L’Assemblée repousse la fin des appels surtaxés vers les administrations à 2021 « au plus tard »
Beau temps pour se jeter allô
Le 25 janvier 2018 à 09h37
5 min
Droit
Droit
Afin de ne pas s’exposer à des pénalités contractuelles, le gouvernement a demandé à l’Assemblée nationale de reporter la fin des appels surtaxés vers les services publics (CAF, DGFiP...) à 2021. Les députés ont toutefois préféré laisser la possibilité à certaines administrations de sauter le pas avant cette date butoir.
Alors que les élus pestent depuis des années contre le coût des contacts téléphoniques vers de nombreuses administrations (6 centimes la minute pour les allocations familiales ou les impôts, par exemple), le gouvernement d’Édouard Phillipe a créé la surprise en soutenant, mardi 16 janvier, un amendement visant à mettre fin à ces pratiques (voir notre compte rendu).
En commission, dans le cadre du projet de loi « Darmanin » sur le droit à l’erreur, la majorité a ainsi souhaité que tous « les services de l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics qui en dépendent » mettent dorénavant à la disposition du public « un numéro d’appel non géographique, fixe et non surtaxé ». Celui-ci ne sera donc pas totalement gratuit, mais facturé au prix d’une communication locale – bien souvent incluse dans de nombreux forfaits désormais.
Une réforme immédiate « susciterait des difficultés juridiques et économiques »
À l’approche des débats en séance publique, le gouvernement avait cependant déposé un amendement reportant l’entrée en vigueur de cette réforme au 1er janvier 2021. Motif invoqué : l’application immédiate de ces dispositions « susciterait des difficultés juridiques et économiques », en raison de différents contrats en cours entre l’administration et des centres d’appel. « Il est donc nécessaire de donner du temps aux services de l’État et à ses établissements publics pour mettre en œuvre cette exigence », clamait l’exécutif.
« On peut se dire que 2021, c'est tard » a admis, hier dans l’hémicycle, le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin. « Simplement, il serait un peu contre-intuitif et très dépensier de casser des contrats pour le plaisir si j'ose dire de voir une date rapide se mettre en place. » Le locataire de Bercy n’a néanmoins pas précisé le nombre de contrats en cours ni la moindre estimation des pénalités que pourrait avoir à payer l’État s’il devait modifier ceux-ci du jour au lendemain.
La députée Jeanine Dubié a alors pris la parole pour dénoncer un « retour en arrière », sous les applaudissements. « Il n'est pas normal que nos concitoyens doivent payer pour avoir accès à de l'information de service public » a-t-elle lancé.
« Je veux bien qu'on dise qu'on ne surtaxe plus le contribuable, mais la vérité, c'est qu'il faudra bien que quelqu'un paie [ces services] » a rétorqué Gérald Darmanin. « Tout ce qui est gratuit a quand même un coût ! » a-t-il poursuivi.
Une réforme de « quelques millions d’euros »
La fin de la surtaxe devrait d’ailleurs générer selon lui « quelques millions d'euros de recettes en moins (ou de dépenses en plus) pour l'État ». « Et à la fin, c'est bien le contribuable qui paie » s’est-il justifié, dans la mesure où la « gratuité » des appels conduira à faire peser leur coût sur d’autres recettes publiques.
Pour « éviter de casser des contrats, avec des clauses qui feraient payer plus cher le contribuable », le ministre a malgré tout accepté de s’en remettre à un amendement de compromis défendu par la députée Laure de La Raudière (UDI-Agir). Plutôt que de prévoir une entrée en vigueur au 1er janvier 2021, l’élue proposait que la mise en œuvre de cette réforme se fasse « au plus tard » à cette date.
Cela devrait « permettre aux administrations ayant des contrats achevés avant cette date de basculer vers le nouveau régime sans attendre », expliquait-elle en appui de sa proposition. De ce dispositif basé sur le volontariat, on déduit cependant que rien n’empêchera certains services de maintenir leur surtaxe jusqu’en 2021, contrat ou pas.
« Attention cependant aux appels réitérés d'un certain nombre de contribuables. Ils sont sans doute très minoritaires, mais on en connait quelques-uns » a enfin prévenu Gérald Darmanin, avant de retirer l’amendement du gouvernement au profit de celui de Laure de La Raudière, qui a donc été adopté.
En commission, les députés de la majorité avaient de leur côté fait valoir que cette réforme permettrait d'améliorer les relations entre usagers et administrations, et in fine le coût des services téléphoniques. « L’attente au bout d’une ligne téléphonique génère d’autant plus de stress et de conflictualité qu’elle a coût financier » soulignait à cet égard Laurent Saint-Martin.
L’exécutif a au passage fait voter un amendement excluant les collectivités territoriales (villes, départements, régions...) de cette réforme – et ce en raison « des conséquences encore incertaines que ce dispositif pourrait avoir sur leur situation financière ».
L’amendement des députés Nouvelle Gauche, qui souhaitaient préciser que les services de renseignements administratifs de type 39 39 et 34 00 étaient concernés par la fin de la surtaxe, a quant à lui été rejeté. Le rapporteur Stanislas Guérini a fait valoir que les dispositions votées par l’Assemblée couvraient ce cas de figure.
Les discussions sur le projet de loi « Darmanin » doivent se poursuivre toute la semaine, avant un vote solennel mardi prochain. Le texte sera alors transmis au Sénat, dans le cadre d’une procédure accélérée (avec donc une seule lecture, en principe, par assemblée).
L’Assemblée repousse la fin des appels surtaxés vers les administrations à 2021 « au plus tard »
-
Une réforme immédiate « susciterait des difficultés juridiques et économiques »
-
Une réforme de « quelques millions d’euros »
Commentaires (22)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 25/01/2018 à 12h09
Bof, pas besoin d’imaginer qu’il y a corruption.
On est dans le même cas que pour l’open data de toutes les administrations : un politique l’a annoncé en grande pompe, les administrations lui ont fait remarqué que ça faisait un trou dans le budget, qui devrait être compensé soit par une augmentation du budget soit par une réduction des missions, et ça c’est transformé en une annonce en grande pompe qu’on le ferait, mais plus tard, et/ou sur un périmètre réduit.
Le 25/01/2018 à 12h32
Le 25/01/2018 à 12h35
Quand je vois qu’un appel vers l’Administration est surtaxé, je zappe. Tant pis, je me fends d’un timbre poste et j’écris une bafouille. Comme les économies de personnel ont dans la plupart des cas été déjà effectués, on en arrive à des cas ubuesques. Par exemple, j’ai recu le 23 juin dernier un document de la sécurité sociale m’avertissant que je pouvais reprendre mon travail le 6 juin ! Un beau dossier pour les attaquer au tribunal administratif !
On paye des impôts sur nos revenus pour faire entr’autre fonctionner l’Administration et en plus, on doit payer pour tenter de rentrer en contact avec eux ! ça me fait penser à la TVA appliquée aux taxes: Le beurre, l’argent du beurre, le cul de la cremière, et quoi encore ?
Appel surtaxé ? Boycott !
Le 25/01/2018 à 12h37
C’est honteux et scandaleux. On paye pas des impôts pour avoir au moins à minima des numéros de téléphones gratuits non ? C’est quand même incroyable ça. On trouve des solutions très rapidement pour modifier le droit du travail par contre pour ça … “ah bah non vous comprenez c’est compliqué …”. C’est surtout que c’est un manque à gagner pour l’état (la bande de voleur organisée). Vos concitoyens ne vous disent pas merci. Nul, nul, nul … " />
Le 25/01/2018 à 12h55
échange mutuel de bons procédés…le lobby de l’un arrange le lobby de l’autre ….
Le 25/01/2018 à 13h42
Suspicions mal-placées.
Le 25/01/2018 à 13h55
Le 25/01/2018 à 14h26
Evidemment je suis pour l’arrêt de ces surtaxes honteuses. Mais comme l’article l’explique, des contrats sont signés et les interrompre en plein milieu revient à devoir payer d’un coup tout les sommes restantes ainsi que des pénalités. Donc l’administration devrait payer payer 2 fois pour un service dont elle ne bénéficie pas . C’est pas idiot d’attendre la fin de chaque contrat et ne pas les renouveler, en fait c’est comme ca qu’on gère une trésorerie.
Le 25/01/2018 à 14h48
Le 25/01/2018 à 15h05
je ne trouve pas.
Quand un politicien promet qquechose et baisse son froc par la suite une fois en poste….
Le 25/01/2018 à 15h13
Moui, je suppose que ça doit dépendre si le quelque chose de promis te plait ou pas à la base.
C’est comme les groupes de pression, si on est contre, c’est un lobby, si on est pour, c’est une association citoyenne.
Le 25/01/2018 à 15h57
Mais, non. Promettre n’importe-quoi pour être élu et faire autre chose n’a dans l’écrasante majorité des cas rien avoir avec la corruption. C’est juste que les français (mais pas que) préfèrent voter pour des démagogues plutôt que pour des choses tenables.
Le 25/01/2018 à 16h27
c’est vrai que NDDL c’était (très) compliqué de prendre la bonne décision ???
le projet était bloqué car il* a TROP tardé à prendre LA décision sans qu’il y-eu (risque) des morts !
Le 25/01/2018 à 18h04
Suffit de pas acheté un nouvel avion présidentiel, cela couvrirai largement les frais." />
Le 26/01/2018 à 09h13
Le 26/01/2018 à 10h13
Mais à côté de ça on dépense des centaines milliers d’euros pour permettre à notre cher PM de gagner quelques heures " />
C’est pas beau la vie d’élu de politique? " />
Le 27/01/2018 à 10h45
parfois c’est vrai qu’on a du mal à suivre “leur logique” de gestion financière ?
ça…c’est comme “la bonne affaire”* des échanges :
contre
* qu’il a crût faire
Le 25/01/2018 à 09h44
Ah quelle surprise. " /> C’était pourtant une bonne nouvelle.
Le 25/01/2018 à 09h49
« Il n’est pas normal que nos concitoyens doivent payer pour avoir accès à de
l’information de service public »
heu….nous ça nous paraît du BON-SENS !
de temps-en-temps faut le leur rappeler ?
" />
Le 25/01/2018 à 09h55
Ou sinon on met un nombre moyen d’appel gratuit par personne ? Par exemple avec la sécu, on aurait le droit à 15 appel dans l’année et vu qu’on doit indiquer à chaque fois qui on est c’est vite fait de faire le comptage. Non ?
Le 25/01/2018 à 10h38
Une réforme immédiate « susciterait des difficultés juridiques et économiques »
– Ah parce qu’une reforme par ordonnance du droit du travail non?
Le 25/01/2018 à 10h46
bin voyons …le dessous de table a dû être généreux ….