La justice britannique a ordonné hier aux six principaux FAI du pays de bloquer « FirstRow », un célèbre site de streaming dédié au sport (foot, tennis, etc.). La présence de liens renvoyant vers des vidéos a été considérée comme un acte non autorisé de communication au public de contenus protégés. Si la mesure était exigée par les ayants droit, elle pourrait cependant souffrir des mêmes travers que le blocage de sites comme The Pirate Bay, à savoir d'être facilement contournable. 

Depuis plusieurs années, le site FirstRow permet d’accéder via des liens à une quantité importante d’événements sportifs en streaming, que ce soit dans le domaine du football, du tennis, du rugby, de la boxe, etc. Sauf que ce site ne sera bientôt plus accessible pour une majorité d’internautes britanniques. En effet, un juge a ordonné hier aux six principaux FAI du pays de bloquer l’adresse IP correspondant au nom de domaine « firstrow1.eu », ainsi que différentes adresses IP de re-routage vers ce site.

À l’origine de cette décision (disponible ici), se trouve la « Football Association Premier League Limited » (FAPLL), c’est-à-dire la fédération en charge du championnat de football du Royaume-Uni. Cette organisation était la seule à pouvoir accorder les droits de diffusion des matchs de la Premier League que ce soit aux chaînes de télévision ou à d’autres acteurs. Or FirstRow n’avait pas acquis ces droits, d’où l’action exercée par la FAPLL auprès des tribunaux britanniques.

FirstRow coupable de diffusion au public non autorisée

Devant la justice, les ayants droit feront valoir que FirstRow est un site de streaming illégal majeur. Avec près de 10 millions de visiteurs uniques par mois, la plateforme générerait chaque année entre 5,3 et 9,5 millions de livres sterling (soit entre 6 et 11 millions d’euros environ) selon les estimations d’un expert mandaté par l’organisation. Des revenus provenant en grande partie de la publicité.

Dans sa décision, le juge Arnold a considéré que FirstRow avait bien porté atteinte aux droits de la FAPLL en diffusant au public et sans autorisation des contenus protégés. Le magistrat a expressément indiqué que la présence de liens renvoyant vers des vidéos valait communication au public. Il a donc accédé à la requête des ayants droit, qui exigeaient un blocage du site. Une mesure décrite comme « proportionnée » dans le jugement. Sky, BT, Virgin Media, O2, Everything Everywhere et TalkTalk devraient donc mettre en œuvre sous peu les mesures ordonnées par le juge Arnold.

Un blocage à l’effectivité remise en question

Mais pour le responsable du site de streaming, cette décision correspond à un véritable « non-sens ». « Notre site fonctionne à partir de lecteurs tiers, donc bloquer FirstRow n’arrêtera pas les flux, puisque les streams resteront accessibles en ligne » a-t-il ainsi déclaré à TorrentFreak. L’homme a également contesté les chiffres fournis par l’expert mandaté par la FAPLL, affirmant générer mensuellement 6 000 livres sterling, dont 4 000 serviraient à payer les coûts liés aux serveurs du site.

D'autre part, le responsable de FirstRow a fait part de son scepticisme quant à l’effectivité du blocage à venir prochainement. On le sait, le blocage de sites tels que The Pirate Bay n’a pas empêché les internautes britanniques d’accéder à ses pages, notamment grâce à la mise en place de proxys de contournement. Les ayants droit semblent d’ailleurs bien conscients du phénomène, ce qui les a récemment conduit à réclamer - puis obtenir - le blocage d’un site indexant des adresses de proxys... Un véritable jeu du chat et de la souris.