OVHcloud montre son MosaiQ et nous parle de son ordinateur quantique
Débauche de qubits… ou pas
Aujourd’hui, OVHcloud inaugurait « le premier ordinateur quantique installé au cœur d’un fournisseur de services cloud européen ». Nous étions sur place, voici nos premiers retours sur cette machine, son installation, sa connectique et sa consommation électrique.
Le 18 mars à 20h29
6 min
Hardware
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OVHcloud rappelle en guise d’introduction qu’il ne développe pas de machines quantiques en interne, mais qu’il « travaille sur l’utilisation du quantique », pour reprendre les mots de Michel Paulin, CEO d’OVHcloud. L’entreprise veut « aider les start-ups » (françaises et européennes) du quantique.
Cela concerne celles qui développent des machines, « d’où la commande » auprès d’une start-up française d’une première machine, explique Michel Paulin. Mais aussi celles qui travaillent sur la partie logicielle. OVHcloud prend sous son aile 16 start-ups, dont les français de Alice & Bob, Pasqal, C12 et Quandela.
Deux qubits photoniques…
Ce n’est pas la première machine quantique en production, loin de là, mais les autres sont installées dans des sociétés ou des centres de recherche, selon le roubaisien. Dans le cas présent, il s’agit de MosaiQ de la start-up Quandela, une machine avec deux qubits photoniques.
Cet ordinateur quantique mesure 0,8 x 1.9 x 1 m. Quandela explique qu’il est monté en rack et « compatible avec n’importe quel serveur standard de 19" ». Il nécessite uniquement du refroidissement par air dans la salle où il se trouve.
Nous ne reviendrons pas sur les qubits, ou bits quantiques, que nous avons déjà détaillé dans un précédent article. Il existe pour rappel plusieurs techniques et Quandela exploite pour sa part des photons.
Sans trop entrer dans les détails, Quandela nous explique qu’avec les photons, « le problème, ce n’est pas la décohérence, c’est la perte du photon : dès qu'il passe à travers un milieu [une porte quantique par exemple, ndlr] il va disparaitre avec une certaine probabilité ». Tant que le photon ne disparaît pas, « il va passer des portes jusqu’à la fin de l'univers ». Si le photon disparait, il faut recommencer le processus. Un des principaux enjeux est donc de générer des photons en quantité et de grande qualité.
Avec une évolution possible vers 6, 12 ou 24
Pour revenir à la machine achetée – pour un prix non précisé – par OVHcloud, la version de MosaiQ installée dans les locaux du roubaisien utilise deux photons. Physiques et logiques, dans le cas présent, ils sont deux.
Quandela propose des configurations de 2 à 12 qubits de son ordinateur quantique, avec une évolution possible. Dans le cas de la machine d’OVHcloud, l’hébergeur pourra augmenter le nombre de qubits jusqu’à six avec très peu de changements sur le matériel, nous confirment les deux partenaires.
La photo ci-dessous a été prise à l’arrière de l’ordinateur quantique. On y voit six fibres optiques (en bleu sur la droite) où passent les photons. Si cette version actuelle n’utilise que deux qubits, une partie du matériel permet de passer rapidement à six. À plusieurs endroits, on peut voir six chemins pour les qubits.
Quandela prévoit de passer à 24 qubits l’année prochaine. L’ordinateur quantique MosaiQ d’OVHcloud pourra en profiter, mais cela nécessitera surement d’installer une seconde machine à côté de la première pour grimper à 24 qubits. La possibilité d’évoluer était mise en avant par Quandela, ce n’est pas une spécificité de la machine OVHcloud.
Trois câbles pour installer l’ordinateur quantique
L’inauguration était l’occasion de voir la machine quantique en fonctionnement, dans son environnement. Elle est installée dans les locaux de la société à Croix (voir un timelapse du montage), à côté de son datacenter cold storage (les serveurs sont dans des datacenters à quelques kilomètres, à Roubaix).
Elle est un peu seule dans une pièce, mais ne nécessite aucune installation particulière. Sur la photo ci-dessous, les deux câbles noirs sont l’alimentation électrique, le blanc/beige, c'est le réseau. Les câbles rouges ne sont pas liés à l’ordinateur quantique, mais sont des systèmes de protection (incendie) de la salle.
Consommation électrique et refroidissement
La connectique est réduite à sa plus simple expression : deux lignes électriques (l’alimentation est redondante), un câble réseau et… c’est tout. De la production des lasers (pour les qubits) au traitement des photons en passant par le refroidissement, la machine s’occupe de tout. Le cœur de l’ordinateur quantique ne doit pas dépasser les 3 kelvins, soit - 270 °C. Là encore, tout est régi en interne par l’ordinateur quantique.
La consommation électrique classique en utilisation est aux alentours de 2,5 kW. Le fabricant recommande de disposer d'au moins cinq kW, car l’ordinateur a besoin de plus de puissance au démarrage. Ensuite, la consommation moyenne reste assez stable.
Nous posons la question de l’augmentation de la consommation avec une hausse du nombre de qubits. Pour Quandela, elle est très faible : on reste en dessous des 3 kW avec six qubits et la machine pourrait légèrement passer au-dessus des 3 kW avec 12 qubits. Une chose est sûre : la consommation n’est pas liée au nombre de qubits.
Disponibilité et tarif
Les chercheurs et universités pourront accéder gratuitement à la QPU Quandella, sous réserve que votre dossier soit accepté : « OVHcloud est fier d’annoncer un programme éducatif à destination des étudiants de grandes écoles et universités dont celles appartenant notamment au consortium QuanTEdu-France telles que Télécom Paris ». Les demandes sont ouvertes et passent par ici.
Ils pourront également « profiter de 80 heures d’accès à la gamme complète de notebooks quantiques proposée par le Groupe et incluant notamment les notebooks Alice & Bob, C12, Eviden, Pasqal et Quandela », précise l’hébergeur dans son communiqué.
Pour les entreprises, le service sera payant, mais le « tarif pas encore annoncé pour les instances quantiques ». Il s'agira d'une « tarification à la durée », nous précise Fanny Bouton, quantum lead & startup program chez OVHcloud.
OVHcloud utilise par ailleurs l’ordinateur quantique en interne, pour générer des nombres aléatoires pour des clés de chiffrement. Deux qubits sont largement suffisants, nous confirme Quandela, qui a développé un protocole maison. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un prochain article.
OVHcloud montre son MosaiQ et nous parle de son ordinateur quantique
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Deux qubits photoniques…
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Avec une évolution possible vers 6, 12 ou 24
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Trois câbles pour installer l’ordinateur quantique
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Consommation électrique et refroidissement
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Disponibilité et tarif
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 18/03/2024 à 21h10
Je ne sais pas encore ce qu'on en fera à l'avenir, mais c'est prometteur.
Le 18/03/2024 à 22h44
Le 19/03/2024 à 00h00
Le 19/03/2024 à 09h52
Sinon, plus généralement, les débouchés possibles pour les ordinateurs quantiques sont multiples mais les différentes technos manquent encore de maturité pour de réelles applications pratiques à échelle intéressante.
Mais tout ça est évoqué dans les différents articles de Next sur le sujet ;)
Le 19/03/2024 à 13h58
Le 19/03/2024 à 14h14
Pour le reste, cf. l'autre moitié de ma réponse.
Le 19/03/2024 à 12h48
Modifié le 19/03/2024 à 13h04
Modifié le 03/04/2024 à 21h55