Linus Torvalds, Rust et le futur du noyau Linux
L'avenir : un manchot rouillé ?
Linus Torvalds, premier développeur du noyau Linux, était ce lundi 16 septembre à la version européenne de l'Open Source Summit. C'était l'occasion d'évoquer le futur de la communauté du noyau, dont les tempes de certains commencent à être très grisonnantes, et de revenir sur les discussions autour de l'introduction du langage Rust dans le noyau.
Le 17 septembre à 16h20
5 min
Logiciel
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Régulièrement, Dirk Hohndel, responsable du logiciel libre chez Verizon, interroge Linus Torvalds à l'occasion de l'Open Source Summit pour discuter de Linux. Cette année, ils se sont retrouvés à Vienne, en Autriche, comme l'a relaté ZDnet.
Interrogé sur la récente sortie de la version 6.11, le créateur du noyau Linux explique que « les sorties ne sont pas passionnantes et ne sont pas supposées l'être. Elles sont opportunes et, espérons-le, très fiables, mais la passion n'est pas le but visé ». Il met, par contre, en avant la régularité des mises à jour : toutes les neuf semaines depuis presque 15 ans.
La tâche du noyau : l'abstraction du matériel
Décrivant l'évolution actuelle du noyau, il explique que « la plupart du code vient des drivers. Je pense que plus de la moitié du noyau est du support pour les drivers ».
Il ajoute que « c'est littéralement le but d'un noyau. La plupart des gens ne devraient pas y penser. Ce que fait le noyau, c'est abstraire les détails matériels. Évidemment, certains de ces détails sont les architectures CPU et des choses du genre, mais on a seulement 12 architectures (ou quelque chose comme ça) mais nous avons des milliers de drivers ».
Rust contre C, le nouveau vi contre EMACS ?
Mais Linux a vu récemment un nouveau débat tendre les relations entre les différents contributeurs : le langage Rust peut-il prendre une place croissante dans son développement ? Celui-ci a même engendré le départ de Wedson Almeida Filho, l'un des principaux collaborateurs du projet Rust for Linux.
Ce n'est pas le premier débat rugueux de la communauté. Linus Torvalds a même reconnu en 2018 avoir très mal géré ce genre de situations en instaurant un climat brutal dans ses conversations.
Ici, il admet que « certaines discussions deviennent désagréables. Je ne sais pas vraiment pourquoi Rust est un domaine si controversé. Cela me rappelle ma jeunesse. Les gens se disputaient entre vi et EMACS. Pour une raison ou pour une autre, toute la discussion sur Rust contre C a pris des accents presque religieux dans certains domaines ».
Mais pour lui, ce débat doit être conduit différemment : « Rust est très différent, et beaucoup de gens sont habitués au modèle C. Ils n'aiment pas les différences, mais ce n'est pas grave », philosophe-t-il.
Personne ne maitrise entièrement le noyau
Il ajoute que « dans le noyau lui-même, absolument personne ne comprend tout. C'est mon cas. Je m'appuie fortement sur les mainteneurs des différents sous-systèmes. Je pense qu'il en va de même pour Rust et C ».
S'appuyant sur l'historique de Linux, son créateur explique que « c'est l'une de nos forces dans le noyau que de pouvoir nous spécialiser ». Linus Torvalds constate qu' « il est clair que certaines personnes n'aiment pas la notion de Rust et le fait que Rust empiète sur leur domaine ». Mais il plaide pour donner une chance au langage : « cela ne fait que deux ans que nous travaillons avec Rust, il est donc bien trop tôt pour dire que Rust est un échec ».
Real-time Linux intégré dans Linux 6.12
Interrogé par Dirk Hohndel sur le projet « real-time Linux » (un micro-noyau qui fait tourner Linux en un seul processus et dont les bases ont été proposées en 2004), Torvalds a confirmé qu'il devrait intégrer le prochain noyau, Linux 6.12.
Commentant cette longue attente, il déplore que « les gens pensent que le développement du noyau est très rapide parce que tous les trois mois environ, nous avons entre 10 000 et 15 000 commits dans le noyau ». Il ajoute qu'« il y a beaucoup de développement en cours, mais beaucoup de choses ont été développées pendant des mois, des années ou, dans certains cas, des décennies. Ainsi, bien que le développement du noyau soit très actif, cela ne signifie pas nécessairement qu'une nouvelle fonctionnalité, un nouveau système de fichiers ou quoi que ce soit d'autre puisse être intégré au noyau très rapidement ».
« Normal » de voir les anciens s'épuiser
Enfin, Dirk Hohndel est revenu sur un sujet de plus en plus évoqué concernant le noyau de Linux : l'épuisement et le vieillissement des mainteneurs. Mais Torvalds n'a pas semblé préoccupé, répondant que, pour lui, « c'est un peu normal » que certains s'en aillent après épuisement. « Ce qui n'est pas normal, c'est que les gens restent pendant des décennies. C'est ce qui est inhabituel, et je pense que c'est un bon signe », argumente-t-il. Il admet toutefois qu'il peut être difficile et intimidant, pour un jeune développeur, de rejoindre l'équipe de développement du noyau Linux.
L'interview « keynote » est disponible en vidéo :
Linus Torvalds, Rust et le futur du noyau Linux
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La tâche du noyau : l'abstraction du matériel
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Rust contre C, le nouveau vi contre EMACS ?
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Personne ne maitrise entièrement le noyau
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Real-time Linux intégré dans Linux 6.12
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« Normal » de voir les anciens s'épuiser
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