Émissions d’ondes des smartphones : 27 mesures du DAS membre, les projets de l’ANFR pour 2021
Pas de bras, pas de DAS membre
Le 21 décembre 2020 à 09h30
9 min
Société numérique
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Depuis le 1er juillet, les smartphones doivent avoir un DAS membre de 4 W/kg maximum et l’ANFR a lancé les hostilités en procédant à des vérifications. L’Agence se prépare à une année 2021 relativement chargée, avec notamment des évolutions de son protocole.
Depuis plusieurs années, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) vérifie la conformité du DAS (Débit d’Absorption Spécifique) des appareils mobiles, c’est-à-dire « l’énergie des ondes électromagnétiques qu’absorbe le corps humain lors de l’utilisation d’un équipement radioélectrique tel qu’un smartphone ».
Pour cela, elle prélève des terminaux vendus dans le commerce (plusieurs dizaines par an) et mandate des laboratoires indépendants pour effectuer les mesures. Les résultats sont publiés régulièrement (voir cette actualité pour comprendre les enjeux). Dans le cas des smartphones, il existe pour rappel trois principaux types de DAS :
- DAS tête : lorsque l'appareil est collé à l’oreille, en conversation vocale. Les mesures sont faites avec le mobile au contact de l’oreille, à droite et à gauche. La valeur limite est de 2 W/kg.
- DAS tronc : lorsque l'appareil est porté près du tronc, dans une poche de veste ou un sac par exemple. La distance pouvait être librement choisie entre 0 et 25 mm jusqu’en avril 2016. Depuis cette date, la directive européenne RED (2014/53/UE) impose une distance de 5 mm. La limite légale est là encore de 2 W/kg.
- DAS membre : lorsque l'appareil est plaqué contre un membre : tenu à la main, dans un brassard ou une poche de pantalon. La distance est cette fois-ci de 0 mm (au contact), mais la valeur limite passe à 4 W/kg.
Le long chemin du DAS membre
Le DAS membre a longtemps été le parent pauvre des mesures. S’il est défini dans la norme 50566:2013 de la Commission européenne, les constructeurs n'avaient jusqu’à encore récemment aucune obligation de le « mesurer, ni de respecter la valeur de 4 W/kg au contact », nous expliquait fin 2017 Gilles Brégant, directeur général de l'ANFR.
L’Agence étant un organisme de contrôle et pas de certification, elle n’effectue que des mesures pour en vérifier la conformité avec la loi. En cas de défaut, elle met en demeure le fabricant/importateur de corriger le tir et, s’il y a récidive, elle peut prononcer des sanctions. L’arrêté et le décret concernant le DAS membre n’ont été publiés qu’en novembre 2019, pour une entrée en vigueur au 1er juillet 2020.
Notez que les textes vont au-delà des seuls smartphones puisqu’ils englobent les « équipements radioélectriques dont la puissance d'émission est supérieure à 20 mW et dont il est raisonnablement prévisible qu'ils seront utilisés à une distance n'excédant pas 20 cm de la tête ou d'une autre partie du corps humain ». C’est notamment le cas des montres connectées, des tablettes et des casques sans fil.
27 smartphones testés, le DAS membre entre 1,04 et 3,84 W/kg
Comme prévu, l’Agence nationale des fréquences a rapidement suivi le mouvement : le DAS membre de 27 smartphones a été contrôlé par des laboratoires indépendants.
Bonne nouvelle : « ceux-ci ont tous fait apparaître un DAS membre conformes à la réglementation, c’est-à-dire inférieur à 4 W/kg ». Pour rappel, en cas de manquement constaté, une procédure est engagée avec le fabricant, mais celle-ci n’est communiquée publiquement que lorsqu’elle est arrivée à son terme.
Les niveaux mesurés « varient de 1,04 à 3,84 W/kg, la valeur moyenne étant de 2,29 W/kg » avec une médiane quasiment identique à 2,2 W/kg. Toutes les données sont disponibles en open data, avec des liens pour télécharger les rapports complets de plusieurs dizaines de pages des laboratoires.
Dans le cas de l’iPhone SE 2020, celui du DAS tronc se trouve par ici, du DAS membre par là. Sur la petite trentaine de smartphones testés, le DAS membre (au contact, à 0 mm donc) est logiquement toujours plus élevé que le DAS tronc à 5 mm. Il est entre 1,25x et 3,5x supérieure, avec une moyenne à 2,5x.
Les modèles de ce premier panel ont un DAS tronc compris entre 0,41 et 1,52 W/kg, il sera donc intéressant de voir le DAS membre avec des mobiles s’approchant de la limite des 2 W/kg.
Apple, Samsung et Wiko « en tête »
Attardons-nous sur les quatre smartphones qui dépassent 3 W/kg. Nous précisons le type de réseau et la fréquence sur lesquels le niveau maximum est relevé, aussi bien pour le DAS membre et tronc :
- Wiko View 4 :
- DAS tronc : 1,12 W/kg en 4G à 1,8 GHz
- DAS membre : 3,84 W/kg en 4G à 2,6 GHz
- iPhone SE 2020 :
- DAS tronc : 1,080 W/kg en 3G à 2,1GHz
- DAS membre : 3,82 W/kg en 3G à 2,1 GHz
- Wiko Y60 :
- DAS tronc : 1,15 W/kg en 3G à 2,1 GHz
- DAS membre : 3,33 W/kg en 4G à 1,8 GHz
- Samsung Galaxy A71 :
- DAS tronc : 1,19 W/kg en 3G à 2,1 GHz
- DAS membre : 3,1 W/kg en 3G à 2,1 GHz
S'ils s'approchent des limites définies, tous restent donc en-dessous, parfois de justesse.
L’ANFR va doubler les mesures de DAS sur les smartphones
L’ANFR revient aussi sur l’annonce du 12 octobre 2020 de Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique des Communications. Il demandait « de renforcer son programme de contrôle des téléphones portables » avec pas moins de 140 terminaux en 2021, soit le double de 2019.
L’Agence se pliera évidemment à cette demande, « en ciblant particulièrement les smartphones 5G ». Elle contrôlera alors « plus de 85 % du marché français des terminaux ».
Pour rappel, c’est la seconde augmentation annoncée en deux ans seulement. Fin 2019, les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé, et de l’Économie et des Finances demandaient à l’Agence nationale des fréquences de « renforcer l’information des utilisateurs », avec notamment un contrôle du DAS des produits mis sur le marché « intensifié de 30 % en 2020 ».
Mais Covid-19 est passée par là, ce qui explique probablement la baisse de 20 % des smartphones contrôlé jusque-là en 2020. On remarque d’ailleurs qu’aucun contrôle n’a été réalisé entre le 5 mars et le 29 juin. Il s’agit par contre de chiffres provisoires, d’autres contrôles pourraient avoir été réalisés en 2020, puis publiés plus tard en 2021.
La question des moyens financiers pour tenir le rythme exigé reste néanmoins d’actualité : « Le budget lui-même n'est naturellement pas en croissance, en revanche il y a des choses que l'on peut faire. Des priorisations internes et mettre en place un certain nombre de dispositions qui permettent de faire des gains de productivité sur telle ou telle activité. Et ainsi dégager des possibilités d'augmenter le taux de mesure que l'on peut faire réaliser […] Il y a un certain nombre de choses qu'on peut faire à budget constant pour faire un focus particulier sur certaines questions qui sont très importantes », reconnaissait l’Agence fin 2019 lors d'une conférence Open Data organisée par l'Avicca.
Deux recrutements pour son laboratoire…
Mais les choses bougent en interne à l’ANFR. Depuis plusieurs mois, l’Agence renforce ses équipes sur la question de la mesure du DAS. Début septembre, elle diffusait des annonces pour la création de deux postes en CDI :
« Un(e) ingénieur(e) responsable du laboratoire de mesure de Débit d’absorption spécifique (DAS) » et « un(e) technicien(ne) en charge des mesures de Débit d’absorption spécifique (DAS) ».
Dans le premier cas, la mission du poste implique la gestion du banc de test du DAS d’un point de vue technique et qualité, l’organisation des mesures et la participation aux études, la réalisation des mesures et des rapports, ainsi que la contribution aux autres travaux de la Direction de la Stratégie.
… et l’achat d’un nouveau banc pour rester dans la course
Quelques semaines plus tard, en novembre, l’Agence a fait l’acquisition d’un nouveau banc de test du DAS pour les téléphones portables. But de l’opération : disposer « d’un véritable laboratoire pour expertiser les évolutions matérielles et logicielles des téléphones, notamment dans le contexte de l’arrivée de la 5G ».
Le banc provient de la start-up ART-FI. L’ANFR explique à quoi cela va lui servir :
« Approfondir l'expertise dans le domaine et de mieux appréhender la manière dont les nouveaux téléphones portables gèrent leur puissance tandis qu’ils interagissent avec les réseaux mobiles. Cette connaissance apparaît indispensable pour s’assurer que les contrôles réalisés couvrent bien les caractéristiques des nouveaux terminaux mis sur le marché ainsi que ces "usages raisonnablement prévisibles" que prévoit la norme. Elle permettra également, le cas échéant, de proposer des évolutions du protocole de mesure pour qu’il réponde au mieux aux nouvelles technologies déployées au sein des téléphones. »
Nous lui avons demandé s'il lui servira aussi à réaliser des mesures de DAS pour vérifier la conformité des smartphones mis sur le marché, sans réponse pour le moment.
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Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 21/12/2020 à 09h39
Pas de bras, Das Boot.
Le 21/12/2020 à 12h23
Je dois passer à coté de quelque chose, mais comment peut on avoir des valeurs différentes entre de DAS tête qui ce fait au contact et le DAS membre au contact aussi ?
Le 21/12/2020 à 12h41
au contact derrière un brassard ou une poche de pantalon ( membre)
Le 21/12/2020 à 12h43
Merci pour l’article.
Je trouve ça fou que l’ANFR doit payer elle même les smartphones qu’elle veut tester, et que les fabricants ne soient pas obligés à leur en fournir.
Donc tous les smartphones à plus de 1000€ ont peu de chance de se faire tester pour ne pas trop taper dans le budget.
Le 21/12/2020 à 13h28
Ca permet aussi de garantir que ce soit une version commerce, pas une version pimpée qui ne correspond pas à la réalité.
Le 21/12/2020 à 18h51
Si après le smartphone est revendu sur le marché de l’occasion en toute transparence comptable, cela ne doit avoir un impact limitant. Il faut juste mobiliser des sous ponctuellement.
Le 21/12/2020 à 16h10
C’est très bien au contraire : pas de risque d’avoir un téléphone bricolé pour avoir un DAS plus faible que les versions sur le marché.