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Apple autorise les émulateurs de jeux sur iOS, mais avec des restrictions

On s'essuie les pieds avant d'entrer

Apple autorise les émulateurs de jeux sur iOS, mais avec des restrictions

Unsplash

Dans une récente mise à jour des conditions d’utilisation de son App Store par les développeurs, Apple autorise désormais les émulateurs de jeux et plusieurs autres actions, comme des liens externes pour les applications musicales. Les émulateurs devront cependant obéir à certaines conditions.

Le 08 avril à 12h00

L’année 2024 s’annonce intense pour Apple. En Europe, l’arrivée en DMA en particulier entraine une multitude de changements. Apple a déjà intégré dans iOS 17.4 nombre d’entre eux et s’en plaint copieusement. La Commission européenne ne semble guère satisfaite de certains aspects, notamment l’ampleur d’une partie des mesures et des conditions financières. Apple traine des pieds et communique sur la perte « inévitable » de sécurité pour les iPhone en Europe.

En plus de résultats trimestriels en demi-teinte, le ministère américain de la Justice a déposé plainte pour abus de position dominante, avec 18 États. L’entreprise est désormais sous tension des deux côtés de l’Atlantique, et on peut voir çà et là l’influence de ces procédures. Apple commence à lâcher un peu de lest sur certains points, comme la future possibilité de télécharger une application depuis un site web.

Vendredi, une mise à jour des conditions d’utilisation de l’App Store a de nouveau assoupli quelques règles (dans le monde, pas seulement en Europe), dont l’émulation de jeux. Mais comme pour le sideloading, les conditions liées sont strictes.

Émulateurs de jeux : ce ne sera pas la foire

Dans les règles révisées de l’App Store, le point 4.7 a été modifié. On peut y lire désormais :

« Les applications peuvent proposer certains logiciels qui ne sont pas intégrés dans le binaire, notamment les mini-applications et mini-jeux HTML5, les jeux en streaming, les chatbots et les plug-ins. En outre, les applications d'émulation de consoles de jeux rétro peuvent proposer de télécharger des jeux. Vous êtes responsable de tous les logiciels de ce type proposés dans votre application, et vous devez notamment vous assurer qu'ils sont conformes aux présentes lignes directrices et à toutes les lois applicables. Les logiciels qui ne sont pas conformes à une ou plusieurs lignes directrices entraîneront le rejet de votre application ».

On peut donc lire explicitement que les émulateurs de jeux sont autorisés. Cependant, Apple y a ajouté le terme « rétro ». Il ne peut s'agir que d’une intention claire : n’autoriser les émulateurs que pour les vieux jeux, voire les très vieux jeux. Apple a sans doute en tête les plateformes matérielles disparues ou presque, comme les consoles 8 et 16 bits, Atari, Amiga ou encore pourquoi pas Neo Geo.

La grande question des ROM

Les émulateurs fonctionnent la plupart du temps avec des ROM. Ces fichiers sont des copies numériques des jeux et sont lus par les applications qui en exécutent alors le code. La pratique est courante et existe depuis bien longtemps. Mais on imagine mal Apple autoriser des applications qui feraient la part belle au piratage.

Il existe en effet plusieurs scénarios d’utilisation des ROM. Il y a des cas parfaitement légaux, par exemple quand la ROM relève du domaine public ou est accompagnée d’une licence autorisant spécifiquement ce genre d’utilisation libre. Il peut s’agir également de titres provenant d’entreprises n’existant plus et/ou dont la propriété intellectuelle ne peut plus être réclamée. Et, bien sûr, il y a le cas des ROM de jeux dont les licences appartiennent à une entreprise non disposée à laisser filer la manne qu’elles représentent.

Nintendo est aujourd’hui le meilleur exemple de ce dernier cas. La société japonaise dispose de nombreuses licences et ses consoles, particulièrement la Switch, permettent de lancer d’anciens jeux via la boutique intégrée. De vieux titres souvent vendus à des tarifs élevés et permettant à Nintendo d’ajouter un peu plus de beurre dans ses épinards. L’entreprise est aussi connue pour ses procédures de type DMCA pour faire fermer les sites distribuant des ROM de vieilles consoles Nintendo.

Vers des émulateurs très officiels

Dans ce contexte, on imagine mal Apple autoriser le téléchargement ou la vente d’applications dans lesquelles il suffirait d’aller picorer des ROM stockées dans l’application Fichiers ou depuis n’importe quelle solution de stockage dans le cloud.

Il y a donc fort à parier que les seules entreprises qui auront des émulateurs validés seront celles dont la situation est claire vis-à-vis des ROM. Des sociétés comme Sega et Nintendo pourraient ainsi proposer des émulateurs officiels dotés de boutiques intégrées. Ou, pourquoi pas, dotées d’achats in-app passant par l’App Store, ce qui permettrait alors à Apple de prélever sa commission au passage.

Il s’agit d’exemples théoriques. La situation semble en pratique plus adaptée à Sega qu’à Nintendo, cette dernière ayant déjà sa Switch pour ce type d’utilisation.

Les nouvelles conditions sont claires en tout cas, car elles renvoient vers d’autres points du règlement, communs à toutes les applications. Les éditeurs concernés devront notamment contrôler que le code des ROM ne provient pas de contenus piratés.

Musique : plus de libertés pour les liens externes en Europe

Sur le Vieux continent, les applications de streaming musical gagnent une capacité réclamée : elles peuvent désormais inclure un lien direct vers un site externe permettant d’acheter un produit ou un service. Par exemple, un bouton « Acheter ».

C’est une conséquence directe de la condamnation d’Apple, par la Commission européenne, à 1,8 milliard d’euros pour ses mesures « anti-steering ». La firme de Cupertino avait toujours refusé jusqu’ici cette autorisation. Dans le cas de Spotify, l’application ne permettait déjà plus, depuis l’année dernière, de s’abonner depuis un iPhone. Le service ne pouvait s’utiliser que gratuitement (avec la publicité). L’alternative était de s’abonner en ligne pour bénéficier de l’offre Premium.

Qu’il s’agisse des émulateurs ou des liens externes, les changements sont le fruit de la pression par les gouvernements. On peut tout de même se demander si Apple n’aurait pas tout intérêt à harmoniser ses pratiques, ou si elle compte exploiter autant que possible les conditions de chaque zone géographique. Le cas des liens externes est emblématique : Apple ne les autorise qu’en Europe, mais les sociétés concernées voudront accentuer leur pression pour en disposer dans les autres marchés.

Commentaires (3)

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On pourra jouer au CPC, la ROM a été officiellement donnée par Amstrad. Mais bon, CPC sur un iPhone/iPAD...
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Les développeurs pourront ils un jour faire tourner Ad Vitam Aeternam leurs applis sur leur devices sans avoir à payer les 100$ ? Comme sur Android ou feu Windows Phone/Mobile :incline:
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Excellent pour le sous-titre ! :incline: :yes:

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