Très discutés dans le secteur des réseaux sociaux, les membres inactifs sont aux sites Internet ce qu'est un passant rentrant dans un magasin et en ressortant aussi sec sans avoir ouvert son portefeuille. Il permet d'augmenter certaines statistiques, mais il ne rapporte rien. Et Deezer et Spotify ne sont pas épargnés.

Quid du taux d'inactivité chez Deezer ? 

Leaders du marché du streaming audio légal, Deezer et Spotify comptent à eux deux plus de neuf millions d'abonnés, dont six millions pour le Suédois et trois millions pour le Français. Mais ces résultats étonnent dès lors qu'ils sont confrontés au nombre d'utilisateurs : 24 millions pour Spotify et 26 millions pour Deezer. Cela représente un rapport de un à quatre entre le nombre d'abonnés et le nombre d'utilisateurs inscrits chez Spotify. Un rapport qui est de 1 à 8,66 pour Deezer, soit plus du double donc.

Du fait d'une telle disproportion, le service français a ainsi été pointé du doigt la semaine passée par Digital Music News. Notre confrère spécialisé dans la musique numérique a fait remarquer que Deezer comptait en réalité 20 millions d'utilisateurs inactifs, soit 77 % de l'intégralité de ses membres. Spotify, lui, ne compterait que 4 millions d'utilisateurs inactifs, soit seulement 16,6 % de ses membres. Ces données ne sont toutefois pas officielles et étaient dévoilées par Mark Mulligan de MIDiA Consulting.

Le démenti de Deezer

Afin d'en savoir plus, nous avons interrogé Deezer. Ce dernier nous a ainsi annoncé qu'il comptait en réalité 10 millions de visiteurs uniques par mois, donnée confirmée par comScore et répétées sur Twitter par Axel Dauchez, le patron de Deezer. C'est bien plus que les 6 millions d'utilisateurs annoncés par Mark Mulligan, mais cela représente tout de même encore un taux d'inactivité de 62 %. Toutefois, à en croire ce billet de MIDiA Consulting, Spotify affichait un taux d'inactivité de 70 % il y a deux ans.

Spotify se défend 

Daniel Ek, fondateur et patron de Spotify, a quant à lui réagi en notant que Twitter était dans la même situation avec 600 millions de membres pour 200 millions d'utilisateurs actifs. « Cela signifie-t-il qu'ils ont aussi des problèmes ? » a alors demandé ironiquement Daniel Ek à Mark Mulligan sur le réseau social, précisant qu'en réalité, bien des services Web (RS, webmail, etc.) étaient touchés par un fort rapport entre le nombre d'inscrits et le nombre d'utilisateurs réels. Une observation confirmée par le consultant, qui a tenu à faire remarquer qu'il avait bien précisé dans son billet qu'il s'agissait d'un problème de services freemium et non exclusif au marché musical.

Le spécialiste de la musique BillBoard s'est lui aussi penché sur le sujet et est arrivé à la simple conclusion qu'en réalité, le nombre d'utilisateurs inactifs importe peu. Ce qui compte, c'est le nombre d'abonnés. « Le client qui paie est un facteur beaucoup plus important du chiffre d'affaires d'un service de musique que les publicités ciblant le client gratuit. » Et pour BillBoard, que Deezer et Spotify comptent de nombreux membres inactifs n'est pas anormal. Certains peuvent en effet s'inscrire et préférer au final les radios sur internet ou d'autres types de services plus ou moins concurrents. Deezer et Spotify « ne sont tout simplement pas pour tout le monde » résume le spécialiste. Il vaut ainsi mieux se concentrer sur les abonnés plutôt que de dépenser son argent et son énergie pour les membres inactifs.

Les réseaux sociaux tout aussi concernés

Rappelons enfin qu'outre Spotify, Deezer et Twitter, bien d'autres services affichent des taux d'activités plus ou moins faibles. Google+, par exemple, compterait plus de 500 millions d'inscrits. Néanmoins, seules 235 millions de personnes utiliseraient G+, et encore, ce nombre prend en compte diverses interactions parfois indirectes avec le réseau social (tel un simple + 1 sur un lien). Si l'on se concentre sur l'utilisation réelle du réseau social, ce nombre tombe à 135 millions. Soit un taux d'inactivité de 73 %.

Facebook, pour sa part, communique uniquement sur ses utilisateurs actifs. Nous ne connaissons donc pas son nombre d'inscrits au total. Cela n'empêche toutefois pas le réseau social d'être critiqué, que ce soit du fait des comptes multiples, des personnes qui créent des comptes pour leurs animaux, des spammeurs, etc., ceci sans parler de ses différentes méthodes pour compter un utilisateur comme actif. Bref, comme nous le pointions dans notre édito du 22 octobre 2011, attention à la manipulation par les chiffres.