparence, il auraient agis plus tôt.

Ça sent l’intervention de Montebourg et co.





+1, et pas que de Montebourg. L’AMF est complètement noyautée par les grands banquiers de la Place de Paris (principe des revolving doors), qui soutiennent Martin.

J’avoue que cette prise de parole est surprenante : les négociations sont en cours, on va pas tout mettre sur la place publique, c’est le principe des négociations exclusives.



Une fois les rounds de négociations finis, l’accord doit être public c’est vrai. Mais cette prise de parole ressemble plus à coup de pression.









linkin623 a écrit :



+1, et pas que de Montebourg. L’AMF est complètement noyautée par les grands banquiers de la Place de Paris (principe des revolving doors), qui soutiennent Martin.

J’avoue que cette prise de parole est surprenante : les négociations sont en cours, on va pas tout mettre sur la place publique, c’est le principe des négociations exclusives.



Une fois les rounds de négociations finis, l’accord doit être public c’est vrai. Mais cette prise de parole ressemble plus à coup de pression.







J’ai dit la même chose, mais en fait vu les pressions exercés par Bouygues et le gouvernement, ce n’est même plus surprenant vu tout ce que j’ai pu entendre et voir ces dernières semaines.



Communiqué de presse de l’AMF

Bouygues est aussi visé dans l’histoire (comme dit dans l’article de PCI)



L’Autorité aimerait notamment en savoir plus sur les possibles indemnités prévues en cas d’échec de l’opération, sachant que des rumeurs avancent la somme de 500 millions à 1 milliard d’euros proposée par Bouygues si son offre était rejetée par l’Autorité de la concurrence.





Mais bon, s’il y a un souci au niveau boursier avec les fortes variation observés suites aux annonces, c’est la faute a Montebourg et Bouygues qui ont fait une tonne de communication la dessus.

Altice et vivendi sont resté discret et font les négociations. Bref un truc normal quoi.









yeti4 a écrit :



Altice, Numericable, Bouygues, et Vivendi, en tant que sociétés cotées, ont l?obligation de fournir au marché une information exacte, précise et “sincère » ..



salut




  • l’AMF a-t-elle un pouvoir de sanction ?





    Oui, l’AMF a un pouvoir de sanction, si elle constate une infraction, elle mène une enquête et ensuite décide d’une sanction, qui peut ensuite être contesté devant un juge.



    Mais comme dit dans l’article, il n’y a rien dans la loi ou les règlements des marchés financiers qui imposent Vivendi ou Altice a publier quoi que ce soit jusqu’à ce que Vivendi prenne une décision finale.