4G fixe : l’Arcep choisit les fréquences, des opérateurs veulent revoir France THD
Attributions en septembre
Le 23 juin 2017 à 12h42
7 min
Société numérique
Société
Après Emmanuel Macron, c'est au tour de l'Arcep de donner son coup de pouce à la 4G fixe, via la technologie TD-LTE. L'autorité compte attribuer des fréquences en 3,5 GHz en septembre à des opérateurs, pour le compte de collectivités sur les réseaux publics. De quoi les satisfaire, même s'ils attendent une modification concrète du plan France THD.
L'attribution des fréquences pour la 4G fixe et la 5G est en vue. Le régulateur des télécoms, l'Arcep, a publié la synthèse des 66 contributions à sa consultation publique sur le sujet, menée de janvier à mars. L'objectif : chambouler les fréquences pour ouvrir les réseaux radio à d'autres acteurs que les opérateurs classiques (voir notre analyse). Il est notamment question d'étendre les perspectives de la 4G fixe, de préparer la 5G et d'aménager le spectre pour l'Internet des objets et les réseaux sans fil professionnels.
Parmi tout cela, le domaine le plus scruté est celui du très haut débit radio, qui doit permettre d'attendre la fibre en zones rurales, plus ou moins longtemps. La technologie phare doit en être la 4G fixe (TD-LTE), prévue pour faire patienter des centaines de milliers de foyers en attendant la fibre en zones rurales. Interrogés, des acteurs de ces réseaux saluent avec enthousiasme le chemin tracé par l'Arcep, qui ne convenait pourtant pas à tous.
Des fréquences réorganisées, notamment pour la 5G
Si une grande quantité de fréquences sont concernées par les travaux de l'Arcep, les 2,6 GHz et les 3,5 GHz sont au centre des préoccupations. L'autorité compte réserver les 40 MHz centraux dans les 2,6 GHz TDD pour les réseaux mobiles professionnels (PMR), qui sont appelés à passer au haut débit. Aujourd'hui, 25 000 réseaux locaux professionels sont autorisés et pourraient ainsi passer du TETRA au LTE. L'Arcep prévoit une consultation publique spécifique à l'automne, pour une procédure d'attribution ouverte à la fin de l'année.
Mais le TD-LTE doit surtout servir au très haut débit radio grand public, autrement dit la 4G fixe. Pour mémoire, cette technologie s'appuie sur la répartition de l'envoi et de la réception de données par plages de temps, et non sur des fréquences séparées (voir notre analyse). Dans sa synthèse, l'autorité des télécoms affirme bien vouloir consacrer 40 MHz à la 4G fixe (de 3 420 à 3 460 MHz), comme le réclamaient certains opérateurs radio.
« De plus, sur un certain nombre de territoires, 10 MHz supplémentaires (la bande 3 410 - 3 420 MHz) pourront être consacrés à cet usage, en fonction des contraintes de cohabitation avec les usages existant sous 3 400 MHz » précise l'autorité.
Les fréquences supérieures, jusqu'à 3,8 GHz, doivent elles être utilisées pour la 5G, dont le déploiement commercial est attendu pour 2020. « Cela permettra de disposer pour la 5G, de plus de 300 MHz contigus d'ici 2020, et de 340 MHz d'ici 2026 (voire 390 MHz là où les fréquences ne seraient pas utilisées pour le THD radio) » écrit le régulateur.
Ce dernier lance déjà un appel à des pilotes, sur une sous-bande de 80 MHz (3 600 à 3 680 MHz) à Lyon, Nantes, Lille, Le Havre, Saint-Étienne et Grenoble, à partir de l'an prochain. Il lance aussi des discussions avec l'ensemble des acteurs disposant de fréquences dans les futures bandes 5G, pour la réorganiser d'ici la fin de l'année.
Quelques heureux chez les opérateurs
À partir de juillet, une (autre, oui) consultation publique est prévue sur les modalités d'attribution des fréquences 4G fixe aux opérateurs... pour une procédure qui doit être lancée en septembre. La décision et le calendrier conviennent à certains acteurs, comme Alsatis et NomoTech, qui plongent tête la première dans les réseaux TD-LTE, modernisant souvent d'anciens réseaux Wi-Fi ou WiMAX publics qui ont fait leur temps, pour le compte de collectivités.
En fait, NomoTech est un farouche militant de la 4G fixe, utilisant à son avantage les ressources de la Fédération des industriels des réseaux publics (Firip), quitte à agacer Bercy fin 2015. Il y a quelques semaines, l'entreprise annonçait de premiers réseaux s'appuyant sur les nouvelles fréquences TD-LTE pour septembre, alors qu'elles ne sont toujours pas attribuées. Interrogé à l'époque, son vice-président Philippe Le Grand affichait sa confiance et prévoyait une multiplication des réseaux 4G fixe l'an prochain, à partir de 30 Mb/s descendant.
Contacté suite à la publication de la synthèse de l'Arcep, NomoTech réaffirme être prêt pour une première mise en service de réseau en septembre, les fréquences utilisées n'étant « qu'une question de configuration ». En fait, des réseaux radio très haut débit utilisent déjà du TD-LTE, sur les fréquences du WiMAX. Depuis janvier, c'est le cas d'Alsatis en Haute-Garonne, qui pourra passer sur les nouvelles fréquences quand elles seront attribuées.
« On se réjouit que l'Arcep essaie d'aller rapidement sur le sujet. Le volume de fréquences allouées au THD fixe correspond au besoin manifesté » réagit ici Romain Bucelle, son directeur associé. Un carton plein ? « Le carton plein sera quand le financement de la 4G fixe annoncé par le gouvernement se traduira réellement dans le plan France THD » via un nouveau cahier des charges, attendu fébrilement par certains opérateurs, après celui de 2015.
Celui-ci pourrait consacrer la place du TD-LTE en zones rurales, en attente d'une fibre qui pourrait n'arriver que dans une décennie par endroits, si elle y vient bien. C'est ce que réclamait déjà NomoTech il y a presque deux ans.
La 4G fixe a le vent en poupe, un plan France THD à revoir
Pour toute promesse du gouvernement, il s'agit aujourd'hui d'une tirade d'Emmanuel Macron, qui a faussement fustigé une promesse du « 100 % fibre » sur tout le territoire, qui n'a jamais été prononcée (voir notre analyse). Ce tour de passe-passe a surtout été l'occasion pour le président de glisser le besoin des réseaux radio, comprendre la 4G fixe si chère aux opérateurs. Revoir les conditions du plan France THD pourrait donc le concrétiser, mais il y a un problème, très concret.
Le plan très haut débit s'appuie sur des projets de départements et régions, validés par l'Agence du numérique pendant de longs mois. La quasi-totalité de ces projets (avec leurs calendriers et les subventions de l'État) sont déjà validés, voire entamés dans leur construction. Introduire plus de TD-LTE pour attendre la fibre en campagne demanderait donc de revoir ces plans, ajoutant potentiellement de belles lourdeurs administratives.
Pour Alsatis, c'est un non-problème : « La 4G fixe sur un territoire représente moins de 5 % du montant du plan fibre ». Il s'agirait donc d'un investissement minime, avec l'aval déjà affiché de l'exécutif. L'opérateur démarche déjà activement d'autres départements que la Haute-Garonne et la Charente, qui bêta testent déjà le TD-LTE.
La décision de l'Arcep n'est pourtant pas du goût de tous. Dans sa réponse à la consultation publique, Bouygues Telecom était clair : « Nous considérons [...] que les réseaux BLR [boucle locale radio] doivent être transférées dans les bande 2,6 GHz TDD et 2,3 GHz TDD, plutôt que maintenues dans la bande 3,4 - 3,6 GHz ». Las, l'autorité a préféré utiliser les 2,6 GHz pour les réseaux mobiles professionels.
« Rien ne nous semble justifier l’attribution de 40 MHz supplémentaires pour l’Internet fixe en rural. Nous estimons au contraire que le développement de la 5G, projet stratégique pour notre économie nationale, exige de libérer totalement la bande pour cet usage » ajoutait l'opérateur, qui propose aujourd'hui de la 4G fixe sur son propre réseau mobile, loin du TD-LTE envisagé par les collectivités locales.
4G fixe : l’Arcep choisit les fréquences, des opérateurs veulent revoir France THD
-
Des fréquences réorganisées, notamment pour la 5G
-
Quelques heureux chez les opérateurs
-
La 4G fixe a le vent en poupe, un plan France THD à revoir
Commentaires (23)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 23/06/2017 à 12h51
une (autre, oui) consultation publique
J’ai ri " />
Belles perspectives en tout cas.
Le 23/06/2017 à 12h58
Je crois que ça va vraiment être génial cette 4G en 3,5GHz que pratiquement personne ne captera en raison de sa faible pénétration dans les bâtiments.
Ou alors il va falloir faire comme dans les pays nordiques en collant des antennes sur le toit des maisons pour capter la 4G (il y’a beaucoup d’offres fixes passant par la 4G dans ces pays).
Mais avec la data mobile illimitée chez Free Mobile, je doute que beaucoup de gens ne soient motivés pour payer des centaines d’euros d’antennes à mettre sur le toit, sans compter le coût de la main d’oeuvre.
Les gens vont préférer continuer à fourrer des cartes SIM dans des mini-routeurs 4G plutôt que de se lancer dans des installations aux coûts prohibitifs.
Du coup, les gens resteront toujours sur les fréquences habituelles et le 3,5GHz pourrait ne pas servir à grand chose. Et allez chercher des terminaux compatibles 3,5GHz, je n’en connais aucun. Si quelqu’un aurait une petite liste ?
Le 23/06/2017 à 13h02
Et c’est quoi cette histoire de 4G 2600 MHz pour les réseau professionnels ? Cela veut donc dire que Free Mobile ne pourra pas acheter de ces fréquences parce qu’ils n’ont pas de clientèle professionnelle ? J’ai du mal à comprendre cette histoire ! " />
Le 23/06/2017 à 13h14
« Rien ne nous semble justifier l’attribution de 40 MHz supplémentaires pour l’Internet fixe en rural. Nous estimons au contraire que le développement de la 5G, projet stratégique pour notre économie nationale, exige de libérer totalement la bande pour cet usage » ajoutait l’opérateur, qui propose aujourd’hui de la 4G fixe sur son propre réseau mobile, loin du TD-LTE envisagé par les collectivités locales.
Donc, si je résume, BT veut mettre tous ses moyens dans la 5G, pour pouvoir en fournir le plus rapidement aux zones très denses au dépends des zones rurales.
Au final, les ZTD auront la fibre, la 5G, le câble, et au pire du vdsl et en ZR, on aura encore du 56k.
J’ai bon ?
Le 23/06/2017 à 13h16
”…la 4G fixe, via la technologie TD-LTE. L’autorité compte attribuer des fréquences en 3,5 GHz en septembre à des opérateurs…”
elle aura QUE 2 ans de retard !
mais, ce sera une BONNE chose : cette 4G-fixe (LTE) !!!
Le 23/06/2017 à 13h16
fallait pas élire de régionalistes aux dernières élections .
Paris d’abord !
Le 23/06/2017 à 13h25
Le 23/06/2017 à 14h22
Le 23/06/2017 à 16h21
Le 23/06/2017 à 16h49
Et pour les FAI associatifs, ce serait pas mal
Il y a quelque chose au sujet de la FFDN ?
Le 23/06/2017 à 16h57
Le 23/06/2017 à 17h01
Le 23/06/2017 à 17h29
Le 23/06/2017 à 17h32
Le 23/06/2017 à 17h52
Le 23/06/2017 à 18h06
La plupart des gens ne voudront pas de frais d’installation d’antenne externe, à moins que ceux-ci soient très faibles et/ou pris totalement en charge par les opérateurs (on peut imaginer que cela pourrait faire parti d’un coût de location de la box à 5 €/mois au lieu de 3 €/mois). Mais quid de Free qui ne facture pas de frais de location de la box. Je vois mal quiconque payer plus de 30 €/mois pour une offre sans télévision ni téléphone fixe.
D’ailleurs, l’offre 4G Home d’Orange est un échec absolu. Personne n’en n’a jamais parlé sur aucun site. Même sur LaFibre.info c’est la mort sur le forum concernant ce sujet. En même temps, 37 €/mois pour 40Go ! " />
Le 23/06/2017 à 18h41
Le 23/06/2017 à 18h50
Un flux TV en 1080p, c’est déjà du 5 Mbit/s minimum, et encore. Si tu as 100 personnes qui regardent en même temps la télévision en passant par la 4G, ça fait déjà 500 Mbit/s de capacités juste pour ça. Donc, à moins d’avoir rapidement de la 4G MIMO 8X8 avec des débits pouvant aller jusqu’à plus de 3 Gbit/s, ce n’est pas demain la veille.
D’ailleurs, on voit déjà que même sans faire passer la télévision, il semble déjà y avoir de gros problèmes de saturation chez Bouygues Télécom avec sa fameuse 4G Box. Je n’imagine pas le nombre de gens qui regardent la télévision sur Android TV avec l’application Molotov et qui monopolisent toute la soirée une partie de la capacité de l’antenne 4G juste pour faire passer un flux TV qu’ils ne regardent peut-être même pas.
Le problème qu’il y’a aussi aujourd’hui, c’est qu’il n’y a que Bouygues Télécom qui propose une offre 4G qui en vaut la peine. Du coup, tout les gens éligibles se barrent chez Bouygues Télécom. La charge n’est pas équitablement répartie entre une offre identique qu’auraient Bouygues Télécom + Orange + SFR + Free. Bouygues Télécom est obligé de supporter la totalité des anciens clients avec un mauvais ADSL dans une zone donnée, et ça sature tout.
Quand Orange aura une offre 4G Box digne de ce nom et que SFR + Free auront à leur tour une offre, les réseaux respireront mieux, mais là, avec seulement Bouygues Télécom, ça sature de tous les côtés.
Et concernant un BLR, le débit maximum théorique va très vite devenir insuffisant, s’il ne l’est pas déjà.
Le 23/06/2017 à 19h04
Le 23/06/2017 à 22h18
Bonsoir rguesdon,
J’utilise la 4G box de Bouygues et ne constate pas de ralentissements durables, ils sont ponctuels et n’interrompent pas mes téléchargements, même ceux en DDL depuis le navigateur. Mais il est vrai que je ne regarde pas la télé avec la 4G box, dans mon cas j’utilise le satellite que j’avais déjà.
Quels éléments vous permettent de dire que cela sature ?
Je comprends votre point comme quoi l’unique offre 4G commercialement valable serait la plus enclinte à saturer. Mais comme je n’observe pas cette saturation, je cherche à savoir si je suis chanceux ou dans la norme ?
Le 24/06/2017 à 10h46
Il y’a des commentaires assez négatifs depuis quelques semaines sur le site LaFibre.info :https://lafibre.info/bboost/effondrement-debit-4gbox/
Il y’a d’autres topics dans ce genre, sans compter le forum de Bouygues Télécom qui est rempli de topic de gens se plaignant de fortes baisses de débit. Et sans oublier quand c’est Bouygues Télécom qui ose carrément réduire le débit sur la ligne tellement fortement que les gens résilient presque tout de suite.
Le 25/06/2017 à 07h56
Le 25/06/2017 à 08h10
j”espère bien qu’ils* auront compris, sinon……
* l’ARCEP