Moins de 0,5 % de « super-diffuseurs » seraient responsables de 80 % des tweets d’infox
Less is more
Une nouvelle étude indique qu'environ 0,3 % des utilisateurs états-uniens de Twitter ont partagé 80 % des tweets renvoyant à des « fake news » lors de l'élection présidentielle de 2020.
Le 12 juin à 15h00
4 min
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L'étude, publiée fin mai dans Science, repose sur l'observation des comportements de 664 391 électeurs américains utilisant Twitter pendant la présidentielle de 2020. Elle relève qu'en moyenne, « 7,0 % [intervalle de confiance à 95 % (IC) : 6,7 %, 7,4 %] » de toutes les nouvelles politiques partagées quotidiennement par le panel étaient liées à des fausses informations :
« Cependant, une fraction extrêmement réduite de notre échantillon (0,3 % ; seulement 2107 personnes) est à l'origine de 80 % des tweets renvoyant à des sources de fausses informations. »
De plus, ces « super-diffuseurs » partageaient en moyenne 15,9 informations par jour (contre 5 pour les twittos relayant des informations avérées, et 0,3 pour la moyenne du panel), dont 2,8 « fake news » (contre respectivement 0,1 et 0,01).
La seule source d'infox pour 11,3 % de leurs followers
Or, ces 0,3 % de « super-diffuseurs » d'infox étaient alors suivis par 5,2 % des membres du panel. Pour remettre ce taux en perspective, précise l'étude, il a été estimé que 3,4 % des Américains sur Twitter avaient suivi un compte contrôlé par la campagne d'influence et d'ingérence étrangère de la Russie en 2016.
Leurs abonnés étaient par ailleurs 2,5 fois plus susceptibles de recevoir de fausses informations politiques que le panéliste moyen (4,11 % contre 1,66 %), au point que ces « super-diffuseurs » d'infox « ont bénéficié d'une attention en ligne disproportionnée » :
« Les super-diffuseurs représentaient près d'un quart [24,4 % (IC 95 % : 24,1 %, 24,8 %)] des fausses informations accessibles à leur abonné moyen et constituaient la seule source de fausses informations pour 11,3 % de leurs followers. »
En outre, si 7,1 % (IC 95 % : 2,0 %, 12,2 %) de ces « super-diffuseurs » d'infox peuvent être considérés comme des bots, les trois quarts (74,7 %) de leurs tweets étaient des retweets, contre seulement 32,7 % pour le panel.
Une femme blanche conservatrice âgée de 58 ans en moyenne
« Sans surprise », relève Korii, ces personnes sont plutôt blanches, conservatrices, femmes pour la plupart (59%), et âgées de 58,2 ans en moyenne, « soit 5 ans de plus que le partageur moyen de fake news et 17 ans de plus que le panéliste moyen ». Ils étaient également beaucoup plus souvent républicains (64 %) que démocrates (16 %) :
« Plus précisément, le profil-type est celui d'une femme blanche âgée en moyenne de 58 ans, électrice républicaine, qui vit dans un État conservateur tel que l'Arizona, la Floride ou le Texas. »
Bloquer les profils, limiter les retweets
Or, estime l'équipe de Nir Grinberg, spécialiste des sciences sociales informatiques à l'université Ben-Gourion du Néguev et co-auteur de la nouvelle étude, si la plateforme avait suspendu ces « super-diffuseurs » en août 2020, elle aurait réduit de deux tiers les fausses nouvelles électorales vues par les électeurs.
Un autre moyen d'endiguer la propagation d'infox consisterait à plafonner le nombre quotidien de retweets des utilisateurs, souligne Science. Les chercheurs ont constaté qu'une limite de 50 retweets affecterait près de 90 % des utilisateurs de fake news ayant participé à l'étude, mais seulement 1 % de l'ensemble des utilisateurs. « Je ne vois pas l'intérêt de permettre aux gens d'envoyer un nombre illimité de retweets par jour », explique Nir Grinberg.
Une tendance bien identifiée
Ces résultats confirment par ailleurs des études antérieures. En 2019 Nir Grinberg avait en effet déjà montré que, dans un échantillon de plus de 16 000 utilisateurs de Twitter constitué autour de l'élection présidentielle américaine de 2016, « 80 % des informations tweetées provenant de sites web non fiables provenaient de 16 utilisateurs seulement », soit 0,1 % de « super-diffuseurs » d'infox.
En 2023, une étude de Science Feedback effectuée à partir d'un corpus de près de 13 000 URL relevant de la désinformation constatait que les 490 principaux « super-diffuseurs » de désinformation ont reçu, collectivement, 42 % d'interactions et d'engagement supplémentaires depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. 58,2 % d'entre eux ont vu leur audience augmenter depuis le rachat, 41,8 % l'impact de leurs tweets diminuer. Mais « les comptes qui ont grossi » dans les quatre mois suivant le rachat « avaient en moyenne un engagement plus élevé que ceux dont l'influence a diminué ».
Moins de 0,5 % de « super-diffuseurs » seraient responsables de 80 % des tweets d’infox
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La seule source d'infox pour 11,3 % de leurs followers
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Une femme blanche conservatrice âgée de 58 ans en moyenne
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Bloquer les profils, limiter les retweets
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Une tendance bien identifiée
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 12/06/2024 à 16h22
2107* personnes sont à l'origine de 80 % des tweets renvoyant à des sources de fausses informations.
* sur 664321
dingue !
Le 12/06/2024 à 19h20
Vivre sans réseaux sociaux, c'est juste de la prophylaxie mentale.
Modifié le 12/06/2024 à 20h41
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prophylaxie
Et je pensais que LinkedIn était protégé de ça jusqu'à maintenant, sauf qu'ils commencent à ajouter des jeux ...
Le 13/06/2024 à 08h57
https://www.sudouest.fr/sante/coronavirus/covid-19-qui-sont-les-12-personnes-a-l-origine-de-la-plupart-des-fausses-informations-aux-etats-unis-4220849.php?csnt=190104ec8b3
J'ai pris le premier lien venu, mais toute la méthode et les chiffres pour les trouver ont été publié.
Modifié le 13/06/2024 à 11h46
Une grande partie de compte ne fait presque que le la consultation.
Le 16/06/2024 à 09h00
Du coup se serai certainement simple (techniquement au moins) de limiter quelque peu ce genre de profil.