Le gouvernement veut faire barrage à la publication du « code source » des projets de budget
Sinon ce sera OpenFissa
Le 15 décembre 2017 à 14h46
5 min
Droit
Droit
Le gouvernement vient de déposer un amendement visant à faire disparaître l’obligation, introduite la semaine dernière par le Sénat, de publier pour chaque projet de loi de finances le « code source » traduisant les réformes fiscales proposées par l'exécutif. Certains députés défendront une version de compromis.
« Irréaliste, tant du point du vue du calendrier que du volume des données concernées. » Le gouvernement d’Édouard Philippe, qui s’est vainement opposé vendredi 8 décembre à l’amendement du sénateur Vincent Éblé, ne lâche pas le morceau. Dans le cadre de la nouvelle lecture du projet de loi de finances pour 2018 devant l’Assemblée nationale, il réclame la suppression pure et simple de la réforme inscrite au nouvel article 44 bis B.
Afin de permettre aux citoyens, chercheurs, journalistes – mais aussi parlementaires – « de faire leurs propres simulations » et ainsi « mesurer l'incidence de la modification de tel ou tel paramètre d'une réforme fiscale », la Haute assemblée a souhaité contraindre l’exécutif à joindre à chaque projet de loi de finances et projet de loi de finances rectificative une « annexe explicative contenant le code source traduisant, en langage informatique, chacune des dispositions proposées relatives à l’assiette ou au taux des impositions de toutes natures » (voir notre article).
L’objectif : que le gouvernement publie, dès le dépôt du nouveau budget, les lignes de codes décrivant les réformes fiscales qu'il soumet au Parlement.
Les députés appelés à se positionner
L'exécutif, qui avait déjà fait valoir devant le Sénat que cette réforme était « impossible à mettre en œuvre », tente désormais de convaincre les députés. « Une proposition de mesure fiscale, déposée sur le bureau des assemblées en octobre, ne peut être accompagnée du code source qui la mettrait en œuvre » fait valoir le gouvernement, au motif que le « basculement » de ces règles de droit en langage informatique « peut prendre six à neuf mois ».
Il cite en exemple le logiciel de calcul de l’impôt sur le revenu :
« Le moteur informatique de calcul de l’impôt est mis au point de manière continue depuis l’été jusqu’à la fin de l’année, afin d’offrir aux usagers un outil de simulation de leur impôt dès les mois de janvier ou de février de l’année suivante. Cette mise au point se poursuit jusqu’à l’été suivant, date de la taxation effective des contribuables, d’une part, pour le compléter sur certains cas très particuliers, d’autre part, pour corriger notamment d’éventuelles erreurs identifiées dans les tests menés en parallèle. »
Le gouvernement souligne également que « le code source des applications de gestion de la fiscalité et leur maintenance » se décline en une « masse considérable » de données, « conçue pour fonctionner dans des environnements techniques comportant notamment des accès à divers référentiels (de contribuables, d’occurrences fiscales, de compétences territoriales, etc.) ».
Une version de compromis pour sauver les meubles
Les députés de la commission des finances n’ont pas touché au dispositif instauré par le Sénat, renvoyant les discussions au débat en hémicycle (qui débute aujourd’hui).
Si les députés de La France Insoumise souhaitent maintenir la réforme introduite par le Sénat (en obligeant au passage les pouvoirs publics à publier le détail des conséquences des réformes fiscales par « catégorie de décile de revenu »), d’autres élus vont défendre une version de compromis.
Une trentaine de centristes, menés par Charles de Courson et Laure de La Raudière (UDI - Agir), proposent de réécrire le dispositif. Sur la base de leurs amendements, l’annexe jointe à tout projet de loi de finances ou projet de loi de finances rectificative devrait comporter, pour chacune des modifications d’assiette ou de taux proposées :
- La méthode et les formules de calcul et, le cas échéant, le code source permettant la représentation ou la simulation des dispositions nouvelles présentées dans l’annexe.
- Les informations, les données et les hypothèses retenues pour évaluer les conséquences économiques, financières, sociales et environnementales.
- Les coûts et bénéfices attendus pour les personnes concernées et notamment les catégories d’administrations, de personnes morales et de personnes physiques.
- Les références des dispositions en vigueur, y compris le cas échéant, les instructions et circulaires.
« La mesure ne vise pas à imposer au gouvernement d’effectuer des développements informatiques en amont de la discussion de la loi de finances », tentent de rassurer ces élus, mais de permettre, « lorsqu’ils existent », « leur mise à disposition aux élus de la Nation ».
Les auteurs de ces amendements font valoir que l’ouverture de ces données « dans un format ouvert, aisément réutilisable et lisible par un traitement automatisé permettra d’injecter ces informations, paramètres et éventuels code-source dans le moteur [d’OpenFisca] », afin que le Parlement dispose d’une « représentation réelle des impacts générés par la loi de finances ». Ils estiment d’autre part que cet outil aidera à « observer les impacts de chacun des amendements » déposés au fil des débats budgétaires.
« C’est pour que cela ait une chance de passer... » nous confie l’un des députés à l’origine de ces amendements. Et pour cause, il y a peu de chance que les élus de la majorité s’opposent au gouvernement sur cet article, surtout en fin de semaine, à un moment où nombre de parlementaires se trouvent en circonscription.
Le gouvernement veut faire barrage à la publication du « code source » des projets de budget
-
Les députés appelés à se positionner
-
Une version de compromis pour sauver les meubles
Commentaires (11)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 15/12/2017 à 15h12
Pour rappel le faisabilité n’a jamais empêché les différentes majorités de voter des choses inapplicables. Toutes les entreprises qui essaient d’appliquer les réformes dés leur parution peuvent en attester.
Plus sérieusement pouvoir simuler l’impact des amendements et des nouvelles lois fiscales en temps réel aiderait vraiment les politiques à faire des propositions concrètes ; les citoyens intéressés pourraient avoir les données brutes et juger sur pièce. Prenez 2 ans s’il le faut mais faites le.
Le 15/12/2017 à 15h42
Il parait que c’est impossible à mettre en oeuvre, d’après le gouvernement …
Un changement des mentalités et des procédures est absolument nécessaire à Bercy, c’est une verrue, un état dans l’état.
Je les soupçonne de se marier entre-eux !
" />
Le 15/12/2017 à 16h17
“Le gouvernement souligne également que « le code source des applications de gestion de la fiscalité et leur maintenance » se décline en une « masse considérable » de données, « conçue
notamment des accès à divers référentiels (de contribuables,
d’occurrences fiscales, de compétences territoriales, etc.) ». ”
Belle tentative d’utiliser des mots savants (qui n’en sont pas, mais ils pensent que cela sera hermétique pour l’essentiel des mortels, c’est dire à quel niveau intellectuel ils nous situent et le mépris dont ils sont capables, l’ignorance aussi au passage) pour faire de l’enfumage prétendant justifier une position indéfendable (surtout avec le discours tenu parallèlement), là où ils décrivent un fonctionnement et un environnement en réalité banal pour une application ! " />
Le 15/12/2017 à 16h26
La transparence selon Saint Macron. Évidement…
Le 15/12/2017 à 17h05
Saint Macron, évidemment !
Le 15/12/2017 à 17h21
Une obsession, ça se soigne à un moment.
(vu qu’on est vendredi et que tu fais ça pour provoquer, je ne vais pas te décevoir)
Le 15/12/2017 à 17h23
Le 15/12/2017 à 17h25
Le 15/12/2017 à 19h01
Ca n a rien d une ineptie.
D une part, ils mélangent code source et données (1’phrase), et d autre part ils decrivent le fonctionnement d une base de données (2’phrase toute pourrie que je citais plus haut, oui le truc avec plusieurs référentiels comme ils disent , un select dans une db quoi ^^)
Ils diraient on a un problème d interopérabilité entre les bases lesquelles sont gigantesques et difficilement anonymisables, tandis que nos algos sont pas structurés dans une appli unique, mais en réalité on en utilise plusieurs successivement pour nos simus (ce qui est probablement le cas), de sorte que y a pas un code source a dévoiler mais un bordel d appli/script successifs de modélisation, alors là je pourrais adhérer…
Le 15/12/2017 à 21h10
La phrase n’est pas forcément parfaite, mais faire des procès d’intention comme tu as fait, c’est pénible et chiant, je le dis clairement. J’en ai un peu marre de ces commentaires à 2 balles, et ton dernier commentaire est déjà beaucoup plus pertinent et ne m’aurait pas fait réagir comme ça.
Le 18/12/2017 à 09h23
Alors qu’avec une flat taxe on serait mois emmerdés
Code source néant