Cyberhaine : l’Electronic Frontier Foundation et des juristes s’attaquent à la loi Avia
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Le 01 juin 2020 à 12h58
13 min
Droit
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Après la saisine des sénateurs, l’intervention de TECH IN France, de la Quadrature du Net et Wikimédia France, plusieurs organisations américaines adressent une contribution au Conseil constitutionnel. Elles dénoncent les travers de la loi Avia contre la haine en ligne, texte jugé aussi inconstitutionnel qu’inopportun. Next INpact dévoile le document.
La French American Bar Association (FABA USA), Mme Nadine Strossen (professeur émérite de droit constitutionnel, ancienne présidente de l'American Civil Liberties Union) et l’Electronic Frontier Foundation (EFF) viennent d’envoyer à leur tour une « porte étroite » aux neuf Sages. La procédure permet à des entités, autres que les auteurs de la saisine initiale, de soulever des questions de droit à un texte en phase de contrôle.
Que reprochent-ils à la loi contre la haine en ligne ? Pour mémoire, elle va imposer aux plateformes comme Twitter, YouTube ou Facebook de retirer en 24 heures une série de contenus, pour autant qu’ils soient manifestement rattachés à une série d’infractions dites « haineuses ». Suite à un amendement gouvernemental, ce délai a même été ramené à 1 heure pour les contenus pédopornographiques ou faisant l’apologie ou incitant au terrorisme.
Selon les auteurs de cette contribution venue d’outre-Atlantique, la loi Avia rompt l’équilibre jusqu’alors en vigueur en matière de responsabilité des intermédiaires techniques. Par exemple, alors que la loi sur la confiance dans l’économie numérique prévoit depuis 2004 une obligation de coopération pour lutter contre les contenus odieux à travers un dispositif de signalement, la loi portée par la LREM Laetitia Avia « impose aux plateformes qu’ils soient retirés, rendus inaccessibles ou déréférencés dans un délai de 24 h, ou d’une heure, sous peine d’une qualification pénale du non-retrait de ce contenu, assorti d’une amende significative. »
Une atteinte à la liberté d’expression
Comme les précédentes contributions extérieures, en particulier celle de Wikimédia France, l’EFF et ses acolytes considèrent que les obligations de retrait en 24 ou 1 heure vont mécaniquement entraîner une surcensure de contenus « parfaitement licite », « dans la mesure où les délais de retrait sont impraticables pour la plupart des hébergeurs, en particulier ceux pour lesquels les ressources à investir seraient disproportionnées par rapport à la taille de leurs activités ».
Ils s’appuient notamment sur la lettre qu’avait adressée la Commission européenne, révélée par Next INpact, où la Commission constatait « que l’obligation pour les plateformes de supprimer tout contenu illicite notifié dans un délai de 24 heures, combinée à la lourde sanction (…), à la grande variété d’infractions soumises à une telle obligation (pouvant nécessiter une évaluation contextuelle plus ou moins approfondie) et à la réduction des exigences de notification susmentionnée, pourraient avoir des conséquences néfastes ».
Selon l’institution bruxelloise, cette loi « pourrait notamment créer une charge disproportionnée sur les plateformes en ligne et dans certaines circonstances, un risque de suppression excessive de contenus, ce qui porterait ainsi atteinte à la liberté d’expression ».
Pour comprendre pourquoi, il suffit de rappeler que lorsqu’une plateforme ne retirera pas dans les délais impartis un contenu manifestement rattaché à l’une des infractions, elle encourra une amende de 250 000 euros (multipliée par cinq pour les personnes morales, selon la ministre de la Justice). La crainte est que la censure soit étendue aux contenus en dessous de ce seuil d’évidence, tout simplement par sécurité juridique : pour se couvrir du risque de sanction infligée par un tribunal, l’intermédiaire aura toujours intérêt à supprimer plus généreusement que conserver.
Certes la loi Avia prévoit une sanction administrative infligée par le CSA qui pourra prendre en compte les cas de surcensure. Toutefois, elle n’est qu’hypothétique et lointaine : en cas de manquement aux obligations des plateformes, le Conseil aura simplement le loisir de « prendre en compte l’application inadéquate par l’opérateur des procédures et des moyens humains et, le cas échéant, technologiques » destinés à « prévenir les retraits excessifs de contenus ».
D’une obligation de résultat (sanction pour défaut de retrait des contenus manifestement illicites) on glisse donc à une obligation de moyen (possible sanction des retraits trop généreux, livré au bon vouloir de l’autorité administrative).
« L’obligation de retrait de 24 h ou d’une heure suivant la notification, ajoutent les signataires, généralisera le recours à des filtres automatisés et algorithmes de détection automatiques aux fins de permettre aux hébergeurs de tenter de satisfaire des délais, non seulement impraticables, mais surtout, déclencheurs d’une infraction pénale dès leur violation ». Un autre « effet pervers » selon eux. Et ceux-ci de signaler les précédents peu glorieux sur Facebook : censure d’œuvres d’art jugées trop dénudées ou de photos d’allaitement, notamment.
Une disposition disproportionnée
La lettre de l’EFF et des autres participants à cette contribution extérieure rappelle un autre point soulevé par la Commission européenne : la proportionnalité de la mesure. L’instance regrettait que les autorités françaises n’aient « pas fourni d'évaluation concernant la proportionnalité des obligations imposées aux plateformes en ligne (en particulier celles établies dans d'autres États membres, y compris les plus petits) et l’existence de mesures potentiellement moins restrictives qui pourraient permettre d’atteindre l'objectif déclaré ».
Si la France n’avait pas accompagné le texte de la moindre étude d’impact, c’est tout simplement parce que le gouvernement avait opté pour une proposition de loi plutôt qu’un projet de loi. Seul ce dernier doit être accompagné d’un tel document. Ce fait, insistent les auteurs de la contribution, « ne retire rien à l’obligation constitutionnelle de satisfaire à la nécessité de choisir la solution la moins restrictive ».
Autre argument issu d’une décision passée du Conseil constitutionnel de 1984 : « les hébergeurs concernés [seront] immédiatement sujets à des dispositions pénales dès qu’ils enfreignent la contrainte de retrait en 24 heures ou en une heure, avant même que le juge judiciaire ait eu la possibilité d’instruire un quelconque aspect du contentieux impliqué ». Selon la lettre, il s’agit d’un régime d’autorisation préalable déguisé : « le fait d’imposer un délai fixe, en lieu et place d’une obligation de prompt retrait dans le cadre d’une procédure judiciaire, force le régime de notification à générer des effets équivalents à un régime d’autorisation préalable, et doit être par conséquent rejeté ».
Comme TECH IN France, ils estiment que le régime mis en place par Laetitia Avia, même si celle-ci s’en défend, vient confier aux intermédiaires comme Twitter ou YouTube « une véritable sous-traitance de missions, soit de police judiciaire, soit de police administrative ». L’article 1 de la loi, « dans la mesure où il force, par une disposition pénale, les hébergeurs à se soumettre à une obligation systématique de retrait ou de référencement de contenus illicites, les transforme donc en agents des forces judiciaires ». Transfert de compétence qui serait peu en phase avec les normes fondamentales.
Incompatibilité avec le droit européen
D’autres points sont épinglés. En particulier, le défaut de compatibilité avec le droit européen, en particulier la directive sur le commerce électronique de 2000. « Les lois nationales qui incorporent la directive sur le commerce électronique doivent respecter les normes définies par l'Union européenne et doivent être interprétées à la lumière des principes définis » par cette directive.
La directive en question pose le principe du pays d’origine. Ainsi, un État membre ne peut restreindre la libre circulation des services en provenance d’un autre État membre, seulement de ceux installés dans son territoire. C’est la clause frontalière. Or, la loi Avia « s'applique aux hébergeurs dont l'activité sur le territoire français dépasse un certain seuil. Non seulement [elle] s'applique aux hébergeurs établis dans d'autres États membres, mais il semble que la majorité des hébergeurs ciblés seront établis hors du territoire français ». Certes, la même directive accepte des dérogations, mais pour autant qu’elles soient ciblées et proportionnées. Deux principes qui manqueraient à l’appel, puisque la loi contre la haine en ligne s’applique à l’ensemble des acteurs dépassant un seuil d’activités fixé par décret.
De même, si le texte de 2000 fixe le régime de responsabilité des hébergeurs, il n’a pas déterminé de délai, contrairement à la loi Avia. Ainsi, « la loi déférée abandonne toute analyse contextuelle d’un contenu potentiellement illicite et ignore également la nécessité d'éviter de faire peser une charge sur les hébergeurs aux fins d’identifier le contenu notifié ».
Pire, en imposant un délai de retrait après réception d’une demande de suppression, les signataires considèrent que « de nombreuses plateformes n'auront d'autre choix que de recourir à une surveillance généralisée des contenus ou d'utiliser des systèmes de filtrage automatisés pour supprimer les contenus potentiellement illicites ». Des procédures de filtrage automatiques « notoirement imprécises et erronées, sujettes à la surcensure de contenus parfaitement légitimes et dépourvues de quelconques contre-pouvoirs ».
Politique publique de censure : quelle efficacité ?
Au-delà des arguments constitutionnels et donc juridiques, l’EFF, la FABA et la Pr Strossen jugent les lois sur les contenus haineux comme les fruits d’une « politique publique inadaptée et inefficace ».
Ils s’appuient sur une épaisse littérature et des arguments historiques : « Durant la montée au pouvoir des nazis en Allemagne, il existait déjà des lois criminalisant les discours haineux et discriminatoires, qui étaient similaires aux lois contemporaines sur les contenus haineux ». Avec le résultat que l’on sait. « Plutôt que de supprimer l’idéologie antisémite des nazis, ces poursuites ont aidé les nazis à attirer l’attention sur eux et à agréger des soutiens en leur faveur ».
Ils citent plusieurs rapports en ce sens, comme cette étude de 2011 préparée pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, ou encore celle de 2013 du Parlement européen. En 2016, le professeur de l'Université d'Oxford, Timothy Garton Ash a relevé que la France, « qui a un niveau relativement élevé de poursuites fondées sur les discours haineux », a malgré tout connu « une discrimination endémique sur son marché du travail ». Le même juriste cite aussi le cas des chants racistes « dans ses stades de football. »
« Il n’existe aucune preuve que les pays qui adoptent des lois sur les contenus haineux connaissent une baisse du nombre de discours haineux ou de comportements discriminatoires. Parmi les nombreuses illustrations de cette non-corrélation, les exemples sont légion » poursuit la contribution extérieure.
Autre effet délétère, « la censure génère de la parole discriminatoire clandestine, avec des conséquences négatives importantes ». Impossible par exemple pour le public d’écouter ces idées et d’en combattre les failles, voire d’apporter des contre-réponses. « À long terme, une diffusion ouverte d'idées discriminatoires suivies d’un débat peut être bien plus efficace pour les freiner que ne le serait la censure initiale » pensent les juristes. « La lumière du soleil est le meilleur désinfectant » estiment-ils, depuis le pays du Premier amendement.
Ils évoquent aussi l’inévitable Effet Streisand des lois de censure, où un contenu retiré va également nourrir le désir d’une partie du public d’obtenir l’information supprimée. « De plus, en présentant l’orateur réduit au silence en martyr de la liberté d'expression, la censure empêche également les critiques de donner des leçons de morale sur le contenu interdit ».
Ces législations seraient un terreau pour alimenter les tensions entre les groupes sociaux. « L'expérience enseigne que le moyen le plus efficace de réduire ou de résoudre les conflits entre ces groupes consiste à recourir à des approches coopératives et conciliantes plutôt qu'à une batterie de mesures législatives ».
Plutôt que d'empiler ce genre de textes, ils plaident pour d’autres stratégies comme celles des contrediscours : « Internet permet non seulement de transmettre plus facilement que jamais des messages haineux, mais il rend également la réfutation de ceux-ci plus facile également. De plus, internet permet de mesurer plus facilement l’étendue et l’incidence du contrediscours ».
La loi NetzDG et ses effets
Au passage, ils égratignent la loi NetzDG en œuvre depuis 2018. Les réseaux sociaux comportant plus de deux millions d’utilisateurs allemands ont l’obligation en principe de supprimer en 24 heures les contenus manifestement illégaux, s’ils se raccrochent à l'une des 21 dispositions du Code pénal allemand auxquelles se réfère la loi. Parmi ces dispositions, relevons l’atteinte aux convictions, à l’intimité, à la liberté individuelle, les insultes, la mise en danger de l’État de droit démocratique… En cas de défaut de retrait, la plateforme encourt jusqu’à 50 millions d’euros d’amende.
L’EFF, la FABA et la Pr Strossen relèvent que l’entrée en vigueur de cette loi n’a pas empêché le parti d’extrême droite « Alternative pour l’Allemagne » de percer aux élections. Au contraire, des discours parodiant leur champ lexical ont, eux, été victimes de censure sur Twitter, sur fond de loi NetzDG. « De manière particulièrement ironique, la loi NetzDG a même supprimé un tweet du ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui avait été son principal promoteur quand il était ministre de la Justice. Son tweet retiré avait traité d’« idiot » un opposant à l’immigration ».
Malgré la loi NetzDG, les attentats se sont poursuivis outre-Rhin (Hanau, Halle, assassinat du préfet Walter Lübcke, etc.). « Même les partisans de la loi NetzDG sont bien obligés de reconnaître qu’elle n’a manifestement pas bloqué les idées, les contenus ni les actions haineuses. Nombre d’entre eux soutiennent désormais une autre loi, encore plus stricte, qui obligerait les médias sociaux à supprimer encore plus de contenus. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux Allemands déplorent cette initiative comme étant la pire des situations : elle bâillonnerait l’expression importante de citoyens respectueux de la loi, sans pour autant supprimer les opinions ni la violence haineuse ».
Saisi le 18 mai, le Conseil constitutionnel rendra sa décision avant le 18 juin prochain.
Le 01 juin 2020 à 12h58
Cyberhaine : l’Electronic Frontier Foundation et des juristes s’attaquent à la loi Avia
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Une atteinte à la liberté d’expression
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Une disposition disproportionnée
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Incompatibilité avec le droit européen
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Politique publique de censure : quelle efficacité ?
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La loi NetzDG et ses effets
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 01/06/2020 à 15h07
#1
L’obligation de retrait de 24h ou d’une heure suivant la notification : Et qui doit fournir cette notification ?
Si c’est l’utilisateur via un formulaire il faudra que la plateforme propose plusieurs choix et que le bon sois choisis. Par exemple si sur NXI je signale un commentaire je doit écrire une raison et derrière quelqu’un devra la lire donc je suppose que ce n’est pas avia compatible. Après sur nxi il est certains qu’il y à très peu de haine car ce n’est pas un site très généraliste mais sur un gros réseaux cela peut vite créer un énorme bordel.
Si c’est le ministère qui envois une notification alors ça sera facile à gérer sur la plateforme mais c’est le ministère qui devra faire le tri des report et les sites devront avoir une ligne directe avec eux pour permettre au utilisateur de leur envoyer le report. C’est plus ou moins ce qu’il ce passe déja avec la plateforme pharos non ? Sauf que la c’est un formulaire à remplir sur le site qui ensuite contacte la plateforme.
Concernant la liberté d’expression il serait intéressant de faire un petit dossier la dessus. Créer un compte sur différent réseaux sociaux / forums / sites puis péter les même commentaires et voir ceux qui reste et ceux qui giclent.
Par exemple sur yahoo c’est quasiment open bar alors que sur 20 minutes c’est à la limite du nazisme.
Le 01/06/2020 à 15h17
#2
elle encourra une amende de 250 000 euros (multipliée par cinq pour les personnes morales
selon la ministre de la Justice).
elles auront ‘intérêt à sabrer’ (en cas de doute) ! " />
Le 01/06/2020 à 16h02
#3
Ils s’appuient sur une épaisse littérature et des arguments historiques : « Durant la montée au pouvoir des nazis en Allemagne, il existait déjà des lois criminalisant les discours haineux et discriminatoires, qui étaient similaires aux lois contemporaines sur les contenus haineux ». Avec le résultat que l’on sait. « Plutôt que de supprimer l’idéologie antisémite des nazis, ces poursuites ont aidé les nazis à attirer l’attention sur eux et à agréger des soutiens en leur faveur ».
C’est véridique comme fait ?
Comme quoi, on continue à être con, à perpétrer les mêmes conneries …
Ils citent plusieurs rapports en ce sens, comme cette étude de 2011 préparée pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ou encore celle de 2013 du Parlement européen. En 2016, le professeur de l’Université d’Oxford, Timothy Garton Ash a relevé que la France, « qui a un niveau relativement élevé de poursuites fondées sur les discours haineux », a malgré tout connu « une discrimination endémique sur son marché du travail ». Le même juriste cite aussi le cas des chants racistes « dans ses stades de football. »
Oui mais c’est pas grave, ça incite à faire de nouvelles lois plus dures et ça donne du boulot à certaines assos.
Le 01/06/2020 à 18h22
#4
L’EFF, la FABA et la Pr Strossen relèvent que l’entrée en vigueur de cette loi n’a pas empêché le parti d’extrême droite « Alternative pour l’Allemagne » de percer aux élections. Au contraire, des discours parodiant leur champ lexical ont, eux, été victimes de censure sur Twitter, sur fond de loi NetzDG. « De manière particulièrement ironique, la loi NetzDG a même supprimé un tweet du ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui avait été son principal promoteur quand il était ministre de la Justice. Son tweet retiré avait traité d’« idiot » un opposant à l’immigration ».
Je ne connaissais pas ce précédent allemand de la loi NetzDG. Son bilan ne fait que confirmer ma pire crainte à propos de la loi Avia qui, je trouve, n’est pas assez analysée et mis en avant parmi ses opposants.
Les trolls d’extrême-droite se foutent totalement de la liberté d’expression SAUF à se poser en victime d’une censure quand l’occasion se présente et quand ça peut les aider à diffuser leur idéologie.
Ces groupes ont dans leur ADN une capacité à se jouer des régimes de censure sur les réseaux sociaux. Ils ont déjà tous les anticorps contre une loi Avia : jargon, novlangue, euphémisme, private jokes, etc
En revanche ceux qui les combattent tous les jours, eux, ne les ont pas.
Ce seront donc toutes ces petites mains qui s’efforcent, post par post, d’endiguer la peste que ces gros bâtards de trolls organisés d’extrême-droite propagent qui subiront de plein fouet la censure préventive de la loi Avia.
Ce sont eux qui devront choisir leur mot pour ne pas être automatiquement strikés.
Ce sont eux qui devront jouer selon les règles imposées par les tours de passe passe sémantiques des fachos.
La loi Avia donnera des ailes à ceux qu’elle est censée combattre.
Le 01/06/2020 à 20h26
#5
c’est tellement evident que cela sera l’effet qu’on se demande si c’est pas le but…
Le 01/06/2020 à 21h43
#6
Le 02/06/2020 à 06h26
#7
Plus que la censure, l’absence de débat d’idées favorise les opinions radicales et les préjugés néfastes. Or, depuis quelques années, il n’y a plus de débats dans les médias mainstream, on entend s’exprimer des éditorialistes qui ont la science infuse, des chroniqueurs payés pour faire la polémique, pour faire le jeu “pour ou contre” sans rien derrière, des experts qui savent ce qu’il faut faire. On nage dans le conformisme et le conservatisme pour éviter les questions de société et pour stimuler l’audience et le buzz de la petite phrase sur les médias sociaux.
Ajouté à ça le fait qu’on n’incite plus les gens à lire des livres et à argumenter plutôt qu’à réagir et à consommer l’actualité du moment.
Censurer la haine qui s’exprime, ça revient à supprimer les symptômes mais pas la maladie, c’est comme donner du paracétamol ou de la codéine pour soigner une douleur dentaire.
Le 02/06/2020 à 06h39
#8
Moi, le confinement m’a appris une chose. J’ai pris conscience qu’on va dans le mur à vouloir tout accélérer (censurer sur le Web des propos préjugés haineux dans l’heure ? Seriously ?). À un moment, de gré ou de force, la concurrence et la croissance s’arrêteront. Pendant 55 jours, c’était à cause d’une épidémie, la prochaine fois ce sera une autre épidémie ou autre chose (une crise bancaire, une revolte “gilets jaunes”x10, etc).
Le 02/06/2020 à 07h09
#9
Les trolls d’extrême-droite se foutent totalement de la liberté d’expression SAUF à se poser
en victime d’une censure quand l’occasion se présente et quand ça peut les aider à diffuser leur idéologie…
Le 02/06/2020 à 07h13
#10
Le fond du problème c’est que la “haine” n’est pas une définition juridique très précise. La haine ça peut-être n’importe quoi en fonction du point de vue de chacun. Donc c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. La censure généralisé. Avec cette loi on ne pourra discuter de rien.
Le 02/06/2020 à 07h21
#11
Le 02/06/2020 à 07h38
#12
précision :
par “EUX” , je pensai “aux pers. en haut lieu…qui nous gouvernent” ! " />
Le 02/06/2020 à 07h52
#13
Bah, je vais te donner une réponse qui vaut ce qu’elle vaut.
Il existe en Belgique une unité de police spécialisée dans la recherche de propos “problématiques” sur le net. Ca couvre tout l’éventail, depuis le radicalisme religieux jusqu’aux propos racistes, le tout en passant par la porpagande d’extrème gauche. Bien souvent, le contenu est signalé aux plateformes qui sont censées le supprimer rapidement.
Or, plusieurs études (nottament commandées par l’onu) ont montré du doigt que le fait de tout supprimer sans se poser de question était en fait contre productif. Par exemple, il est plus intéressant de laisser des gars d’extrème-droite s’exprimer et les tenir à l’oeil là où ils sont bien visibles. Dans le cas contraire, ils se posent en victime, se radicalisent encore plus et se cachent, du coup, il est plus difficile de prendre des mesures efficaces.
Ces études ont été communiquées aux décideurs qui auraient répondu “on s’en fout, ça fait du chiffre, c’est bon pour les stats”. Si c’est vrai, ça explique beaucoup de chose et je doute que ce soit très différent en France.
Le 02/06/2020 à 08h08
#14
..communiquées aux décideurs qui auraient répondu :
“on s’en fout, ça fait du chiffre, c’est bon pour les stats”.
ça explique beaucoup de chose
‘ah OK”: ce serait donc ça…et moi qui pensai ‘naïvement’ qu’on voulait s’attaquer, sérieusement……. ! " />
Le 02/06/2020 à 08h22
#15
Justement dans un débat, on confronte les points de vue sans haine. C’est de la discussion qu’émerge la vérité.
Le 02/06/2020 à 08h34
#16
Personnellement, je ne sais pas définir la “bien-pensance”. Pour moi, c’est seulement un anathème ou une rhétorique pour disqualifier les propos de son interlocuteur qui devient de facto un adversaire. Je préfère le terme post-vérité : l’important n’est pas de discuter mais d’avoir raison quitte à énoncer des mensonges ou des contre-vérités, “je parle et fin du débat” (le Gouvernement, les militants politiques, les gourous de la pensée magique et dogmatique aiment bien cette façon d’interagir).
Pour qu’il y ait débat d’idées, il faut admettre que personne n’a raison et savoir écouter les arguments de son interlocuteur (ça ne veut pas dire qu’on tombera d’accord, même si le but est de faire émerger une forme de vérité à partir du débat).
Le 02/06/2020 à 09h26
#17
C’est ce qu’on appelle “sculpter la fumée” (entendu dans Thinkerview). Moi, j’appelle ça de l’esbroufe, de la propagande.
Le 02/06/2020 à 09h58
#18
Pas pour moi.
Le 02/06/2020 à 10h35
#19
Le 02/06/2020 à 11h00
#20
Moi, je suis fasciné par les gens qui aiment écouter les gens qui sont d’accord avec eux (je vois ça sur les médias sociaux où des commentaires témoignent du bienfait d’un propos avec lequel on est d’accord… comme si une idée était là pour faire du bien ou pour rendre heureux?!?). Je n’ai pas encore bien compris le projet.
Le 02/06/2020 à 11h04
#21
Le 02/06/2020 à 11h16
#22
Le 02/06/2020 à 11h34
#23
Le 02/06/2020 à 11h36
#24
Le 02/06/2020 à 11h38
#25
Le 02/06/2020 à 11h45
#26
Le 02/06/2020 à 11h46
#27
Le passage sur la loi NetzDG est à mourrir de rire: la rendant responsable pour les montées des extrèmes en Allemagne.
Comme si ce phénomène n’était pas européen et mondial et n’avait rien à avoir avec de telles lois.
Un extrémiste, quelque soit le contexte, mettra systématique la responsabilité de ses problèmes sur les autres ET se sentira persécuter par “les autres”. Ces fameux “autres”: qu’ils soient religieux ou grands patrons, qu’ils soient différents physiquement ou “intellectuels” etc.
C’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnait, qu’ils soient au pouvoir ou anonymes, il leur faut absolument trouver un responsable à tout ce qui ne va pas dans leur vie.
Le 02/06/2020 à 12h13
#28
Le 02/06/2020 à 14h36
#29
Relit l’article, ils disent justement que la loi NetzDG n’a pas changé la monté en puissance de l’extrême droite en Allemagne. Avec une réaction logique des politiques dignes des shadocks : comme ça ne marche pas c’est que l’on a pas assez pompé ^^
Le 02/06/2020 à 14h46
#30
Il me semble que l’affaire Mila est assez représentative de trolling de gauche où au delà des intégristes musulmans elle a également été persécutée par des militants anti-racistes et même LGBT.
edit : Et IRL les étudiants qui agressent François Hollande à Lille et détruisent ses livres ou la Pièce de théâtre interdite à la Sorbonne pour cause de Blackface
Le 02/06/2020 à 17h06
#31
C’est vrai, il y a l’exemple de l’affaire Milla. Ou d’autres personnalités qui ont été raidés par des féministes comme le JDG.
Les raids d’extrême-gauche ne sont pas aussi systématiques qu’à l’extrême-droite mais sont très violents. Peut-être lié à un sentiment de faire partie d’un camp du bien que n’ont pas leurs pendants droitards, ainsi qu’une forme d’impunité donnée par leurs idées qui passent aux travers des grilles de modération.
Peut-être aussi rapprocher le jargon du féminisme à celui de l’extrême-droite dans sa capacité à imposer ses propres armes lexicales et son propre agenda à l’adversaire et ainsi conserver sur lui une longueur d’avance.
Le 06/06/2020 à 10h06
#32
Je n’ai personnellement pas plus de respect pour quelqu’un qui dit “Men are trash” ou qui insulte les “mâles blancs cis-hétéro” que quelqu’un qui balance des propos racistes ou sexistes qu’on pourrait qualifier de “l’extrême droite” sur les réseaux sociaux.
Parce que dans les deux cas, c’est la même chose… peu importe ce que les concernés diront (“nous sommes les racisés, ce sont eux les dominants, donc c’est eux les méchants !”), cela reste une discrimination fondée sur les éléments évoqués par la loi Avia.
Du coup, si ça peut permettre de cibler ces personnes-là en plus de celles d’extrême-droite, la loi Avia me rendrait presque enthousiaste.
Mais bon, dans tous les cas, la loi Avia reste dangereuse à cause de ce qu’elle implique (vigilance 24/7/365, risques de surcensure…), et c’est une loi totalement déconnectée de la réalité. Et qui, une fois de plus, ne s’attaque pas à la source du problème.