Connexion
Abonnez-vous

Le lancement réussi de la fusée Long March-8 entrouvre la porte du réutilisable à la Chine

Mais la longue marche ne fait que commencer

Le lancement réussi de la fusée Long March-8 entrouvre la porte du réutilisable à la Chine

Le 29 décembre 2020 à 08h00

La Chine vient de lancer une toute nouvelle fusée : Long March-8. L’opération est un succès, avec la mise en orbite de cinq satellites. Cerise sur le gâteau, cette nouvelle génération de lanceur doit permettre de conduire la Chine vers des premiers étages réutilisables comme le fait déjà SpaceX.

Malgré deux échecs – avec Long March-7A en mars et Long March-3B en avril – la Chine peut se réjouir de ses avancées dans le domaine spatial en 2020. Sa « nouvelle » fusée Long March-5 a été utilisée avec succès dans deux missions importantes : la récupération de poussières et roches lunaires, une première depuis 40 ans, et l’envoi d’un rover vers Mars (Tianwen-1). Ce dernier est toujours en route.

Comme les États-Unis avec SpaceX, Blue Origin et Rocket Lab, ainsi que l’Europe avec Arianespace, la Chine s’intéresse de très près à la réutilisation et prévoit même de sauter prochainement le pas.

En septembre, elle affirmait avoir effectué un premier vol aller-retour avec « un engin spatial expérimental réutilisable », sans plus de détails. Selon l'agence de presse Xinhuanet le but était de proposer « un transport aller-retour pratique et peu coûteux », probablement pour se rendre sur la future station spatiale chinoise.

Il y a quelques jours, l'Empire du Milieu enclenchait un chevron supplémentaire avec le lancement réussi d’une nouvelle fusée : la Long March-8, depuis la base de lancement de Wenchang sur l’île de Hainan. C’était le 356e lancement tous modèles confondus pour la famille Long March.

Sa charge utile était composée de cinq satellites, correctement mis en orbite, mais il s’agissait aussi (et surtout ?) pour la Chine d’entrer dans la course au réutilisable, à l'avenir.

Un lanceur « moyen » avec deux étages et six moteurs

Long March-8 est un lanceur de 50,3 mètres de haut, soit un petit peu moins qu’Ariane 5 (55 mètres). Il s’agit d’un mélange entre deux modèles existants : Long March-3A pour la partie supérieure et Long March-7 pour le bas.

Elle est composée d’un premier étage de 3,35 mètres de diamètre avec deux boosters latéraux de 2,25 mètres de diamètre. L’ensemble comprend quatre moteurs YF-100 : deux sur le premier étage et un sur chaque booster. Ce moteur est largement utilisé par la Chine (Long March-5, 6 et 7). Il utilise un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. Le second étage dispose de deux YF-75 fonctionnant avec des ergols liquides (oxygène et hydrogène).

Le développement de Long March-8 a débuté il y a un peu moins de quatre ans et la construction de ce premier modèle s’est achevée en octobre de cette année, un cycle relativement rapide pour un engin de cette taille.

Détail important selon la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC) : c’est la première fusée chinoise à disposer de la « technologie de contrôle de poussée ». Deux avantages sont mis en avant : améliorer la flexibilité en fonction des missions et « tester des technologies associées à la réutilisation du lanceur ».

La Chine dispose donc de six lanceurs de « nouvelle génération » : Long March-5, 6, 7, 8 et 11. Une fusée Long March-9 est en préparation pour de grosses missions. Il n’existe pour le moment pas de Long March-10. 

Long March Photo de famille (en 2018) avec, de gauche à droite, les Long March-6, 7, 8, 3B, 5, 5B et 9. Crédits : NextBIGFuture

Jusqu’à 4,5 tonnes en SSO, 2,8 tonnes en GTO

D’une masse de 356 tonnes au lancement, Long March-8 est capable d’emporter 4,5 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) à 700 km d’altitude et 2,8 tonnes en orbite géostationnaire à 36 000 km, explique la China National Space Administration (CNSA).

Il ne joue donc pas dans la même catégorie que le lanceur lourd Long March-5 (14 tonnes en géostationnaire), Ariane 5 (10,9 tonnes dans la version ECA) ou Falcon 9 (8,3 tonnes). Il se situe par contre au niveau d’une fusée Soyouz qui peut emporter 3,2 tonnes en orbite géostationnaire.

Xiao Yun, chef de projet de Long March-8, explique au CNSA que ce vol inaugural permet à la Chine de mettre à niveau son lanceur dans la catégorie « poids moyens ». Mais aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives sur les missions en orbites basses et moyennes. Car selon le CNSA, Long March-8 permet de placer des objets sur des trajectoires de transferts vers d’autres corps célestes de notre Système solaire.

Une dizaine de lancements annuels sont attendus, avec une production allant jusqu’à 20 par an. À terme, le cycle de lancement doit être réduit à 10 jours selon Duan Baocheng, responsable adjoint du projet.

Un nouveau premier étage récupérable... en préparation

La flexibilité n’est pas le seul avantage, la Chine mise aussi sur son nouveau lanceur pour entrer dans un club fermé : « À long terme, la fusée devrait devenir le premier modèle réutilisable de la série Long March […] pour augmenter sa compétitivité commerciale ».

Comme toujours avec la Chine, très peu de détails sont donnés sur les moyens techniques et le calendrier pour y arriver. Mais le lanceur Long March-8 dont il est question aujourd’hui n’est pas réutilisable en l’état : « Les designers ont l'intention de développer un premier étage intégré pour la future variante réutilisable de cette fusée », précise le CNSA. Il comprendra lui aussi deux boosters latéraux, mais qui resteront solidaires avec le premier étage pour venir se poser ensemble sur une barge en pleine mer. C’est du moins le plan annoncé.

Commentaires (16)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

crédit : CCTV / CNSA
:-D

votre avatar

barlav a dit:


crédit : CCTV / CNSA :-D


On déconne pas avec la propriété intellectuelle en Chine !

votre avatar

À long terme, la fusée devrait devenir le premier modèle réutilisable de la série Long March […] pour augmenter sa compétitivité commerciale


Étrange, d’après des “gens sérieux” d’Ariannespace, on n’est pas sur du tout que c’est rentable et la navette américaine aurait démontré que c’est une mauvaise idée.

votre avatar

Pourtant Arianespace s’y intéresse aussi, comme rappelé dans l’article.

votre avatar

wagaf a dit:


« À long terme, la fusée devrait devenir le premier modèle réutilisable de la série Long March […] pour augmenter sa compétitivité commerciale »



Étrange, d’après des “gens sérieux” de l’ESA, on n’est pas sur du tout que c’est rentable et la navette américaine aurait démontré que c’est une mauvaise idée.


La navette a été le premier exemple de réutilisable dans l’espace, mais avait 2 gros défauts:




  • c’est un bel exemple de sur-ingénierie => la NASA a fait compliqué et trop cher, après de nombreux succès dont le budget était quasi illimité

  • très mauvaise anticipation du besoin => planning de tirs irréaliste, avec une offre commerciale/scientifique complètement sur-dimensionnée



Bref, c’est pas vraiment un argument. Mais ça a laissé des traces, à tel points que les experts de tout poil ont toujours dit “c’est pas possible”, jusqu’à ce que SpaceX montre que techniquement, c’est faisable.



Sur le côté économique, là par contre faut attendre. Rien ne dit que SpaceX gagne de l’argent sur les contrats privés.

votre avatar

Ok. Mais n’est-ce pas quand même étrange, tous ces milliards investis par toutes ces organisations à travers le monde, si on n’est pas sûr du tout que c’est avantageux de réutiliser ?



À moins que l’avantage de réutiliser soit bien plus clair que ce que certains concurrents de SpaceX veillent bien admettre en raison de leur retard ?

votre avatar

Bah, quasi tout le monde est en retard sur SpaceX sur la réutilisation de lanceur…



Parmi ceux cités dans l’article :




  • Blue Origin est tout l’inverse de SpaceX, ils communiquent très peu et pour le moment ils font des vols principalement sub-orbitaux.

  • Rocket Lab est le second à avoir récupéré un lanceur, une seule fois pour le moment

  • Arianespace travaille dessus avec deux projets de lanceurs (Thémis et Callisto)

  • Et maintenant la Chine s’y met de manière effective



Pour le moment seul un acteur en a fait son moteur d’activité et le gain n’est pas encore démontré, nous n’avons que la parole de SpaceX. En parallèle à cela, les techniques de construction évoluent et l’impression 3D pour les pièces de lanceurs et moteurs peuvent apporter une nouvelle variable dans la balance. Arianespace est aussi sur ce sujet, le moteur Prometheus est construit à 50% par ce moyen et fait partie du projet Thémis.



Bref, comme je disais sur l’autre article, voir d’autres acteurs dessus permettra de savoir si c’est effectivement la meilleure méthode. Et si ça marche bien, voir si SpaceX arrivera à conserver sa longueur d’avance dessus. Il n’y a rien de mieux qu’une concurrence accrue pour dynamiser un secteur après tout, et celui-ci est déjà dans une sacré dynamique justement.

votre avatar

Le consensus penche pour un réutilisable rentable si la cadence de tir est soutenue, ce qui est facile à sécuriser lorsque les lancement étatiques sont captifs, ce qui est le cas pour SpaceX (Buy American Act) et les chinois.
Quand tu as les principaux membres de l’organisation spatiale qui vont au moins disant plutôt que privilégier leur propre lanceur, c’est tout de suite plus compliqué.
C’est tout autant valable pour le matériel de défense ou d’autres secteurs régaliens.

votre avatar

Ils ont une forte cadence surtout grace à starlink cette année. Au final peu de lancements secrets pour les USA.
Et je ne vois pas le rapport entre cadence et rentabilité, s’il y a une forte cadence avec un lanceur qui perd de l’argent, ça reste à perte, même plus rapidement. Si, comme ils le disent, à partir du 3e lancement ils y gagnent, peu importe la cadence (par contre eux, les lancements starlink ne leur coûte “plus rien”, et c’est là qu’ils vont toucher le gros lot)

votre avatar

La réutilisation ne peut être rentable que si tu as une forte cadence de tirs car dans tous les cas il faut construire une ligne de production pour la fabrication des lanceurs.
Le retour sur investissement d’une ligne de production se fait en partie sur le nombre de lanceurs produits et la cadence de production, deux facteurs que la réutilisation fait fortement baisser. Que tu produises un ou 10 lanceurs il te faut garder l’appareil de production et cela a des coûts fixes.
Du coup si tu as une forte cadence tu utilises la réutilisation pour ne pas augmenter ta cadence de production et donc de ne pas avoir besoin d’investir dans ton appareil productif. C’est tout le génie de Starlink qui permet de lancer des centaines de satellites en le faisant avec un lanceur en partie amortie lors de précédant vol !!

votre avatar

Ils ont placé des stagiaire chez SpaceX.

votre avatar

“D’une masse de 356 tonnes au lancement, Long March-8 est capable d’emporter 4,5 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) à 700 km d’altitude et 2,8 tonnes en orbite géostationnaire à 36 000 km, explique la China National Space Administration (CNSA).”



Avec un sourire, l’agence Chinoise ajoute, en aparté : “idéal pour se débarrasser discrètement des cendres des Ouighours, des Tibétains, des activistes trop bavards et des opposants politiques massacrés”
:kill: :craint:

votre avatar

(quote:1845684:DantonQ-Robespierre)
“D’une masse de 356 tonnes au lancement, Long March-8 est capable d’emporter 4,5 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) à 700 km d’altitude et 2,8 tonnes en orbite géostationnaire à 36 000 km, explique la China National Space Administration (CNSA).”



Avec un sourire, l’agence Chinoise ajoute, en aparté : “idéal pour se débarrasser discrètement des cendres des Ouighours, des Tibétains, des activistes trop bavards et des opposants politiques massacrés” :kill: :craint:


Bof ça coûte trop cher autant mettre les corps sous les tuyères du premier étage

votre avatar

“Le Grand Timonier te remercie pour cette idée d’une efficacité économique redoutable !’



Signé : DJ - trop d’la balle - Ping.




P.S. Que penses-tu de notre idée d’un Rover qui avale des roches lunaires d’un côté, et qui chie des Petits Livres Rouges de l’autre ? Trop gadget ?

votre avatar

(quote:1845722:DantonQ-Robespierre)
“Le Grand Timonier te remercie pour cette idée d’une efficacité économique redoutable !’



Signé : DJ - trop d’la balle - Ping.



… P.S. Que penses-tu de notre idée d’un Rover qui avale des roches lunaires d’un côté, et qui chie des Petits Livres Rouges de l’autre ? Trop gadget ?


On n’est plus au XXieme siècle. Ce sont des rPad (r pour red) à produire

votre avatar

Comme dirait TItia :



:francais: :mdr2: :langue: :xzombi: :fume: :roule: :-D



…Mais faut rester optimiste, et se dire que le Bien et la Raison finiront par vaincre sur ces saloperies de dictatures, alors bonne année quand même ! :tchintchin:

Le lancement réussi de la fusée Long March-8 entrouvre la porte du réutilisable à la Chine

  • Un lanceur « moyen » avec deux étages et six moteurs

  • Jusqu’à 4,5 tonnes en SSO, 2,8 tonnes en GTO

  • Un nouveau premier étage récupérable... en préparation

Fermer