« Le scandale est à peine croyable », écrit Le Monde : entre 1999 et 2015, « au moins 800 » responsables franchisés de bureaux de poste britanniques ont été accusés de fraude pour avoir pioché dans la caisse, à tort. Condamnés pour vol, « et même, pour 236 d’entre eux, emprisonnés », à cause d’un logiciel de comptabilité défectueux. Quatre d'entre eux avaient même mis fin à leur jour, précise Le Courrier International.
Plutôt que d'enquêter sur d'éventuels bugs du logiciel « Horizon » de l’entreprise japonaise Fujitsu, déployé dans les 11 500 bureaux de poste du Royaume-Uni, The Post Office avait poursuivi ses franchisés, des travailleurs indépendants qualifiés de « sous-chefs de poste » et qui gèrent des succursales sous contrat avec la Poste.
Jusqu’à présent, seuls 93 chefs de bureau de poste avaient réussi à renverser leur jugement en appel. Jusqu'à ce qu'une minisérie en quatre épisodes diffusés sur la chaîne ITV, « Mr Bates vs The Post Office », retraçant le combat d’une poignée de « postmasters » dont Alan Bates, un des meneurs des associations de victimes, ne relance le scandale.
Qualifié de « pire injustice de l’histoire britannique », il vient même de pousser le premier ministre, Rishi Sunak, à reconnaître la semaine passée que « les victimes doivent obtenir rapidement justice et être indemnisées. Elles ont travaillé durement pour leur communauté, mais leurs vies et leur réputation ont été détruites alors qu’elles n’avaient aucun tort ».
« Et tant pis si, au passage, les quelques personnes qui ont vraiment fraudé bénéficient aussi de cette disposition », a même déclaré Kevin Hollinrake, secrétaire d’État chargé de la poste britannique. Reconnaissant un « exercice brutal et arbitraire du pouvoir », il avance avoir prévu un milliard de livres sterling (1,16 Md€) pour les indemnisations, précise la BBC.
En droit anglais et gallois, les ordinateurs sont considérés comme « fiables », sauf preuve du contraire, souligne The Guardian, ce qui « renverse la charge de la preuve normalement appliquée dans les affaires pénales ».
« En attendant les résultats de l'enquête, le Comité des règles de procédure pénale examinera les pratiques actuelles et les problèmes potentiels liés à la fiabilité des preuves informatiques », a déclaré un porte-parole du ministère de la Justice.
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