Économie collaborative : le Sénat vote une franchise fiscale de 5 000 euros
Sous les grincements de dents de Bercy
Le 23 novembre 2015 à 10h43
5 min
Droit
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En septembre dernier, un groupe de travail au sein de la commission des finances avait esquissé plusieurs pistes pour mieux assujettir les plateformes collaboratives et le e-commerce. En fin de semaine dernière, l’une d’elles a été adoptée lors des débats sur la loi de finances pour 2016.
Ceux qui utilisent des plateformes comme Airbnb, UberPop et autre Blablacar perçoivent des revenus qui sont « rarement déclarés, rarement contrôlés, et rarement imposés ». Voilà les regrets qu’avaient émis les auteurs du rapport sur l’économie collaborative au Sénat. Ils proposaient ainsi de mettre en place un seuil de 5 000 euros en deçà duquel les revenues ne seraient pas imposables. « Pourquoi un seuil de 5 000 euros ? Ce montant correspond peu ou prou aux charges supportées par un particulier pour amortir et entretenir sa voiture, son appartement, etc. »
Des plateformes contraintes à des déclarations automatisées
Michel Bouvard, Thierry Carcenac, Jacques Chiron, Philippe Dallier, Jacques Genest, Bernard Lalande, et Albéric de Montgolfier, les sénateurs de ce groupe de travail sont passés de la parole à l’acte. Un amendement a ainsi été adopté le 21 septembre lors de l’examen de la loi de finances pour 2016. Il concerne les redevables de l'impôt sur le revenu « qui exercent, par l'intermédiaire d'une ou de plusieurs plateformes en ligne, une activité relevant de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux. »
Avec lui, les redevables du régime de la micro entreprise et les exploitants individuels notamment, bénéficieront d’un abattement de 5 000 euros de leur chiffre d’affaires hors taxe. Une contrainte importante : seuls les revenus « qui font l'objet d'une Déclaration Automatique Sécurisée par les plateformes en ligne » seront éligibles. Cette D.A.S. est une autre proposition du rapport initial (p. 41) : elle impliquerait l’intervention d’un tiers de confiance qui serait chargé de calculer le revenu agrégé de chaque personne sur Internet afin d’en transmettre les résultats à l’administration fiscale en vue de l’établissement de la déclaration préremplie.
La mesure concerne ainsi les personnes utilisant une nouvelle catégorie d’intermédiaires, les plateformes en ligne. L’amendement reprend d’ailleurs la définition donnée par le projet de loi Lemaire pour qualifier ainsi « les activités consistant à classer ou référencer des contenus, biens ou services proposés ou mis en ligne par des tiers, ou de mettre en relation, par voie électronique, plusieurs parties en vue de la vente d'un bien, de la fourniture d'un service, y compris à titre non rémunéré, ou de l'échange ou du partage d'un bien ou d'un service. »
Lors des débats, Albéric de Montgolfier, a considéré que cette franchise « épargnera ceux qui tirent des rémunérations occasionnelles de cette économie tout en taxant une certaine forme d'industrialisation de celle-ci ». Bref, de nombreux avantages sont espérés.
Un gouvernement plutôt refroidi
Seulement, le sujet n’a pas été chaudement soutenu par le gouvernement. Christian Eckert, secrétaire d'État au budget, a ainsi signalé plusieurs limites. « La première difficulté tient à la distinction à faire entre l'échange de services, l'activité lucrative et le partage de frais. En outre, la plupart du temps, les utilisateurs ignorent qu'ils doivent déclarer ces revenus, sous le régime de l'autoentreprise, des BIC, des BNC, du microfoncier ou autre ».
Surtout, il considère que la mesure n’est pas d’aplomb avec le principe d’égalité. Et pour cause, « la franchise s'appliquera sur la location par l'intermédiaire d'une plateforme, non sur un bien loué directement ». De même, « le chauffeur de BlaBlaCar partage les frais et ne fait pas de bénéfices ». Sur ce point, Albéric de Montgolfier lui a répondu que « le droit est clair : le covoiturage n'est pas taxable, la location d'appartement l'est. »
Une atteinte au principe d’égalité contestée
L’auteur de l’amendement conteste également la moindre atteinte au principe d’égalité. « Le Conseil constitutionnel n'a jamais émis de réserve à propos de l'abattement de 25 % pour ceux qui recourent à un centre de gestion agréé. On ne peut pas rester les bras croisés : 19,6 % des appartements parisiens sont en meublés. Il paraît qu'un utilisateur de Airbnb publie plus de 140 offres sur le site... Il faudrait que la commission se déplace à Bercy pour vérifier qu'on s'occupe de ce dossier... »
Les remarques du gouvernement n’ont pas pesé lourd, d’autant que les membres du groupe écologiste, ceux du groupe socialiste et de l’UDI se sont ralliés dans le camp de la franchise de 5 000 euros. Celle-ci devra maintenant être adoptée dans les mêmes formes par les députés pour être inscrite dans le Code général des impôts.
Le gouvernement prépare sa riposte
Dans tous les cas, le gouvernement ne veut pas rester les bras croisés. En octobre, il a confié un rapport au député Pascal Terrasse sur l’économie collaborative. Le document est attendu avant la fin de l’année. Surtout, Eckert a révélé que le fisc avait d’ores et déjà demandé aux plateformes « de distinguer les grands utilisateurs de ces services par internet de ceux qui sont occasionnels ». La phase suivante visera à « informer les utilisateurs de leurs obligations vis-à-vis du fisc », puis ultérieurement, à « envoyer chaque année à leurs utilisateurs le montant global des revenus qu'ils ont perçus. »
Économie collaborative : le Sénat vote une franchise fiscale de 5 000 euros
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Des plateformes contraintes à des déclarations automatisées
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Un gouvernement plutôt refroidi
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Une atteinte au principe d’égalité contestée
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Le gouvernement prépare sa riposte
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 23/11/2015 à 11h30
Ca sera retoqué en conseil constitutionnel…
Sinon comment on fait quand on veut vendre sa voiture 6000€ " />
Le 23/11/2015 à 12h16
De même, « le chauffeur de BlaBlaCar partage les frais et ne fait pas de bénéfices ».
Lol…
De même le chauffeur de taxi partage les frais avec son client. Le partage se fait sur une base équitable de 0%/100%.
Le 23/11/2015 à 12h26
@Jinge : Je ne pense pas qu’il soit vraiment difficile de faire de fausse identité sur ce genre de site, ou d’utiliser le nom du grand-père qui est a l’hospice …
Le 23/11/2015 à 12h31
Le 23/11/2015 à 12h49
Le 23/11/2015 à 13h09
Le 23/11/2015 à 13h37
Comment faire avec la moitié des comptes sur blablacar qui sont faux ou incomplet…
Le 23/11/2015 à 14h37
Le 23/11/2015 à 18h02
et les prostituées aussi vont bénéficier de cet abattement de 5000€ ?
Parce que elles aussi, elles font de l’économie collaborative en partageant leurs fesses.
Le 23/11/2015 à 18h09
Elles ou ils paient déjà des impôts. Et peuvent s’inscrire au registre des professions indépendantes.
http://www.senat.fr/lc/lc79/lc794.html
En tant que travailleur indépendant, les prostituées paient donc l’impôt sur le revenu (régime des Bénéfices Non Commerciaux), la taxe professionnelle et l’Urssaf, et sont assujetties à la TVA.
Le 23/11/2015 à 18h16
Le 23/11/2015 à 18h18
L’État est l’exception qui confirme la règle." /> De toute façon, face à la mort et au impôts on est toujours perdant.
Le 23/11/2015 à 18h26
Le 24/11/2015 à 08h20
Un coup de paint et voilà. Par contre oui là ça devient plus grave (faux et usage de faux)
Le 23/11/2015 à 11h03
la plupart du temps, les utilisateurs ignorent qu’ils doivent
déclarer ces revenus, sous le régime de l’autoentreprise, des BIC, des
BNC, du microfoncier ou autre
Et sinon, simplifier la fiscalité pour faciliter les déclarations (et augmenter leur nombre en conséquence), ce serait peut-être une bonne idée, non?
Ha, on me dit que la simplification fiscale n’est pas d’actualité, même si ça fait 15 ans que tout le monde la réclame et que, depuis 3 ans, le “choc de simplification” qui est censé arriver n’a pas très envie de se montrer.
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Le 23/11/2015 à 11h07
Le 23/11/2015 à 11h11
Solution pour profiter sans limite de cet abattement :
=> Faire du multi-compte " />