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Station spatiale chinoise : après le lancement, l’inquiétude du retour du premier étage sur Terre

Pic nic douille…

Station spatiale chinoise : après le lancement, l’inquiétude du retour du premier étage sur Terre

Le 05 mai 2021 à 15h21

À un an d’intervalle, la Chine tient de nouveau les astronomes en haleine : dans quelle zone du globe le premier étage va-t-il retomber ? Si le risque zéro n’existe pas et que la position ne sera connue que quelques heures avant l’heure « H », il faut savoir raison garder. Fin du suspense d’ici le 10 mai au plus tard.

La conquête spatiale de la Chine est semée d’embuches. Après un succès lors de la première mission de son lanceur lourd Longue Marche-5 fin 2016, la fusée subit une défaillance technique d’un moteur en 2017, causant l’échec de la mission. Il a fallu attendre plus de deux ans pour qu’elles reprennent la route de l’espace fin 2019.

En mai 2020, c’était au tour de la fusée Longue March-5B de décoller pour la première fois en 2020. Cette version « B » est spécialement pensée pour envoyer des charges lourdes (jusqu’à 25 tonnes) sur des orbites basses. Elle est donc dépourvue de second étage, mais dispose d’une coiffe plus grande.

Ce lanceur doit faire face à un épineux problème : il est livré à lui-même sur une orbite très basse. Il n’y reste que quelques jours avant de se désintégrer dans l’atmosphère… mais pas totalement, avec des risques que des morceaux retombent sur Terre. La question est de savoir où et quand !

Mai 2020, mai 2021 : on prend les mêmes et on recommence

Généralement, les premiers étages des fusées retombent sur Terre après le lancement. La trajectoire est connue et la chute anticipée avec soin. Dans le cas de Longue-Marche 5B cependant, il passe quelques jours à flotter dans l’espace sur une orbite elliptique oscillant entre une centaine et 400 km d’altitude.

En mai 2020, il lui avait fallu une petite semaine avant de rentrer dans l’atmosphère sans contrôle (ni possibilité de le faire) de la part de l’agence spatiale chinoise. Pour rappel, les scientifiques visent normalement le Point Nemo pour ce genre d’opération, afin d’éviter au maximum toutes les zones habitées.

Le lanceur chinois est retombé dans l’océan Atlantique, non loin des côtes africaines. Tellement près que, selon plusieurs observateurs locaux, des débris (tige métallique, tube de 50 kg, etc.) était tombés en Côte d'Ivoire.

Avec le lancement du premier module de la future Station spatiale chinoise, Longue Marche-5B était de nouveau à la manœuvre. Vous devinez la suite ? Le premier étage est en train de se déplacer en orbite basse et devrait revenir sur Terre dans les jours qui viennent (entre le 8 et le 10 mai a priori). 

Problème, l’engin tourne sur lui-même. Il est donc difficile de prévoir sa trajectoire précise. Quand on parle de l’effet papillon, on est en plein dedans : la moindre petite erreur, approximation ou perturbation peut entrainer des changements très importants sur le point de chute.

Il ne faut pas oublier que le premier étage est inerte, la Chine n’a donc pas le moyen de modifier sa trajectoire si elle devait s’avérer problématique. Pour rappel en mai dernier, la carcasse de la fusée était passée à seulement 170 km au-dessus de New York : « Je n'ai jamais vu une rentrée majeure passer directement au-dessus d’autant de grandes agglomérations », expliquait Jonathan McDowell du Center for Astrophysics (unité mixte Harvard et Smithsonian).

Retour non contrôlé entre le 8 et le 10 mai, les paris sont ouverts

Cette fois encore, Jonathan McDowell est sur le pont pour suivre la rentrée atmosphérique de Longue Marche-5B. Sur Twitter, il a publié un diagramme de l’apogée et du périgée de l’orbite du premier étage.

Il prévoit un retour entre le 8 mai 3 h du matin et le 9 mai 21 h, tandis que l’Aerospace Corporation donne une fourchette plus large : du 8 mai à 2 h du matin au 10 mai à 10 h. À quelques jours seulement de l’heure de vérité on voit bien que les estimations sont loin d’être précises. Pour un ordre de grandeur : la fusée fait environ 30 fois le tour de la Terre en deux jours (elle va actuellement à près de 28 000 km/h)

L’armée américaine a identifié ce débris sous le petit nom de 2021-035B. Il est possible de suivre son altitude, sa trajectoire et sa vitesse en direct par ici (ne vous faites pas avoir : la carte présente une version accélérée du déplacement du premier étage, regardez l’heure). Ce reste du lanceur est tout de même un beau bébé de 30 mètres de long, 5 mètres de large et d’environ 20 tonnes sur la balance. 

Nous avons déjà une idée d'où il pourrait tomber, comme le dit Space News : « l'inclinaison orbitale de l'objet est de 41,5°, ce qui signifie que le corps de la fusée passe un peu plus au nord que New York, Madrid et Pékin et aussi bas que le sud du Chili et Wellington (Nouvelle-Zélande). Il pourrait faire sa rentrée à tout moment dans cette zone ».

Une histoire qui va tomber à l’eau ?

L’océan occupant une majeure partie de l’espace sur Terre, il y a de fortes chances que la fusée retombe dans l’eau ; c’est une question de statistiques. Il y a ensuite les zones inhabitées, nombreuses, mais le risque zéro n’existe pas.

Lors d’une interview à CNN, il s'est montré néanmoins rassurant : « Je ne pense pas que les gens doivent prendre des précautions. Le risque qu'il y ait des dommages ou que cela touche quelqu'un est assez faible – certes pas négligeable, cela pourrait arriver – mais le risque que cela vous frappe est incroyablement minime. Je ne perdrais donc pas une seconde de sommeil à cause de cela ». On peut ajouter qu’on ne pourra de toute façon rien y faire.

Pendant un temps, il était question que la Chine apporte des modifications à sa fusée Longue Marche-5B afin de contrôler le retour dans l’atmosphère, mais il semblerait que ce ne soit pas (encore ?) le cas. Espérons que cela sera le cas sur les prochaines missions prévues pour 2021 avec le lancement des deux modules expérimentaux Wentian et Mengtian pour la Station spatiale chinoise.

Nul doute qu’en cas d’incident majeur la Chine procédera à des changements sans attendre. Comme nous l’avions déjà expliqué, en cas de dommage le pays qui a lancé l’engin en est responsable. C’est ce qu’indique la Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par les objets spatiaux, ratifiée par plusieurs pays (dont la Chine) en 1972, sous l’égide des Nations Unies.

En cas de dommage, la Chine sera responsable

L’article I explique ce que l’on entend par « dommage » : « la perte de vies humaines, les lésions corporelles ou autres atteintes à la santé, ou la perte de biens d'État ou de personnes, physiques ou morales, ou de biens d'organisations internationales intergouvernementales, ou les dommages causés auxdits biens ». Il précise aussi qu’un « lancement » correspond aussi bien à une mission réussie qu’à une tentative échouée.

L’article II est sans ambiguïté : l’« État de lancement a la responsabilité absolue de verser réparation pour le dommage causé par son objet spatial à la surface de la Terre ou aux aéronefs en vol ».

Commentaires (16)

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“Le lanceur chinois est retombé dans l’océan Pacifique, non loin des côtes africaines”



entre le rédacteur et moi, l’un de nous 2 doit revoir sa géographie !

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la fusée retombe dans l’eau


Pari un euro sur le canal de suez. :transpi:

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luc83 a dit:


“Le lanceur chinois est retombé dans l’océan Pacifique, non loin des côtes africaines”



entre le rédacteur et moi, l’un de nous 2 doit revoir sa géographie !


loin c’est une notion vague

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Les vagues de l’océan se ressemble assez entre elle.

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Si leurs débris atterrit chez moi, ça me fera une belle jambe de savoir que les chinois seront responsables… Ce genre de truc me laisse pantois.

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Nerg34 a dit:


Si leurs débris atterrit chez moi, ça me fera une belle jambe de savoir que les chinois seront responsables… Ce genre de truc me laisse pantois.


Il y a dans le passé des événements similaires. Notamment un satellite de l’URSS tombé au Canada et contenant des matières radioactive en 1978 (Cosmos 954). Et c’est bien l’URSS qui a du payer une partie de la facture, après accord entre les deux gouvernements.
Dans dans le cas présent, si dégâts il y a, la chine pourrait bien être tenu responsable et devrait possiblement sortir le chéquier (après un temps X passé au tribunal, et si la chine veut bien…).

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Plus récemment c’était une mission Russe (Mars 96) qui atterrissait avec fracas au Pérou ou Bolivie. Et ratage avec Phobos-Grunt (Russe aussi) Tous utilisaient la fusée Proton et le 4ème étage frégate.




(reply:1872021:Ami-Kuns)


Pas vraiment la plus grande partie brûle dans les hautes couches (très absorbantes) de l’atmosphère. MIR 124t, on estime qu’une seule pièce du nœud de la station est arrivé dans l’océan et ne faisait que 200kg. C’était une pièce en titane. Alors l’alu des lanceurs ça fait pfuit !

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luc83 a dit:


“Le lanceur chinois est retombé dans l’océan Pacifique, non loin des côtes africaines”



entre le rédacteur et moi, l’un de nous 2 doit revoir sa géographie !


:yes: je n’avais même pas tilté 😁

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oh ça va, hein, on est pas à 1UA près… :D

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Est-ce une nouvelle défaillance des systèmes assurant la désorbitation ou un choix délibéré de conception du lanceur ?

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(reply:1871797:Ami-Kuns)


Ce n’est malheureusement pas assez long pour bloquer le trafic.

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Vu la hauteur de la chute et sa masse , cela fera un beau petit cratère sur une zone terrestre.

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Viser le point Nemo n’est-il pas tout aussi dangereux ? Certains navigateurs solitaires «régatant autour du monde» y passent.

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Le déjeuner sous la tonelle c’est un tableau de Manet ou Money ? :ouioui:

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(reply:1871797:Ami-Kuns)


Avec la pluie qu’on se paie, la Normandie ça compte?

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Les débris sont tombés dans l’Océan Indien visiblement. (mais sans confirmation si d’autres auraient pu toucher le sol)



https://spacenews.com/long-march-5b-falls-into-indian-ocean-after-world-follows-rocket-reentry/

Station spatiale chinoise : après le lancement, l’inquiétude du retour du premier étage sur Terre

  • Mai 2020, mai 2021 : on prend les mêmes et on recommence

  • Retour non contrôlé entre le 8 et le 10 mai, les paris sont ouverts

  • Une histoire qui va tomber à l’eau ?

  • En cas de dommage, la Chine sera responsable

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