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Des règles applicables au piratage informatique visées par une QPC

L'article 323 - 3 du Code pénal dans le collimateur

Des règles applicables au piratage informatique visées par une QPC

Le 23 janvier 2013 à 08h40

L’article 323 - 3 du Code pénal, qui réprime certaines formes de piratage informatique, fait actuellement l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Formellement saisie depuis la semaine dernière, la Cour de cassation a trois mois pour décider de transmettre ou non cette requête au Conseil constitutionnel, qui, lui, pourrait alors juger de la conformité du texte vis-à-vis de la Constitution.

 

« Le fait d'introduire frauduleusement des données dans un système de traitement automatisé ou de supprimer ou de modifier frauduleusement les données qu'il contient est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende », indique l’article 323 - 3 du Code pénal. Ce texte prévoit même que cette peine soit portée à sept ans de prison et à 100 000 euros d'amende lorsque l’infraction est commise à l’encontre d'un système de traitement automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre par l'État. C’est sur la base de cet article qu’a par exemple été condamné en mai 2008 un ancien étudiant en informatique ayant défacé l’un des sites Internet du Front national.

 

Sauf que l’une des parties d’un procès qui s’est tenu l’année dernière auprès de la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Rennes a décidé de soulever l’inconstitutionnalité de cet article. Les juges du fond ont d’ailleurs estimé que leur question prioritaire de constitutionnalité méritait d’être transmise à la Cour de cassation, qui en a été formellement saisie le 15 janvier 2013.

 

D’après les plaignants, les dispositions de l’article 323 - 3 du Code pénal « sont rédigées en des termes généraux et imprécis quant au champ d’application de la loi pénale et à la définition du délit pénalement sanctionné ». Plus précisément, ils estiment que ce texte ne précise « ni le système protégé, ni les modalités de la fraude, ni la finalité de l’atteinte portée au système ». Selon eux, l’obligation s’imposant aux usagers d’un système informatique n’est en outre pas « clairement définie ».

La Cour de cassation a jusqu'au 15 avril pour éventuellement transmettre la QPC

Ils demandent donc à ce que le Conseil constitutionnel puisse se prononcer sur la question suivante : ces dispositions ne portent-elles pas ainsi « atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, eu égard à l’obligation pour le législateur de fixer lui-même le champ d’application de la loi pénale et de définir les crimes et délits en des termes suffisamment clairs et précis ? » C'est une application du principe de la légalité des délits et des peines qui exigent ces qualités dans la rédaction de la loi.

 

La Cour de cassation dispose de trois mois pour dire si oui ou non elle accepte de transmettre la question au Conseil constitutionnel. Si la QPC arrivait jusqu’aux portes de la Rue Montpensier, les Sages auraient alors deux possibilités : soit déclarer la disposition litigieuse conforme à la Constitution, soit estimer que celle-ci est inconstitutionnelle. Si tel était le cas, ceci aurait pour effet de la faire disparaître à terme de l'ordre juridique français.

Commentaires (8)

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Est ce que le bougre condamné pour cache misère illicite pourra faire annuler sa peine ?

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Donc si je comprends bien, là on ne parle pas d’améliorer la compréhension d’un texte de loi, mais juste de le supprimer ?

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Faut dire que les condamnations sont quasi inexistantes et généralement cosmétiques (pour info, dans l’affaire du FN : 4 mois d’emprisonnement avec sursis, 300 euros de dommages et intérêts et 500 euros pour le remboursement des frais de justice).









tAran a écrit :



Donc si je comprends bien, là on ne parle pas d’améliorer la compréhension d’un texte de loi, mais juste de le supprimer ?





C’est ça.


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tAran a écrit :



Donc si je comprends bien, là on ne parle pas d’améliorer la compréhension d’un texte de loi, mais juste de le supprimer ?





Seuls les parlementaires, élus, peuvent rédiger, et donc améliorer une loi. Tout ce que les juges peuvent faire c’est appliquer la loi ou, en l’occurrence, vérifier si la loi est bien légale et “l’annuler” dans le cas contraire. A charge ensuite pour les parlementaires de voter une nouvelle version.



En tous les cas c’est une très mauvaise loi, sa disparition serait une bonne chose. D’ailleurs je ne sais même pas s’il faut vraiment la remplacer par autre chose vu que l’on a sans doute déjà des lois pour chacun des différents délits réalisables via une intrusion dans un système info.


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tAran a écrit :



Donc si je comprends bien, là on ne parle pas d’améliorer la compréhension d’un texte de loi, mais juste de le supprimer ?







La cour de cassation peut donner son interprétation sur un texte comme cela, pour éviter de le transmettre au Conseil Constit.



Si, par hasard, la QPC arrive au Conseil, là on n’a que deux réponses : constitutionnel ou anticonstitutionnel.


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tAran a écrit :



Donc si je comprends bien, là on ne parle pas d’améliorer la compréhension d’un texte de loi, mais juste de le supprimer ?





Le code pénal étant d’application stricte (donc pas de place à l’interprétation pour le juge), le fait que la loi soit considérée imprécise/incomplète par le CC suffit à l’annuler. Ceci dit dans un cas comme ça les parlementaires se bougent le cul pour produire une loi plus précise afin d’éviter le vide juridique.

Il en avait été de même pour la loi sur le harcèlement sexuel: l’article avait été abrogé, mais sous les deux mois, une nouvelle loi avait été votée. Le seul problème dans un cas comme ça, c’est que toutes les affaires en cours pour le délit en question sont annulées, vu que le délit n’existe plus, même si ce n’est que quelques mois. Et comme la loi n’est pas rétroactive, il n’est a priori pas possible de reprendre l’affaire plus tard.


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Merci de vos réponses <img data-src=" />





Le seul problème dans un cas comme ça, c’est que toutes les affaires en cours pour le délit en question sont annulées, vu que le délit n’existe plus, même si ce n’est que quelques mois.





C’est exactement ce à quoi j’ai pensé en lisant la news, le vide provisoire <img data-src=" />

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ZeHiro a écrit :



Le seul problème dans un cas comme ça, c’est que toutes les affaires en cours pour le délit en question sont annulées, vu que le délit n’existe plus, même si ce n’est que quelques mois. Et comme la loi n’est pas rétroactive, il n’est a priori pas possible de reprendre l’affaire plus tard.







J’ai l’impression de lire du Kafka. <img data-src=" />



Pour reformuler ce que tu as écris :




  1. Affaire jugée sur la base d’un délit ensuite abrogé par le CC =&gt; on ne remet pas en cause la chose jugée, même si c’était bancal

  2. Affaire pas encore jugée sur la base d’un délit abrogé par le CC =&gt; ah ben là c’est bancal on annule tout



    Bon, ok, admettons que “c’est comme ça et puis c’est tout”. Est-ce bien la peine d’être défaitiste au point d’affirmer que ça ne pourrait pas changer et que ça restera comme ça ????



    Au final, même si la loi n’est pas rétroactive, rien n’empêche le législateur d’en voter une nouvelle (super mieux bien formulée, précise, claire et tout) avant que le CC n’en abroge une “douteuse”… ce qui permettrait aux juges de requalifier les délits sur la base de cette nouvelle loi.



    Ou en d’autre termes plus ébénistes : quand un truc est bancal, on essaie d’abord de mettre une cale avant de le mettre aux ordures.



    Bon, après, c’est sur que les lois, etc., c’est plus compliqué que de l’ébénisterie. Mais c’est un travail d’orfèvre dans les deux cas : il doit bien y avoir des points de comparaison, et il me semble que ceci en est un.



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