Face aux requêtes d’États et manipulations, Facebook demande des efforts internationaux
Neutralité des plateformes
Le 02 mai 2017 à 12h00
6 min
Internet
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Sur le second semestre, Facebook a reçu 28 % de requêtes de données supplémentaires de la part des États. Ces derniers mois, le réseau social a aussi revu son approche sécuritaire, pour la tourner vers la diffusion de fausses informations (notamment politiques). Sur les deux sujets, le groupe réclame une meilleure coopération internationale.
Comme chaque semestre, Facebook a publié les demandes de données d'utilisateurs par les États. Sur les six derniers mois de 2016, l'entreprise a constaté une augmentation de 9 % du nombre de requêtes face au premier semestre, à 64 279. Parmi elles, 24 319 proviennent des États-Unis, la société répondant positivement à 84 % d'entre elles.
Dans son communiqué, elle précise que la moitié environ des requêtes américaines interdisent de prévenir l'utilisateur... Une mesure contre laquelle certains géants du numérique, dont Google et Microsoft, mènent à la fois un combat largement médiatisé. En France, les requêtes sont aussi en hausse, pour atteindre 4 409 sur le semestre ; Facebook accédant à 68 % d'entre elles.
Les combats politiques de Facebook
Le réseau social a, par contre, reçu 28 % de restrictions en moins sur les contenus violant la loi face à la première moitié de 2016 (à 6 944). La raison ? Ces six premiers mois ont été marqués par les demandes françaises suite à la diffusion d'une image des attentats du 13 novembre 2015, augmentant d'autant le nombre de demandes.
Si ces demandes d'autorités nationales posent quelques soucis à l'entreprise, ce n'est pas son seul combat en matière politique. Dans un livre blanc (PDF), publié en parallèle du Transparency Report, elle détaille les tentatives de manipulation de l'information d'acteurs étatiques ou non. La lutte contre ces manipulations politiques seraient bien compatibles avec son modèle économique, qui semble pourtant bien compter dans la propagation de fausses nouvelles.
Collaborer autour des requêtes d'États
Dans son dernier rapport, Facebook affirme continuer ses efforts pour réviser les méthodes de surveillance gouvernementale. Ils sont menés en parallèle de ceux d'autres entreprises du secteur, par exemple en attaquant des mandats devant la justice américaine. C'est la démarche aussi entamée par Microsoft ou Google, ce dernier publiant même des lettres de sécurité nationale expirées.
« Plus largement, nous pensons que des réformes sont nécessaires au-delà de New-York », où Facebook mène actuellement ses combats en justice, affirme l'entreprise. Comme Google dans son dernier rapport, le réseau social affirme que le processus de requête d'informations par les autorités est long et pénible, avec des mois d'attente. Il faut donc une coopération internationale à ce sujet, dans une forme qu'aucune des sociétés ne détaille actuellement.
De la manipulation politique en ligne
Dans un livre blanc, l'équipe de sécurité du réseau social dit avoir dû étendre son action, des fraudes liées aux comptes à celles cherchant à manipuler le débat démocratique. Le réseau social admet avoir été exploité lors d'élections, notamment aux États-Unis et en France, par « des gouvernements et groupes non-étatiques », via des méthodes qu'il se propose de détailler.
Pour la société, il faut différencier cette guerre d'informations des fake news (fausses nouvelles), devenues un combat du groupe américain, avec la coopération (bientôt rémunérée) de médias français. Elle met en garde contre la surutilisation du terme fake news, alors qu'existent concrètement :
- les opérations d'influence, pour atteindre une opinion publique locale ou étrangère
- les fausses actualités, avec pour but d'attirer les clics, d'enflammer les passions ou de tromper
- de faux amplificateurs, soit de faux comptes destinés à porter un sujet ou décourager certaines discussions
- la désinformation volontaire
Dans le cas des opérations d'influence, trois modes d'action sont exploités. Le premier est la collecte ciblée de données, via des opérations contre des individus ou organisations, les vols de comptes ou de données. Diffuser de fausses informations avec un compte de personnalité, par exemple, peut ainsi nuire à sa réputation. Le deuxième est la création de contenus, par l'envoi de fausses informations à la presse, la création massive de memes et de faux comptes.
Les moyens utilisés lors d'une opération suivie par Facebook
Le troisième est l'amplification artificielle coordonnée de ces contenus, par des faux comptes ou le spam de commentaires. Dans ce dernier cas, les motivations seraient plus politiques que financières, pense Facebook, qui a pris des mesures contre 30 000 comptes en France.
Mille et une recettes contre les discours faux
Pour s'en prémunir, Facebook a multiplié les fonctions pour s'assurer du contrôle de l'accès et de l'intégrité des comptes utilisateurs, comme l'authentification à deux étapes ou des avertissements ciblés quand un compte est visé par des acteurs étatiques. La société dit vouloir collaborer avec le reste de l'industrie, travaillant déjà avec des candidats et des partis et ayant « de nouveaux produits » en vue pour s'aider dans ce combat.
Elle affirme, comme dans le cas des requêtes d'autorités nationales, que le combat doit être plus large que celui de Facebook lui-même. Elle compte participer aux efforts multipartites pour instruire et notifier les utilisateurs « à risque », tout en soutenant l'éducation aux médias. Pour mémoire, ces derniers mois, l'entreprise a fondé son Journalism Project pour former et financer des médias, et a cofondé l'initiative américaine News Integrity.
Facebook évite soigneusement de parler de son modèle économique, qui s'appuie pourtant sur le ciblage publicitaire. Les méthodes de manipulation politique ciblées (collecte de données, création de contenus et diffusion massive) sont les bases de sa croissance. L'entreprise met d'ailleurs en première place des motifs de publication de fausses actualités les « incitations financières », avant les motivations politiques, estimant que les combattre est compatible avec son modèle.
Dans son travail avec le reste de l'industrie, Facebook compte notamment décourager financièrement ces publications, même si aucune méthode n'est détaillée. En fin d'année dernière, le réseau social et Google annonçaient bannir les sites de fake news de leurs réseaux publicitaires, avec des résultats invérifiables. L'entreprise se garde également bien de pointer du doigt un acteur ou l'autre, l'attribution restant un jeu dangereux.
Face aux requêtes d’États et manipulations, Facebook demande des efforts internationaux
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Les combats politiques de Facebook
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Collaborer autour des requêtes d'États
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De la manipulation politique en ligne
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Mille et une recettes contre les discours faux
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 02/05/2017 à 12h10
Hey, les États régaliens ! Venez aider Facebook à donner à l’humanité l’envie d’être une communauté humaine et bienveillante dans le Monde.
Vivement quel’État français et l’Arcep vienne freiner l’entrain de Mark Z. - Emmanuel M.! va ubériser tout ça, Mark Z. ne va rien comprendre.
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Le 02/05/2017 à 13h15
Le 02/05/2017 à 13h48
Il faut pas se leurrer, la qualité c’est aussi ce qui permet d’avoir les annonceurs les plus rémunérateurs. C’est donc aussi une question d’argent, que de limiter la désinformation.
Le 02/05/2017 à 14h17
En rapport avec l’influence en ligne et l’utilisation de faux compte, je me permets de citer cet article que j’ai trouvé intéressant :
https://www.forbes.fr/politique/lastroturfing-a-t-il-gagne-lelection-presidentie…
L’astrotufing est la technique de propagande qui consiste à donner l’impression d’un comportement spontané et de masse. Cette simulation a été très utilisée sur les réseaux sociaux durant la campagne américaine pour l’élection de Donald Trump et pour celle du Brexit. D’Ali Juppé à Emmanuel Cahuzac, la France n’a pas été épargnée. […]
Le 02/05/2017 à 16h23
Le 02/05/2017 à 19h38
La principale instigatrice du pizza gate s’était félicitée de l’impact financier de son article, aussi, rendre les fake news moins rentables semble être une bonne piste.
Toutefois, attention aux faux positifs. Il serait prudent de ne pas engendrer de faux positifs, qui, avec les géants d’Internet, sont presque impossibles à faire corriger pour ceux qui en sont les victimes.
Expulsés des principales régies publicitaires, les sites légitimes risquent d’opter pour des régies de second rang, qui pullulent déjà assez comme cela, et qui véhiculent, elles, justement, des arnaques, des fausses actualités, et autres logiciels malveillants. L’approche mènerait alors à un résultat opposé à celui recherché.